L étrange cliente du Dr Peuget - La fleur fatale
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Français

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L'étrange cliente du Dr Peuget - La fleur fatale , livre ebook

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Description



L'étrange cliente du Dr Peuget :


Le docteur Peuget, chirurgien renommé, reçoit la visite d’une jeune femme qui lui demande de l’amputer du médium de la main droite.


Le praticien examine les phalanges – saines et normales – et refuse, prétextant qu’il n’opère qu’en cas de nécessité.


Alors qu’il revient d’un voyage de quelques jours, il apprend que son interne vient de couper le doigt, d’une dame, déchiqueté par une balle lors d’une mauvaise manipulation d’une arme.


Intrigué, le docteur Peuget ne tarde pas à se rendre compte que la fameuse patiente n’est autre que son étrange cliente...





La fleur fatale :


Théodore Darnal, grand amateur d’orchidées, reçoit de la part de son neveu en voyage à Saïgon, une caisse – livrée par un ami capitaine de bateau – contenant des pieds d’une orchidée très rare et vénérée au Cambodge.


Empressé de mettre en terre sa nouvelle pièce de collection, Darnal fait appel à son jardinier japonais qui, en voyant la plante, s’enfuit en poussant des cris inhumains.


Quelques jours plus tard, au petit matin, deux pigeons sont retrouvés égorgés au pied de l’orchidée, dont des fleurs étranges se sont épanouies durant la nuit...


Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9782373476224
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

