Dérapage
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Description

« Je voulais passer par mes anciens indics pour entrer en contact avec un ou deux membres moins hard core et essayer de négocier la libération de Cassandre. Mais là… oublie ça. Y’a aucun moyen qu’un ancien policier undercover à la retraite réussisse à utiliser ses crédits de sympathie avec ses anciens chums. J’aurai pas le choix. Je vais être obligé d’avoir recours à la manière forte. Cette nuit, j’ai des portes à défoncer, des gueules à casser pis peut-être un gars à tuer. »
Lorsque Vincent se réveille après trois jours dans le coma, il est en garde à vue à l’hôpital. Il ne pensait pas pouvoir tomber plus bas quand des policiers lui apprennent que Cassandre, SA Cassandre, a été kidnappée. Malgré les ténèbres dans lesquels la douleur et les médicaments le plongent, il se rappelle très bien avoir pris toutes les précautions nécessaires pour la protéger. Néanmoins, Vincent sait qu’il ne manque pas d’ennemis, et il n’a pas l’intention d’attendre les bras croisés que la police mène sa propre enquête. Les forces de l’ordre l’ont suffisamment déçu pour qu’il décide de se faire justice lui-même, quelles qu’en soient les conséquences.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 20 octobre 2022
Nombre de lectures 1
EAN13 9782897627973
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les données de catalogage sont disponibles auprès de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et de Bibliothèque et Archives Canada.
Adaptation numérique : Studio C1C4

La publication de cet ouvrage a été réalisée grâce au soutien financier du Conseil des arts du Canada et de la SODEC.
De plus, les Éditions Michel Quintin reconnaissent l’appui financier du gouvernement du Canada.
Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – Gestion SODEC
Tous droits de traduction et d’adaptation réservés pour tous les pays. Toute reproduction d’un extrait quelconque de ce livre, par procédé mécanique ou électronique, y compris la microreproduction, est strictement interdite sans l’autorisation écrite de l’éditeur.
ISBN 978-2-89762-658-7 (papier)
ISBN 978-2-89762-797-3 (ePub)
Dépôt légal – Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2022
Dépôt légal – Bibliothèque et Archives Canada, 2022
© 2022, Éditions Michel Quintin inc.
Éditions Michel Quintin
Montréal (Québec) Canada
editionsmichelquintin.ca
info@editionsmichelquintin.ca
Pour leur infinie patience durant la dernière phase d’écriture de ce roman, un gros merci à Joëlle et à Lynda.
Un soir, un vieux Cherokee raconta à son petit-fils l’histoire de la bataille intérieure qui existe chez les gens et lui dit :
« Mon fils, il y a une bataille entre deux loups à l’intérieur de chacun de nous.
« L’un est le Mal : c’est la colère, l’envie, la jalousie, la tristesse, le regret, l’avidité, l’arrogance, la honte, le rejet, l’infériorité, le mensonge, la fierté, la supériorité et l’égo.
« L’autre est le Bien : c’est la joie, la paix, l’amour, l’espoir, la sérénité, l’humilité, la gentillesse, la bienveillance, l’empathie, la générosité, la vérité, la compassion et la foi. »
Le petit-fils songea à cette histoire pendant un instant et demanda à son grand-père :
« Lequel des deux loups gagne? »
Le vieux Cherokee répondit simplement :
« Celui que tu nourris. »
- 1 -
Suis-je mort? J’espère l’être. Il y a rien d’autre que le ciel bleu. Je veux bouger. Rien à faire. Mon corps est paralysé. J’ai chaud. J’ai froid… un froid métallique. Un goût d’iode envahit ma bouche. Je pèse deux tonnes pis je flotte sur la brise comme une feuille d’automne. Je veux quitter mon corps. Je veux passer par le tunnel, pis voir la lumière blanche qui m’attend. Au lieu de ça, c’est la face du commandant Labranche qui apparaît à la périphérie de mon champ de vision, ciboire. Il s’énerve. Il me parle, mais les sons se perdent avant de parvenir à mes oreilles. J’essaie de lui dire quelque chose. J’essaie encore. Sa réaction m’indique que ma voix se meurt avant d’arriver à lui. Je lui en veux pas. Ça doit être le méchant bordel autour de nous : les sirènes, les cris des témoins qui commencent à s’approcher, pis les bleus qui tentent de garder le contrôle de la situation. L’ambulance doit être à veille d’arriver, si elle est pas déjà là. Labranche se penche, pis approche son oreille de ma bouche.
— La prochaine fois, tu diras à tes gars de viser la tête.
Un ambulancier agrippe Labranche par les épaules pour le relever sans politesse, pendant qu’un autre me tâte le corps avec ses gants de latex bleus.
Mes yeux se ferment.

