Etre éditée à tout prix

Fabrice Gutierrez

Description

Voir son oeuvre littéraire figurer parmi les meilleures ventes est une véritable aventure semée de mille embûches. l'héroïne est confrontée à toutes les difficultés pour connaître les joies de l'édition et la gloire qu'elle pense mériter. Lise est une femme qui s'est jetée à corps perdu dans l'écriture. Malgré tout le talent qu'elle lâche dans ses écrits, elle fait partie de ces innombrables recalés, ceux qui reçoivent les sempiternelles lettres de refus d'édition et dont ldes livres iront rejoindre les bibliothèques des ouvrages jamais édités. Le hasard de la vie la place sur la route d'une âme amie qui deviendra sa meilleure ennemie. Lise veut dénoncer l'injustice souveraine des maisons d'édition qui entretiennent le mythe d'une hypothétique découverte de la future perle littéraire tout droit tirée de l'imagination d'un illustre inconnu. Elle et son surprenant nouvel amour n'y croient pas ou plutôt n'y croient plus ! Ils élaborent donc une stratégie pour tout de même parvenir à leurs fins.

Sujets

• Polars
• Roman policier
• Enquête

Informations

• Publié par: Bdtresor et Livredumonde
• Date de parution: 02 janvier 2019
• Nombre de lectures: 2
• EAN13: 9782357390010
• Langue: Français

Extrait

ÊTRE ÉdiTÉE à ToUT pRix

© édiTions VEda, 2019 ISBN : 978-2-35739-001-0

FabRicE GutIerrez

ÊTRE ÉdiTÉE à ToUT pRix

édiTions VEda hTTp://www.vEda-EdiTions.fR/

« L’EspoiR c’EsT cE qUi mEURT En dERniER. » (pRovERbE iRlandais)

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DEpUis qUElqUEs mois, jE sUivais lE mêmE RiTUEl. LE maTin, vERs 11 hEUREs, loRsqUE j’EnTEndais cRiER lEs fREins dE la bicyclETTE dU pRÉposÉ,jEmEpRÉcipiTaisàlafEnêTRE.

Derrière le rideau en dentelle, j’observais le joufu moustachu pEinER poUR s’aRRêTER dans lEs gRaviERs. ATTEindRE ma boîTE à lETTREs RElEvaiT qUoTidiEnnEmEnT d’Un vÉRiTablE ExploiT. LE bEdonnanT soufait et transpirait, les yeux exorbités, les mains cramponnées aU gUidon, ET lEs fEssEs sERRÉEs sUR la sEllE dE cUiR. Ma RUE n’ÉTaiT pas TRès pEnTUE, mais Un lÉgER dÉnivElÉ s’amoRçaiT EnTRE lEs nUmÉRos 7 ET 13. J’occUpais lE 11 dEpUis UnE annÉE, UnE immEnsE maison, UnE soRTE dE REfUgE, qUi abRiTaiT d’aUTREs jEUnEs fEmmEs aUssi sEUlEs qUE moi. LE bEnêT aboRdaiT mal cETTE paRTiE dE sa ToURnÉE, nÉgligEanT UnE RèglE physiqUE ÉvidEnTE. L’inclinaison dE la RoUTE sE TRansfoR- maiT En piègE poUR Un hommE coRpUlEnT ET maladRoiT jUchÉ sUR Un vÉlo donT l’EnTRETiEn n’ÉTaiT pas coRREcTEmEnT assURÉ. empRUnTÉE RÉgUlièREmEnT paR lE mêmE facTEUR, la machinE pEinaiT Un pEU plUs chaqUE joUR ET TERminERaiT cERTainEmEnT biEnTôT En piècEs dÉTa- chÉEs à En jUgER son ÉTaT dÉgRadÉ. LE pÉdaliER soUffRaiT, la chaînE sE disTEndaiT, lEs pnEUs s’ÉcRasaiEnT ET lE cadRE commEnçaiT à sE laissER piqUER paR la RoUillE. Si l’Engin avaiT EU UnE âmE, j’ÉTais absolUmEnT

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sûre qu’il aurait lé à vive allure pour percuter volontairement le mUR aU miliEU dUqUEl ÉTaiT EncasTRÉE ma boîTE à lETTREs. Il aURaiT vRaisEmblablEmEnT voUlU TERminER sa caRRièRE dans lEs gRaviERs dU 11, dÉsaRçonnanT lE RondoUillaRd qUi lE maRTyRisaiT.

