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Le bonheur de Bernard Dorval, grand métallurgiste parisien, est à son comble. Après une carrière fructueuse durant laquelle il a bâti sa fortune, Micheline, sa fille unique s’est fiancée et va bientôt connaître un mariage d’amour.
Mais le destin en veut autrement en faisant réapparaître dans l’existence de Dorval le comte de Valpreux, celui qui, jadis, fut son commanditaire.
Pourtant, il avait définitivement coupé les ponts avec lui en apprenant de quelles entreprises criminelles celui-ci tirait ses fonds.
Le comte de Valpreux, sans aucune gêne, exige la main Micheline, menaçant, en cas de refus, de le briser en révélant toute la vérité.
Heureusement pour Dorval, Luc HARDY, le célèbre détective millionnaire, ami de son futur gendre et présent pour les festivités, a surpris la conversation entre les deux hommes et décide de s’en mêler au péril de sa vie...
L'AGONIE INFERNALE
D'après le fascicule « L'agonie infernale » publié en 1920 dans la collection « Le Roman Policier » des éditions Ferenczi.
CHAPITRE I
— Ô jeunesse, jeunesse, le bonheur qui émane de toi est si grand parfois qu'il peut suffire à ravir ceux qui en sont témoins ! murmura Bernard Dorval, le grand métallurgiste parisien en indiquant, d'un hochement de tête, sa fille Micheline et le fiancé de cette dernière, le lieutenant de vaisseau Gérard Parville.
Les deux jeunes gens, accoudés à la balustrade de la terrasse précédant la villa, semblaient absorbés en la contemplation de l'immense panorama de la Gironde s'étendant à l'infini, mais, en réalité, ils ne voyaient rien en dehors d'eux.
Pour Gérard, l'horizon s'arrêtait aux tresses blondes de Micheline ; quant à celle-ci, à demi tournée vers son fiancé, elle se laissait aller au charme exquis, et si nouveau pour elle, d'aimer et d'être aimée...
— Ma foi, cher monsieur, je crois qu'il est tout à fait heureux pour nous que la vue du bonheur d'autrui nous suffise, car ce n'est pas mon ami Parville qui semble se préoccuper tant soit peu du mien, pour le quart d'heure, sourit un élégant gentleman, le vicomte de Torcy, lequel, assis près de Dorval, n'avait rien perdu de sa réflexion.
On était à la mi-septembre.
Depuis quelques jours déjà, la majorité des baigneurs qui, durant le mois d'août, animent la plage et les rues de Pontaillac, près de Royan, s'en étaient allés et ce coin délicieux reprenait peu à peu son calme d'oasis fraîche et verdoyante tapie au bord de l'immense fleuve.
C'était l'époque préférée par Micheline, à qui elle rappelait les meilleures heures de son enfance et, chaque année, elle ne s'éloignait de « Sans-Souci », la magnifique villa des Dorval, qu'avec bien des regrets.
Durant cette saison, la ravissante jeune fille venait d'ajouter encore un souvenir à ceux qui rendaient « Sans-Souci » si cher à son cœur ; elle y avait été fiancée à Gérard Parville...
Gérard !... Ce nom constituait pour Micheline une incomparable musique ; toute la passion juvénile qui s'éveillait en son cœur de vingt ans tressaillait rien qu'au prononcé de ces deux syllabes magiques.
Certes, Bernard Dorval aurait préféré un autre gendre que cet officier de trente ans, un peu froid avec son visage aux traits réguliers et fins, ses prunelles d'un gris bleu aux reflets métalliques qui semblaient toujours vouloir sonder le fond de votre conscience.
Parti de très bas, Dorval s'était fait lui-même ; travailleur infatigable, il avait connu de terribles luttes et si, maintenant, sa firme était l'une des premières de France, s'il rompait parmi ces rois de l'industrie à qui tout est permis, lui seul savait ce que cette position lui avait coûté d'efforts et de veilles.
