L'étrange Denise

Claude Ascain

Description

Gilbert et Denise ont tout pour être heureux, d’autant que Denise vient d’apprendre que son riche grand-père, qui avait renié le père de celle-ci, demande désormais à se racheter et l’appelle auprès de lui, à Cannes.

C’est une belle vie qui s’annonce pour le futur couple !

Quelques jours plus tard, Gilbert, ayant pris des congés, s’en va rejoindre son amour et rencontrer l’aïeul.

Mais le jeune homme ne donne bientôt plus de nouvelles à personne.

Inquiète, la mère de Gilbert signale la disparition de son enfant au commissariat.

L’inspecteur MARCELLIN reçoit la plainte et accepte de faire mener des investigations pour rassurer la pauvre dame.

Quand on lui rapporte que le fameux Gilbert n’est descendu dans aucun hôtel ni pension de la Riviera, pressentant un drame, il décide de se rendre à Cannes pour enquêter...

Sujets

• Policier & Thriller
• Policier
• Littérature
• Poison
• Fiction
• Hérédité
• Fiançailles
• Disparition
• Romans de genre
• Nouvelles de genre
• Romans policiers

Informations

• Publié par: Oxymoron Éditions
• Nombre de lectures: 3
• EAN13: 9782385010324
• Langue: Français

Extrait

Inspecteur MARCELLIN

L'ÉTRANGE DENISE
Récit policier

par Claude ASCAIN
CHAPITRE PREMIER
NOUVELLE IMPRÉVUE
 
Gilbert avait hâte de rentrer chez lui. Il avait toujours hâte, le soir. Mais, d'habitude, c'était une impatience joyeuse, tandis qu'aujourd'hui, un pli lui barrait le front.
Quelle serait la nouvelle annoncée par Denise ? À midi, elle avait déjà causé une surprise énorme en révélant que son grand-père lui demandait de passer le voir tout de suite.
Gilbert savait que Denise ne s'était pas rendue à son travail pour faire cette visite tellement imprévue. Un tohu-bohu de pensées l'envahissait, et il essaya de les classer.
Le grand-père de Denise... Un gros usinier, les établissements Sarroux. Pourquoi diable se rappelait-il, tout d'un coup, l'existence de sa petite-fille ? Que lui voulait-il ? Il avait, pour ainsi dire, excommunié son fils, du jour où il avait épousé une petite dactylo. Jean Sarroux, fort de son amour, avait refusé de plier devant les exigences paternelles.
L'histoire, à la fois émouvante et banale, du fils de famille qui se lance dans la vie sans se rendre compte de ce que l'avenir lui réserve. Vivres coupés, appointements modestes d'employé ajoutés à ceux de la petite secrétaire.
Il était mort peu après la naissance de Denise. La veuve avait lutté pour élever sa fille, toutes deux serrées côte à côte dans une existence modeste, hérissée d'embûches quotidiennes. Puis la mère, à son tour, avait disparu. Denise avait alors dix-huit ans.
Gilbert était voyageur de commerce. Il habitait avec sa maman dans le grand immeuble, au troisième étage. Denise Sarroux avait émigré, du petit logement sur le même palier, jusqu'à une chambre mansardée. Le même courage, malgré son infortune.
Depuis trois mois, après une camaraderie de deux années, camaraderie qui avait tourné à l'amour, elle était la fiancée de Gilbert Colson. Que de projets d'avenir ! Pour le moment, elle prenait ses repas chez lui, sous l'œil tutélaire de la maman du jeune homme.
Le métro s'arrêta, Gilbert se retrouva sur le quai, il fendit une foule qui musait — au diable ces couples qui ont toujours le temps ! — et monta l'escalier quatre à quatre.
Six heures et demie... Il espérait qu'elle serait de retour. Sans doute, se trouvait-elle là-haut, assise près de la fenêtre.
La clef dans la serrure, quelques pas dans la minuscule antichambre, la jeune fille, qui l'avait entendu entrer, apparut sur le seuil de la salle à manger. Elle se jeta dans ses bras.
— Ah ! Gilbert !... Si tu savais !
— Alors ? Tu l'as vu ?
— Oui. Il m'attendait. Il avait l'air très ému.
— Qu'est-ce qu'il te veut ?
— Me prendre auprès de lui.
Gilbert sursauta et la dévisagea fixement. Elle fit un signe de tête affirmatif pour confirmer et rit de nouveau.
— Renversant, hein ! Gilbert.
— C'est... c'est sérieux ?
— Il me semble ! Tu en as de bonnes, toi !
Gilbert était incapable d'ajouter un mot. Ses yeux allaient de sa mère à sa fiancée. Il avait le visage tendu.
— On dirait que tu n'es pas content, Gilbert !
Elle prit dans ses petits doigts les mains énergiques masculines et les serra :
— Nous allons être riches, heureux. Tu ne te rends pas compte ?
Il eut un brusque rire nerveux.
— Est-ce qu'on épouse un humble voyageur de commerce quand on est la petite-fille de Sarroux ?
La maman intervint, ôta ses lunettes et d'une voix de reproche :
— Allons, voyons, Gilbert ! J'ai déjà discuté tout cela avec Denise, et ce sera la première des conditions qu'elle posera à son installation chez son grand-père.
— Vrai ? Oh ! je te demande pardon ! C'est que j'ai eu si peur de te perdre, tout d'un coup !
Elle narra l'entrevue en détail, pendant que la maman s'affairait à la cuisine pour le dîner. M me  Colson connaissait déjà l'histoire.
— Il m'a dit qu'il se faisait vieux et qu'il avait été malade récemment. Gravement malade, même. Le cœur... Alors, il avait fait un vœu. S'il guérissait, il me ferait rechercher, il réparerait le tort causé à son fils.
— Il savait donc où tu habitais, ce que tu faisais ?
— Oui ; d'après ce que j'ai compris, il n'avait jamais perdu...