Crimes étranges (ou presque)
162 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Crimes étranges (ou presque) , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
162 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Ce livre est original à plusieurs niveaux. Dans sa forme : écrit essentiellement en dialogues, il peut être lu comme une pièce de théâtre ou un scénario. Quant au fond, la personnalité de chaque sujet n’est pas décrite mais s’exprime au travers des conversations. Enfin, au niveau du thème : des policiers sont confrontés à une série de meurtres qui se ressemblent étrangement mais dont aucun ne présente le moindre indice permettant d’orienter les enquêtes... Sont-ils pour autant « parfaits » ?

Le lecteur rencontre, au fil de l’histoire, un avocat faussement trahi par sa Ferrari, une historienne qui fait revivre des vestiges antiques, fidèle à son époux en dépit d’une passion pour un autre homme, un médecin exaspéré par les exigences de son épouse, un adolescent drôle et amoureux qui aura le dernier mot, un meurtrier récidiviste et narcissique, un jeune anarchiste plus généreux que méchant, un antiquaire infidèle et désespéré, sa jeune maîtresse éberluée d’être suspectée de meurtre, une étudiante pacifique infiltrée dans un réseau de casseurs, un proxénète méprisable et cynique mais peut-être utile dans la recherche de la vérité... qui sait ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 06 juin 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414333257
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Pierre Lembert
Crimes étranges (ou presque)
2
Pièce luxueuse. Un corps féminin git sur le sol, en vêtements de jour, sans blessure apparente. Une femme pleure, assise.
Deux policiers entrent. C’est vous qui nous avez appelés, Madame ? Oui, je venais faire le ménage.Et il n’y avait personne dans la maison à votre arrivée ? Non, Monsieur est en déplacement professionnel à Paris, à une réunion avec d’autres avocats.Le corps est bien celui de son épouse ? Oui.La porte était-elle fermée ? Oui, et il n’y avait pas de clé dans la serrure, j’ai ouvert avec la mienne.Avez-vous remarqué quelque chose d’anormal ? Oui ! il y avait un tableau, là… Et il manque une embrase aux rideaux.Merci, Madame, vous pouvez aller vous reposer chez vous. Donnez-nous votre adresse, nous aurons probablement d’autres informations à vous demander.
La femme croise en sortant un légiste renfrogné qui se dirige vers le corps et l’examine.
3
Salut les gars… je vois que ça va me changer des victimes de Kalachnikov ou de came… à première vue, c’est du net et sans bavures ; étranglement brutal avec quelque chose comme une rêne ou une ceinture, l’os hyoïde semble avoir été écrasé et une mort assez rapide a suivi. Aucune trace de lutte, ni hématome ni égratignure, la victime a été tuée sans pouvoir se défendre, peut-être par un familier en qui elle avait confiance… ou brusquement surprise par un étranger, à vous de voir ; c’est votre job, pas le mien !Vers quelle heure ?… si cette estimation fait partie de votre job.Il y a environ six heures, entre deux et trois, au milieu de la nuit… je ne crois pas que l’autopsie nous en apprenne beaucoup, à part des précisions sur la nature de l’arme qui a peut-être laissé sur la peau quelques particules et des traces d’ADN… Vous pouvez me faire apporter le corps à l’IML pour examen plus précis, les apparences sont parfois trompeuses… À plus.A bientôt, toubib… Jérôme, tu as vu un cadre de tableau au sol, à enlever délicatement pour expertise ainsi que le téléphone posé sur la table… regarde avec qui avaient lieu ses dernières communications, à tout hasard, après avoir vérifié que les empreintes qu’il doit porter sont uniquement celles de la victime… dans le cas contraire, les relever soigneusement.
4
* * *
Siège de la police judiciaire de Marseille, dans l’ancien évêché éponyme, moderne, clair et sans désordre.
Le Commissaire Jean Neveu à son bureau, six policiers en face de lui, dont son second, le Commandant Roger Fraire.
C’est plus de la routine, les gars ; il va falloir vous sortir les doigts du nez, et vite… toi, enquête habituelle de voisinage, caméras s’il y en a, empreintes, ADN… toi, cherche si un meurtrier étrangleur est récemment sorti de taule dans la région… toi, tu vois avec la femme de ménage si quelque chose d’autre a été volé, ce que représentait le tableau qui a disparu et quel peintre en est l’auteur… toi, tu vérifies ce que l’avocat faisait à Paris et l’ambiance dans son cabinet… toi, tu t’intéresses à la victime, ses activités, ses amis et relations, son couple… moi, je vais essayer de joindre le mari et ce n’est pas le plus réjouissant… allez, tout le monde dehors, sauf Roger Fraire.
Sortie des policiers
Tu as une idée, Roger ?Pas d’effraction ; l’ouverture de la porte munie d’une serrure de sureté implique que la victime elle-même l’ait exécutée, ou un proche qui en possède une clé… comment un étranger qui voudrait nous faire croire à un crime de proche aurait-il ouvert la porte ? – Ou comment l’a-t-il fait ouvrir par la victime elle-même, qui, habillée, était prête à sortir et pouvait avoir ouvert dans ce but.Où pouvait-elle aller au milieu de la nuit ?… rejoindre un amant en l’absence de son époux, mais comment l’assassin pouvait-il le savoir ?… sinon, comment aurait-il pu la décider à sortir ?
5
En prétendant qu’un fait grave, tel qu’un accident ou une maladie subite survenus à un membre de sa famille proche, exigeait sa présence d’urgence chez cet intime ou dans un hôpital.; familier ou étranger, nous n’enPossible, en effet savons donc rien et l’enquête doit envisager toutes les hypothèses, à partir de quelques faits qui ne permettent aucune conclusion, aucune déduction. – La puissance du geste mortel fait penser à un homme, ou à une femme forte, c’est un bien faible signalement qui ne nous offre pas non plus l’ombre d’une piste… La disparition d’une embrase aussi est ambigüe ; si le crime est dû à un événement imprévu, le meurtrier a pu s’en saisir comme arme, soit dans une subite colère meurtrière si c’est un intime, soit dérangé dans un vulgaire cambriolage. Elle ne nous avance pas davantage ; il peut s’agir d’une mise en scène destinée à orienter l’enquête vers un acte spontané alors qu’il était prémédité ; ça ne veut rien dire non plus sous cet angle. Le vol du tableau n’est pas plus significatif ; il a pu être exécuté par un familier pour nous diriger vers un cambrioleur, ou avoir été le but de l’intrusion d’un voleur spécialisé, s’il a une grande valeur, sur commande d’un marchand ou d’un amateur d’art peu scrupuleux, ça se voit de plus en plus souvent.Si le crime était prémédité, il est possible en outre que ce soit l’œuvre d’un psychopathe qui n’en est peut-être pas à son coup d’essai ; les recherches de meurtres commis récemment dans des circonstances analogues, peu fréquents, nous offriront peut-être une piste.Bizarre qu’il ait pris soin de refermer la porte en partant… et emporté la clé…
6
– Pour nous imposer une énigme qui ne comporte aucune amorce de solution… si c’est un familier, il a pu ouvrir avec sa propre clé, mais pourquoi refermer ?… si c’est un étranger, il a voulu nous orienter vers un familier… dans ce cas, ce serait, je pense, un individu intelligent, égotique, qui, pour se prouver qu’il est plus fort que nous, ne laisse que des traces à double sens, cherche à nous désorienter et, dans son cerveau malade, nous nargue… c’est hélas le plus probable.Qu’a-t-il pu faire de la clé ? Jetée, ou conservée en trophée, ce qui confirmerait l’hypothèse de l’acte d’un maniaque.– …Et exclurait un familier.Sauf si ledit voulait orienter notre attention vers un étranger.Et si c’est un étranger, comment a-t-il su que le toubib était de garde ? Il a pu surveiller sa rentrée chaque soir et attendre la nuit où il ne rentre pas.La malheureuse allait sortir, c’était peut-être à la suite d’un message téléphonique dont on pourrait retrouver la trace. – Oui, s’il provenait d’une ligne fixe, mais, émis à partir d’un mobile, le risque serait grand que, venant d’un individu retors, son origine soit, elle aussi, destinée à nous égarer… espérons que l’enquête routinière nous apportera quelque lumière.
