Entre l esprit et la matière
156 pages
Français

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Description

« Elle se leva telle une femme fidèle et dévouée et très lentement se mit à se déshabiller étape par étape. Lorsqu’elle eut fini, on pouvait être d’accord que son corps avait quelque chose de spécifique et de non répandu. Les vrais corps de rêve ne se retrouvent pas que dans des descriptions utopiques. Il en existe également dans la réalité. Celui de Marielle en est la preuve. Il ne suffit qu’à voir la jeunesse de sa peau pour s’en convaincre. La nudité de Marielle témoignait d’un fait innovant dans la conception du corps féminin depuis l’utérus maternel. Pendant ce temps, Daryl lui, perdait son aspect lumineux, pour se former en corps de chair par condensation. Il devenait de plus en plus compact jusqu’à complètement se solidifier. Mais il était par contre habillé, vêtu de la même tenue que celle du jour de l’accident. »

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 13 février 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332890542
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-89052-8

© Edilivre, 2015
Meerya
Il est dix-neuf heures trente. Et ce soir encore, c’est pareil avec cette même fille qu’il passe des nuits et des jours à courtiser sans suite favorable. C’est à croire que pour lui, la chance n’est jamais consentante quand il s’agit de fille de son choix. Il la quitta avec la déception d’un condamné à mort. Malheur sur malheur, dès qu’il ouvrit le portail et sortit, il constata que sa mobylette n’était plus à sa place. Il ressentit comme un éclair et un coup de tonnerre dans la poitrine. Comme chez tout le monde au premier constat, par optimisme, il émit l’hypothèse que quelqu’un l’avait peut-être déplacée pour faire un peu plus place à l’entrée. Il regarda dans toutes les directions, les endroits où on est susceptible de la ranger avec une bonne intention. Mais rien. Il fit deux fois le tour des lieux. Toujours rien. Une dernière fois, l’évidence de la chose commença à conquérir ses pensées et ses émotions, ensuite, c’est la capitulation. Toutes les personnes à qui cela est déjà arrivé une fois savent que la première larme, c’est quand elle mouille nos joues qu’on se rend compte qu’elle vient de tomber. Chris venait de se faire piquer sa mobylette. Sur un refus de cœur en plus. Ce n’était pas le premier non plus. Entasser refus sur refus, à force de persévérer et d’espérer, il se retrouva avec sa moto envolée et un non définitif de Karelle, cette fille qu’il a draguée pendant plus de six mois.
Avec un sort presque scellé, il retourna encore dans la maison et manda Karelle dans l’espoir qu’elle le délivre de cette certitude. Son visage presque remis à neuf – les larmes complètement nettoyées, un sourire hypocrite forcé par un courage indien – il entama son discours lentement et clairement. En la tenant informée, l’étonnement et l’incrédulité dans les yeux de celle-ci martelèrent dans la tête de Chris le coup sonore de la sentence finale.
– Attends, qu’est-ce que tu dis ? Que tu n’as plus retrouvé la moto, c’est ça ? Attends, allons voir, je suis sure que quelqu’un l’a déplacée.
Elle se hâta vers l’entrée principale, en tournant la tête de tous les côtés comme si une mobylette était aussi petite qu’un ballon de basket. Effectivement dehors, il n’y avait ni moto, ni présence de créature visible à l’œil nu. Même ses colocataires qui habituellement y trainaient pour prendre un peu d’air, se distraire en regardant les passants du soir, ce soir-là, ils étaient curieusement tous ailleurs. Réalisant la situation combien embarrassante, elle se mit à poser des questions quelque peu idiotes dans le genre : « tu as bien vérifié si le cou était condamné ? Tu es sûr de n’avoir pas oublié la clef là-dedans ? Tu n’as pas remarqué une silhouette qui te suivait par hasard ? Ici, on ne vole jamais ! Mais… »
Elle se calma deux à trois secondes, avec des coups d’œil aux deux extrémités de la rue, et se retourna de nouveau vers Chris, le prit par la main et lui avoua très sincère : « je ne comprends pas pourquoi c’est arrivé en ce moment où… Franchement, je suis désolée, et je te jure du fond du cœur que… »
Elle voulut le tirer vers elle pour pouvoir l’enlacer, lui procurer du soutien et du réconfort gratuit, mais ce dernier l’interrompit dans son élan. Chris n’avait rien contre l’idée, mais n’approuva pas trop le fait, surtout dans un contexte assez bien clair comme celui-ci. Dans la tête, il n’était pas un garçon dans le genre à aimer les lots de consolation, cette sorte de compassion envers un plus faible, et qui traduisait dans le fond une idée de pitié. Et ça, il n’aimait pas du tout, encore qu’ici, il était la victime. Karelle en a été frustrée, car elle y allait de bon cœur. Mais lui, il n’avait sérieusement plus de chance à retenter. Surprise, elle se retrouva coincée, la bouche ouverte entre son idée et ce qu’elle s’apprêtait à dire. Dans ses pensées, Chris s’était mis à la voir en louve, une porteuse de poisse dont il lui fallait s’éloigner, parce qu’en faisant un point rapide, il n’avait souvenance d’avoir vécu aucun moment agréable avec elle. Plus il regardait Karelle de près, des pensées noires effleuraient son esprit. La métamorphose de ses sentiments était timidement haineuse. Le vol de sa moto lui éclairait l’esprit à une vitesse de quatre giga-octets de mémoire rame. Ce qui l’a toujours retenu chez elle, loin de la taille des seins, parce qu’elle en avait de très gros et de très beaux, c’était ce petit quelque chose d’attractif dans le regard. Karelle devait aussi son charme à sa hanche et ce qui pouvait se trouver en dessous, ses cuisses modérément charnues, son teint noir et surtout sa voix, son aisance quand elle aborde les sujets prohibés.
