Jeux Mortels : (Looking for Sally II)
138 pages
Français

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Jeux Mortels : (Looking for Sally II) , livre ebook

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Description

Au bout d’un roadtrip meurtrier, Charlie se lance à la recherche éperdue de son père laissé pour mort, avec pour seule piste les cailloux semés par un démon de plus en plus vicieux et sur le point de s’incarner.
La machine infernale est en route alors que Sally se lance dans une expérience dangereuse et que le décompte des victimes continue de s’égrener…
Un thriller gore, dérangeant, et qui nous emmène de plus en plus loin dans la noirceur de la psyché humaine.
Pour public averti.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 12 novembre 2021
Nombre de lectures 0
EAN13 9782312087061
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0300€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Jeux Mortels
Stéphanie Munch
Jeux Mortels
( Looking for Sally II )
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
© Les Éditions du Net, 2021
ISBN : 978-2-312-08706-1
When you know that your time is close at hand
maybe then you’ll begin to understand
life down here is just a strange illusion









Réservé à un public averti
Vers les ténèbres
– Est-ce que tu crois en Dieu Charlie ?
Les mots de Nate tournaient en boucle dans sa tête déjà submergée de pensées folles et incontrôlables, tandis que l’adolescente remontait la ruelle en pente douce jusqu’à l’église de la Sainte Trinité . Une écharpe couvrait ses lèvres et une capuche le haut de son visage, mais ses yeux brillants de fièvre parcouraient la rue comme ceux d’un animal traqué. Trois jours. Elle avait mis trois jours pour arriver jusqu’à Poughkeepsie et parfois Charlie se disait que ce qui la faisait tenir encore debout était aussi ce qui finirait par la tuer.
Ses vêtements dépareillés avaient connu la pluie et le vent, et son corps n’en pouvait plus d’arpenter les rues et de se recroqueviller au fond des bus à éviter de croiser le regard des adultes. Fuir avait été sa seule option. De temps en temps elle revoyait les trois corps affalés sur le tapis du salon de sa tante, le sang projeté sur les murs, et elle ressentait encore le vertige du choc. Comme si en appuyant sur la gâchette elle s’était pris un trente tonnes à pleine vitesse. Ça y est Charlie tu es passée de l’autre côté. La conscience lui était revenue juste après ça, avec sa liberté de mouvement. Ses muscles avaient fini par se reconnecter au cerveau, trop lentement, pour obéir de nouveau à sa seule volonté. Puis Charlie avait lâché l’arme et elle se souviendrait toujours du bruit que le métal avait produit en touchant le sol. Bang .
C’est ça qu’il avait cherché à faire, se servir d’elle comme une marionnette. Satisfaire son appétit pour la violence et le meurtre par ses mains et dégueuler sa haine du monde par sa bouche. Même dans les endroits les plus cachés elle le sentait encore au fond d’elle comme un crotale prêt à se dérouler et à attaquer. Tu as perdu, Charlie .
Elle se sentait sale, impuissante. Au petit jour elle s’était glissée dans les vestiaires d’un gymnase déserté et elle était restée de longues minutes sous une douche chaude, incapable de remettre de l’ordre dans ses idées. Même l’eau brûlante sur sa peau n’avait rien résolu ni rien lavé ; puis elle avait remis ses vêtements souillés, ses baskets lâches comme si elles avaient traversé les enfers, et s’était remise en route. Mais pour aller où, elle n’en avait pas la moindre putain d’idée.
Charlie n’avait pensé à rien d’autre que fuir, fuir Boston, les flics, et même sa mère. Elle ne voulait plus entendre parler de rien ni de personne, et faire taire la voix qui l’avait irrémédiablement conduite dans les traces encore tièdes de leur roadtrip sanglant. La dernière étape avant que tout ne finisse. Oui elle avait entendu le journaliste répéter ces mots comme autant de piques enfoncées profondément dans sa chair, oui elle savait.
Est-ce qu’elle croyait en ce putain de dieu qui lui avait pris son père ? Plus maintenant. Plus jamais.
– Allez Charlie pourquoi tu ne dis rien ?
Sa mémoire jouait avec elle alors que la silhouette de l’église se dévoilait en haut de la rue. Le hurlement strident de la bête et ses pieds arrachés au sol comme si elle n’avait été qu’une poupée de chiffon. La rage. La douleur dans son ventre. Et cette musique entêtante de crécelle qui s’emballait à mesure qu’elle approchait du but.
Charlie souleva légèrement la capuche pour considérer l’édifice devant elle. C’était prendre un risque terrible, et elle sentait déjà le frémissement à l’intérieur. Les portes s’ouvrirent presque sans effort, comme si l’endroit l’avait attendue. Le cœur serré et les lèvres tremblantes, l’adolescente emprunta le vaisseau central de la nef, s’efforçant de ne pas se retourner vers le banc où elle avait vu son père se réveiller, leur dernier échange avant que la créature ne l’infecte à son tour. Je suis revenue, papa, tu vois .
Les larmes se mirent à rouler en laissant du sel sur ses joues et sur sa bouche, et elle abaissa son écharpe. Comme dans une pièce parfaitement orchestrée le prêtre apparut au fond de l’église, se relevant du siège sur lequel il se trouvait assis. Leurs regards se croisèrent et il se figea, comme si le diable en personne venait d’entrer. Une atmosphère terriblement pesante régnait dans cette église et l’adolescente avait l’impression qu’une fine pellicule s’était instillée entre elle et la réalité, un voile léger mais qui assombrissait tout et affadissait jusqu’à la lumière à travers les vitraux. Le transept était plongé dans le noir et même le crucifix ornant le fond de l’église avait revêtu une teinte sombre comme celle d’un bois d’ébène.
Charlie pouvait le sentir, et sentir la tension palpitante sous le poignet du prêtre. Elle le flairait, le devinait ; la présence de la bête en elle avait affiné l’acuité de ses sens. Elle vibrait. Bientôt le silence serait brisé, le sacré profané, et il y aurait du sang et de la fureur. Mais Charlie voulait sa réponse, elle voulait une justification à tout ce qu’elle venait de vivre et à ce qui lui déchirait les tripes inlassablement depuis le soir où elle s’était enfuie de chez sa tante en laissant trois cadavres derrière elle. Elle voulait une direction, un signe, n’importe quoi. Elle ne sortirait pas de cette église sans ça.
– Tu es revenue.
Sa voix résonnait dans la nef, presque monocorde, légèrement tremblante. Charlie le savait, il fallait résister à la pulsion. Empêcher la bête de lui ouvrir le ventre tout de suite, pour avoir une chance d’obtenir ce pour quoi elle avait marché des jours durant jusqu’à l’état de New-York. La rage poussait de l’intérieur comme une plante carnivore, prête à s’extraire et répandre sa furie. Encore un peu, patience.
– Vous savez pourquoi.
L’homme s’avança lentement, forcé de s’appuyer sur l’autel pour soutenir sa carcasse, et il s’arrêta face à elle. Exactement, les yeux dans les yeux. Il semblait fatigué et hésitant.
– Tu ne pouvais pas le sauver. Mais tu peux te sauver, toi.
– Je refuse de croire ce qu’ils m’ont dit.
– Charlie, ton père est mort.
C’est ce qu’il veut , susurra la bête. Te faire pleurer, t’ôter tout courage. Tue le, tue le . La créature dansait presque au fond de son ventre.
– Je sais que non.
– Écoute, il n’est pas trop tard. Tu dois retrouver ta mère.
– C’est elle qui l’a planté. Je la tuerai elle aussi.
– Gamine, tu as besoin d’aide.
– D’aide ? Où je suis personne ne peut plus m’aider.
Tout se serra en elle, à tel point que les mots refusèrent d’abord de sortir.
– J’ai tué ma tante, j’ai tué deux flics. Personne ne me laissera vivre après ça.
– Tu peux rester ici. Il veillera sur toi.
Charlie essuya ses yeux d’un revers de manche, fuyant le regard du Père O’Neill . Sa bonté ravivait trop de choses, une sensation bizarre de chaleur. Mais c’était précisément ça, ça que la créature abhorrait et qu’elle cherchait à détruire. C’était comme un déclic.
Le râle gimpait déjà le long de sa gorge comme un feu ardent, il était trop tard. L’impulsion remontait depuis ses orteils jusqu’au sommet de son crâne et elle était trop puissante pour y résister. Charlie tira le couteau de l’intérieur de sa veste et son bras se jeta avec une rage terrible vers le thorax du Père O’Neill , qui ne se défendit pas. Il n’eut pas un geste. Pas un tressaillement. Tandis qu’elle se trouvait à quelques centimètres de son visage, elle crut entendre un murmure, sans pourtant que les lèvres du prêtre ne paraissent remuer.
– Attends…
La suite se perdit dans une cacophonie de sons et de chants qui émergèrent dans sa tête comme dans une scène de film d’horreur, si assourdissante qu’elle en troubla momentanément tous ses sens.
Charlie sentit ens

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