* * *
Apéritif chez le Commissaire Jean Neveu et son épouse
7
Geneviève, qui reçoivent le Commandant Roger Fraire, ami du couple. – …Vous voilà avec un mystère à résoudre, les hommes ; ça va vous changer de la routine quotidienne.Plutôt, oui !… c’est même une énigme assez excitante, avec des indices contradictoires, ambivalents, certains destinés à nous égarer, mais lesquels, et dans quel sens ? – Espérons que nous y verrons plus clair grâce à l’enquête en cours, parce que, pour le moment, nous sommes dans un brouillard à couper au couteau.N’oublions pas pour autant les cruels problèmes du présent ; pastis ? Pastis, s’il te plait, mais, pour nous distraire de notre énigmatique criminel, parlons plutôt des recherches de Geneviève ; dans quelle période es-tu plongée en ce moment, chère historienne ? Je prépare un article sur les fondements de notre culture.Vaste programme ?…; Ils sont judéo-chrétiens, non C’est évident, admis par tous ; que peux-tu rechercher de plus ? Vous avez bien appris, vous-mêmes, pour l’exercice de votre métier, à vous méfier des évidences et des idées reçues sans contrôle rigoureux de la raison, sans analyse précise des prémisses.Nous le savons et nous y veillons… mais revenons aux sources de notre culture… que veux-tu dire ? Que, quelles que soient les greffes qui lui ont été apportées, qu’elles soient judéo-chrétiennes ou autres, elles n’en constituent pas des fondements. Ceux-ci sont « celto-grecs », plus anciens de nombreux siècles ; c’est l’humble mais ferme conclusion de mes recherches
8
Jean Neveu : Si ton but est de te faire des ennemis irréductibles parmi tes collègues et les enseignants de tous bords, je te garantis que ton but sera atteint et je te souhaite bon courage pour affronter leur colère et leur condamnation ! Roger Fraire : – «», comme disait mon grand-père enA ben parla langue provençale, mais revenons à notre humble quotidien… aux turpitudes de nos semblables, à leurs écarts, à leurs malheurs, qui sont, hélas, notre triste fonds de commerce.boutique » ;Non, Roger je t’en prie, ne parlons pas « oublions tout ça jusqu’à demain, à notre ancien « évêché », devenu sans évêque mais qui, siège de la P.J., n’en entend pas moins maintes confessions et, bientôt j’espère, celle de notre étrangleur.D’accord, Jean… tu sais, je t’envie d’avoir une épouse aussi courageuse, iconoclaste et séduisante que Geneviève.Je te souhaite d’en trouver une, mon cher Roger, de l’aimer comme j’aime notre Geneviève, qu’elle te donne un peu d’amour en retour et t’aide à établir des rapports de père à fils normaux avec ton Joseph.Je t’en remercie, mais je crains qu’il n’y ait rien à faire de ce côté ; depuis le décès de sa mère, il y a douze ans, alors qu’il n’en avait que huit, il m’en rend responsable et montre parfois une véritable détestation envers moi, ma profession et la société en général, pour prôner un utopique anarchisme. J’ai tenté de le convaincre de consulter un psy, sans aucun résultat… il refuse tout contact avec moi… j’ai bien pensé à lui couper les vivres, mais ce serait l’acculer à la délinquance.Tu ne pourrais pas nous l’amener, lui faire connaitre
9
et partager un moment la vie d’une famille « normale »… j’allais dire « ordinaire » ?… et puis, il était copain de lycée avec notre Clémence ; ils pourraient renouer à cette occasion.Je craindrais qu’il ne vous classe, Clémence incluse, dans la catégorie abhorrée des bourgeois prédateurs à éliminer.Est-ce que tu n’exagères pas, Roger ? Il ne doit pas être si mauvais, si égaré, si malheureux peut-être ? J’ai tout essayé ; de le gâter, de le choyer même, ensuite de le punir ; vous savez bien que je me suis vu dans l’obligation de le présenter moi-même à un juge d’instruction alors qu’il avait été pris en flagrant délit de destruction de la vitrine d’une banque à l’occasion d’une manifestation prétendue pacifique.Ça n’a pas dû améliorer vos rapports ! En effet, mais, si je ne l’avais pas assisté, il ne s’en serait certainement pas tiré par seulement trois mois de prison avec sursis. Loin de m’en savoir gré, Il me reproche mon intervention.Quoi que je fasse ou ne fasse pas alimente sa rancœur, et je ne peux hélas qu’être tant soit peu soulagé qu’il ait fui notre logement pour s’installer dans un studio dont je paye le loyer en lui versant un petit viatique qui s’ajoute à ses indemnités de chômage.Comment s’occupe-t-il ? ; il passeJe l’ai fait surveiller pendant quelques jours des heures devant l’écran de son téléviseur, de sa tablette ou de son téléphone, ne fait aucune démarche pour chercher du travail, joue au poker chaque semaine dans un cercle clandestin, pendant toute la nuit du vendredi au samedi, avec semble-t-il quelque succès, et fréquente par internet un
10
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents