J avance, obstiné
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J'avance, obstiné , livre ebook

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Description

Des parents qui se séparent, un divorce qui dure plus de dix ans, et le frère et la sœur se retrouvent pris en otage. D’abord éliminés et placés en pension puis dans des familles d’accueil. Après le jugement du divorce, ils sont chaque année envoyés ensemble un an chez le père, puis chez la mère où ils sont accueillis avec réticence et considérés comme des boulets dont on se débarrasse dès que leur présence contrarie les projets des parents. À chaque changement annuel de parents ils doivent subir une réelle inquisition pour continuer d’alimenter la controverse entre les avocats. Par la suite, ils seront séparés, le fils chez le père, la fille chez la mère, et ne se reverront qu’à de rares occasions. Les voilà pourvus des meilleurs atouts affectifs et scolaires pour bien débuter dans la vie...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 21 décembre 2016
Nombre de lectures 1
EAN13 9782334216975
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0112€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-21695-1

© Edilivre, 2017
Introduction
Cette année j’ai 75 ans, ça fait longtemps que j’ai envie de raconter comment j’ai vécu, et je pense que si je n’agis pas maintenant, je ne le ferai jamais. La procrastination n’est pas une solution, surtout que la petite musique « J’ai la mémoire qui flanche, j’me souviens plus très bien… », car après ce sera évidemment trop tard… J’espère cependant ne pas sombrer dans le perfectionnisme de Joseph Grand qui dans « La Peste », est mort sans avoir réussi à dépasser la première phrase de son « œuvre ».
Henri est décédé l’année dernière, plus qu’un ami, il faisait parte de notre petite équipe de pétanqueurs sur la Place des Lices à Saint Tropez. Un rugbyman, très sportif, avec un humour communicatif ; des douleurs thoraciques, des métastases, des chimios, la totale. Il réapparait plusieurs mois après, en rémission, ses cheveux avaient repoussés (je l’appelais Casque d’Or), puis rechute brutale et décès. Nous avons organisé une compétition et un repas pour honorer sa mémoire, mais c’est fini. Comme quoi la mort frappe sans prévenir.
Pour répondre à des fables que ma mère brodait à sa convenance, je souhaite préciser qu’il n’y a aucun lien de parenté entre mon père Jean-René Rivet et Paul Rivet fondateur du musée de l’homme à Paris, ni avec le général Louis Rivet chef du Service du Renseignement Français pendant la guerre 39 45, ni avec le général Chef d’Escadron Etienne Rivet durant la guerre de 39 45, ni avec le général de brigade Rivet durant la guerre de Crimée et que nous ne sommes pour rien dans l’implantation d’une ville en Algérie qui s’appelait Rivet, ni avec les Rues Rivet à Lyon et Saint Etienne.
Ce récit n’est en aucun cas un règlement de compte personnel avec mes parents. Ils ont fait ce qu’ils ont pu, c’est-à-dire pas grand-chose, mais je suis quand même très remonté à leur égard, même si j’admets qu’ils étaient très mal préparés à avoir des enfants.
Ce qui n’a pas empêché mon père de nous écrire ceci post-mortem, alors que de son vivant il signait ses lettres « papa tiroir-caisse » :
Je vous ai porté beaucoup d’affection, beaucoup plus que vous ne pensez, malheureusement, je n’ai jamais jugé devoir extérioriser cette affection, ayant toujours éprouvé une grande réserve, beaucoup de pudeur devrais-je écrire devant les manifestations affectives excessives, ce qui me paraissait un déballage de sentiments, comme au soldes. [… ] Il n’y a, croyez-moi nulle rancœur ni amertume dans ma remarque. Je vous aime bien tous, vos épouses et vos enfants, et c’est à dessein que j’emploie le féminin pour la deuxième catégorie.
Quant à maman, elle était suffisamment égoïste et personnelle pour ne jamais avoir eu la tentation de remettre son attitude en question, et si à certains moments elle a eu des sursauts d’instinct maternel, c’était surtout quand ça pouvait lui servir d’argument dans son conflit de divorcée. De toute façon mes parents ont toujours réécrit l’histoire à leur avantage.
J’ai écrit ces souvenirs pour être en paix, sans besoin de justification. Je n’ai rien à prouver, je suis à l’abri du besoin et j’ai des vrais amis, pas des like ou des ni followers factices comme il en pullule sur les réseaux soi-disant sociaux. Je n’arrive d’ailleurs pas à comprendre qu’on puisse trouver intéressant de diffuser une photo de son assiette avant son repas… autant photographier la cuvette des WC pour informer des résultats ce qu’on a mangé.
Malgré tout, j’ai heureusement la chance de pouvoir affirmer que si ma vie était à refaire je la referais exactement de la même façon, sauf en ce qui concerne mon enfance, mais là je n’ai eu aucun choix.
Je voudrais particulièrement remercier ma sœur Framboise avec laquelle je suis indissolublement lié par notre enfance et mon demi-frère Frédéric qui n’a jamais profité de sa position privilégiée pour nous enfoncer davantage auprès des parents Notre père lui a d’ailleurs infligé la même dose de mépris qu’a nous.
En tout cas tout ce que j’écris a vraiment eu lieu.
Concernant mon père Jean-René.
Il est né le 4 décembre 1908 à Saint Etienne, fils de Pierre Auguste Rivet, décédé en 1933 et de Fleurie, décédée à 25 ans « dans son lit en lisant un livre ». Il a une sœur plus âgée, Marie-Antoinette, née le 29 septembre 1899. Le peu que je sais est qu’il a été orphelin à 25 ans et que c’est sa sœur qui a subvenu à ses besoins pour qu’il puisse continuer ses études.
