La capture du Grand Maître
80 pages
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La capture du Grand Maître , livre ebook

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Description

L’Intelligence Service américain a intercepté un message destiné à un certain William Vauxhall, en Angleterre, et envoyé de New York par un membre de la bande du Grand Maître, le génie du mal aux cent noms et aux mille visages.


Prévenu, Daniel MARSANT, agent du Deuxième Bureau français, décide de se rendre à Londres pour réclamer l’aide de son ami le détective John Armstrong afin qu’il contacte le fameux Vauxhall, un excentrique et éminent entomologiste.


Quand Armstrong arrive chez le savant, il apprend que celui-ci a mystérieusement disparu...

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Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9791070039380
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

- 17 -

LA CAPTURE DU GRAND MAÎTRE
Récit policier

Claude ASCAIN
CHAPITRE PREMIER
ON DEMANDE M. VAUXHALL
 
M. Peter Bedford était assis à son bureau et signait posément les lettres que lui présentait un secrétaire, une à une. Il prenait son temps et dessinait un large paraphe. Le secrétaire séchait avec un tampon buvard. M. Bedford paraissait empli de componction.
Le pâle soleil d'hiver qui, par la fenêtre, venait jouer sur les papiers allumait, de temps à autre, un éclair dans le monocle vissé dans l'œil droit du directeur.
M. Bedford était à la tête d'une petite usine d'équipements électriques appartenant à M. William Vauxhall, son associé, mais c'était lui qui s'occupait principalement de l'affaire, M. Vauxhall étant déjà un homme assez âgé qui s'était contenté de fournir les fonds.
M. Bedford atteignait à peine quarante-cinq ans et s'efforçait de combattre l'obésité naissante qui le menaçait, en portant des costumes élégants et extrêmement ajustés. Il possédait d'assez belles dents, ce qui compensait, à ses yeux, les dégâts d'une calvitie contre laquelle il fournissait autant d'efforts que contre l'envahissement de son bedon.
Il s'interrompit dans sa besogne et releva la tête. Un coup venait d'être frappé à la porte. Le secrétaire se précipita, ouvrit et se trouva face à face avec un employé.
— Qu'est-ce que c'est, Skimper ?
— M'sieu Rolough... C'est un visiteur... Un monsieur Morton... Il voudrait voir M'sieu Bedford...
Le directeur, de son fauteuil, articula posément :
— Morton ? Connais pas... Il veut me parler personnellement ?
— C'est-à-dire, reprit Skimper, il a demandé M. Vauxhall... On lui a répondu que M. Vauxhall était absent. Alors, il a dit qu'il voulait parler à quelqu'un de la direction.
M. Bedford avait achevé ses signatures. Il frotta rapidement ses mains l'une contre l'autre dans un mouvement familier et murmura d'un ton égal :
— Bon, faites entrer... Rolough, vous pouvez vous retirer...
Le secrétaire quitta la pièce. M. Bedford se caressa le menton et attendit.
Un pas décidé se fit entendre et un homme de taille assez haute, portant la trentaine environ, vêtu d'un pardessus à ceinture et coiffé d'un feutre au bord légèrement rabattu sur les yeux entra, se découvrit et resta immobile.
M. Bedford s'était levé. Il désigna un fauteuil puis se rassit.
— Monsieur Morton, sans doute ?
— Oui, Monsieur. À qui ai-je l'honneur ?
— Je suis M. Bedford... Peter Bedford, directeur de l'usine...
Bedford avait laissé tomber son monocle au bout du ruban suspendu au premier bouton du gilet. Il le reprit et se mit à jouer machinalement avec le cercle de cristal. D'un coup d'œil, il avait évalué l'inconnu. Larges épaules, visage énergique, des yeux bleu-gris qui regardaient en face avec décision.
— Si j'ai bien compris, reprit Bedford, c'était M. Vauxhall que vous vouliez voir ?
— Oui... j'arrive de chez lui. Mais il n'y avait personne, en dehors de son domestique. J'ai appris qu'il vit avec sa sœur cadette, célibataire comme lui, miss Vauxhall et qu'elle était sortie, également. Je croyais le trouver ici, à l'usine...
M. Bedford eut un sourire vague.
— Non, murmura-t-il en replaçant le monocle dans son orbite, il ne vient pas souvent. C'est moi qui m'occupe de tout. Et particulièrement en ce moment, il...
Le directeur ne continua pas, et se mit à dévisager Morton.
— Vous ne savez pas, reprit ce dernier, à quelle heure on peut être certain de le trouver chez lui ?
— C'est que... voilà... Je...
M. Bedford semblait faire un effort pour coordonner ses pensées. Il questionna à brûle-pourpoint :
— Vous... vous êtes un ami de M. Vauxhall ?
— Mieux que cela, déclara Morton, je suis un de ses parents éloignés. Mon père était son cousin au deuxième ou au troisième degré, je ne sais plus au juste.
M. Bedford prit une décision soudaine.
— Dans ce cas, fit-il, je n'hésiterai pas à vous faire une confidence. Je ne sais pas où se trouve M. Vauxhall !... Et personne ne le sait davantage...
Morton eut un haut-le-corps. Bedford secoua la tête rapidement à plusieurs reprises et poursuivit :
— C'est étrange, monsieur Morton... Mais c'est ainsi... Voici plus de huit jours que M. Vauxhall a disparu sans donner signe de vie. Sa sœur et moi, qui étions habitués à certaines excentricités de sa part — ce n'est pas la première fois qu'il part subitement en voyage, sans prévenir personne — nous commençons à nous en préoccuper, car jamais, jusqu'à présent, il n'était resté une semaine sans fournir de nouvelles...
Morton était comme figé.
— En d'autres termes, il... il a disparu ? articula-t-il.
Un sursaut de M. Bedford, puis :
— Mon Dieu, oui... C'est presque une disparition... Et plus j'y songe, plus je me demande s'il ne lui est rien arrivé...
— Je comprends, maintenant, l'air quelque peu ahuri, pour ne pas dire davantage, du domestique de M. Vauxhall quand je lui ai demandé à quelle heure rentrerait son maître !
M. Bedford ôta son monocle une fois de plus. Il soupira. Son visage poupin exprimait une détresse qu'il ne cherchait pas à dissimuler.
Morton avait l'air nerveux. Il murmura sourdement :
— Pas de chance. Et moi qui arrive de New York spécialement pour le voir. Il faut faire quelque chose, monsieur Bedford ! Il faut le retrouver.
— C'est important, évidemment ?... émit M. Bedford qui ajouta, avec un pâle sourire :
— Tout est important, mais je faisais allusion au sujet de votre entrevue avec lui... Vous... hum... je...
— Oui, ce que j'avais à lui dire est très important... coupa brusquement Morton qui se leva et fit quelques pas dans la pièce, les mains au dos, le regard fixé sur le tapis.
Un coup à la porte. Tous deux regardèrent. C'était Rolough, le secrétaire de Bedford qui, du ton neutre dont il avait l'habitude, annonça :
— Miss Vauxhall est ici... Elle désire vous parler, monsieur Bedford. Je lui ai dit que vous étiez occupé et que...
Le directeur jeta un coup d'œil sur son employé, puis son regard rencontra celui de Morton. Il interrompit :
— Qu'elle vienne, Rolough... C'est un de ses parents qui me rend visite... N'est-ce pas, monsieur Morton ?
Miss Jane Vauxhall avait dû être jolie, quelque vingt ans auparavant. Elle en conservait des restes, la cinquantaine passée, malgré le flétrissement progressif qui est le tribut payé par les vieilles filles à la Nature. Elle se souvenait vaguement de Ralph Morton qui avait été emmené par son père aux États-Unis à l'âge de cinq ans et qui avait été élevé là-bas.
— M. Morton, ajouta Bedford, est revenu tout spécialement New York pour voir votre frère.
Les traits de miss Vauxhall s'animèrent et elle se mit à parler avec volubilité, s'adressant à Bedford.
— J'ai des nouvelles ! s'exclama-t-elle. Il m'a téléphoné hier soir.
Les sourcils de Bedford s'élevèrent en accent circonflexe, son visage exprima un contentement soudain et béat. Quant à Morton, ses yeux avaient brillé.
— Oui, reprit la vieille fille, le téléphone a sonné vers neuf heures, je me trouvais tout près, j'ai décroché, et c'est William, mon frère qui m'a parlé. Il m'a dit qu'il se portait très bien et qu'il ne fallait pas s'alarmer de son absence...
— Quand rentrera-t-il ? questionna ardemment Morton.
— La communication a été coupée... J'ai attendu, j'ai secoué le crochet, mais William ne m'a pas redemandée...
— Alors, vous ne savez pas pourquoi il s'est absenté ? fit Bedford.
— Non... Mais je suis bien contente tout de même. Cela me rassure. Il reviendra bientôt, j'en suis persuadée.
Morton lui lança un regard aigu. Une expression sarcastique apparut un instant sur ses lèvres.
— Vous êtes facile à contenter, cousine... marmonna-t-il.
Bedford se tourna vers lui.
— Et pourquoi ? lança-t-il.
— On ne sait pas où se trouve M. Vauxhall, on ignore tout de lui sauf qu'il est vivant, il a eu à peine le temps de prononcer quelques paroles sans donner le moindre renseignement palpable sur ce qu'il fait, et cela suffit pour rassurer ma cousine !
M. Bedford protesta avec vivacité.
— Si vous connaissiez les façons de ce vieil original, vous admettriez que miss Vauxhall a raison de ne plus s'alarmer, du moment qu'il a donné signe de vie. Il n'y a plus qu'à attendre, maintenant... Moi aussi, je crois qu'il sera là bientôt.
La conversation prit un tour plus dégagé. M. Bedford était un petit homme qui semblait professer l'optimisme.
— Allons, dit-il, M. Morton...

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