— Veux-tu une bière, p’pa?
— Certain.
— On devrait faire ça plus souvent. C’est quand la dernière fois qu’on a pris une bière ensemble?
— Une dizaine d’années, si c’est pas plus.
— Tant que ça? Ça se peut presque pas.
— T’avais ta vie… Pis moi, ça fait longtemps que je suis plus dedans.
— Je comprends pas.
— Quand on se voit, ça finit pas mal toujours en queue de poisson notre affaire.
— Ben voyons donc, p’pa, c’est pas vrai ça.
— Tu veux une autre bière, mon gars?
— Je commence à être fatigué… Je pense que je vais aller me coucher.
— C’est pas le temps de te reposer. C’est le temps de te réveiller.
— …
— Réveille-toi!

Je suis sur une civière. Les ambulanciers la poussent au pas de course. Quelque chose me retient la tête, probablement un collier cervical. En forçant, je peux me tordre le cou juste assez pour apercevoir le moniteur cardiaque qu’ils ont déposé sur ma poitrine nue. Ils ont découpé mon linge à grands coups de ciseaux pour accéder à mes blessures. Ça va aller mal en ciboire si y en a un qui a charcuté mon manteau de cuir.
Leurs gants sont couverts de sang… Je saigne… Je saigne abondamment. Les sons résonnent sur mes tympans comme le remous humide et lourd de vagues qui s’écrasent sur la plage.
— Monsieur Leblanc, m’entendez-vous?
Le masque à oxygène m’empêche de répondre. Je suis pas certain que j’en serais capable, de toute façon. J’ai un tube dans le bras gauche. Il est relié à un sac de soluté suspendu au-dessus de ma tête. Un ambulancier le tient, pis il l’écrase à répétition pour faire pénétrer le liquide plus vite dans mon corps. J’ai envie de lui demander si la poche contient de la vodka, mais le maudit masque… Un violent spasme envahit mon corps. Je sais pas si c’est un réflexe dû à mes blessures ou si c’est moi qui essaie de me défaire de mes sangles. Un autre ambulancier injecte un liquide dans le tube de l’intraveineuse. Mon corps se détend. Il m’aveugle avec sa lampe de poche.
— Vous êtes en sécurité, monsieur Leblanc. Pouvez-vous me dire ce qui vous est arrivé?
Hum, en allant au marché du coin, j’étais sur le trottoir, pis je m’occupais de mes affaires, quand, out of nowhere , je me suis fait rentrer dedans par un méchant maniaque en bicycle qui a pas fait attention. Ben non, ciboire! J’avais rien de mieux à faire à matin, pis j’ai tenté un suicide par police. En as-tu d’autres, des questions stupides comme celle-là? Les muscles de mon visage se contorsionnent. Je pense que je suis en train de lui sourire, mais j’en suis pas certain. Je suis pas trop en contrôle de mon corps présentement. C’est plate, parce que je suis quand même pas mal fier de mon sarcasme. J’aurais juste aimé qu’il puisse l’entendre. Mais y’a pas un son ni un mot qui est sorti de mes lèvres, seulement des petites bulles de sang. Ma réplique s’est perdue dans le fin fond du vide de mon crâne, pis je suis condamné à être le seul à connaître le niveau supérieur de ma répartie.
Le choc des pattes de la civière contre le bumper arrière de l’ambulance me fait presque perdre connaissance. Les portes se referment derrière mes deux ambulanciers. Le conducteur est certainement un ancien pilote de course, parce que ses collègues se retiennent aux portes pis au toit pour pas perdre l’équilibre pendant qu’ils continuent à travailler sur mon corps.
Le moniteur cardiaque se met à crier. Un son strident à me faire saigner les tympans. Je doute vraiment qu’ils puissent voir le sourire sur mes lèvres… à cause du masque à oxygène, je veux dire. J’aurais préféré que ça se termine quand les bleus m’ont tiré dessus. Rapide et sans douleur. Mais bon, je vais enfin pouvoir me reposer. Mes yeux se ferment.
— Prépare le défibrillateur!
Non! Laissez-moi partir, ciboire. C’était ça, l’objectif. C’était mon plan B. N’importe quoi, sauf mourir de mon asti de cancer. Je vous en supplie… laissez-moi partir.
J’entends un des gars crier au chauffeur d’aller plus vite. On m’installe les deux électrodes sur la poitrine. Vous avez pas mon consentement. Arrêtez. S’il vous plaît, je veux juste m’effacer dans l’oubli le plus total.
— Dégagez!
L’éclair me transperce le cerveau. P’pa, t’es là? J’ai peur.
— Dégagez!
Un autre éclair me brûle les neurones. Cassandre est debout au pied de la civière. Ses yeux sont tendres, apaisants.

Un oiseau noir, ailes déployées, se laisse porter par la brise. Ma main caresse l’herbe comme si c’était la fourrure d’un chat. Le soleil réchauffe ma joue. Une larme y coule.
— Pourquoi tu pleures, Vince?
— J’ai fait un mauvais rêve.
Je suis allongé sur le bord du fleuve Saint-Laurent, pis ma tête repose sur la cuisse de Cassandre. L’air est chaud, le ciel est bleu et sans nuage. Elle glisse tendrement ses doigts dans mes cheveux. J’étais tellement bien que j’ai dû m’endormir.
Les gens autour de nous profitent de cette belle journée. Certains se font dorer en maillot, d’autres se promènent à pied, à vélo ou même en rollerblades. Les enfants jouent dans les manèges du parc. Il y a des pique-niques partout… La journée parfaite.
— Tu me racontes?
— C’est rien… juste un cauchemar.
— Vincent…
— Je t’avais perdue.
— Ben voyons donc.
— J’étais à l’hôpital.
— Pour ton cancer?
— Je t’ai jamais parlé de mon cancer, Cass.
Une ombre se profile sur son visage. Ses yeux sont tristes. Elle détourne le regard.
— Ne me laisse pas tomber, Vincent.
— Jamais.
— Jure-le!
Son corps s’évapore lentement. Je me relève, paniqué.
— Ne pars pas, Cassandre.
— Jure-le!
— CASSANDRE!

— Sa pression tombe… Soixante-dix sur quarante… Adrénaline 1 mg… Vite, on va le perdre. Dégagez…
Je ressens à peine la décharge électrique. Ma tête est lourde. Le son de la sirène commence à s’évanouir. Laissez-moi dormir. Je suis juste fatigué. Arrêtez… Je veux plus me battre. Laissez-moi partir. Je vous en supplie…
- 2 -
L’éclairage des néons m’aveugle. L’électricité qui traverse les ballasts grésille comme un nid de guêpes. Ma bouche est sèche, pis elle goûte le marais en décomposition. J’ai l’impression qu’on me frappe le crâne à grands coups de masse. J’ai le tournis à m’en donner des nausées. Ça fait longtemps en ciboire que j’ai pas eu un lendemain de veille comme celui-là. Faut que j’arrête de boire. Une très longue plainte s’échappe de ma bouche… presque un sifflement.
— Bienvenue parmi les vivants, monsieur Leblanc. Pendant un instant, vous nous avez fait peur, mais vous êtes maintenant hors de danger.
Mes paupières sont translucides. Pas mieux qu’une couche de Saran Wrap étalée sur mes pupilles. J’ai beau garder les yeux fermés, la lumière m’aveugle. C’était pas l’idée du siècle de mettre des cinq cents watts au plafond. J’ai l’impression d’être sous les projecteurs d’une salle d’interrogatoire. Ce serait probablement moi

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