Fatalitas ! - Nouvelles Aventures de Chéri-Bibi - Tome II , livre ebook

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Suite de Palas et Chéri-Bibi.
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Date de parution

30 août 2011

Nombre de lectures

784

EAN13

9782820606419

Langue

Français

Fatalitas ! - Nouvelles Aventures de Ch ri-Bibi - Tome II
Gaston Leroux
Collection « Les classiques YouScribe »
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ISBN 978-2-8206-0641-9
I – Françoise ment
Il y a de certains moments où le mensonge devient une chose sacrée et dérobe à la vérité son éclat, son rayonnement, sa force irrésistible de persuasion. On ne voit point d’ombre alors sur la figure qui ment, ni de trouble dans le regard. Et cependant Françoise ne sait pas mentir. Elle n’a jamais menti. Voilà pourquoi elle ment si bien quand elle ment pour la première fois, soutenue par cette idée terrible que si elle ment mal, elle va déterminer une catastrophe. Laquelle exactement ? Elle l’ignore !… Elle ne comprend rien à ce qui se passe, si ce n’est que la police poursuit son mari, que son mari se cache de la police, et d’elle, Françoise !… Et qu’il a partie liée avec cette espèce de monstre blessé dont il lui semble entendre le souffle au-dessous d’elle.
« Il y a longtemps que vous êtes dans cette pièce, madame ? demanda l’inspecteur…
– Mais, monsieur, depuis au moins deux heures… Vous m’effrayez, s’écria-t-elle. Êtes-vous sûr que des malfaiteurs ?… Il va falloir fouiller toute la maison ! Ne me quittez pas, monsieur !… »
Elle s’est redressée sur sa chaise longue : elle est subitement haletante. Son mensonge s’aggrave ! Et elle dit instinctivement tout ce qu’il faut dire pour que cet homme parte et cherche ailleurs ! Elle lui dit de rester près d’elle ! Il est déjà parti !… Elle le suit ! Elle l’accompagne !… Françoise est née instantanément à l’intrigue. Elle en connaît tous les détours. Une attitude trop calme devant une irruption policière aussi inattendue aurait été des plus maladroites, et Françoise s’est émue tout juste ce qu’il fallait.
Non seulement elle a convaincu de son ignorance l’inspecteur, mais encore cette sorte de monstre qui se cache sous sa chaise longue, et son mari, derrière le rideau ! Tous deux pensent qu’elle les sauve sans qu’elle s’en doute !
Cela aussi était nécessaire. L’œuvre est parfaite. Ils entendent la jeune femme questionner anxieusement l’inspecteur qui redescend dans les jardins, appelé par ses hommes.
Aussitôt deux têtes se montrent dans le boudoir : celle de Palas d’abord, puis celle de Chéri-Bibi entre les glands qui pendent de la chaise longue…
« … Vingt-deux ! (attention) souffle Chéri-Bibi, qui, dans les moments critiques, retrouve facilement l’argot du bagne, c’est peut-être un « décanillage à la manque ! »
– Je ne pense pas ! réplique à voix basse Palas ; ma femme l’a convaincu…
– Sans Mme d’Haumont « nous étions cuits », continue Chéri-Bibi, qui sait allier les formules du plus profond respect et de la plus grande correction (dès qu’il s’agit du beau sexe) au jargon le plus verdâtre…
Palas ne répond pas. Le cœur battant et les tempes glacées, il écoute… il écoute s’éloigner cette voix… cette chère voix qui les a sauvés… et qui questionne… questionne encore…
Le miracle heureux, pense Palas, ce n’est pas qu’ils aient échappé à l’inspection, c’est que Françoise ne se soit pas soudain trouvée en face de l’horreur qu’ils apportaient tous deux quand ils avaient pénétré dans le boudoir.
Il est comme assommé par l’idée que cette chose affreuse eût pu se produire, et il faut le glissement douloureux de Chéri-Bibi sur le parquet et le sourd halètement du bandit pour le rappeler à la réalité féroce de la minute présente :
« Où vas-tu ? demande-t-il, hébété…
– Eh bien, quoi ? tu ne m’invites pas à dîner, probable ? Et puis, Mme d’Haumont peut rentrer ! je ne puis pas rester ici ! faut s’trotter ! mais t’occupe plus de moi ! Tu as assez fait, Palas ! T’as tout payé d’un coup ! Et ça, mon vieux ! je te le rendrai ! Et avant qu’il soit longtemps ! Si tu n’étais pas si loin, j’embrasserais le bout de tes ripatons ! j’ai connu des poteaux ! mais toi, tu es digne de mon cœur ! Et tu sais, le cœur de Chéri-Bibi, c’est quelque chose dont on ne se doute pas !… »
Ce disant, il continuait de se traîner sur les coudes, et, peu à peu, il gagnait du côté du balcon…
« On ne viendra plus par là ce soir ! Écoute les flics ! Ils sortent de la volière ! (la villa). Ils en ont assez vu par ici ! moi aussi !… Tu vas me descendre sur la pelouse !… et ce vieux cachalot de Sylvio aura tôt retrouvé sa piaule… t’en fais pas !… »
Palas ne le quitta point. Il avait retrouvé toute sa lucidité d’esprit en entendant à nouveau la voix de Françoise qui appelait les domestiques dans le jardin et leur ordonnait de fermer les portes avec soin. Lui aussi était dans la nécessité de disparaître à nouveau, de sortir de la villa pour y revenir le plus normalement possible. Tous deux purent profiter de ce que, sur l’initiative de Françoise, qui avait fait rentrer tout le personnel, les jardins étaient redevenus déserts, pour s’y glisser et gagner la grève.
De là, ils atteignirent la cabane, sans autre aventure, et Palas donna les premiers soins à Chéri-Bibi :
« Mon vieux, soupirait le bandit, t’as des mains de femme, et tu me dorlotes comme une poupée ! J’en ai l’âme en pleurs ! Mais, tout de même, j’ai le cuir déchiré, et je connais quelqu’un qui n’a pas son pareil pour ces blessures-là ! C’est le docteur Yoyo !… »
Palas retourna à Nice et rentra à la villa avec une auto. Le soir même, le docteur Ross veillait Chéri-Bibi.
Quand M. d’Haumont se présenta à la villa Thalassa, les domestiques lui apprirent en quelques mots l’événement de la soirée. Effrayée par l’irruption de la police, Mme d’Haumont s’était couchée. Elle reposait maintenant.
Après quelques minutes où, dans la solitude du cabinet de toilette, il avait fait disparaître les dernières traces d’un labeur de forçat, Palas s’en fut entrouvrir la porte de la chambre de Françoise. Celle-ci dormait d’un sommeil si profond que le malheureux remercia le Ciel… et referma la porte.
À la vérité, dans ce sombre acharnement du mauvais sort à le poursuivre, il y avait des éclaircies, un soudain retour heureux des événements qui le sortait de l’abîme au moment où il croyait en toucher le fond. Cette femme qui reposait si paisiblement derrière cette porte lui redonna un peu de calme.
Il avait cru qu’il allait falloir mentir encore, inventer des choses, tout de suite… expliquer son retard, et montrer un visage de comédie… Déjà, par un effort suprême, le dernier d’une journée bien remplie, il s’était préparé à cela… Ce n’était pas seulement de ses effets qu’il avait fait la toilette, mais de son regard, mais de son sourire. Et voilà qu’elle dormait !… Quand il se retrouva seul chez lui, il eut une détente farouche et il tomba dans un fauteuil en riant d’un rire sourd et stupide qu’il arrêta net, du reste, car il lui faisait peur et cela touchait à la folie…
Événement formidable ! Palas était tranquille… jusqu’au lendemain matin… Alors il s’endormit comme une bête. Il ne rêva même pas du bagne !
II – Descente au fond de l’abîme
Chéri-Bibi, lui aussi, passa une nuit excellente grâce à de certains médicaments primaires dont Yoyo avait le secret. Et il fit, lui, des rêves : des rêves admirables ! Il rêvait qu’il avait débarrassé à jamais Palas des trois bandits qui formaient le seul obstacle à son bonheur. Quand il se réveilla, il était encore plein de cette idée charmante et il tâcha, pendant quelques instants, à se rappeler par quel coup heureux et terrible il était parvenu à un aussi enviable résultat.
La mémoire qu’il avait de son rêve lui faisait défaut sur ce point capital, et il ne s’en montra point autrement chagriné, car il ne manquait point de confiance en son imagination à l’état de veille, dès qu’il s’agissait de débarrasser la société de quelques mauvais garçons. Il venait de décider, à part lui, de conférer de cette chose importante, au plus tôt et dans le plus grand secret, avec son ami la Ficelle, et un sourire de bon augure errait déjà sur sa lèvre monstrueuse, quand deux petits coups secs frappés à la porte de l’huis le firent se dresser, la mine terriblement hostile, car il ne connaissait point cette manière de frapper.
« Qui est là ?
– C’est moi ! répondit une voix de femme qui le fit tressaillir. Ouvrez-moi, monsieur Sylvio ! »
Chéri-Bibi, du grabat où il était étendu, tira le cordon qui faisait jouer le verrou, et une femme parut. C’était Mme d’Haumont.
Avec elle entra toute la lumière de la rade. Et elle-même, dans ce taudis, dans ce trou d’ombre au fond duquel remuait l’ombre de Chéri-Bibi, surgit comme un

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