« Je voulais passer par mes anciens indics pour entrer en contact avec un ou deux membres moins hard core et essayer de négocier la libération de Cassandre. Mais là… oublie ça. Y’a aucun moyen qu’un ancien policier undercover à la retraite réussisse à utiliser ses crédits de sympathie avec ses anciens chums. J’aurai pas le choix. Je vais être obligé d’avoir recours à la manière forte. Cette nuit, j’ai des portes à défoncer, des gueules à casser pis peut-être un gars à tuer. » Lorsque Vincent se réveille après trois jours dans le coma, il est en garde à vue à l’hôpital. Il ne pensait pas pouvoir tomber plus bas quand des policiers lui apprennent que Cassandre, SA Cassandre, a été kidnappée. Malgré les ténèbres dans lesquels la douleur et les médicaments le plongent, il se rappelle très bien avoir pris toutes les précautions nécessaires pour la protéger. Néanmoins, Vincent sait qu’il ne manque pas d’ennemis, et il n’a pas l’intention d’attendre les bras croisés que la police mène sa propre enquête. Les forces de l’ordre l’ont suffisamment déçu pour qu’il décide de se faire justice lui-même, quelles qu’en soient les conséquences.
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Extrait
ROLAND LAPOINTE
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ISBN 9782897626587 (papier) ISBN 9782897627966 (PDF)
Éditions Michel Quintin Montréal (Québec) Canada editionsmichelquintin.ca info@editionsmichelquintin.ca
Pour eur îninîe paîence duran a dernîère phase d’écrîure de ce roman, un gros mercî à Joëe e à Lynda.
Un soîr, un vîeux Cherokee racona à son peî-is ’hîsoîre de a baaîe înérîeure quî exîse chez es gens e uî dî : « Mon is, î y a une baaîe enre deux oups à ’în-érîeur de chacun de nous. « L’un es e Ma : c’es a coère, ’envîe, a jaousîe, a rîsesse, e regre, ’avîdîé, ’arrogance, a hone, e reje, ’înérîorîé, e mensonge, a ieré, a supérîorîé e ’égo. « L’aure es e Bîen : c’es a joîe, a paîx, ’amour, ’espoîr, a sérénîé, ’humîîé, a genîesse, a bîenveî-ance, ’empahîe, a générosîé, a vérîé, a compas-sîon e a oî. » Le peî-is songea à cee hîsoîre pendan unînsan e demanda à son grand-père : « Leque des deux oups gagne ? » Le vîeux Cherokee répondî sîmpemen : « Ceuî que u nourrîs. »
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Suîs-je mor ? J’espère ’êre. ï y a rîen d’aure que e cîe beu. Je veux bouger. Rîen à aîre. Mon corps es paraysé. J’aî chaud. J’aî roîd… un roîd méaîque. Un goû d’îode envahî ma bouche. Je pèse deux onnes pîs je Loe sur a brîse comme une euîe d’auomne. Je veux quîer mon corps. Je veux passer par e unne, pîs voîr a umîère banche quî m’aend. Au îeu de ça, c’es a ace du commandan abranche quî appara à a pérîphé-rîe de mon champ de vîsîon, cîboîre. ï s’énerve. ï me pare, maîs es sons se perden avan de parve-nîr à mes oreîes. J’essaîe de uî dîre queque chose. J’essaîe encore. Sa réacîon m’îndîque que ma voîx se meur avan d’arrîver à uî. Je uî en veux pas. Ça doî êre e méchan borde auour de nous : es sîrènes, es crîs des émoîns quî commencen à
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s’approcher, pîs es beus quî enen de garder e conrôe de a sîuaîon. ’ambuance doî êre à veîe d’arrîver, sî ee es pas déjà à. abranche se penche, pîs approche son oreîe de ma bouche. — a prochaîne oîs, u dîras à es gars de vîser a êe. Un ambuancîer agrîppe abranche par es épaues pour e reever sans poîesse, pendan qu’un aure me âe e corps avec ses gans de aex beus. Mes yeux se ermen. +
— Veux-u une bîère, p’pa ? — Ceraîn. — On devraî aîre ça pus souven. C’es quand a dernîère oîs qu’on a prîs une bîère ensembe ? — Une dîzaîne d’années, sî c’es pas pus. — Tan que ça ? Ça se peu presque pas. — T’avaîs a vîe… Pîs moî, ça aî ongemps que je suîs pus dedans. — Je comprends pas. — Quand on se voî, ça inî pas ma oujours en queue de poîsson nore afaîre.
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— Ben voyons donc, p’pa, c’es pas vraî ça. — Tu veux une aure bîère, mon gars ? — Je commence à êre aîgué… Je pense que je vaîs aer me coucher. — C’es pas e emps de e reposer. C’es e emps de e réveîer. — … — Réveîe-oî !
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Je suîs sur une cîvîère. es ambuancîers a poussen au pas de course. Queque chose me reîen a êe, probabemen un coîer cervîca. En orçan, je peux me ordre e cou juse assez pour apercevoîr e monîeur cardîaque qu’îs on déposé sur ma poîrîne nue. ïs on découpé mon înge à grands coups de cîseaux pour accéder à mes bes-sures. Ça va aer ma en cîboîre sî y en a un quî a charcué mon maneau de cuîr. eurs gans son couvers de sang… Je saîgne… Je saîgne abondammen. es sons résonnen sur mes ympans comme e remous humîde e ourd de vagues quî s’écrasen sur a page. — Monsîeur ebanc, m’enendez-vous ?
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e masque à oxygène m’empêche de répondre. Je suîs pas ceraîn que j’en seraîs capabe, de oue açon. J’aî un ube dans e bras gauche. ï es reîé à un sac de soué suspendu au-dessus de ma êe. Un ambuancîer e îen, pîs î ’écrase à répéî-îon pour aîre pénérer e îquîde pus vîe dans mon corps. J’aî envîe de uî demander sî a poche conîen de a vodka, maîs e maudî masque… Un vîoen spasme envahî mon corps. Je saîs pas sî c’es un réLexe dû à mes bessures ou sî c’es moî quî essaîe de me déaîre de mes sanges. Un aure ambuancîer înjece un îquîde dans e ube de ’înraveîneuse. Mon corps se déend. ï m’aveuge avec sa ampe de poche. — Vous êes en sécurîé, monsîeur ebanc. Pouvez-vous me dîre ce quî vous es arrîvé ? Hum, en aan au marché du coîn, j’éaîs sur e rooîr, pîs je m’occupaîs de mes afaîres, quand, ou o nowhere, je me suîs aî renrer dedans par un méchan manîaque en bîcyce quî a pas aî aen-îon. Ben non, cîboîre ! J’avaîs rîen de mîeux à aîre à maîn, pîs j’aî ené un suîcîde par poîce. En as-u d’aures, des quesîons supîdes comme cee-à ? es musces de mon vîsage se conorsîonnen. Je pense que je suîs en raîn de uî sourîre, maîs j’en
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suîs pas ceraîn. Je suîs pas rop en conrôe de mon corps présenemen. C’es pae, parce que je suîs quand même pas ma ier de mon sarcasme. J’auraîs juse aîmé qu’î puîsse ’enendre. Maîs y’a pas un son nî un mo quî es sorî de mes èvres, seuemen des peîes bues de sang. Ma répîque s’es perdue dans e in ond du vîde de mon crâne, pîs je suîs condamné à êre e seu à connare e nîveau supérîeur de ma réparîe. e choc des paes de a cîvîère conre ebum-perarrîère de ’ambuance me aî presque perdre connaîssance. es pores se reermen derrîère mes deux ambuancîers. e conduceur es ceraî-nemen un ancîen pîoe de course, parce que ses coègues se reîennen aux pores pîs au oî pour pas perdre ’équîîbre pendan qu’îs conînuen à ravaîer sur mon corps. e monîeur cardîaque se me à crîer. Un son srîden à me aîre saîgner es ympans. Je doue vraîmen qu’îs puîssen voîr e sourîre sur mes èvres… à cause du masque à oxygène, je veux dîre. J’auraîs prééré que ça se ermîne quand es beus m’on îré dessus. Rapîde e sans doueur. Maîs bon, je vaîs enin pouvoîr me reposer. Mes yeux se ermen.
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— Prépare e déibrîaeur ! Non ! aîssez-moî parîr, cîboîre. C’éaî ça, ’ob-jecî. C’éaî mon pan B. N’împore quoî, sau mourîr de mon asî de cancer. Je vous en suppîe… aîssez-moî parîr. J’enends un des gars crîer au chaufeur d’aer pus vîe. On m’însae es deux éecrodes sur a poîrîne. Vous avez pas mon consenemen. Arrê-ez. S’î vous pa, je veux juse m’efacer dans ’ou-bî e pus oa. — Dégagez ! ’écaîr me ransperce e cerveau. P’pa, ’es à ? J’aî peur. — Dégagez ! Un aure écaîr me brûe es neurones.Cassandre es debou au pîed de a cîvîère. Sesyeux son endres, apaîsans. +
Un oîseau noîr, aîes dépoyées, se aîsse porer par a brîse. Ma maîn caresse ’herbe comme sî c’éaî a ourrure d’un cha. e soeî réchaufe ma joue. Une arme y coue. — Pourquoî u peures, Vînce ?