L affaire des fossoyeurs
107 pages
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L'affaire des fossoyeurs , livre ebook

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Description

Dans les années 90, « L’affaire des fossoyeurs » a défrayé les chroniques judiciaires et semé le trouble dans le monde politique local mais aussi régional. Elle démarre lors de propos interceptés sur des écoutes téléphoniques de la brigade des stupéfiants du commissariat de Montpellier, dans le cadre d’un trafic international de substances illicites.


Les produits ne sont pourtant plus au centre du sujet. Le trafiquant de drogues, placé sur écoute, parle d’or, de bijoux, de parures, de dentitions, de métal jaune et blanc, laissant présager des pillages de sépultures et des vols répétés sur des squelettes.


L’enquête prend forme et fait naître ce qui va devenir un scandale visant le commerce de la mort.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 24 juin 2022
Nombre de lectures 3
EAN13 9782383511182
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’affaire des fossoyeurs
La SAS 2C4L — NOMBRE7, ainsi que tous les prestataires de productionparticipant à la réalisation de cet ouvrage ne sauraient être tenus pourresponsables de quelque manière que ce soit, du contenu en général, de laportée du contenu du texte, ni de la teneur de certains propos en particulier,contenus dans cet ouvrage ni dans quelque ouvrage qu’ils produisent à lademande et pour le compte d’un auteur ou d’un éditeur tiers, qui en endosse lapleine et entière responsabilité .
 
