La chaleur de l’hiver
446 pages
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La chaleur de l’hiver , livre ebook

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Description

À l'âge de la retraite, Jean-Pierre Chatrain, un sociologue et ancien chargé d'études au ministère de l'équipement a fait le vide autour de lui. Libre et poussé par « l'amour du lointain », il décide d'accompagner un ancien étudiant à Madagascar. S'il tombe sous le charme de l'île merveille qui lui redonne le « goût de vivre », c'est surtout grâce à Faffa, une jeune femme prête à lui offrir « une belle parenthèse avant la mort ». Cependant, il règne au sein de la Grande Ile une situation économique et sociale pleine d'ambiguïtés, le système étant gangrené par l'ingérence et la corruption. L'auteur, cynique de nature, ne peut rester indifférent devant un tel spectacle, dont il tente de comprendre les raisons en parcourant le pays à la rencontre des expatriés d'abord puis des malgaches. De même, il est choqué par l'attitude méprisante de certains occidentaux envers la société malgache. L'argent, au cœur de toutes les relations, le renvoie sans cesse à son statut de « vazaha », comme les Malgaches désignent les étrangers. Après douze années d'allers-retours, de doutes et d'heureux moments partagés, il épousera sa princesse Mahafaly lors d'une cérémonie de mariage traditionnel qui lui permettra de découvrir des coutumes surprenantes.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 11 janvier 2017
Nombre de lectures 1
EAN13 9782334239592
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0097€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-23957-8

