Chambre 207
50 pages
Français

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Description

« Ça y est, je perds pieds. Depuis hier soir, mon dernier lien avec la réalité a été rompu, je ne me bats plus. Je reste le regard dans le vague, plus d’appétit, qu’une seule envie, rester au lit. Difficile d’écrire. Écrire quoi ? Cette fin de moi ? Cette solitude au milieu des autres. Cathie m’a dit hier soir que je pouvais lui parler, l’infirmière aussi. Mais je n’ai plus rien à dire, plus envie de lire, juste dormir pour que le temps passe... »

Burn out, tentative de suicide, ce livre est une description du long chemin pour sortir de l'anéantissement.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 juillet 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332952189
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-95216-5

© Edilivre, 2015
Chambre 207
 
 
Vendredi 31 janvier – 21 h 30
1 lettre pour mes enfants
1 lettre pour Marc
2 messages envoyés sur Facebook à mes sœurs
40 Stresam
6 Xanax
10 Heptamyl
Quelques gouttes de Laroxyl
Un verre de marsala
Samedi 1er février – 12 h 30
Urgences, vue par un médecin puis une psy.
Dimanche 2 février – 2 h 00
Hôpital psychiatrique, 2 e étage, chambre 207.
Dimanche 9 février – 21 heures
Première permission de sortie.
Difficile à vivre, ce sentiment de ne pas faire partie de la vie. Être à côté des autres sans avoir l’impression d’être avec eux.
La vie continue sans moi, comme je l’avais si bien imaginé. Pas de sentiment de manque, ils sont heureux sans moi.
Se retrouver comme cela, d’un coup, dans la vraie vie où tout le monde s’attend à vous voir mieux. Peu d’affection de mes enfants, cela fait mal. Ils ne savent pas que j’ai voulu mourir. Ils sont dans leur quotidien, dans leur énergie, tellement éloignés de moi en ce moment. Pauline, ma fille de cinq ans, m’a fait des dessins, petit réconfort, elle a pensé à moi.
En arrivant chez Cyril, le père de mes enfants, j’ai fait comme si tout allait bien, face à mes enfants si vivants. Moi, si déconnectée, morte en moi. Quel contraste entre ma sœur, si joviale, et moi, si triste, avec ce sentiment de quelque chose de cassé, d’irréparable.
J’ai insisté pour déjeuner à l’extérieur, au restaurant chinois, pour ne pas manger à la maison où ce décalage aurait été si dur à supporter. Le repas a été tranquille et détendu avec Marc, mon compagnon, Luna, ma sœur, et mes trois enfants. Grande fatigue pour moi, qui prend dans la face le contrecoup de ce décalage, j’ai la tête qui tourne.
Après le repas, ma sœur est partie. Quand la reverrai-je ? Et dans quel état ?
J’ai déposé Hugo, mon fils de onze ans, chez son père, avant d’emmener Alice et Pauline voir le spectacle de Chantal Goya.
Des émotions dans mes yeux à certains moments, cela évoque mon enfance, pas toujours de bons souvenirs.
En sortant, Marc nous attend, je suis froide. J’ai hâte de finir cette journée, où je ne me suis pas sentie moi, mais comme une étrangère dans cette vie.
Grande distance avec Marc qui ne comprend pas. Une volonté de ma part de le dégoûter de moi pour qu’il parte. Je nous inflige cela, je suis volontairement dure et distante pour le déstabiliser et l’inciter à partir. Peut-être une envie de lui faire mal à la hauteur de ce que j’ai mal. Son amour m’est difficile à supporter car il pourrait être un moyen de me raccrocher à la vie et je ne veux pas de cette ultime amarre.
Plusieurs tentatives de douceur de sa part, sans retour de mon côté. J’ai envie qu’il parte, que cela me fasse mal, et que cela me prouve que je ne suis pas quelqu’un de bien, que l’on ne peut pas m’aimer.
J’ai ramené les filles chez leur père, les enfants m’ont semblé tellement éloignés au moment des « au revoir ». Hugo a été plus touché. Ce trajet, seule, en voiture, entre chez Cyril et chez moi, m’a paru très long. Avoir de nouveau cette possibilité d’en finir. On roule, mais cette idée qui trotte dans la tête. Je suis seule et je peux trouver une solution pour ne plus rentrer, en finir… un coup de volant pourrait tout résoudre si j’avais la certitude de ne pas rester en vie, handicapée.
En arrivant chez moi, je suis très froide, je fais mes bagages, puis départ pour l’hôpital. Soulagement en y arrivant car je m’y sens protégée, des autres mais surtout de moi-même.
Lundi 10 février – 8 h 45
Réveil difficile. Les infirmières sont-elles passées me réveiller à 8 h 15 ? En tout cas, aucun souvenir et donc réveil expéditif à 8 h 30 pour aller déjeuner. Difficile, vu la torpeur dans laquelle je me trouve. Je prends donc mes médicaments et déjeune comme un automate, parce qu’il le faut. Il faut maintenant que je me prépare pour la balnéothérapie, une des activités qui m’est programmée. Je dois prendre ma douche mais je n’en ai pas la force, en boule dans mon lit, plus envie de bouger, pour toujours.
J’ai décidé d’écrire pour ne pas oublier tout ceci car je me rends compte que j’ai des grands blancs de mémoires. Je veux aussi avoir conscience des progrès.
Pour moi, ayant habituellement une excellente mémoire, ces trous et oublis me laissent perplexe. Est-ce mon cerveau qui est bloqué, comme moi, en panne de fonctionnement ? Après autant de sollicitations ces derniers mois, à tout retenir, tout gérer, à travailler même la nuit, il est peut-être en récupération comme moi, en pause.
Je repense à ma journée d’hier et au regard de Cyril lorsque j’étais là, en spectatrice de mes enfants, prostrée. Comprend-il la situation et réalise-t-il que mon hospitalisation n’est pas due à un simple malaise ?
Ce matin, j’ai reçu un SMS de Marc qui me dit qu’il m’aime et qu’il pense à moi. Comment a-t-il encaissé mon ultime provocation d’hier soir lorsque je lui ai dit que je pouvais rentrer à l’hôpital toute seule ? Je lui ai dit que j’étais désolée, avant d’entrer dans le bâtiment, mais comment comprend-il tout cela ? Ce SMS est-il une réalité ou uniquement une béquille pour m’aider à m’en sortir ? Notre couple résistera-t-il à ce séisme ? Arrivera-t-il encore à m’aimer après tout cela ? Arriverai-je encore à aimer Marc et mes enfants, alors qu’aujourd’hui tout est cassé et inerte en moi, anesthésié.
Bon, allez, un élan de force à trouver pour prendre ma douche et faire bonne mine à la balnéo.
11 h 20
De retour de la balnéo, détendue mais triste. Mes nerfs se sont relâchés et les larmes sont arrivées à grand galop. Refaire des choses simples dans l’eau, avoir ce sentiment d’être incapable d’en faire plus.
Après la séance, il m’a été difficile de parler avec les infirmières et les autres patients...

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