« Karelle est une fille bonne, tous les garçons en rêvent parce qu’elle a des traits qui confirment qu’elle doit être succulente au lit. Et moi, c’est vrai je l’aime, elle me rend faible, mais qu’elle aille au diable cette fille. Une de perdue, dix de retrouvées. Je l’ai x fois suppliée pour un baiser, mais aujourd’hui parce que ces enfoirés m’ont chipé ma moto, elle veut me prendre dans ses bras, retourner sa veste pour que je ne pleure pas. »
– No souci, Karelle ! C’est rien. C’est déjà arrivé et on ne peut plus changer les choses. Il faut que je rentre. Le voleur doit être bien positionné quelque part en train de m’observer et cette idée, je la déteste.
– Mais non, Chris ! Arrête de dire ces genres de choses. Donc, tu penses que…
Chris l’avait déjà abandonnée debout là, et marchait tout meurtri vers la voie pavée afin d’y prendre un zém (diminutif de Zémidjan : un taxi-moto). Il aurait voulu ne pas venir chez elle ce soir-là. Il aurait voulu sortir de cette satanée maison une minute plus tôt, peut-être bien que… Il aurait voulu qu’elle lui dise Oui ce soir-là, peut-être bien que cela aurait atténué les choses. Il aurait voulu plein de choses, mais bon…
Le voilà debout près du zém, cherchant encore depuis plus d’une minute sa propre adresse. Celui-ci trouva ce client particulièrement bizarre, et pour s’assurer qu’ils étaient sur la même longueur d’onde, lui reposa une deuxième fois la même question. En guise de réponse, il entendit : « hum…, yé fîn kèkè tché. (Hum…, ils ont volé ma moto.) » Il coupa le moteur, toucha Chris pour le ramener dans l’instant présent. Pour finir, les deux conclurent sur une destination : la plage de Bieer Gardeen avec une petite escale à Zongo chez son frère aîné. En cours de chemin, après avoir embarqué à Sènandé, le Zémidjan s’était déjà transformé en psy. Tout comme le bonheur, le malheur peut facilement en un rien de temps, réunir deux inconnus. L’aspect commercial de leur rapport semblait ne plus exister. C’était de la thérapie verbale en live. Le psy d’infortune accusa tout au long du trajet cette Karelle dont il ne sait que dal, mais dont le prénom et l’histoire évoquent des diagnostics louches. Après Zongo, ils remontèrent sur Akpakpa où ils se laissèrent finalement dans un échange de numéros de téléphone, à Bieer Gardeen au quartier Jack. Le Zémidjan lui fit grâce du coût de transport. Chris en retour lui promit de lui faire appel en premier, à chaque fois qu’il aurait à se déplacer. Une moto de perdue, un Zémidjan de retrouvé.
Il marcha dans le sable, monta un peu plus loin puis sortit de son sac mis en bandoulière, une rampe de haschich qu’il avait soigneusement enroulé depuis la berge. En effet, cette herbe, il s’en est procuré à Zongo chez son dealer. Donc l’escale chez son frère à cet endroit était un prétexte. À l’aide de son zipo, il enflamma sa rampe de joint et tira une bonne longue taffe. Il s’installa confortablement et commença par repenser à la vie en général, à certains détails bien précis de son existence, aux choses qui l’avaient marqué, que ce soit en bien ou en mal. Il raconta aux vents toute sa mésaventure de ce soir, et combien il avait mal. Il ne manqua pas de souligner par anticipation, combien la vie lui sera moins facile à partir de demain. Poursuivre son stage en ces temps où le litre d’essence est à sept cent cinquante francs, Chris avait compris qu’il avait cherché des embrouilles avec la galère, et qu’elle l’attendait déjà demain matin pour démarrer la journée avec lui. « Mais tout ça, ce n’est rien ! ça aussi, ça passera, c’est la vie, et ce sont des expériences », s’était-il dit pour conclure à bout de ses sciences. Il y resta jusqu’à vingt-deux heures par là. Deux heures, c’est vite passé, sans stress, sans déprime, sans calcul du temps, quand on est sujet à une connexion interneuronale ultrarapide sous sur l’effet du joint. Ses cartouches de rage vidées, il se releva, regagna la côte passa un dernier bonsoir à l’agent de sécurité du restaurant chic – un de ses anciens camarades de classe à qui l’univers académique n’a pas souri –, puis marcha du Quartier Jack, jusqu’à chez lui à Sègbèya. Environ cinq kilomètres de marche.
Les jours suivants, les événements se déroulèrent comme il s’y était préparé. Lorsqu’il se retrouva dos au mur, ses SOS en direction de ses amis susceptibles de le dépanner n’avaient jamais de retour. C’est encore plus offensant de se sentir délaissé par ses propres amis, quand nous en avons un besoin véritable. Mais le joint lui, ne lui a pas du tout été infidèle. Ils avaient toujours leur commun rendez-vous tous les soirs sur cette même plage parfois avec une bouteille de « vodka pur grain » dans la compagnie, quand durant la journée écoulée, la moisson a été bonne. Il y vient comme d’habitude, se met bien avec sa bouteille d’alcool et sa drogue, raconte ses soucis à la mer, et sans se prendre la tête avec personne, rentre chez lui quand il en a sa dose. Certains jours, i

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