R L’ÉTRANGE CLIENTE DU D PEUGET
Roman policier
H.-R. WOESTYN
*1*
L'INCONCEVABLE DEMANDE
Le dîner tout intime auquel le docteur Peuget avait convié quelques amis était achevé depuis peu et, laissant les dames en c ompagnie de sa femme au salon, le chirurgien – l'une des sommités de la sci ence médicale, à Paris – avait entraîné André Dumesnil, un romancier de grand tale nt, dans la petite pièce qui lui servait de fumoir.
— Ici, au moins, fit-il en riant, nous allons pouvo ir fumer tout à notre aise, sans incommoder ces dames en quoi que ce soit.
Et, invitant Dumesnil à choisir un havane, dans la boîte de cigares demeurée ouverte sur une table de bois-de-fer, incr ustée de nacre et d'un délicat travail oriental, il en prit un aussi, en a joutant :
— Asseyez-vous là, dans ce fauteuil qui vous tend l es bras, mon ami.
Lui-même se laissa tomber sur les coussins d'un div an bas, qui prenait tout un coin de la pièce, et confortablement installé là , il garda quelques instants le silence, en laissant monter lentement les spirales de la fumée bleuâtre.
Puis soudain, comme s'il eût suivi une idée qui lui revenait, à l'esprit, il murmura, avec un léger hochement de tête :
— Vous n'êtes pas un écrivain psychologue, mon cher Dumesnil, mais ceux qui s'efforcent d'analyser le cœur et le cerveau hu main, et principalement l'âme féminine, ont bien raison de dire que la mentalité des femmes est une énigme indéchiffrable.
— Misogyne, docteur ? répliqua le romancier en éten dant la main pour atteindre un cendrier. Depuis peu alors, et je ne v ous reconnais plus là...
— Non pas, se récria le docteur Peuget. Tout au con traire, je trouve les femmes de petits êtres charmants, délicieux, raviss ants et que le bon Dieu a eu une riche idée de nous donner comme compagnes, pour nous rendre agréable notre passage dans cette vallée de larmes, qu'est n otre séjour sur terre.
« Mais je dois reconnaître avec les psychologues qu e la mentalité de ces chères petites choses est absolument déconcertante par moments.
— Pourquoi cette brusque poussée de pessimisme ? qu estionna Dumesnil.
— Oh ! le souvenir d'une étrange aventure qui m'est arrivée cet après-midi me fait songer à cela. Et je vous avoue qu'elle est assez surprenante pour m'avoir donné à réfléchir.
— Une aventure ?
— Tiens, tiens, il suffit que je dise cela, pour qu e le romancier dresse l'oreille.
« Eh bien, oui, mon cher... Et une aventure vraimen t peu banale, dont l'héroïne est une cliente de passage, dont je suis encore à ignorer le nom et que je ne reverrai probablement jamais.
— Dommage, si elle était jeune et jolie.
— Eh ! justement, c'est qu'elle était les deux, jeu ne et fort jolie... mais un peu folle à mon avis.
« Et il est hors de doute, pour moi, que mon inconn ue ne jouissait pas de la plénitude de ses facultés mentales, quand elle s'es t présentée chez moi.
— Et vous l'avez laissée s'en aller comme ça, sans surveiller... au risque de la voir devenir démente dangereuse ?
la faire suivre,
— Oh ! il n'y a pas cela à craindre, je crois. Car si elle pouvait devenir dangereuse, ce n'est qu'à elle-même qu'elle ferait du mal.
— Vous m'intriguez vraiment, docteur...
— Mon cher, vous ne serez jamais aussi intrigué que je le fus, moi-même, en entendant cette jeune femme m'adresser presque à brûle-pourpoint la plus inconcevable demande que j'aie jamais entendue de m a vie.
« Et j'en suis encore à me demander le but qu'elle poursuivait, si réellement elle n'était pas folle.
« Mais tenez, je ne veux pas vous faire languir plu s longtemps, et je vais vous conter ce qui m'est arrivé.
« Au surplus, vous pourrez peut-être trouver la cle f de l'énigme, car je n'admets pas avoir été victime d'une mystification, que mon âge et ma position ne permettent point.
« Voici, d'ailleurs, ce qui s'est passé.
— Ah ! je suis curieux de savoir, interrompit André Dumesnil, vivement intéressé.
Le docteur Peuget, un instant, garda le silence, je ta dans le cendrier son cigare éteint et commença :
— Vous savez qu'en dehors des jours où je vais à ma clinique, je consulte deux fois par semaine ici, chez moi, de deux à quatre.
— Oui, je sais...
— J'ai coutume après mon repas, et en attendant l'h eure de ma consultation, de faire une sieste de quelques insta nts, avant de me rendre dans
mon cabinet.
« Aujourd'hui pourtant, je rompis avec mes habitude s, ayant une lettre importante à écrire et j'achevais celle-ci, quand m on valet de chambre vint m'annoncer la visite d'une dame qui désirait instam ment me voir avant la consultation.
