Danse macabre au Moulin Rouge , livre ebook

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"Hiver 1895. Les spectateurs qui affluent à l’entrée du Moulin-Rouge découvrent, horrifiés, une femme écartelée et attachée aux grandes ailes, en tenue de cancan. Le lendemain, une autre danseuse est retrouvée éventrée sur une tombe du cimetière de Montmartre.
Ces meurtres font penser à ceux de Jack l’Éventreur et l’Angleterre n’est pas très loin… Mais la police a d’autres pistes : les coulisses du Moulin-Rouge et les maisons closes du quartier que fréquentent voyous, truands et souteneurs.
Pourtant, un seul homme peut réellement aider l’inspecteur Berflaut, agent de la Sûreté : son ami et grand connaisseur du monde du spectacle et de la prostitution, le peintre Toulouse-Lautrec.
Dans cette intrigue policière foisonnante, les amoureux de Montmartre retrouveront l’évocation fidèle du monde du spectacle, la gouaille de Jeanne Avril et de la Goulue, la voix d’Aristide Bruant et l’étonnant Valentin le Désossé, mais aussi le monde obscur des grands boulevards, des truands et des prostituées."
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Date de parution

25 juin 2014

Nombre de lectures

281

EAN13

9782365839372

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

2 Mo

DANSE MACABRE AU MOULINROUGE
DUMÊMEAUTEUR
Analyse deLa Bête Humainede Zola, collection « Profil dune uvre », éditions Hatier, 1999.
Grandmères au fil des pages, éditions Horay, 1997.
Carnet de bals, éditions Larousse, 2000.
Sanguine sur la butte, éditions Bargain, 2001.
Nature morte à Giverny, éditions du Valhermeil, 2006.
Piège de feu à la Charité, éditions Jacqueline Chambon, à paraître.
© Nouveau Monde éditions, 2007 24, rue des GrandsAugustins  75006 PARIS ISBN : 9782847362671 N ˚ dimpression : Dépôt légal : juin 2007 Imprimé en France par Présence graphique
Renée Bonneau
DANSE MACABRE AU MOULINROUGE
nouveau mondeéditions
AVERTISSEMENT
Bien que fondée sur des faits divers authentiques, lintrigue policière est totalement fictive. Mais si la participation à lhistoire de personnages tels que les artistes du MoulinRouge et le peintre Toulouse Lautrec relève de la fantaisie, il a été apporté le plus de soin possible à lévocation des événements politiques, judiciaires et historiques, celle du milieu montmartrois de lépoque, ainsi quaux références à la vie et aux uvres de Lautrec dont le lecteur trouvera la liste en fin de volume.
MoulinRouge, MoulinRouge Pour qui moudstu, MoulinRouge ? Pour la mort ou pour lamour ? Pour qui moudstu jusquau jour ?
Chanson
Décembre 1895
1
La nuit était tombée sur Montmartre, recouvrant de son ombre le boulevard Rochechouart quarpentaient déjà les filles en quête de clients, les souteneurs surveillant leur trou peau et les voyous guettant quelque bourgeois imprudem ment aventuré, loin des beaux quartiers, vers le terreplein où rôdaient, prêtes à saffronter, les bandes rivales des barrières, couteaux au fond des poches. Même obscurité sur le haut de la Butte, où les rares becs de gaz dispensaient leur avare lumière. Celui de la rue Saint Vincent avait eu depuis longtemps sa vitre cassée par les gamins du quartier, et personne navait songé à la remplacer : à quoi bon ? Son sort aurait été le même. Cest à sa faible lueur quon découvrait de temps en temps, le long des grilles du vieux cimetière, une nouvelle victime, comme si les assassins pensaient pouvoir y accomplir plus faci lement leur forfait. Cétait le plus souvent une « pierreuse » récalcitrante « punie à mort » par son jules, mais parfois aussi une jeune innocente comme Blanche, la petite ouvrière, éven trée par son amant, et quavec Bruant pleura tout le quartier.
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Danse macabre au MoulinRouge
Quand ils lont couchée sur la planche Elle était si blanche Même quen lensevlissant Les croquemorts disaient qula pauvre gosse Était claquée ljour de sa noce Rue SaintVincent.
Aussi peu de gens se risquaientils, passé dix heures du soir, dans cette partie de la Butte dont les habitants se terraient derrière leurs volets fermés, et où les rapins ne regagnaient quen groupe leurs petites chambres dartistes. Quant à cette zone de nondroit quétait le maquis, refuge de toute une faune vivant dans les masures et baraques accumulées dans les terrains vagues, il eût été suicidaire de sen approcher la nuit venue. Pour affronter ces rues, il fallait bien du courage et une faim pressante aux prostituées trop vieilles pour affronter la concurrence des boulevards, et tout autant aux rares clients désargentés et donc peu regardants, pour leur acheter à bas prix quelque rapide complaisance. Mais tout en bas, Montmartre avait pris un tout autre visage depuis quétait apparu, en 1889, le MoulinRouge, illuminant la place Blanche des lumières de ses grandes ailes et attirant pour sa fête nocturne un public composite, petit peuple, bourgeois, nobles étrangers, et même têtes couronnées, venus sencanailler au spectacle du quadrille naturaliste. Cétait, au rythme du galop dOrphée aux enfersdOffenbach, conduit par Valentin le Désossé, limperturbable échalas, le cancan déchaîné des filles agitant leurs jupons sur leurs jambes gainées de bas noirs, découvrant leurs cuisses et leurs dessous dont le père la Pudeur surveillait la décence, exécutant des figures acrobatiques, la « guitare », le « port darmes », qui rendaient cramoisis les messieurs engoncés dans leurs faux cols ; elles se retournaient pour saluer impudemment de leur derrière, et sécroulaient lune après lautre en grand écart sur la piste avec des cris aigus. Elles sappelaient Grille dégout, Nini patte en lair, la môme Fromage, Rayon dor, Galipette, Diamant, Arcenciel... Et la Goulue ! la Goulue surtout, reine du
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Danse macabre au MoulinRouge
cancan, capable dun coup de sa bottine de faire sauter le gibus dun spectateur, fûtil altesse royale : « Hé Galles, tu paies le champagne ? » Ce succès était dû à deux hommes, Oller et Zidler, qui avaient su, au bon moment, sur lemplacement de la défunte ReineBlanche,imaginer un spectacle capable dattirer les foules, grâce aux meilleurs danseurs débauchés de lÉlyséeMontmartre. Mais aussi grâce à laffiche géniale de ToulouseLautrec qui avait éclaté un beau jour sur les murs de Paris. Tout était nouveau : la mise en page audacieuse, lorigina lité des àplats de couleur, des silhouettes des spectateurs se découpant au premier plan en ombres chinoises, des grosses taches jaunes des éclairages électriques, le profil aigu de Valentin le Désossé, et, au centre, la Goulue, de trois quarts dos, jambe droite tendue sur le côté, en caraco à pois rouges, son petit chignon blond perché en haut du crâne, ses bas noirs décou verts par le tourbillon blanc de ses jupes. Ce succès navait pas été sans susciter jalousies et critiques. Ne disaiton pas dans le métier que Zidler, ancien boucher, ne faisait finalement que vendre encore de la chair fraîche ? Car le MoulinRouge nétait pas seulement un lieu de danse. À lentracte, ou après le spectacle, le long de la galerie, des filles « faisaient le pilon », quémandant aux bourgeois en goguette quelque billet à glisser dans leurs bas, ou proposant une passe au sortir de létablissement dans un des petits hôtels garnis du boulevard de Clichy ou des rues environnantes. Le MoulinRouge fournissait aussi à la belle saison des dis tractions plus familiales : son jardin, ses tonnelles, les prome nades à âne, léléphant géant datant de lExposition universelle de 1889 dans le ventre duquel au son dun orchestre ondulaient des odalisques, la petite scène où se produisait le Pétomane dont les étonnantes prestations provoquaient lhilarité du public. Mais si des milliers de spectateurs se pressaient chaque soir place Blanche, cétait pour assister, entassés au balcon ou atta blés au bord de la piste de danse, au spectacle débridé du can can. Attirés comme des phalènes par les lumières de ses grandes ailes, ils allaient vivre au MoulinRouge la grande parade du plaisir.
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