Fin du voyage
152 pages
Français

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Description

Hubert, beau célibataire sportif de quarante ans, commandant de police à la criminelle de Marseille, arrive à Arles pour mener une enquête sur la mort d’un groupe d’hommes dans la force de l’âge. Onze corps ont été retrouvés à la lisière d’un terrain vague, grossièrement découpés. L’enquête mène vers plusieurs pistes : règlement de compte, secte, trafic d’êtres humains...

Mais la conclusion de cette dramatique histoire révèle le réel objectif de ce massacre : prioriser les personnes qui ont de gros moyens financiers en leur permettant d'obtenir rapidement ce que la majorité des autres humains mettent souvent plusieurs années à obtenir, parfois trop tard.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 13 décembre 2016
Nombre de lectures 1
EAN13 9782414003341
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-00332-7

© Edilivre, 2017
Mercredi 22 juin
« Pouah ! Ça pue ! Depuis combien de temps sont-ils là ? »…
Hubert, flic à la criminelle depuis plus de onze ans, osait à peine regarder ce terrible spectacle qui s’imposait à lui. Un sentiment de dégoût qui dépassait toutes les horreurs qu’il avait pu voir jusqu’à présent, l’envahissait subitement. Les projecteurs avaient réveillé les insectes endormis.
Une horde ininterrompue de mouches, volait dans un assourdissant bourdonnement, insupportable. Le ballet des vers voraces accentuait la nausée que produisait cette scène de chaos, faite d’amas de chairs en putréfaction, aux couleurs dégradées de bruns et rouges rosés à l’aspect visqueux. La moiteur de l’air de cette troisième semaine de juin, annonçait un été très chaud. Elle ajoutait une raison de plus à l’écœurement que provoquait ce spectacle abject.
« Je ne sais pas exactement, mais leur mort ne date pas d’hier vu l’état dans lequel ils sont. Tu as ce qu’il faut ? »
Hubert montrait ses mains gantées, sa tête couverte et ses chaussures protégées par des sur chaussures en plastique bleu. Il détestait mettre ces protections ridicules. Son ego ressentait cela plus comme une mascarade, qu’une nécessité absolue de travail exigée par la police scientifique.
« Ton masque, mets-le, l’odeur sera plus supportable ! » conseillait le Docteur Mikkelito. Hubert exécutait le conseil sans commentaire.
« Qui les a découverts ? » sa voix subitement étouffée, nasillait un peu. Il se sentait encore plus idiot.
« Une vieille alcoolo, Lulu, qui traîne par-là je crois. Elle vient pour y dormir de temps en temps, lorsque les centres d’accueil sont surchargés. Elle les fréquente peu en fait. Celui où elle est abonnée n’est pas très loin de la gare, deux rues derrière, et se nomme, je crois « Un toit pour toi » Ton collègue a déjà noté tout ça à son arrivée il y a une bonne heure. Il t’a déblayé le terrain comme d’habitude. Dis donc c’est un beau garçon, brun aux yeux verts, musclé, pas de bide, intelligent et discret. La paternité lui réussit bien. En plus, ce début léger de calvitie à son âge, ça sent la testostérone, bref, le mec porté sur la bagatelle, le bon coup quoi ! Ça me tenterait bien comme « casse-croûte » pour un petit week-end de détente. Le mien, de genre ne doit pas vraiment l’intéresser. Ma sexualité ne doit pas convenir à la sienne. Tiens, il revient vers nous le petit Ussel ! »
« C’est quoi « Un toit pour toi » ? Hubert feignit de ne pas avoir entendu l’allusion au sujet de son équipier. Toute conversation sérieuse ou blague sur le sexe le dérangeait un peu, surtout lorsqu’il était crevé de fatigue et que cela provenait d’un collègue en plein travail. Ce genre de grivoiserie, en public, le faisait se fermer dans un univers où une forme de timidité et de la pudeur se mêlaient.
« Et bien une association centre d’accueil pour S.D.F. Tu m’as écouté tout à l’heure ou tu développes un Alzheimer précoce ? »
« Désolé, mais en ce moment je suis un peu off. Il est encore ouvert à cette saison ? »
« Et bien oui ! Enfin je ne sais pas exactement à vrai dire. Bonne question, ce n’est pas tout à fait la saison d’ouverture de ce genre d’hôtel. Mais au fait, je ne sais pas pourquoi je te réponds, ça ne concerne pas mon boulot ce genre d’info. »
« Bon revenons à nos cadavres, combien ?…… tu en as compté combien ? »
« Pour l’instant, cinq,… J’en compte cinq complets. »
Il regardait le médecin légiste mandaté par le juge d’instruction, désigné lui-même par le Procureur de la République, reposer le câble de lumière avec beaucoup de précaution. Celui-ci était relié au générateur portable. Ses yeux suivirent le faisceau lumineux bleuté, laissé un instant à l’abandon sur le sol. Son regard se figea sur une sorte de masse en forme de ballon : très vite il distingua une tête, seule, probablement masculine, dont l’expression générale implorait de la pitié. Ce regard sans yeux, ajoutait à la tristesse de ce visage qui n’en était plus vraiment un. Quelques mèches de cheveux éparses, jonchaient le sol. Le frisson qui lui parcourut le dos, le fit trembler de froid, malgré la tiédeur de la nuit. Il ne savait plus très bien si celui-ci était dû au spectacle d’horreur ou à la fatigue accumulée depuis plusieurs semaines. Il opta intérieurement pour la seconde solution.
Le docteur Mikkeli examinait avec minutie et respect chacune des parties de corps. Toutes étaient numérotées par ordre chronologique de dégagement par son assistant. Ses observations au fur et à mesure étaient enregistrées sur le dictaphone enveloppé dans une housse en plastique et, pendu par une cordelette autour de son cou, stoppé ou mis en route selon l’avancée de l’inventaire un peu particulier. Ensuite le personnel du funérarium réquisitionné avait la lourde tâche de stocker chaque pièce de chair ensachée, dans des housses, puis dans des containers adaptés, sous l’œil vigilant d’un officier de police judiciaire qui lui, posait des scellés en cire rouge, et listait avec précision dans un procès verbal, par ordre de découverte, les morceaux de chaire humaine.
« Cela veut dire quoi complet ? »
« Et bien cela veut dire que les membres ont été découpés grossièrement à leurs racines enfin plus ou moins, et les têtes à la base des cous. Les puzzles seront assez faciles à reconstituer, car le travail a été fait de façon assez rustique. Pour certains ils restent des lambeaux de vêtements. Mais j’ignore encore si tous les morceaux de chaque corps sont là. A première vue le ou les outils utilisés pour exécuter ce massacre, peuvent être scie ou tronçonneuse électrique, les tranches de section des os sont assez franches. Peut être les deux. Je pense que le travail a été réalisé par au moins deux personnes dans un laps de temps restreint. Je te confirmerai certainement plus tard, que tout cela s’est passé dans un autre endroit, mais certainement pas ici. De toute façon l’analyse d’échantillons du sol nous l’attestera. »
« Ils ont été découpés ?… Pour les transporter vers où ? Et/ou pour les faire disparaître ? Et, quelque chose a empêché de mener à bien cette funeste tâche. Ou bien pour marquer certains esprits et faire peur à d’autres gens ? Bizarre comme début d’histoire ! » Hubert imaginait déjà plusieurs scénarios possibles : vengeance, rivalité, règlement de compte,…
« Ce que je peux t’affirmer à quatre vingt dix pour cent, ce découpage est post mortem. De plus il n’y a pas de mise en scène particulière qui puisse faire penser à un rituel de secte, de tueur en série ou de règlement de compte entre pègres. L’ensemble donne une impression de travail fait à la va vite, bâclé. Un détail qui a son importance, jusqu’à présent, il n’y a que des individus de sexe mâle, d’un âge plutôt mûr, qui tourne autour de la quarantaine. Je vérifierai tout cela et te l’attesterai dans mes rapports d’autopsies. »
« Tu vas tous les autopsier toi-même ? »
« Non, je vais demander de l’aide aux collègues d’ici et d’ailleurs. C’est une situation particulière. A situation particulière, moyens exceptionnels. Il y a de la réquisition dans l’air. Mais je centraliserai tous les comptes-rendus chez moi. Plusieurs yeux experts valent mieux qu’un. Et puis j’ai mes deux stagiaires qui vont s’y coller avec moi toute la nuit, voir plus. Ils vont apprendre à faire les préliminaires à grande échelle, leur stage sera formateur, ils s’en souviendront des procédures et des protocoles. En premier recoller les morceaux qui vont ensemble. Après, observations cliniques, radios, prélèvements biologiques, ouvertures des corps, pesées des organes vitaux, enfin ce qu’il en reste, vont les occuper un bon bout de temps. La cause des décès pourra être assez rapidement déterminée je pense. Dés que j’aurai fini de dicter mes rapports, avant de transmettre au secrétariat et au big boss je te passe un coup de fil. Tu auras la première conclusion, en exclusivité. Laisses-moi quand même un peu de temps.
« Je ne sais pas comment tu fais pour tenir le coup. Je deviendrais dingue à ta place. »
« Question d’habitude. Je ne rentre jamais dans ce genre de problématique. Je préfère me concentrer sur le côté technique de mon job et laisser de côté l’aspect sentimental et humain. Faire au mieux mon boulot est la seule façon que j’ai d’aider à retracer les derniers instants de vie des cadavres aux morts inexpliquées, provoquées par des gens certainement sans scrupule, pour lesquels la vie ne représente pas grand chose. C’est un respect qu’on leur doit, enfin en ce qui me concerne, leur mort ne doit pas rester sans explication. Là, tel que tu me vois, je suis une machine qui travaille, un ordinateur programmé pour un seul travail : chercher tout ce qu’il y a à trouver, tout ce que le scientifique qu’il y a en moi perçoit, sent, voit, observe, touche d’anormal. Bref j’ai tous les sens qui constituent mon art, en éveil. »
Chaque fois, Dieu sait si cela arrivait souvent dans cette brigade, qu’il la croisait sur le lieu d’une affaire nouvelle de mort suspecte, Hubert admirait le professionnalisme du docteur Mikkeli. Elle ne laissait jamais percevoir une émotion personnelle de dégoût, de répulsion ou de révolte, quel que fut le spectacle d’horreur qui s’offrait à ses yeux et, duquel elle devait s’approcher de très prés. Elle touchait, respirait, sentait la mort, et devait en retirer ce que l’on en attendait. Très souvent ses premières estimations étaient justes et pouvaient orienter les enquêtes sur des pistes probables. L’une d’entre elles parfois se révélait être la bonne. Elle limitait et choisissait les personnes admises dans le champ d’observation et de fouilles, veillait

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