Son rêve eût été de marier Micheline, sa fille unique, celle sur qui il avait reporté toutes les affections de son vieux cœur, à quelque garçon simple et actif, susceptible de continuer son œuvre ; il eût voulu un gendre à son image.
Mais, hélas ! si les pères proposent, les filles, et surtout les filles uniques, disposent ; le cœur de Micheline appartenait tout entier à Parville et le vieux brasseur d'affaires s'était incliné, comme il le faisait toujours, dès qu'il s'agissait de son enfant.
Les deux jeunes gens s'étaient rencontrés, le printemps précédent, dans le monde, à Paris et, de suite, M lle Dorval avait compris qu'elle aimait sérieusement, de toute la force de sa nature ardente et passionnée.
De son côté, Gérard adorait cette blonde exquise et frémissante, aux grands yeux couleur de myosotis, brillants en un visage d'une joliesse précieuse et, après quelques hésitations, il avait demandé la main de la jeune fille.
Des hésitations, certes, Gérard Parville en avait eu ; certaines histoires couraient sur le compte de Dorval, histoires assez vagues, il est vrai, mais qui suffisaient à inquiéter un homme aussi pointilleux que l'était l'officier lorsqu'il s'agissait d'honneur.
On disait que le vieux Bernard n'avait réussi à édifier sa fortune qu'avec l'aide d'individus tarés, que les fonds qui lui avaient permis de faire ses premières affaires avaient une de ces origines louches sur lesquelles il vaut mieux ne pas insister, bref, rien de précis. Néanmoins, Parville s'en était franchement expliqué avec celui qui devait être son beau-père.
— Mon cher ami, avait répondu l'industriel en manifestant la surprise la plus parfaite, ce que vous dites là me stupéfie. Les origines de ma fortune ?... Ah ! elles sont bien faciles à établir et il n'était vraiment pas besoin de forger de toutes pièces un mauvais roman pour justifier cette dernière. Quand je me suis lancé dans les affaires, je n'avais guère de capitaux devant moi, c'est certain, mais, à cette époque, le hasard, ou plutôt la chance, me mirent en rapport avec le comte de Valpreux, un grand seigneur, riche comme un nabab hindou et c'est lui qui, séduit par mes conceptions, me commandita. Comme vous voyez, rien n'est plus clair.
— Évidemment, avait acquiescé Gérard qui, convaincu, s'était retiré en s'excusant.
À plusieurs reprises, durant ces dernières années, il avait, en effet, rencontré dans le monde le comte de Valpreux, lequel menait grand train, voyageant beaucoup, dépensant sans compter et possesseur, semblait-il, d'une grande fortune. Donc, il s'était hâté d'oublier les bruits fâcheux qui auraient pu le distraire de son amour et il s'était abandonné à celui-ci avec délices.
L'avant-veille, en compagnie de son ami, le vicomte de Torcy, Gérard était arrivé à Pontaillac afin d'y passer une quinzaine, puis on rentrerait à Paris où le mariage devait avoir lieu dès octobre.
Maurice de Torcy pouvait avoir de vingt-huit à vingt-neuf ans ; de taille moyenne, mais bien prise, il avait la physionomie sympathique, le regard assuré et empreint de loyauté ; Parville et lui s'étaient connus à l'armée en 1918 et une amitié profonde les unissait.
Dès l'abord, Bernard Dorval avait été conquis par les façons simples et pleines de rondeur de son nouvel hôte et tandis que les fiancés s'isolaient en leur amour, le vieil industriel s'était mis en devoir d'initier de Torcy aux beautés de la métallurgie moderne.
— Puisqu'il paraît que vous ne faites rien, ce qui, entre parenthèses, m'étonne de la part d'un homme tel que vous, disait-il, vous viendrez me voir, cet hiver, à Paris ; je vous ferai visiter mon installation et je veux être pendu si vous ne vous intéressez pas à tout ce que je vous montrerai...
— Auriez-vous l'intention de me confisquer au profit de votre usine ? s'était récrié Torcy avec un effroi comique.
...