Genèse d’un homme sensible
166 pages
Français

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Genèse d’un homme sensible , livre ebook

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Description

Si j’acceptais d’être résilient, jusqu’où pouvais-je vivre ma résilience. Combien de temps allais-je pouvoir transformer mes souvenirs d’enfance, en d’incroyables et merveilleux souvenirs. Combien de temps allais-je pouvoir maquiller mon père, en un père parfait, qui nous avait bien éduqué, accompagné jusqu’à la sortie de sa maison en nous donnant tous les outils pour affronter la vie avec ses challenges, ses obstacles et ses défis.
Et si la résilience, était un mélange de résignation et de résistance. Se résigner à ne pas faire le procès de ses parents, tout en résistant à leur héritage émotionnel.
Si la résilience que j’ai naturellement mise en place adolescent, était une sorte de défense immunitaire, contre un abysse affectif dans lequel je menaçais de tomber. Où en est cette résilience lorsque l’on constate à l’âge adulte que l’on est le seul à avoir travaillé. Que nous sommes dans un sens unique, que personne n’est venu à notre rencontre ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 06 octobre 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782334216401
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-21638-8

© Edilivre, 2016
Dédicace
À mon ami Pierre Pauquet
Je suis très soucieuse de vérité
et très anxieuse de répandre cette vérité.
Germaine T illon , ethnologue et résistante
Ma mère était assise le visage entre ses mains, accoudée à la table de la cuisine. Je vis bien, quand elle leva la tête pour me regarder, que ses yeux étaient encore mouillés. Elle me demanda si j’allais bien, avec cette voix tremblotante qui me faisait comprendre que c’était elle qui n’allait pas très bien. Je tirai une chaise pour m’asseoir à ses côtés, elle regardait droit devant elle en me disant avec une voix faussement détachée que cela faisait partie de la vie d’une mère de famille. Que, parfois, il fallait satisfaire sexuellement son mari, même lorsqu’elle ne le désirait pas. Il fallait qu’elle y mette un peu du sien comme on dit. Ce soir-là, c’est ce qui s’était passé. J’avais seize ans et c’est à moi qu’elle en parla. Le plus douloureux était d’imaginer toutes les fois où elle s’était retrouvée toute seule, assise à cette table de cuisine.
Moi qui recherchais encore l’amour dans les bras d’une fille qui, je l’avoue, aurait ressemblé plus ou moins à ma mère. D’un coup d’un seul, l’idée qu’une fille qui deviendrait plus tard ma femme puisse un jour s’obliger à faire l’amour avec moi, sans que je ne m’en aperçoive, me terrorisa.
Une double réaction s’opéra en moi, la surprise et le dégoût. La surprise que ma mère puisse me parler de son intimité. Elle ne nous avait jamais habitués à cela. Puis, tout de suite après, vint le dégoût que m’inspirait mon père. Comment ne pouvait-il pas sentir si sa femme, ma mère, avait ou n’avait pas envie de lui. Ce soir-là, je ne trouvais pas le sommeil. Les quatre murs de ma chambre ne finissaient pas de s’écrouler sur moi toute la nuit. Mes posters, mes étagères avec mes livres, plus rien n’avait de place ni de sens. Comment pouvais-je vivre sous ce toit où ma propre mère ne se sentait pas entièrement heureuse. Pourquoi se forçait-elle ? Ne pouvait-elle pas lui parler, ou tout simplement lui dire non ?
Il me revint le souvenir d’un jour où elle me répondit, quand je lui demandai pourquoi elle ne décorait pas la maison à son goût, qu’étant donné que mon père ramenait l’argent au foyer, c’était lui qui avait le droit de décider de tout. Elle avait bien essayé de le faire quelques fois, mais mon père mettait court à son initiative en lui criant dessus qu’elle n’y comprenait rien.
Elle était donc, avec ce rapprochement, en train de me dire que, comme c’était lui qui ramenait l’argent à la maison, elle ne pouvait rien lui refuser, jusqu’à son corps. L’idée me glaça. J’attendis jusqu’au week-end, car souvent ils partaient se promener ensemble à la campagne. Quand je dis « promener », c’était plutôt aller à la cueillette, oui, cela aurait dû me mettre sur la piste. Mon père aimait encore se donner l’impression qu’il vivait de la cueillette, alors son idée qu’il se faisait de la femme n’aurait guère dû me surprendre. Il ne pouvait aller nulle part sans avoir quelque chose à ramener. Champignons, asperges, raisin volé dans les vignes ; il chassait et pêchait également.
Le week-end venu, mes parents, en effet, partirent se promener ; j’avais passé l’âge d’être obligé de les suivre. J’étais le troisième et dernier enfant de la famille. Avant moi se trouvaient ma sœur aînée et mon frère.
Je décollai tous mes posters et toutes mes photos des murs de ma chambre, je fis disparaître tout objet personnel qui puisse faire penser que cet endroit était occupé par un adolescent. Je voulais que cette pièce ressemble à une chambre d’hôtel, qu’elle ne soit plus qu’un lieu de passage, sans âme. Je remplis un sac avec quelques affaires de rechange puis quelques effets personnels. Une fois fait, je pris une feuille et un stylo et je me mis à écrire une lettre expliquant et justifiant mon départ.
Je leur écrivais que je ne pouvais plus vivre dans une maison où il n’y avait plus d’amour. J’en profitais pour dire à mon père ce que sa femme n’osait lui dire. Qu’elle n’avait pas toutes les fois envie de lui et qu’elle se forçait. Sauf que cette fois-ci, elle me l’avait dit et me demandait de l’aider. Après tout, lorsque je venais trouver ma mère pour me plaindre de mon grand frère ou de ma grande sœur, c’était bien dans l’idée qu’elle fasse quelque chose pour moi et qu’elle prenne ma défense. Mon erreur cette nuit-là fut d’imaginer que la situation était réversible, que ma mère puisse venir me demander de la défendre contre mon père. J’étais en plein Œdipe ; ma mère me demandait de tuer mon père, elle avait choisi entre son fils et son mari. Elle me missionnait de l’impossible. Nous étions en pleine Antiquité.
J’étais le second de leur enfant à quitter la maison. Ma sœur m’avait précédé quelques mois auparavant. Une dispute avec mon père qui l’avait traitée de prostituée car elle passait trop de temps à son goût avec son petit ami dans sa chambre les samedis après-midi.
C’est moi qui fis le guet devant la double porte vitrée du salon, ce soir-là. Afin de permettre à ma sœur de quitter la maison en toute discrétion, je refermai la porte de chez nous avec le plus grand silence, sur la personne qui comptait le plus au monde pour moi à cette période. Elle avait amené une nouvelle façon de penser à la maison. Grâce à elle, je compris que mes parents n’étaient pas le seul modèle à suivre.
Mon escapade ne fut que de courte durée.
C’est à cette même période que, malgré l’image pitoyable que j’avais de l’homme marié, j’essayai de me trouver une future femme, ou du moins d’aiguiser mes goûts sur le genre de femme que je choisirai pour faire ma vie d’homme.
J’avais bien eu des amoureuses à l’école ou dans mes premières colonies de vacances. Mais, en pleine mutation, à l’âge de quatorze ans, un soir, mon père nous avait emmenés chez un collègue de travail qui voulait le pousser à se syndiquer, je l’appris plus tard. À notre arrivée, ils nous installèrent dans le salon autour d’une table d’apéritif, avec tout ce qu’il fallait dessus.
J’étais en train de me servir des cacahuètes dans un bol lorsque leurs deux enfants nous rejoignirent au salon ; ils descendaient de leur chambre pour se joindre à nous. J’avais atteint l’âge où je préférais rester avec les grands. Cécile leur fille cadette vint me dire bonjour.
Je fus tellement ébloui par sa beauté et sa douceur que j’en perdis mes cacahuètes sur leur tapis. Je la persuadai de s’inscrire en colonie de vacances pour l’année en cours car elle n’était pas dans le même établissement scolaire que le mien et je voulais m’assurer de pouvoir la revoir sans les parents.
Ce fut sa première colonie. Mon entreprise porta ses fruits. Un soir, les garçons qui avaient des vues sur une amoureuse entreprirent une descente dans le dortoir des filles. Nous avions tous fait notre choix ; bien sûr, Cécile était pour moi.
Je l’embrassais avec la langue comme les grands, c’était la première fois pour moi, pour le vrai baiser. Plus tard, lorsque l’on me demanda comment j’avais trouvé cela, je répondis Mouillé.
Cécile ne fut mon amoureuse que d’un seul été. Mon père ne se syndiqua jamais.
Je retentai l’expérience avec d’autres filles. J’étais à Seine-lès-Alpes, en colonie de nouveau. Nous étions au réfectoire, le premier soir de notre arrivée. Nous avions, avec Virginie, dérobé un pichet de vin rouge. Je ne sais si le seul charme que nous dégagions avait suffi à expliquer ce qui suivit, ou si nous fûmes aidés par l’ivresse de l’alcool, mais toujours est-il que je me retrouvai dans une salle informatique, juste après avoir quitté la table. Elle me plaqua littéralement contre la porte refermée et m’embrassa à pleine bouche. L’étape suivante se déroula dans un dortoir inoccupé, où je me retrouvai allongé sur un lit, la tête de Virginie entre mes cuisses, le pantalon baissé. Elle tenait mon sexe entre les mains et s’apprêtait à faire ce que l’on fait dans ces moments-là.
Je la trouvais si jolie, si belle, elle avait de grands yeux verts en amande, signés par, de part et d’autre de son visage, de beaux cheveux noirs qui retombaient. C’est justement cette beauté, je crois, et cette douceur que je n’arrivais pas à associer avec le bout de mon sexe qui dépassait de ses doigts et qui, d’où je me trouvais, se trouvait juste au-dessous de son joli petit nez.
Une sensation de dégoût me parcourut le corps et l’esprit. Je la regardais et ne pus m’empêcher de lui dire qu’elle n’était pas obligée. Qu’en aucun cas cela ne faisait partie de ce que j’attendais d’elle. Je voulais qu’elle sache que le sexe n’était pas la suite logique des sentiments que je ressentais pour elle. Elle insista, mais tout au long de son exécutoire, le dégoût ne me quitta pas.
Je ne fis pas le rapprochement tout de suite, mes parents étaient, dans ces moments-là, très loin de ma pensée. Mais, avec le recul, quelques jours plus tard, alors que Virginie voulut recommencer l’expérience, je ne pus plus atteindre le stade d’érection nécessaire à cette pratique sexuelle.
J’étais rouge de honte de ne pouvoir satisfaire le désir de Virginie qui, apparemment, elle, contrairement à ma mère, ne connut jamais le dégoût du sexe ou du moins pas encore. Il y avait une telle concurrence entre les garçons et leurs premiers exploits, qu’il me semblait que nous devions aller au rapport après chaque expérience et venir prouver aux autres que nous étions de futurs étalons en pleine puissance.
Mon incapacité à satisfaire Virginie s’imposait à moi comme une double peine. La première concernait mon moi intime. J’avais un problème avec le sexe opposé, avec lequel il me fallait faire allian

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