Celui qu on ne soupçonnait pas
64 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Celui qu'on ne soupçonnait pas , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
64 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

M. Moreuil, un vieux et riche banquier, est retrouvé mort dans son bureau, au petit matin, par sa femme de ménage.


La veille au soir, il avait reçu, introduit par son valet, un étrange visiteur masqué par une gabardine et un feutre baissé sur le visage.


Dans la main du mort, le médecin légiste découvre le mot qu’avait fait passer l’individu. Il y est inscrit « R. de Guernery ».


L’inspecteur Henry Simon, chargé de l’affaire, dirige son enquête logiquement vers le comte Raoul de Guernery, mais celui-ci possède un alibi inattaquable pour la soirée du meurtre.


Le policier ne lâche pas cette piste pour autant, et décide de filer son unique suspect...


Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 août 2019
Nombre de lectures 2
EAN13 9782373478433
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

COLLECTION
« POLAREKE »
CELUI QU'ON NE SOUPÇONNAIT PAS
Roman policier
par Marcel IDIERS
I
M. Moreuil reposa sa tasse de café ; puis, ayant so nné Julien son valet de chambre, il lui ordonna :
— Julien, je vais travailler, vous pouvez aller vou s coucher, sitôt que vous aurez desservi... en tout cas, je désire ne pas être dérangé.
Bien Monsieur, répondit Julien, qui se mit en devoi r de débarrasser la table.
M. Moreuil, de la banque Moreuil, rue Lafitte, à Pa ris, se leva et se dirigea vers son bureau. C'était un homme de cinquante ans environ ; grand, épais, le masque glabre, les yeux gris sous des sourcils minc es, une bouche serrée, un menton volontaire et énergique.
Il était très riche, et l'on chuchotait à la Bourse sur les origines de cette fortune les propos les plus désobligeants ; mais on se taisait bien vite quand apparaissait le banquier, car il était aussi redouté qu'il était haï.
Il avait, disait-on, édifié sa fortune sur la ruine de quelques familles aristocratiques qui avaient commis l'imprudence de lui confier leurs capitaux, mais tous ces bruits étaient jusqu'à présent restés sans preuve.
Dans le privé, M. Moreuil, célibataire, était un ho mme assez distant, mais de mœurs très simples.
Il vivait seul dans sa villa de Saint-Germain,« Les Glycines », avec son vieux valet de chambre Julien et sa cuisinière Suza nne.
Le banquier ne recevait jamais personne, et, à part quelques dîners d'affaires, il rentrait ponctuellement tous les soi rs à la même heure.
Ce soir-là, il se dirigea donc vers son bureau où i l travaillait quelquefois fort tard.
Après avoir jeté un coup d'œil distrait par la fenê tre, il alluma un cigare et s'assit dans un fauteuil.
Ayant sorti une chemise de carton de sa serviette, il en tira quelques documents qu'il compulsa rapidement, puis, après le s avoir soigneusement classés, il se dirigea vers la cheminée.
Un seul buste en terre cuite la décorait. M. Moreui l l'enleva, le posa sur le sol, puis, appuyant sur une moulure de la glace qui était contre le mur, il fit pivoter cette dernière.
Une petite porte était derrière. À l'aide d'une clé qu'il sortit de son gousset, M. Moreuil l'ouvrit, y déposa ses documents, et rem it le tout en place.
Ainsi, rien n'aurait pu faire croire que ce mur rec elait un minuscule coffre-fort.
M. Moreuil s'était rassis devant son bureau et avai t recommencé à travailler, tranquillement.
Pendant ce temps, Julien avait achevé de desservir la table et il était descendu à la cuisine bavarder avec Suzanne.
Il se mit à bourrer sa pipe.
Il achevait à peine cet important travail qu'une so nnerie se fit entendre.
Tous deux avaient dressé l'oreille, et la cuisinièr e, après avoir jeté un coup d'œil à la pendule, demanda :
— Dix heures moins dix ! Mais qui est-ce qui peut b ien venir sonner à cette heure-ci ?
Philosophe, le valet de chambre répondit :
— Je suis sûr que c'est un farceur qui s'amuse, et, si je le pinçais, je lui tirerais les oreilles.
Un second coup de sonnette tinta dans le silence.
— Cette fois, dit Suzanne, c'est certainement quelq u'un qui veut entrer, allez donc voir, Julien.
La grille d'entrée était séparée du perron par un j ardin large d'environ cinq à six mètres. Arrivé à la grille, Julien vit un homme de haute taille, vêtu d'une gabardine grise dont le col, malgré la chaleur, éta it relevé. Un feutre de même couleur était rabattu sur son visage.
— Vous désirez, Monsieur ? demanda le domestique, s ans ouvrir la grille.
— Je voudrais parler à M. Moreuil ! répondit l'inco nnu d'une voix de commandement.
Julien, qui connaissait les habitudes de son patron et qui respectait la consigne, répondit :
— M. Moreuil n'est pas là, Monsieur.
— Si, il y est ! répondit l'homme, la fenêtre de so n bureau est ouverte et allumée ; et du reste, M. Moreuil est toujours rentré à cette heure-ci !
Le domestique se sentant pris en flagrant délit de mensonge n'essaya pas de se disculper, mais il répondit :
— C'est bien possible, Monsieur, mais, en tout cas, M. Moreuil ne reçoit pas à cette heure ; si vous voulez le voir, il faut all er à la banque, rue Lafitte.
Sans paraître marquer la moindre impatience, mais d 'un ton très résolu, très
sûr de lui, l'homme répliqua :
— Je sais tout cela, mais M. Moreuil me recevra ce soir... J'ai une communication des plus urgentes à lui faire... une communication d'un intérêt capital !
— Je regrette, Monsieur, répéta Julien ; mais M. Mo reuil ne vous recevra pas !
— Et je vous dis qu'il me recevra, moi ! dit l'homm e sur un ton menaçant.
Et, fouillant dans sa poche, il en sortit un calepi n dont il arracha une page sur laquelle il traça quelques mots. Puis, ayant pl ié ce papier en quatre, il le passa à travers les barreaux et ordonna :
— Mon ami, allez porter ceci à M. Moreuil, tout de suite, autrement vous pourriez vous en repentir.
Subjugué par ce ton, Julien avait pris le papier et se dirigeait vers la villa.
Suzanne était dans l'entrée qui le guettait.
— Eh bien ? demanda-t-elle avec curiosité ; qui éta it-ce ? vous êtes bien resté dix minutes à bavarder.
— Un monsieur, qui insiste pour voir le patron, rép ondit Julien, de mauvaise humeur à l'idée de la corvée qui l'attendait, car i l savait que M. Moreuil détestait être dérangé le soir.
Néanmoins, il se résigna et alla frapper à la porte du bureau.
Comme il s'y attendait, une voix peu aimable lui ré pondit :
— Entrez !
« Qu'y a-t-il ? demanda le banquier ; vous savez po urtant bien que je ne veux à aucun prix être dérangé à cette heure-ci ?
— Un monsieur a sonné, et a tellement insisté pour vous voir, répondit le valet, que j'ai cru devoir me permettre de vous déranger, et...
— C'est bon ! coupa M. Moreuil, et que veut-il, que l est son nom ?
Julien tendit à son maître le morceau de papier qu' il avait conservé dans sa main. À ce moment il se souvint qu'il avait oublié d'y jeter un coup d'œil et se promit bien de réparer cet oubli, le lendemain mati n, en fouillant dans la corbeille à papiers.
M. Moreuil avait lu et tressailli imperceptiblement :
— Où est ce monsieur ? demanda-t-il d'une voix brèv e ; l'avez-vous fait entrer ?
— Non, répondit Julien, je ne me le suis pas permis ; il est resté dans la
rue... devant la porte.
— Eh bien ! dit le banquier en faisant un visible e ffort, faites-le entrer dans le vestibule, et demandez-lui quel est l'objet exact d e sa visite ; vous m'entendez bien, Julien, l'objet exact.
— Oui, monsieur, répondit le domestique en sortant.
En bas, il rencontra Suzanne, qui lui demanda :
— Eh bien, comment cela s'est passé ?
— Pas trop mal ; mais ce qui est drôle, c'est que c e monsieur va être reçu...
— Pas possible ! se récria la cuisinière ; je vais entrebâiller la porte de ma cuisine pour voir sa figure, à celui-là !
Devant la grille, l'inconnu allait et venait tranqu illement, en fumant une cigarette. Il n'eut pas un mot quand Julien lui dem anda de le suivre.
Sitôt qu'ils eurent pénétré dans le vestibule, le v alet lui demanda :
— Monsieur m'a demandé si vous vouliez bien précise r l'objet exact de votre visite.
Très calme, l'homme répondit :
— Vous direz à M. Moreuil que je viens pour liquide r l'affaire.
— Liquider l'affaire ? répéta Julien ; puis il monta au premier étage.
Il en redescendit quelques instants plus tard, en d isant :
— Si monsieur veut bien me suivre, M. Moreuil l'attend dans son bureau.
Dès qu'il entendit les pas, M. Moreuil cria :« Entrez ! »
Julien aperçut son patron, debout au milieu du bure au, et qui disait d'un air étonné :
— Vous... vraiment, je ne m'attendais pas à votre v isite.
L'homme avait retiré son feutre, baissé le col de s a gabardine, mais Julien, à qui il tournait le dos, ne put apercevoir son visag e.
Du reste, le banquier avait lui-même fermé la porte et ordonnait :
— Surtout, qu'on ne nous dérange pas.
Le domestique s'inclina et redescendit.
Il entra dans la cuisine où Suzanne achevait d'essu yer ses verres,
— Eh bien, dit-elle, il en a une drôle d'allure, vo tre visiteur, je n'ai même pas pu apercevoir la figure qu'il avait...
— Moi non plus avoua Julien, mais il faut croire qu e monsieur le connaissait,
et c'est là l'essentiel.
Le domestique s'était assis, avait tiré sa pipe et s'était mis à la fumer, tranquillement, en attendant le départ du visiteur pour gagner son lit.
Les minutes passèrent, Julien s'était plongé dans l a lecture du journal, Suzanne tricotait dans un coin.
Tout à coup, le valet de chambre sursauta :
— Minuit ! dit-il.
En effet, les douze coups sonnaient dans le silence de la ville endormie.
— Ça fait deux heures qu'il est dans son bureau ; q ue peuvent-ils bien se raconter ? murmura-t-il à mi-voix.
Il s'était levé, et, reposant son journal, déclara :
— Je vais aller voir là-haut, savoir ce qui se pass e.
Il monta sur la pointe des pieds, mais, arrivé à...
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents