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Description
Sujets
Informations
Publié par | Estelas Editions |
Date de parution | 15 octobre 2020 |
Nombre de lectures | 6 |
EAN13 | 9782490981052 |
Langue | Français |
Informations légales : prix de location à la page 0,0345€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
COUP DE SOLEIL SOUS UN BANANIER
Tous droits réservés
©Under Éditions
BP 20, 11800 Trèbes France
estelas.editions@gmail.com
www.estelaseditions.com
www.JaimeLaLecture.fr
ISBN : 9782490981052
« Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon, aux termes des articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle. »
Monak
Coup de Soleil sous un Bananier
Polar Tahitien
Under Éditions
Table des matières
Avertissement
Préface
1 - Coqs à toute heure
2 - Petit dimanche
3 - Atermoiements
4 - Marina du bout des rêves
5 - Vendredrink
6 - Dessouché, débroussé
7 - Coup de bambou
8 - Le droit à l’indifférence
9 - Nul n’est une île.
Avertissement
Ce livre s’est écrit au fil des îles polynésiennes, des rencontres, des vécus, du quotidien.
Ce n’est pas l’affluence, le récif corallien barre la marée et protège un monde forclos. Mais c’est tout de même confluences, convergences et, parfois, confidences.
Ce n’est pas non plus déterminant pour brosser le portrait d’une société. Mon propos est dépourvu de cette prétention-là, comme de toute autre.
Ce sont témoignages épars avec leur vérité, leurs erreurs, leurs pratiques et leur regard. Je me contente de faire entendre quelques voix, en mode blues.
Parmi ces confessions intimes, se dissimule l’aveu d’un meurtrier. Vous pouvez me croire, vous n’y êtes pas obligés ; place à la fiction.
Monak 2015
Préface
De l’aridité écrasante de « Chkakel » à la luxuriance subtropicale de « Coup de soleil sous un bananier », la romancière qu’est Monak ne laisse pas de nous surprendre. En effet : de la terrible chronique sahélienne du premier à la noirceur sucrée du polar tahitien du second le pas n’était, pour le moins, pas évident à franchir.
Il l’a pourtant été. Et sans égard aucun pour les couleurs glacées vendues par les agences de voyage et le ministère du tourisme polynésien, Monak nous entraîne sans ménagement au verso du prospectus. Des bureaux mal ventilés du centre ville aux fare pinex des vallées ignorées des touristes, elle nous fait plonger dans le quotidien moite et pudique d’une population qui oscille, en mode survie, entre la bière locale, les sermons des églises et l’hypocrisie mercantile des politiques. Et la misère. La misère matérielle bien sûr : celle que l’on doit au clientélisme et à la corruption nés du nucléaire. Mais aussi cette misère morale née de la colonisation, de l’évangélisation surtout, qui a fleuri sur le fumier des interdits, des tapu, et de la mémoire effacée.
Si l’intrigue policière révèle bien des aspects déroutants et méconnus de la société polynésienne contemporaine, c’est bien la peinture sociale qui fait tout l’intérêt de ce roman. Avec ce style si particulier qui n’appartient qu’à elle, Monak nous offre un regard décalé et sans concession sur un monde dont il n’est pas bien venu de parler au fenua.
Un roman court, concis et sans détour, qui nous dévoile avec acidité, mais aussi amertume, bien des aspects étonnants de la société tahitienne d’aujourd’hui. Acidité et amertume, c’est vrai, mais également tellement d’amour pour ce peuple au moins aussi déroutant qu’attachant qui se débat comme il peut entre le poids d’un passé en grande partie effacé et un présent difficilement acceptable.
« Coup de soleil sous un bananier » n’est pas un polar comme les autres et, forcément, il vous laissera des rougeurs au cœur et à l’âme…
Julien Gué
1 - Coqs à toute heure
« De par le monde, une soixantaine d’espèces de bananiers se fraie un chemin vers la lumière. Quelques mille variétés de bananes à la peau ocellée se tendent comme des mains le long de leur régime ; c’est selon. Corsetée dans son fourreau de feuilles spiralées, cette herbe, la plus grande des herbes, éclot son unique fleur et s’étiole. Figure hindoue du paradis perdu »
Tout est dit.
Mais ce n’est pas ainsi que les humains l’entendent. Ils pensent ne jamais avoir tout dit. Ils ont toujours en réserve, un petit grain de sel. Il s’en trouve aussi de particulièrement volubiles qui font résonner leur bémol. Ils empoignent le moindre fait divers et ne manquent l’occasion de communiquer leur avis sur toutes sortes de questions. Pour épater la galerie souvent. Histoire de donner le change parfois. Ils tiennent à asséner leur propre version des faits. Ils ne se lassent de pérorer à qui mieux mieux.
Raimiti appartient à cette caste de parleurs. Il s’est toujours laissé emballer par les discussions. Moins maintenant. Quand il prend la parole, ce qui ne lui arrive qu’incidemment ces dernières années, son discours s’accroît de circonvolutions interminables. Surtout depuis que son mariage a éclaté. Comme s’il cherchait à rassembler ses repères. Il n’avait pas vraiment pris la résolution de s’isoler, mais vous savez ce que c’est : si l’ex est invitée, l’autre n’y est pas. Il avait donc été "évacué" de ses cercles de prédilection ; car il faut bien le reconnaître, c’était "elle" qui s’occupait de l’aspect-réception de leur couple. En maîtresse de maison accomplie, avec tout le tralala qui accompagne ce genre de sauteries, elle lui avait fidélisé amis proches ou connaissances occasionnelles. Un auditoire de bringue, soudé par la fête, les beuveries et la lourde digestion. Même sourd comme un pot à anses, même braillard comme un putois, même fêlé comme une vieille cruche, auditoire malgré tout.
De cette époque, il avait gardé le goût du débat : on ne se refait pas ! Seul moment où il avait l’impression de briller, dans l’atmosphère déliquescente des vapeurs de la nuit. Mais il faut bien lui concéder la logique implacable de sa prouesse ! Si le ronronnement de sa voix en saoulait certains, l’espèce de silence pâteux qui l’entourait comblait son amour-propre. Il avait réussi à en bercer plus d’un. Et peu importe que ce soit de plaisir, de lassitude ou de dédain : personne ne bronchait plus. C’était peut-être aussi son petit côté superstitieux à la manque qui le rassurait dans ces moments-là.
S’ils ne renâclaient, c’est qu’ils consentaient. Il s’appuyait donc sur bien peu de chose ! Ces gestes anodins, livrés comme des présages par le monde mystérieux des souffles de la nuit, une cicatrice à son désenchantement. Ses paroles, si infimes soient-elles, un germe bosselant la glèbe pourrissante. Et quelques résonances dans les consciences à moitié endormies, ce n’est pas négligeable. Du dictamen de ses semblables, il en avait soupé. Des coteries qui se montaient avec la crème mousseuse de fin de repas et vous habillaient de la noirceur du genre humain, il en avait été le jouet. Il se donne assez de mal pour que tout ça soit définitivement révolu. Quand il soulève un sujet qui préoccupe de près les quelques proches convives à l’heure de l’après-souper, il parvient toujours à trouver l’argument le plus estourbissant. Comme s’il était expert en la matière, comme s’il s