 
Rafaël Mireal
 
L’affaire des fossoyeurs
 
Chapitre 1
La terre est retournée sur desplantations de viande avariée. L’habit sale fait descendre sa pioche, à lacadence de la lame qui fauche les vies. Son front bombé n’arrive pas à secouvrir de transpiration, l’eau ne perle pas sur son visage caverneux. Les yeuxnoirs plongent dans les profondeurs du brouillard. Plus loin, le bruit d’unepelle qui creuse amène au champ silencieux une note d’existence provisoire. Lamort est là, elle rôde partout où la vie s’en va.
Ils sont deux, peuvent êtrequinze, sans effrayer pour autant les vers de terre qui, dessous, rongent lepeu de chair accroché aux cadavres. Marcel connaît par cœur toutes les alléesdu grand cimetière. Les cyprès qui ressemblent à des cierges ont poussé en mêmetemps que lui. Leurs petites boules marron s’effritentjoyeusement au fil des années. Paul, qui creuse plus loin, n’est pas un vétérande Saint-Julien. L’immense reposoir de la ville de Montpellier a fait laconnaissance d’une nouvelle génération d’hommes tombes. Les dents grises etsales écrasent le mégot de la vieille gitane aplatie qui perd ses brins detabac dans l’immonde bouche. La clope est froide, elle pend entre les lèvressèches dépourvues de bave. Marcel n’est plus ébloui par la beauté du paysagemortuaire, dessous dorment ceux qui engraissent la terre, le terreau deshumains. Les corps ont nourri la couche si visitée, les morts alimentent lesvégétaux.
La nuit, les rats viennent serassasier des débris abandonnés par les vivants, ceux qui respirent encore, quine se vident pas de leur substance naturelle. Marcel se dit que si le cimetièreSaint-julien est aussi beau, c’est que les sépultures de Montpellier sont bienmieux entretenues qu’ailleurs. Intérieurement, il bénit les familles de payerpour conserver dignement les défunts, de leur donner grâce et joie de mouriravant d’être plongés dans les entrailles de la planète. Marcel est considérépar ses pairs, tous ceux qui sont arrivés après lui, ceux qui peut-êtrecrèveront avant lui. L’autre là-bas n’est qu’un larbin, tout comme les sept ouhuit ouvreurs de cercueils. Ceux qui bossent pour lui, qui lui enlèvent lapoussière des chaussures. Ses yeux se déplacent au gré de la pointe des «   cierges   », que lejour ne touche jamais. La nuit est là, toujours, sans arrêt. Les flammes nebrûlent pas cet enfer car c’est son paradis. Paul fait grimper la montagne,celle qui ouvre le trou. Cette grande colline renversée où le bois pourrira,dans quelques jours, mois ou années. Les rats remplacent les hyènes, leschacals ne mordent pas la poussière de la jungle, les animaux de la plaine nesont pas des rongeurs d’âmes vivantes. Seuls les squelettes attirent l’hommequi cherche le brillant.
Paul n’est qu’un sous-fifre,Marcel ne l’aime pas mais il a besoin de lui pour soutirer le métal. Lui, ilrécolte le caillou, prélève l’argent, dirige la bande des morfales. Pierredéplace sa grande carcasse voûtée, il progresse difficilement comme s’il yavait du vent. Pourtant, Montpellier est préservé du mistral qui réveille l’esprit.Pierre n’en a d’ailleurs plus, comme tous ses camarades de travail, pauvresâmes sans réflexion. La terre reste à la terre, l’eau ne sera jamais du vin, l’orest du métal qui brille et scintille toujours. Pierre fait partie de ces genspour qui le ciel est toujours gris, pour qui la mer n’est jamais bleue. Ilarrive comme chaque matin en traînant son existence, comme les forçats portentleurs boulets. Marcel dompte la chair, cette matière qui entoure le squelettedes humains. Les cervelles n’existent pas autour de lui, la seule quifonctionne correctement est rongée par le brillant des cadavres.
—  BonjourMarcel, tu veux que je te remplace à la pioche ?
  Comme toujours la grande chose puante déguiséeen homme se propose de trimer pour le maître. Marcel aime la soumission dontfont preuve certains de ses compagnons de labeurs, le fossoyeur le bade de sesyeux noirs où l’éternité se lit.
— Si tu veux Pierre, ilfaut que le trou soit large et plus long qu’en temps normal, celui qui seraenterré là est un géant, le cercueil est grand. J’espère que les trésors serontde la même taille.
Pierre écoute avec respectcelui qui décide tout, l’ancien, le gardien des lieux.
—  T’inquiètespas Marcel, je vais te faire un beau rectangle où le type sera superbien allongé.
L’outil change de main, lesale boulot trouve un volontaire. Marcel TOMBET regarde le minus, son cadet desept ans qui commence à gratter la terre, celle qui n’est que poussière, pas lagrasse que les morts nourrissent. Le petit peut s’acharner sur la tâchedispensée par le Dieu du cimetière. Le chef avait pourtant chargé Marcel depréparer le plus grand trou que Saint-Julien a connu. Mais le responsable estloin et ne viendra pas vérifier. Les chacals sont les seigneurs de l’immensereposoir qui conserve son précieux silence. Partout sur le grand territoire desombres maléfiques fouillent la vie. Ils sont sept à épier les vivants, àsurveiller les locataires.
Yvesc’est son bras droit, la force froide, la puissance morbide. FLORIS c’est sonnom, celui que les autres craignent, qui file les coups, fait régner laterreur. Pierre c’est l’œil de Moscou, celui qui dénonce. Il surveille lespetits copains et vient rapporter au grand Marcel et au cogneur. PierreGASPARD, les yeux qui parlent, qui crachent sur leurs semblables. La pute dedélation, celle qui creuse les fosses où la famille «   des morts-vivants   » sereposera. Marcel peut poursuivre son intense surveillance, le trésor doitatterrir dans ses larges mains qui distribuent les miettes. Quelques allées plusloin, il sait que LARBI travaille sur une remise en état de caveau. Lasépulture est vierge, elle n’a jamais été visitée. Dedans, l’homme peutdécouvrir des objets qui brillent. Il veut être là pour s’assurer que le Maghrébinne détournera rien.
LARBI Mohamed, embauchéquelques années plus tôt, seule exception à la règle du vaste réfectoire.L’algérien se dit non musulman, Marcel n’en est pas convaincu, reste sur sesgardes. Il aurait aimé que l’autre soit utilisé ailleurs, durant quelques moisil a cherché à le faire évincer. Mais Mohamed est une véritable pie qui dénicheles cailloux les mieux cachés. Très vite, il s’est aperçu que ses collègues detravail étaient des chercheurs d’or. C’est grâce au chantage qu’il conserve sonposte au paradis des fossoyeurs. Marcel avance dans les allées calmes, malgrél’heure matinale d’une future journée ensoleillée les proches des défunts sontdéjà en communication. La grande carcasse joue bien son rôle, partage quelquesmots, encourage les tristes, ceux qui pleurent encore.
Le caveau s’est effondré enpartie, brisant sur son passage quelques planches du cercueil. La recherche sefera sur du velours, pas besoin de forcer le bois pour qu’il livre ses secrets.Au café, Marcel a prévenu LARBI que le moindre objet découvert devait rejoindrele petit coffre collectif. L’arabe travaille avec Jacques RIVIÈRE, un vieux dela vieille proche de la retraite. Marcel sait que Jacques fouillera la terre ense retournant souvent, par crainte du contrôle. Il sait aussi que ses mains tremblerontsi une poussière d’or apparaît. L’employé est craintif, il a peur de son ombreet de tous les autres fossoyeurs. Trouver un bijou et la carcasse de ce derniers’agite anormalement , elle est capable d’êtresurprise. Jacques peut tout foutre en l’airet faire s’effondrer en quelques secondes le château que lui a construit.
La maisonnette est proche,elle est en mauvais état, a besoin de réparations. Marcel les connaît presquetoutes, il attend avec patience qu’elles commencent à s’effriter, à se délabrer.Là-bas, au bout de l’allée C, il aperçoit la carcasse voûtée du futur retraité.L’autre n’est pas à vue, il est dans les vieilles pierres, à l’affût de latrouvaille. Le charognard s’avance en silence, effleure les gravillons capablesde trahir son approche. Il n’est plus qu’à quelques mètres lorsqu’il entend lecraquement du bois. Jacques s’aperçoit de sa présence, fait mine del’interpeller. Son geste est suspendu par un gros doigt qui se pose sur unebouche sèche. Aucune parole n’est dite, l’ancêtre abdique, il comprend l’ordredu messie. Des débris s’amoncèlent près d’un pan de mur de la chambremortuaire. La porte de fer est presque totalement décrochée de son socle, labâtisse menace de s’effondrer sur elle-même. Son occupant est mort au début desannées trente, à une époque où l’on mettait en terre un corps avec sesrichesses de la vie perdue.
Marceljette un regard à l’intérieur de la pièce plongée dans l’obscurité. Il sait quel’arabe n’aime pas le noir, qu’il fonctionne à la lueur d’une grosse torcheélectrique. Le bois craque encore, l’autre agrandit l’ouverture, il veutvisiter entièrement la caisse, ne rien laisser au hasard. L’expérience lui aappris que les antiques emballages sont souvent détruits après tant d’années,pourtant il sait aussi que certaines fabrications résistent bien. Un grand piedpasse l’ouverture, sous l’œil peureux du vieil homme. Dedans, LARBI est enaction, il a mis les mains dans la mort, pénètre le passé. La tête est dans letrou, seules les fesses sont visibles, les jambes tendues assistent le buste àplonger dans la terre. Le contrôleur est dedans, le Nord-Africain se croitseul, il inspecte la sépulture. Sa main droite remonte rapidement, enfouitquelque chose dans une poche du bleu de travail.
— Lapêche est bonne ?
L’outre-tombe parle, une grosse voix s’élève dansl’air chargé d’hist

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