Cinq heures, rue Pigalle
42 pages
Français

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Cinq heures, rue Pigalle , livre ebook

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Description

Cinq heures, rue Pigalle, une voiture, deux morts par balles.


Le temps pour la police de faire les constatations d’usage, d’aller interroger le patron de la boîte de nuit proche, et un des corps s’est volatilisé.


L’inspecteur principal Paul MÉRAL a la lourde tâche de découvrir ce qu’il s’est réellement passé...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 1
EAN13 9791070035306
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LES ENQUÊTES
DE
L'INSPECTEUR MÉRAL

Cinq heures, rue Pigalle
Récit policier

MARCELLUS
I
ÉVAPORÉ...

Là-haut, sur la Butte, la Savoyarde égrenait lentement cinq heures et dans les rues du Montmartre des cabarets, des dancings, des boîtes de nuit, les night-clubs, comme on les appelle maintenant, c'était le branle-bas précédant le départ des derniers clients, fêtards attardés, et celui, plus massif, de tous les employés de ces lieux de plaisir.
Deux agents, placidement, montaient et redescendaient la rue, de la place au carrefour, changeant à chaque fois de trottoir par habitude, comptant leurs pas, semblait-il.
— Encore une heure !... fit l'un d'eux en bâillant.
— Avec ça, il fait un froid de canard, répondit l'autre. J'ai les pieds gelés...
— Ta bourgeoise te les réchauffera tout à l'heure...
— D'accord, mais n'empêche que c'est pas marrant d'être de nuit pour le réveillon. Tu es garçon, toi ; moi, je pensais passer la soirée en famille et j'avais préparé un bel arbre de Noël pour les gosses...
— C'est loupé, mon pauvre vieux !...
— Tout ça, à cause de Codos qui est malade...
— Il est toujours malade pour les fêtes, c'est connu. Tiens, voilà Albert, le chasseur de l' Entrepont... Ça va, Albert ?
— Ça va !... Mais ça ira mieux tout à l'heure, quand je serai au lit. Quel boulot, mes aïeux ! On n'a pas arrêté de la nuit. Des gens chics, des femmes plus chouettes encore, avec poils, bijoux et tout et tout...
— C'est fini ?
— Heureusement ! Tout le monde est parti. Y a plus que le chef d'orchestre qui flirte avec la chanteuse réaliste et le patron qui finit ses comptes. Je l'attends pour qu'il me reconduise en voiture.
— C'est celle-là ? interrogea l'agent en désignant une belle voiture de type américain qui stationnait un peu plus haut...
— Oh ! non, fit le chasseur en riant. La sienne, c'est un taxi...
— Qu'est-ce qu'elle fiche, cette voiture devant votre boîte, s'il n'y a plus personne ?
— C'est vrai, je ne m'en étais pas rendu compte. Ça doit être la bagnole des Amerloks qui ont réveillonné chez nous. C'est marrant qu'ils soient encore là, ils sont partis depuis une bonne demi-heure... avec un petit coup dans l'aile, comme de juste.
— Ils dorment peut-être !... On va voir ça...
Et, ce disant, l'agent s'approcha de la voiture et ouvrit la portière dont la glace était baissée, ayant juste le temps de maintenir un homme inerte qui allait basculer sur le trottoir.
— Ben, quoi ! Tenez-vous, bon Dieu ! grogna l'agent en repoussant l'homme dans la voiture.
— Il est groggy !... émit le portier fataliste.
Maintenant, la plupart des enseignes lumineuses des boîtes de nuit étaient éteintes et la rue était presque obscure.
— Qu'est-ce que c'est que ça ? dit l'agent en regardant ses mains. Mais, c'est du sang, crédieu, c'est du sang !...
— Tu es sûr ! fit l'autre agent qui s'était approché.
— Dame, regarde...
Et il braqua le faisceau de sa torche dans la voiture.
De la tempe de l'homme assis au volant, un filet de sang avait coulé le long du visage et taché le plastron blanc de son smoking...
— Ben, mon vieux ! Manquait plus que ça ! On n'est pas près d'aller au lit...
— Et l'autre, faut voir l'autre, il ne bouge pas non plus, fit le second gardien en ouvrant la deuxième porte et tâtant le bonhomme qui, les yeux révulsés, avait la tête renversée en arrière et paraissait sans vie.
— Pareil !...
— Faudrait les secouer, ils ne sont peut-être pas morts.
— Touche à rien, Ducher, touche à rien...
— Moi, les gars, je me tire...
— Non, Albert, faut rester.
— Le patron ne vient pas, je vais me reposer.