© Edilivre, 2017
« Il n’arrive d’histoire qu’à ceux qui savent les raconter »
Jean Paul Sartre
Une semaine à Tuléar et la tropicalisation a fait son chemin dans cette ville improbable, cité mirage où tout semble possible, même rajeunir ! Jean-Pierre Chartrain est à des années lumières de son passé, de ses amis, de ses enfants. Un homme nouveau en quelque sorte ! Tout est possible, ici les contraintes s’estompent, on est ailleurs, rien n’a plus vraiment d’importance…
Il confectionne, à l’intention de ses fils, ce petit message qu’il n’enverra pas.
« Je suis à Tuléar, ville de poussière et de chaleur, là où se termine la route asphaltée et où l’on rencontre des gens qui ne viennent de nulle part et qui ne savent pas où ils vont. Des épaves imbibées d’alcool s’arrêtent dans cette ville du bout du monde pour un instant ou pour une vie, et se perdent dans l’ambiance délétère du Zaza club.
Mais tout à côté de ce monde des touristes, des « vazahas-la-mouffe », et des épaves tropicalisées et pourtant invisible à leurs yeux, un autre monde existe que Faffa me fait entrevoir, immobile, en attente lui aussi. Pas accessible d’emblée pour celui qui arrive avec ses références d’occidental. Ce monde est celui de sa famille : j’ai vu la pauvreté digne, j’ai vu la misère qui met les larmes aux yeux et l’envie de donner sans poser de question. C’est aussi le monde des premiers occupants du terrain : les Mahafalys dont les tombeaux bornent les frontières entre la vie et la mort.
Image évocatrice jusqu’à la caricature : les pousse-pousse trait d’union entre ces deux mondes vont et viennent sans relâche au gré des clients. Tirés par de petits hommes secs et musclés qui trottinent et transportent pour quelques monnaies, des clients gros et gras qui transpirent à grosses gouttes, ou quand la demande tarit, ils stationnent à l’ombre rare. Mais dans ce non-lieu où la torpeur ambiante ne procure qu’une seule envie, celle de ne rien faire, ma seule envie à moi ce fut Faffa »
Et dans l’avion en se rapprochant de la France, il se remémorait cette obstination tenace de Faffa à vouloir se marier.
– « Chéri pourquoi tu ne veux pas te marier avec moi ? »
– « Mais je suis trop vieux… Je serai bientôt dans une petite chaise roulante »
– « Mais non, tu es bien ! Mariés pour quatre à cinq ans chéri, c’est ça la vie, un peu de bon temps ! »
L’insistance de cette demande l’embarrassait.
Comment cette rencontre inespérée pouvait-elle se terminer ?
Il excluait d’emblée un scénario catastrophe N°1 : « Chéri, tu as deux garçons, je pourrais te faire une fille ? » et il se remémorait comme un avertissement la scène entrevue au restaurant de Tuléar. Un vazaha 1 déjeunait avec son amie « enceinte jusqu’aux yeux ». Pas un mot, la tension était perceptible. Et tout à coup la femme partit en laissant en plan son compagnon vazaha avec les plats servis sans les toucher. C’était exactement ce genre de situation qu’il voulait éviter !
Il se considérait trop vieux pour envisager le scénario N°2 : le mariage civil. Il avait eu l’occasion d’épuiser les joies que procure la routine du mariage.
Le scénario N°3 : le mariage traditionnel, malgré son intérêt anthropologique, ne le tentait pas non plus. Bien sûr Faffa était une princesse ! Et la fête devrait être prévu en conséquence. Chez les Mahafalys 2 : le futur marié devait acheter un gros zébu. Celui-ci était égorgé, un trait de sang était tracé sur la tête des mariés et chacun devait en boire un peu. Il fallait aussi au moins quatre caisses de bière, deux de coca, du rhum, du bourbon et une caisse de bonbon anglais !
Aussi c’était le scénario N°4 : une fin en queue de poisson, qui avait sa préférence. Un jour, Faffa allait se marier avec un vazaha de rencontre. Et lorsque Jean-Pierre reviendrait à Madagascar, elle demeurerait introuvable…
1 . Ainsi sont désignés les étrangers par les Malgaches
2 . Nom d’une des ethnies de Madagascar
La retraite
A l’heure de la retraite Jean-Pierre Chartrain se trouve dans un service du Ministère de l’Equipement, qui réunit des experts de diverses spécialités dans le domaine des transports et de l’urbanisme. Dans les administrations que ce soit la Police ou l’Equipement, les pots rythment la vie quotidienne des services pour les naissances, les promotions, les décorations ou les départs. Lorsque ces administrations perdent leurs objectifs ou leur raison d’être, ces cérémonies, dûment orchestrées, prennent encore plus d’importance dans la mesure où elles permettent de conforter le sentiment d’appartenance à l’organisation.
Il est donc inévitable qu’une quinzaine de jours avant ce départ à la retraite, il offre le traditionnel pot à ses collègues qui ont péniblement réussi à collecter une somme modique pour faire le non moins traditionnel cadeau, qu’ils ne seront d’ailleurs pas en mesure de lui offrir, vu la modicité de la somme recueillie ! Il faut dire que, seul, face à la boîte qui passe, un moment de honte s’oublie et l’obole indispensable, se réduit à peu de chose, du fait des contingences de chacun. Bref, avec la complicité de l’anonymat, on fait le geste, mais de façon plus symbolique que substantielle. Trente ans passés dans l’administration lui ont permis de bien connaître les petites grandeurs et les lourdes servitudes de ses collègues fonctionnaires, aussi n’en conçoit-il aucune aigreur.
Pour ce pot de départ il a préparé ce petit discours.
Chers amis,
Je suis arrivé à la fin de l’album « Tintin au pays des certitudes » !
« Le sociologue est bien celui qui de sa fenêtre se regarde passer dans la rue » et par ailleurs je me flatte de développer une certaine lucidité qui me pousse au cynisme et qui a parfois tendance à s’attacher au côté dérisoire des choses. Aussi, je voudrais vous faire profiter de ce regard décalé, que je porte sur cette organisation qui m’a accueilli lors de ma fin de vie professionnelle. Je suis à la fois un ancien de l’Equipement et, malgré tout, je reste un peu en en marge de l’institution. J’y ajouterai une pincée de candeur et un zeste de naïveté, j’allais dire de bonté (en effet mon andropause me donne des bouffées de bonté !). Décalé de trois façons :
Décalé, d’abord, parce que je suis contractuel au milieu de fonctionnaires ; un mercenaire au milieu des réguliers de l’administration. Ce statut fait, que j’ai privilégié quelques ambitions intellectuelles et abandonné toutes prétentions de carrière administrative. En effet, si on retrace ma carrière on s’aperçoit qu’elle est en forme de cloche ! J’ai commencé chargé d’études et j’ai fini au poste de chargé d’études ici. Entre temps, je fus chargé de missions, chargé de recherches, Inspecteur Régional des Transports, directeur d’études, enseignant-chercheur. De contractuel marginal, je fus propulsé d’une situation sans lustre particulier à un poste en vue d’Inspecteur Régional des Transports, disposant d’une délégation de signature du préfet et chef d’un service de 22 personnes. Sans conteste c’est dans ce poste de « fonctionnaire d’autorité » que j’atteignais le sommet de la courbe !
Décalé ensuite, parce que, comme sociologue ; je suis un représentant des sciences sociales, dans un monde d’ingénieur et de techniciens, au milieu des sciences dures. Pour désigner les sciences sociales, dans ce ministère, ne parle-t-on pas des « sciences molles », ce qui n’est pas forcément un compliment dans cet univers très masculin ! Je prônais plutôt les méthodes qualitatives et je pratiquais l’entretien et l’analyse de contenu dans ce monde légitimé par l’étude chiffrée et le culte de la statistique. Certes j’aurais pu me contenter d’un rôle de sociologue « pot de fleur », décoratif. Mais, quelque peu têtu, j’ai cherché obstinément à faire de la sociologie, à faire entendre ma différence. Dans ce grand orchestre, sur le rythme lent imposé par la grosse caisse de l’expertise, je fis entendre ma petite musique de sociologue. Certains ont pu penser que je jouais du pipeau, certains m’aimèrent pour mon rôle légitimant, peu remirent en cause certaines de leurs pratiques et un petit nombre devait me montrer une hostilité ironique !
Décalé enfin, parce que je possède un métier dans un monde où c’est la carrière qui compte. Je revendique en effet l’exercice du métier de chargé d’étude, comme il y a un métier d’ingénieur, de professeur, de traducteur… Ici chargé d’étude ça fait un peu pauvre, on préfère la mention : chargé de mission, directeur d’études, ou chef de projet ! De ma formation aux sciences politiques, il me reste un petit fond de commerce, « L’évaluation des politiques publiques ». J’ai peu passionné sur ce sujet mais, à force d’opiniâtreté, j’ai pu écrire un ouvrage. Je pense que l’on commencera à s’y intéresser lorsque je serai parti !
Que penser de ce dernier port d’attache professionnel le SERTU 3 ?
La première impression est celle d’une armée mexicaine qui ferait fonctionner le moulin de maître Cornille ! Des collègues sympas, une hiérarchie quelque peu pléthorique, mais bon enfant. Attention ce n’est pas le Far-West ! L’activité sinon les comportements y sont parfaitement normés. A l’aide de nombreux outils de régulation et de béquilles informatiques en tout genre, cadrage et formatage sont les deux mamelles indispensables de l’activité des professionnels !
J’ai pu toucher du doigt, dans ce ministère, le monde merveilleux, codifié façon technocrate : après, les ZUP, SDAU, POS, ZIRST, désormais on met en place les PADD, PDU, SCoT, PLU… Certes, c’est très rationnel tout cela mais est-ce bien raisonnable ?
Ici, on est dans un groupe, mais on travaille seul. J’ai beaucoup entendu parler de transver

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