Dans cette course folle, le pilote imposant nissait par dompter in ExTRÉmis sa monTURE ET, sans dEscEndRE dU vÉlo, plongEaiT sa main dans sa bEsacE, jETaiT Un coUp d’œil paR-dEssUs sEs lUnETTEs, soRTaiT la oU lEs EnvEloppEs qUi m’ÉTaiEnT dEsTinÉEs, poUR ToUT dÉpo- sER dans la boîTE. JE lE voyais REgaRdER En diREcTion dE ma fEnêTRE. DERRièRE sEs vERREs Épais, il plissaiT lEs yEUx poUR ajUsTER sa vUE. JE l’EnTEndais pEnsER : « eh biEn, pERsonnE EncoRE aUjoURd’hUi ! Si sEU- lEmEnT jE poUvais l’inTERRogER sUR sEs coRREspondancEs. PEUT-êTRE EsT-EllE dÉjà REnommÉE ET cE nom sUR la boîTE n’EsT qU’UnE idEnTiTÉ d’emprunt. Un jour, je lui demanderai, enn si elle est disposée à mE RÉpondRE… » PUis, son piEd dRoiT RamEnaiT la pÉdalE En posi- Tion haUTE ET il s’appUyaiT dEssUs dE ToUT son poids poUR RÉvEillER son dEUx-RoUEs. Dès qU’il ÉTaiT à bonnE disTancE, ET qUE pERsonnE nE m’obsERvaiT, – sURToUT pas l’UnE dE mEs colocaTaiREs – jE soRTais dE la maison ET m’avançais vERs la boîTE commE on s’avancE vERs l’aUTEl. À pETiTs pas, j’allais chERchER lE GRaal, lE coURRiER qUi m’an- noncerait enn aux yeux du monde comme la nouvelle révélation.

ChaqUE joUR, jE glissais la clEf dans la sERRURE dU pETiT caisson mÉTalliqUE blanc qUi avalaiT lEs lETTREs qU’on m’EnvoyaiT. JE la ToURnais dÉlicaTEmEnT ET faisais gRincER la poRTE. Ma main gaUchE, jamais la dRoiTE, ExploRaiT lE conTEnU Tandis qUE jE fERmais lEs yEUx. Quelquefois, les logos des expéditeurs étaient en ligrane sur lE pli ; soUvEnT, poUR nE pas diRE ToUjoURs, lE nom En caRacTèREs simplEs d’impRimERiE ÉTaiT REpRis. PaRfois, RiEn nE disTingUaiT l’ExpÉ- diTEUR ! QUand jE dEvinais Un symbolE EsTampillÉ soUs mEs doigTs,

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mon ExciTaTion aTTEignaiT son paRoxysmE. La plUpaRT dU TEmps, jE commEnçaisàTREmblERaloRsqUEjEn’avaispasEncoREoUvERTlEs yEUx ! JE nE saURais pas diRE si cET ÉTaT ÉTaiT liÉ à mon EnThoUsiasmE dÉmEsURÉ oU à l’incommEnsURablE fRUsTRaTion qUE poURRaiEnT faiRE naîTRE lEs RÉponsEs aUx sEmpiTERnEllEs foRmUlEs dE REgRET. JE RÉcU- pÉRais donc lEs pRÉciEUx sÉsamEs ET REgagnais la piècE qUE j’occU- pais poUR mE consacRER à ma passion, l’ÉcRiTURE. LE liEU ÉTaiT ExigU ET son paRqUET avaiT la TEinTE dU miEl. un papiER, aUTREfois d’Un blanc lUminEUx, s’accRochaiT pÉniblEmEnT aU mUR. AUjoURd’hUi, sa coUlEUR jaUnE pissEUx TapissaiT lEs paRois. PaR EndRoiTs, lE REvêTE- mEnT commEnçaiT à lâchER pRisE ET, dans lEs anglEs, il avaiT ToUT simplEmEnT dÉjà capiTUlÉ. Il sE dÉcollaiT dU sUppoRT ET la bRisE, qUE laissaiT passER la fEnêTRE loRsqU’EllE ÉTaiT oUvERTE, vEnaiT gEnTimEnT lE TaqUinER.