— Pas d'histoire, Albert ! C'est tes « Amerloks » que tu dis. Bon, on va voir. Viens avec moi, je vais téléphoner au commissariat.
— Faites votre boulot, d'accord, mais moi, je n'ai rien à voir dans vos affaires...
— C'est possible. On verra... viens.
Ce disant, il entra avec Albert dans l'établissement dont le parquet était jonché de serpentins, d'accessoires de cotillon, de coiffures de papier déchirées et de boules de coton. Au fond, le patron, M. Ralph, discutait, adossé au piano, avec la chanteuse et le chef d'orchestre, tout en buvant une coupe de champagne, éclairés seulement par les lampes de secours.
— Qu'y a-t-il ? interrogea M. Ralph d'un air las, en apercevant l'agent.
— Il y a deux macchabées dans une bagnole, à la porte de votre boîte. Voilà ce qu'il y a... Où est le téléphone ?
— Par ici, fit Albert, que tout cela semblait terriblement ennuyer, en guidant le gardien vers le sous-sol où se trouvaient la cabine de toilette et les lavabos.
Il régnait dans tout l'établissement une atmosphère lourde de tabagie, de parfums surchauffés, le tout mêlé à des relents de cuisine.
— Vous avez terminé ? demanda M. Ralph, lorsque l'argent reparut.
— Oui, je vous remercie.
— Bien, dans ce cas, prenez une coupe, car il est temps de fermer.
— C'est pas de refus pour la coupe, mais je regrette pour la fermeture. Il vous faudra voir le commissaire qui vient. C'est pas loin de la rue La Rochefoucault, ici...
— Mais je ne vois pas l'utilité de cette attente...
— Ce sont des clients qui sortaient de chez vous. Albert les a reconnus, alors, n'est-ce pas...
— Oui, renchérit Albert, c'est nos « Amerloks »...
— Pas possible !... fit alors M. Ralph avec étonnement. Ils ont pourtant passé une excellente soirée ici... Vous êtes sûr ?
— Absolument... Je leur ai ouvert la portière, ils sont montés, m'on refilé deux cents balles, puis j'ai refermé en les saluant. Comme je regagnais le vestibule, j'ai nettement entendu actionner le démarreur... Pour moi, ils étaient partis.
— Mais la voiture n'est pas restée en station devant l' Entrepont toute la soirée. Nous l'aurions remarquée, dit l'agent.
— D'accord, répondit Albert. Je l'avais garée rue Frochot, because le stationnement interdit. C'est moi qui l'ai ramenée devant la boîte quand ils ont voulu s'en aller.
Au-dehors, la voiture macabre était gardée par le second agent et, malgré l'heure matinale, l'animation habituelle des lendemains de réveillon faisait que la rue était très animée. Fêtards huppés, réveillonneurs ultras gais accompagnés de femmes exubérantes, midinettes et calicots en goguette déambulaient, le visage fripé, ne sachant où aller, tandis que des taxis maraudaient dans l'espoir de charger des clients pour les Halles, ultime ressource des tournées de « grands ducs »…
Personne ne fit attention aux deux civils qui, rapidement, pénétraient dans l' Entrepont, pendant que quatre agents cyclistes, sautant de leur machine, engageaient la conversation avec leur collègue qui gardait la voiture-cercueil.
— Zigouillés, tes gars ? demanda l'un d'eux, pour dire quelque chose. Et tu étais de service...
— Oui, avec Duchet, on n'a rien vu, rien entendu, rien remarqué... Il est vrai qu'il y avait du peuple dans la rue...
— Dame, un réveillon !...
— Comme tu le dis, mais c'est tout de même curieux que deux hommes puissent être tués comme ça, en pleine rue, sans que personne s'aperçoive de rien !...
— J'ai l'impression que le patron va vous « savonner » !
— Ça changera rien...
— Le principal Marsollet, suppléant le secrétaire, est là. Je te jure qu'il est en pétard... Tu penses, rien dans le premier quartier cette nuit, juste trois ivrognes et un marchand de cartes postales interdites. C'était du billard... Et puis, vlan, coup de fil de Duchet, voilà la tuile, le « cassement n° 1 maison »...
— Alors ? interrogea Duchet, qui revenait.
— Rien de neuf...
— L'ambulance va arriver, on va transporter les gars à l'hôpital, puis à la Râpée, si c'est fini. Ils n'ont pas bougé ?
— Tu veux rigoler ! Les morts, ça ne bouge pas !
Duchet jeta quand même un regard machinal dans l'auto.
— Bon Dieu !... s'exclama-t-il. Y a plus qu'un bonhomme dans la bagnole...
— Pas possible !...
— Et pourtant vrai. Il a filé à votre barbe. Pas la peine d'être à cinq pour laisser un macchab

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