« Mon domestique, sachant ne point devoir troubler mon repos, s'était cependant permis de venir me prévenir de cette visi te contraire à l'usage.
— Comment est cette dame ? interrogeai-je aussitôt.
« Et d'abord, est-ce une cliente ?
— C'est la première fois que je la vois, répondit m on domestique.
« Ma lettre était terminée, je vous l'ai dit, et pe nsant qu'il s'agissait peut-être d'un cas très urgent, je fis introduire cette clien te pressée dans mon cabinet.
« Je crois vous avoir laissé entendre que cette personne était jeune et jolie.
« Je me trouvai, en effet, devant une femme de ving t-cinq à vingt-six ans au plus, fort coquettement vêtue d'un élégant tailleur , dont je ne distinguai bien nettement le visage que lorsqu'elle eût relevé l'ép aisse voilette qui le couvrait.
« On eût dit d'une femme mariée se rendant au rende z-vous d'un amant, en évitant d'être reconnue.
« J'ai pour habitude, imitant en cela l'exemple des magistrats instructeurs, de faire asseoir mes malades, face à la lumière, de manière à pouvoir bien examiner leurs traits.
« Je puis ainsi mieux les étudier, tandis qu'ils pa rlent.
« Je lui fis donc prendre un siège, en face de moi, mon bureau nous séparant, et j'attendis qu'elle m'expliquât l'objet de sa visite un peu inopinée.
« Et voici l'étrange langage que me tint mon inconn ue.
« — Monsieur le Docteur, fit-elle en retirant son g ant de la main droite, votre très grande réputation de chirurgien habile n'a pas manqué de venir jusqu'à moi. Aussi est-ce vous que j'ai cru devoir choisir entre tous pour une petite opération, délicate sans doute, que je sais devoir être très d ouloureuse, mais n'entraînant aucun danger de mort.
« Jusque-là, les paroles de mon interlocutrice n'av aient rien que de très naturel : on voulait retenir mes services pour une opération chirurgicale, où les risques devaient être assez minimes, m'assurait-on : je n'avais donc point à hésiter.
« — Je me mets entièrement à votre disposition, mad ame, fis-je en m'inclinant devant ma visiteuse et si vous voulez b ien me dire...
« L'inconnue, posant son coude sur mon bureau, avan ça vers moi sa main droite complètement dégantée maintenant et me dit froidement, en fixant sur moi un regard dont la dureté contrastait avec la grâce délicate de son visage :
« — Voici, docteur. Je désirerais que vous me fassi ez l'amputation de la première phalange du médium de cette main.
« Je pris la gentille menotte qu'elle me tendait, j 'en examinai bien attentivement tous les doigts que je reconnus parfa itement sains et normaux, puis levant les yeux sur elle, je déclarai, sans po uvoir cacher mon étonnement :
« — Laissez-moi vous dire, madame, que je ne compre nds nullement pourquoi vous êtes venue me trouver.
« Ce doigt, comme tous les autres de la même main, est en parfait état et je ne vois point, là, la moindre trace d'un mal quelco nque devant nécessiter l'opération dont vous me parlez.
« — Elle est nécessaire pourtant, indispensable mêm e, répliqua-t-elle aussitôt, avec une certaine vivacité qui commençait à m'indisposer envers elle.
« — Vous n'avez rien du tout à ce doigt ! prononçai-je péremptoirement.
« — Je le sais bien, s'écria-t-elle en se montrant de plus en plus impatiente. Rien du tout. Mais je tiens, néanmoins, à me faire faire l'amputation de cette première phalange du médium...
« Je la regardai longuement, reprenant enfin :
« — Pourquoi cette mutilation inutile sur une aussi jolie main ?
« Ce serait un véritable crime, que je me reprocherais toute ma vie.
« Et tenant toujours dans ma main, ces doigts menus et fins, j'ajoutai :
« — Mais pourquoi, encore une fois, dites-moi pourq uoi ?
« — Ne me questionnez pas à ce sujet, docteur ! rép ondit-elle avec véhémence.
« Vous êtes chirurgien, n'est-ce pas ? Je viens vou s voir pour un traitement qui est de votre ressort.
« Un point, c'est tout.
« — Vous comprendrez, madame... ou mademoiselle... mais, au fait, je n'ai pas encore le plaisir de savoir votre nom...
« — En quoi, docteur, mon nom vous intéresse-t-il ?
« Au cas même où je vous en donnerais un, il serait faux, croyez-le bien... Il est donc inutile de me demander mon nom...
« Mon inconnue eut un rire qui sonnait faux, et ce fut de ce moment que
j'eus la pénible impression de me trouver en présen ce d'une folle.
« Néanmoins, bien décidé à pousser plus loin mon in vestigation, je lui demandai en semblant m'être donné le temps de la ré flexion.
« — Et quand désirez-vous que je fasse cette opération ?
« — Le plus tôt possible, docteur. Aujourd'hui même , si vous n'y voyez pas d'inconvénient.
« Je la considérai quelques instants encore en sile nce, et finis par lui dire avec beaucoup de calme :
« — Vous ne semblez pas vous rendre un compte exact de ce que vous dites, madame.
« Une opération de ce genre ne se fait pas en un to urnemain.
« Il faudrait vous endormir...
« — Je ne redoute pas la douleur, docteur.
« — En tout cas, ce ne serait pas ici et le jour de ma consultation que je pourrais vous opérer...
« En outre, je m'attends à être appelé d'un moment à l'autre en province, auprès d'une personne très gravement malade...
« Et puis, à vous parler franchement, madame, je su is prêt à faire toutes les opérations nécessaires pour guérir un malade ou sou lager ses souffrances.
« Mais je me refuse péremptoirement à me prêter à c e que je juge être une mutilation d'autant plus stupide qu'elle est inutil e.
« Amputer un doigt quand il n'y a aucune raison pou r le faire est, à mon avis, un acte réellement criminel...
« L'inconnue me fixa froidement, et murmura d'une v oix sifflante :
« — Alors, suivant ce que vous venez de me dire, vo us feriez l'amputation si vous la jugiez tout à fait nécessaire ?
« — Certainement, s'il s'agissait d'un accident, pa r exemple.
« — C'est bon, répliqua mon étrange cliente. Eh bie n ! docteur, je retiens vos bons offices pour l'opération... d'ici peu...
« À ce moment, mes yeux se portèrent involontaireme nt sur la pendulette que j'ai toujours sur mon bureau et je pus constate r qu'il était près de deux heures et demie. Ma consultation était commencée de puis une demi-heure environ, et mon salon devait être déjà plein de cli ents, alors que je perdais mon temps avec cette déséquilibrée.
« Je me levai donc, pour lui faire comprendre que n otre entretien avait assez
duré et je la reconduisis jusqu'à la porte de mon c abinet.
« Puis d'un ton assez bourru, sans ménagement aucun , je m'écriai avec hauteur :
« — Vous avez certes besoin des soins d'un docteur, madame, et vous me permettrez de vous conseiller vivement d'aller voir un spécialiste des maladies mentales !
« Elle ne répondit rien, mais sous sa voilette qu'e lle avait rabaissée sur son visage, je vis deux yeux perçants, dont le regard a ccompagnait un bien énigmatique sourire, tandis qu'elle me fixait avec insistance.
« Cela ne dura que l'espace de quelques secondes, m ais me donna, je dois l'avouer, une bien étrange sensation de malaise.
« Et pourtant, par métier même, je ne suis pas un ê tre sensible, vous le savez, Dumesnil.
— Voilà, mon cher ami, la surprenante aventure que j'eus aujourd'hui avec mon étrange inconnue...
« Me direz-vous maintenant si vous comprenez quelqu e chose à cette troublante visite ?
« Voyons, vous, un romancier, vous allez bien me bâ tir là-dessus la trame de quelque sombre drame ?
André Dumesnil avait laissé parler le docteur sans l'interrompre, et jetant dans le cendrier son cigare depuis longtemps éteint, il déclara aussitôt :
— Je crois que vous vous trompez du tout au tout, d octeur, sur le compte de cette femme.
« Votre bizarre cliente, loin d'être une sorte de d éséquilibrée morbide, est, si je ne me trompe, une rusée commère qui médite ni pl us ni moins qu'une action criminelle.
— Allons donc ? s'écria le docteur Peuget qui, en s ursautant, venait de se redresser sur les coussins du divan.
« Expliquez-vous, je vous prie...
— C'est bien simple, et voilà, mon bon docteur, où romancier entre en jeu.
l'imagination du
« Cette mutilation volontaire, incompréhensible du fait d'une femme jeune et jolie, comme l'est celle dont vous parlez, peut lui être nécessaire, en tant que signe distinctif la mettant à même de se faire pass er pour une autre personne, qu'on saurait avoir la première phalange coupée au médium de la main droite.
« En cas de certification d'identité, par exemple, ce détail capital lui serait
alors de la plus grande utilité.
« Vous lui avez dit qu'amputer un membre parfaiteme nt sain serait un acte criminel.
« Non. L'acte criminel, c'est celui que prépare cet te femme, en s'imposant pour cela une atroce souffrance, inutile si elle ne poursuit point un but déterminé.
— C'est pourtant vrai, ce que vous dites là, répond it le docteur Peuget devenu soucieux.
« Mais je n'avais point envisagé la chose sous cett e face. Vous m'ouvrez des horizons inattendus...
« Mon inconnue...
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