La seule trace de son enfance que j’ai pu retrouver est dans une lettre qu’il a écrite à sa sœur ou il parle d’une maison à Sail-sous-Couzan où ils habitaient quand il était enfant semble-t-il :
Certes comme je te l’ai déjà écrit, c’est avec un serrement de cœur que je verrais la maison où nous avons vécu, maman, toi et moi des vacances heureuses est baignées de tendresse, passer en des mains étrangères.
J’ai retrouvé une lettre de lui de 1982 dans laquelle il retrace pour sa sœur les années de galère 1932 et 1933 qui ont été très difficiles pour lui. Laissons le parler :
Il ne faut pas oublier que lorsque j’ai été libéré du service militaire, c’était je crois en juin ou juillet 1932, je n’avais ni travail, ni logis ni aucun secours de dépannage en vue. Je me suis trouvé à ce moment-là brusquement remis dans la vie civile, alors que je devais, étant d’une classe qui avait à effectuer dix-huit mois de service militaire, continuer à servir pendant encore six mois et toucher pendant cette période ma solde de sous-lieutenant. Cette période devait aussi me permette de résoudre le problème de ma réinsertion dans la vie civile. Pour des raisons d’économie, l’armée sans me prévenir ni me consulter m’a « libéré » brusquement à la fin d’une année de service. Tu m’as généreusement accepté à la maison à Saint-Etienne pour me dépanner et je t’en suis très reconnaissant. Je suis resté plusieurs semaines peut-être jusqu’à deux ou trois mois, à vivre à tes frais. C’est alors que notre cousin Étienne est intervenu et m’a fait comprendre qu’il fallait que je me débrouille seul. Il m’accusait de vivre à tes dépens, ce qui était assez exact, mais le moyen de faire autrement alors que sévissait la crise et que les gens perdaient leur emploi ou leur travail. Il n’a pas évoqué la question de savoir comment je ferais sans travail ni ressources pour manger et dormir après que j’aurai quitté la maison et ne m’a proposé aucune solution.
C’est alors que je suis allé à Sail assez découragé, et envisageant de demander à Marius qui avait repris l’affaire des monuments funéraires de son père de m’accepter, pour la nourriture et le logement, comme ouvrier avec lui. Je pouvais polir la pierre sinon la tailler et faire quantité d’autres travaux pour l’aider. Mais à Sail – sans d’ailleurs que j’ai demandé quoi que ce soit-on m’a expliqué que le travail avait beaucoup diminué et qu’ils avaient du mal à avoir du travail pour deux (Marius et son oncle Jules). Je n’ai donc rien demandé et tante Maria comprenant ma situation et voyant que je n’avais ni travail ni argent ni logis, m’a donné 1000 Fr pour me dépanner. C’était peut-être un chameau comme tu me l’as écrit, mais c’était un chameau généreux et le seul membre de la famille qui m’ait donnée une aide financière dans ces moments difficiles.
Alors je suis parti à Lyon essayer de trouver un peu d’aide chez les Blin et surtout dans l’espoir de trouver un travail, même temporaire ou sporadique et voir si il avait quelques moyens de continuer mes études à l’université, ce que je ne pouvais faire ni à Saint-Etienne, ni à Sail. Chez les Blin tante Reine a commencé par m’annoncer catégoriquement qu’ils ne pouvaient pas déplacer de l’argent pour m’en avancer ; que tout au plus il pourrait accepter momentanément de me loger chez eux (ça ne leur coûtait rien puisqu’ils avaient des chambres libres dans leur villa).et qu’il me permettrait de manger le soir avec eux.
Ce qu’a été la vie chez eux, je le ressens encore douloureusement. J’avais droit le soir à « une bonne soupe » comme disait tante Reine ; à savoir un bouillon clair avec quelques bouts de carottes et de poireaux et force tranche de pain donnant à l’ensemble sa consistance. Parfois un résidu de charcuterie, entame de pâté de campagne ou chute de jambon. Pour m’empêcher d’étudier la nuit, tante Reine avait remplacé l’ampoule électrique de l’alcôve ou je couchais par une ampoule hors d’usage « il ne faut pas lire la nuit » disait-elle, l’électricité coute cher. À midi il me fallait déjeuner (??) en ville car Blin ne rentrait pas, prenant son déjeuner à l’hôpital et tante Reine ne faisant pas de cuisine à midi. Combien de repas ais-je fait d’une boîte de sardines et d’un morceau de pain acheté au poids parce que c’était moins cher ? Il m’est même arrivé de faire quatre repas de midi avec une boite de pilchards qui contenait tout juste quatre pilchards et un gros pain d’un kilo. J’ai eu faim à cette époque j’ai frénétiquement cherché du travail. Tout d’abord je suis allé à la mairie du IV e , rue Jean Macé je crois, pour m’inscrire au chômage. Comme je n’avais pas de certificat de cessation de travail… et pour cause ! L’employé m’a refusé la carte de chômeur. J’ai essayé la soupe populaire à midi, mais j’étais mal vu et du personnel qui servait et des clochards car je détonnais et je « scandalisais » dans ce milieu de miséreux ; j’ai dû y renoncer. J’ai alors été engagé à la commission par l’agence de la compagnie Electrolux pour placer des aspirateurs en faisant du porte-à-porte. Au bout de quatre jours je n’avais placé aucun aspirateur et donc n’avait reçu aucune commission, et comme les déplacements à pied – le tram était un luxe pour moi – m’

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