Crime de première classe
39 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Crime de première classe , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
39 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Le célèbre inspecteur Gonzague GAVEAU, dit « Le Professeur », est envoyé à Mende afin d’enquêter sur un trafic de faux billets.


Alors qu’il attend son train sur le quai de La Bastide, outre les passagers qui semblent des habitués du trajet, le policier repère une belle jeune dame élégante qui dépareille d’avec les autres usagers.


Arrivé à Mende, ne voyant pas la femme descendre du wagon, « Le Professeur » remonte dans le convoi et, fouillant les compartiments, découvre le corps sans vie de la voyageuse.


Le meurtre ne fait aucun doute.


Très vite, dans l’esprit de l’enquêteur qui ne croit pas aux coïncidences, l’affaire des coupures falsifiées et le crime sont forcément reliés...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 3
EAN13 9782373475227
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LE S E NQUÊ TE S DU P ROFE SSE UR
- 4 -
CRIMEREDE P M IÈRECL ASS E
de René BYZANCE
C HAPITREPREMIER
LE S GAÎTÉ S DU « TORTILLARD »
Les habitués des grands rapides internationaux igno rent sans nul doute la ligne de La Bastide à Mende. Dans les livrets Chaix , son horaire est tapi dans un coin au bas d'une page et il propose aux rarissimes originaux qui désirent emprunter cette voie ferrée un indéchiffrable rébus bourré d'astérisques et de renvois. Les trains ne circulent que trois jours pa r semaine dans chaque sens et encore faut-il tenir compte des dimanches, des fête s et des foires.
Les voyageurs duSimplon-Expressne s'égareront jamais entre Mende et La Bastide et c'est pour eux grand dommage, car les ra ils tracent leurs sillons parallèles sur l'un des paysages les plus caractéri stiques et les plus pittoresques du monde. Nous n'abuserons pas de la g éographie, science quelque peu revêche. Qu'il nous suffise de rappeler que La Bastide, hameau perdu parmi les bois de sapins est située à 1100 mètres d'altitude au point culminant de la ligne Paris-Nîmes par Clermont-Ferrand. Et nous ferions injure à nos lecteurs si nous précisons que Mende s'enorguei llit d'être le chef-lieu du département de la Lozère.
Même en plein mois d'août, il fait plutôt frisquet sur les hauts plateaux du Gévaudan. L'inspecteur Gonzague Gaveau dit le profe sseur, tout en arpentant le quai de la gare de La Bastide, relevait le col de s on veston et pestait de ne pas avoir apporté un pardessus. Le départ du train étai t fixé à 6 heures 23. La journée entière, la voie devenait libre ensuite. Ma is la compagnie, amie de la morale, n'aime pas que ses usagers se prélassent da ns leur lit. En attendant le moment d'obéir au sifflet du chef de gare, le chauf feur d'une locomotive antédiluvienne s'occupait à rassembler des wagons d isséminés un peu partout. Comme on le présume, la S. N. C. F. ne réserve pas à la ligne de Mende son matériel le plus « up-to-date ».
Le professeur, malgré la rigueur de la température, s'amusait à un spectacle, nouveau pour lui. Il lui était arrivé, p ar la faute de criminels manquant de tact, d'être troublé dans des vacances régulière s. Cette fois, chargé d'une mission officielle, il avait l'impression d'être en congé. L'affaire qui l'appelait à Mende, ne lui donnerait pas grand-peine. Ses chefs, pour récompenser des services brillants, mais mal rémunérés, l'avaient d ésigné pour mener une enquête sur une épidémie de faux billets de banque constatée au chef-lieu de la Lozère. Sans nul doute, l'affaire n'avait pas là so n origine et Gonzague n'aurait qu'à procéder à des vérifications que, avec la comp licité tacite de ses supérieurs, il se proposait de prolonger une ou deu x semaines.
Muni d'une carte permanente, le professeur voyage e n première classe. Il peut, à son gré, choisir un compartiment. Il y en a au moins deux par voyageur.
Au moment où, agrippé à une poignée gluante de suie , il s'efforçait d'ébranler une portière, une voix cordiale résonna derrière lu i :
— On voit bien, monsieur, que vous n'avez pas l'hab itude de manier ces outils : c'est délicat, c'est capricieux, il faut s avoir les prendre. Là, ça y est, il suffit d'avoir le tour de main... Ainsi, monsieur, vous voyagez en première... il me semble cependant pas vous remettre... Depuis vingt ans que je fais la ligne, je finis par connaître tout le monde.
Gonzague fit mine de sortir son portefeuille pour e xhiber son titre de circulation. D'un geste, le cheminot l'arrêta.
— Ce que je vous dis, c'est pour causer... j'ai con fiance, si l'on n'avait pas confiance, le métier de contrôleur serait impossibl e. Ici, nous sommes sur une ligne en quelque sorte familiale... quoique ce mati n l'affluence soit exceptionnelle. La période des grandes vacances : o n est quasiment débordé. Tenez, outre vous, monsieur, il y en a deux que je ne « remets pas », cette dame qui semble sortie d'un journal de mode et ce j eune homme qui a tout du gigolo comme ils disent à Paris. Et notez qu'ils ne sont même pas ensemble. Les autres, ce sont des amis. Le grand monsieur dis tingué, c'est monsieur d'Espérandieu, chef de cabinet de monsieur le Préfe t ; le postier Ange Sifigue est un camarade de régiment ; le gros tout rouge, c 'est Constantin Rivoal, un fermier qui a la manie des grandeurs... Quant au pr être, je vous confesse entre nous que c'est moi qui lui ai conseillé de monter e n première. Ils ne sont pas riches de riches les curés au jour d'aujourd'hui. L 'abbé Durand est un homme instruit qui a fait ses études au Séminaire de Mont pellier. On peut avoir des idées différentes au sujet de la religion, mais à m on avis, les curés ça devrait voyager en première comme les officiers... Au revoi r.
La loquacité du bonhomme avait contribué à mettre l e professeur d'une humeur charmante. Tout le ravissait : le cadre et l es personnages. Pour lui, la montagne restait une belle inconnue dont il se prop osait de violer les secrets. Et il avait été ravi de découvrir dans une gare banale des spécimens variés d'humanité. Les indigènes demeurés très près de la nature avaient du caractère et, mêlé à eux, Gonzague avait remarqué des types c aractéristiques. L'abbé Durand, avec son énorme parapluie, ressemblait à l' abbé Constantin ; M. d'Espérandieu, enchaîné par la conception qu'il se faisait de ses hautes fonctions, portait, même pour emprunter un « tortil lard » un veston noir bordé, un pantalon rayé et un col dur aux bouts cassés dont l a taille démesurée le forçait à lever très haut une tête d'oiseau de proie, un peu déplumée ; Rivoal, le fermier, faisait éclater sous sa forte carrure un complet de confection aubergine. Mais ce qui retenait le plus le policier c'étaient les bipè des que le chef de train n'avait pu lui présenter et qui, pour son esprit toujours en é veil, offraient des éléments de mystère.
Comment un « gigolo » très classique avait-il pu s'égarer en plein Gévaudan
et exhiber aux populations médusées une chevelure o ndulée et gominée couleur aile de corbeau, un teint de pain d'épices, une chemise de soie mauve, une tenue de plage à l'éblouissante blancheur, des mains chargées de bagues et des souliers à la délicate marqueterie ? Le même problème se posait au sujet de la dame « sortie d'un journal...
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents