Identité secrète
130 pages
Français

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Description

« Véro était montée dans la voiture, avait claqué la porte et avait démarré le moteur. Cette découverte sur la stérilité de son père remettait en cause sa propre existence. Qui était son père biologique ? Et comment François connaissait l'histoire de Martine ? François avait eu juste le temps d'éviter le véhicule. Il aperçut à travers la vitre le visage pâle et les larmes naissantes au bord des yeux de la jeune femme. Il comprenait : depuis quelques jours, toute sa vie était remise en question. »

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 21 juin 2013
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342007299
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0049€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Identité secrète
Elyane Berger
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Identité secrète
 
 
 
Ce livre est dédié à la mémoire de Mary-Carmen
 
 
 
 
Mes remerciements à mes enfants qui m’ont encouragée à écrire ce livre
 
 
 
 
Le chagrin, c’est les images qu’on ne peut pas voir, mais qu’il faut porter quand même.
Herbjorg Wassmo
 
 
 
 
 
 
 
Fin mars 1939, en Espagne
Dans le port d’Alicante, un cargo vétuste larguait les amarres pour l’Algérie. Le château de Santa Barbara semblait veiller du haut de sa colline sur les rares civils qui avaient pu s’embarquer sur le Stanbrook, un des derniers bateaux à quitter le port.
Des soldats espagnols épuisés arrivaient de toute part. Ils fuyaient les représailles des troupes italiennes qui, alliés des franquistes, envahissaient les quartiers périphériques de la ville. Paco aurait préféré que le ciel soit gris comme sa souffrance devant cette débâcle : à sa place le coucher de soleil le narguait en prenant des couleurs flamboyantes orange et rouge, comme celles de son drapeau, bien plié et caché sous sa chemise dans un sac en plastique.
Il paraissait être encore un adolescent, malgré une barbe de plusieurs jours qui le vieillissait. Il était revêtu des restes d’un uniforme sale et déchiré, mais Paco se moquait bien que quelqu’un se rappelle de son appartenance à l’armée républicaine. De toute façon, dans cette ville, ils avaient soutenu la République. Et aujourd’hui, c’était la fin de la guerre. La retraite. Le cœur lourd de colère et de rancœur, il voyait manœuvrer le dernier navire qui aurait pu sauver les soldats, courant et se bousculant sur le môle. Ceux-ci avaient eu foi en leurs chefs et pensaient qu’Alicante serait leur nouveau point de départ pour un autre combat. Ils leur auraient suffi de traverser la mer. Quelques kilomètres les séparaient de cette rive africaine, terre de salut et d’espérance. Les bateaux étrangers avaient levé l’ancre trop tôt, quant à la flotte républicaine, elle était introuvable. Paco apprendrait un peu plus tard, qu’une partie de leur encadrement s’était enfuie par avion et avec d’autres bateaux.
Paco se sentait abandonné dans ce port avec son unité et se trouvait spectateur contemplant cette tragédie. Les trois années de guerre avec leur cortège d’horreurs l’avaient durci : mais là, il ne pouvait retenir son émotion.
Il ne pouvait rien entreprendre. Tous étaient pris dans une souricière tendue par leurs ennemis qui, le moment venu, les feraient prisonniers ou abattre sans scrupule. Certes, c’était une embuscade, mais ses soldats en avaient rencontré d’autres et pourraient combattre, ils avaient leurs armes et sauraient s’en servir pour l’honneur et la République.
Sur les hauteurs du port, notamment sur le fort du château, des soldats nationalistes espagnols et italiens avaient déjà pris place. D’où étaient-ils arrivés ? Ils commençaient de leur position à faire usage de leurs mitrailleuses sur les réfugiés du port. Face à cette situation et afin d’éviter un bain de sang inutile, des soldats républicains commencèrent à jeter leurs armes à la mer et marchèrent les bras levés vers leur reddition. D’autres, désespérés, retournèrent leurs armes contre eux-mêmes plutôt que de capituler.
Une panique indescriptible s’en suivit : ce n’étaient que cris, pleurs et mouvement de foule. Des gens bousculés tombèrent dans les eaux du port. Alors, une petite main prit celle de Paco et l’attira vers des bâtiments servant de stockage aux marchandises. Paco résista et vit un petit garçon, vêtu d’un short bleu délavé un peu trop grand pour lui et tenant à la taille par une ficelle. Il était pieds nus, maigrichon dû aux privations de la guerre. « Où avait-il déjà vu cet enfant ? » pensa Paco.
— Allons ! Viens !
Devant la réticence de Paco, le petit garçon insista :
— Eh ! M’as-tu déjà oublié « camarade » ? Je suis Juanito. Je vais te faire sortir d’Alicante.
— Non. Je ne peux abandonner mes hommes aux mains des ennemis. Je veux mourir avec eux… Pourquoi veux-tu me sauver ? Pourquoi moi ?
— C’est un soldat qui me l’a dit. Je dois t’aider à t’enfuir pour sauver le trésor de la révolution.
 
Le jeune garçon avait prononcé le mot « camarade » avec une telle conviction que soudain la mémoire lui revint.
Au début de l’été 1936, Paco revit l’enfant, âgé d’une dizaine d’années, trottinant toujours derrière son père quand, ensemble, ils avaient rendez-vous dans un café du port d’Alicante. Là, en entrant, ce dernier répétait derrière son père un « salut camarade » qui faisait sourire le militant qu’il était. Cet homme espérait ne pas attirer l’attention des gardes civiles en l’emmenant dans ses réunions politiques. Un père et son fils, buvant et bavardant tranquillement avec un ami, ne commettaient pas d’acte répréhensible.
Ainsi, pouvaient-ils en toute tranquillité préparer la prochaine grève contre le gouvernement social-démocrate et la distribution de tracts dans les usines. Le lendemain, c’était Juanito qui apporterait dans les conserveries, les prospectus imprimés dans la nuit, pour encourager les ouvriers à en prendre la direction. Qui se méfierait d’un gosse portant un petit paquet enveloppé dans un papier journal ?
 
Sans hésiter, l’enfant, pour forcer Paco à le suivre, tira sur la manche de son uniforme et le poussa dans l’eau.
Ils nageaient à présent au milieu de cadavres. Leur progression sous l’eau provoquait des remous et attirait vers eux de nombreux débris. En faisant surface, ils avaient beaucoup de mal à reprendre leur respiration quand leurs mains touchaient ces corps inertes. La mer était rendue gluante du sang et du pétrole qui flottaient à sa surface. C’était un vrai cauchemar. Paco craignait à chaque brasse d’identifier le visage d’un noyer ce qui lui aurait coupé tout courage de continuer ; aussi suivait-il aveuglément Juanito.
Le temps lui parut interminable jusqu’à ce qu’ils arrivent hors du port et de la portée des soldats nationalistes qui patrouillaient sur les quais et tiraient sur toutes formes de vie. Ils s’effondrèrent épuisés sur le sol sableux. Juanito repéra des rochers non loin de là et lui dit :
— On va s’y cacher jusqu’à la nuit.
Une fois étendus, ils ne purent garder les yeux ouverts : le sommeil les gagna. Ils furent réveillés par un bruissement. Paco sortit son arme.
— Du calme, c’est le vent qui se lève ! Un signe que le soleil se couche. Nous pouvons repartir.
— Juanito, à présent tu dois rejoindre ton père à Alicante !
— Plus personne ne m’attend. À l’automne 37, mon père a été tué et le syndicat a envoyé mon grand frère à Leningrad. Moi, je me suis sauvé. Je ne voulais pas partir en Russie.
— Tu aurais dû y aller et en être fier ! C’était la reconnaissance de votre engagement politique.
— Tu parles ! Les anciens camarades communistes de mon père l’ont assassiné. Quelle preuve d’amitié ! Ils ont dit que c’était un traître à la République, parce qu’il ne voulait pas obéir aux dirigeants du parti qui venaient de Russie : pour lui, c’étaient des étrangers et non des patriotes espagnols.
Paco resta interdit par les révélations de l’enfant. Sa maturité d’esprit lui fit peur. Lui qui n’était jamais allé plus loin que Valencia pour défendre la République ! Il avait appris par des camarades la purge qui avait sévi à Barcelone parmi les anarchistes trotskistes dans ces années-là. Il redoutait la vérité et la perte de ses illusions Son moral se serait affaibli pour combattre. Cette révélation le rendit nerveux, il alluma une cigarette.
— Laisse-moi t’accompagner. Je peux t’aider. Je connais des chemins sûrs que mon père prenait pour aller à Valencia et échapper à la police. Nous y trouverons, j’en suis certain, un bateau de pêche qui te fera traverser la Méditerranée, et moi, j’y ai de la famille. Il faut que je la retrouve : si je suis pris par les républicains, ils vont m’envoyer en Russie, et si ce sont les fascistes se sera l’orphelinat. Merci ! Je veux garder ma liberté !
En parlant, Juanito commençait à gravir la colline, sans attendre la réponse de Paco :
— L’ami ! Il vaut mieux éteindre ta cigarette. Dans le noir, tu fais une cible ! Donne-la-moi. Il en tira une bouffée et l’écrasa sur la roche.
 
 
 
1
 
 
 
Paris, avril 2001
Dans un hôtel parisien, un ascenseur descendait. Véro, une jeune femme, la quarantaine, aux cheveux très bruns, et à la silhouette svelte, avait l’impression d’être enfermée dans une boîte d’où, elle ne pourrait plus sortir. Les portes s’ouvrirent avec un temps relativement long et elle déboucha dans un couloir, complètement désorientée, cherchant désespérément une sortie. Elle souhaitait se retrouver à l’air libre rapidement. Tous ces hôtels se ressemblaient avec leurs nombreux couloirs et leur chaleur odorante : un mélange de parfum de fleurs et de moquettes neuves.
Véro alla à l’accueil. Elle demanda si la personne, avec laquelle elle avait rendez-vous, était arrivée. Elle avait hâte de se retrouver au bureau où différentes tâches importantes nécessitaient sa présence. Elle devait prendre des décisions avant de prendre son train qui la conduirait en vacances chez ses parents. Elle ne possédait pas de voiture : entre la difficulté de stationner et les embouteillages, elle préférait les transports en commun. Elle se dirigea dans un petit salon attenant à la réception et prit place dans un fauteuil. Devant elle, une terrasse occupait une partie du trottoir, protégée par une toile mobile. Mais à cette heure, aucun fumeur n’était ins

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