La conscience tranquille
68 pages
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La conscience tranquille , livre ebook

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Description

10 janvier 2017, Marta est abattue d’un coup de fusil. Dix-huit jours plus tôt, elle retrouvait sa famille pour passer le réveillon de Noël, quand tout a dérapé...


Qui va tuer la flamboyante Marta ? Qui va finir par mettre un terme à ses frasques, ses manigances et ses ravages ? Les suspects ne manquent pas, ni les motivations, ni les occasions. Ce qui est sûr, en revanche, c’est que tout est question de conscience.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2022
Nombre de lectures 1
EAN13 9782414591725
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér par Edilivre
Immeuble Le Cargo, 157 boulevard Mac Donald – 75019 Paris
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-59172-5

© Edilivre, 2022
Prologue Pour la peine
— Regarde-toi. Bien en face !
J’exécute. Je fixe mon reflet. J’attends sans réagir… à quoi bon résister ? Cette issue est grotesque. Une farce, rien qu’une triste farce, de ma faute.
Je suis désolée…
Le tir fracasse le silence et l’obscurité. Il me surprend. Il suspend le temps, l’espace furtif d’un dernier remords, et met fin à mes tourments. Dans un souffle inaudible, de stupeur, ma bouche se fige.
À l’autre bout du fusil, mon bourreau ne fléchit pas. Cramponnés à la crosse, ses doigts ne tremblent plus. C’est fini. Il décolle le canon fumant de mon cuir chevelu, essuie d’un revers de manche le liquide poisseux qui voile ses yeux, et me voit vaciller pour m’écrouler face contre sol, raide morte.
Satisfait, il regarde le trou béant qui orne l’arrière de mon crâne, avant de quitter les lieux comme il est venu. Comme un voleur.
Acte 1 La mémoire consciente
18 jours plus tôt
Équipé de quatre roues motrices, le roadster allemand tenait parfaitement la route, même sur les chemins enneigés de ma campagne natale. J’arrivais enfin à Combles-en-Barrois, charmant et typique village lorrain , selon les promoteurs immobiliers du coin. Au fin fond de la Meuse, certes, mais là où les golfeurs venaient de toute la région pour profiter du magnifique green de son parcours dix-huit trous.
En cette veille de Noël, la commune avait orné ses rues de décorations lumineuses. Guirlandes blanches scintillantes. Étoiles bleues clignotantes. J’avais beau faire appel à mes souvenirs de gamine, le réveillon en famille ne m’enchantait guère. Mon humeur maussade avait décidé de s’incruster à la fête, et surtout, mon cœur ballotait entre sentiments contradictoires. Pour commencer, j’étais frustrée de me priver de Guillaume pendant plusieurs jours, en même temps, j’avais hâte de partager ma nouvelle idylle avec les deux cousines. Elles allaient certainement baver de jalousie devant les clichés volés de mon Apollon, soigneusement sélectionnés pour l’occasion. Ensuite, j’allais devoir supporter les membres parasites de la famille, qui chaque année, mettaient tout en œuvre pour gâcher mes retrouvailles parentales. Ils ne le faisaient même pas exprès ! C’était le tarif si je voulais voir mes parents, satisfaire ce besoin impérieux de puiser dans leur regard, l’amour inconditionnel et l’admiration sans bornes qu’ils me vouaient.
Ma fille , insistait mon père, comme si la filiation n’était pas évidente. De fait, j’avais le physique de ma mère, sa plastique de mannequin de plage, tout en courbes et en longueur, accrocheuse, efficace. Merci, maman . Mon père tenait davantage du bûcheron, viril et épais, il s’était contenté de me transmettre son caractère de pioche. Merci, papa . Avec un tel héritage génétique, rien ne pouvait me résister. Parfaitement consciente de mes charmes, je les mettais savamment en action grâce à la méthode bien rodée qui consistait à aguicher pour refroidir aussi sec. Je savais bouger, onduler des hanches tout en affichant la moue boudeuse de celle à qui tout sourit, faute de sourire elle-même. Avec cette assurance sans faille que certains qualifiaient d’arrogance, j’abordais la vie comme on entre sur scène, comme une diva. Professionnellement, je profitais d’une situation des plus rentables en dirigeant ma propre agence de rencontres. J’occupais un appartement en ville, coquet et spacieux, où je donnais des réceptions mémorables. Côté relations, Guillaume assurait aussi bien pour satisfaire mon ego que ma libido, et je disposais d’une flopée d’amis fêtards qu’il me tardait de retrouver bientôt, pour le réveillon de la Saint-Sylvestre. En attendant, je devais faire bonne figure et affronter les intrus qui tapaient l’incruste chaque année pour me pourrir mon Noël en famille.
Arrivée devant la demeure parentale, je garai mon bolide en vrac et m’annonçai à grands coups de klaxons, quitte à alerter tout le voisinage. J’imaginais qu’on viendrait prestement m’accueillir et me prêter main-forte avec mes bagages, mais je dus vite me rendre à l’évidence : nul n’était disposé à sortir ou tous étaient devenus sourds comme des pots. Après avoir manqué de m’étaler dans le bourbier de neige souillée, j’entrepris d’ouvrir mon coffre tout en pestant contre le manque de civilité de mes convives. Comme si l’on pouvait commencer les festivités sans moi !
Cela dit, j’aurais dû m’y attendre… Inutile de compter sur Alex, mon fainéant de cadet, arrivé sans doute depuis plusieurs jours pour profiter des bons soins de maman. Inutile non plus de compter sur mes deux tantes mégères, que je m’efforçais de supporter pendant la trêve de Noël. Quant à mes deux cousines germaines, elles devaient m’attendre au chaud et en chaussons, boudinées dans leur tenue de réveillon. Je les savais impatientes de me retrouver, surtout l’ainée, la brave Véro qui prétendait qu’on était sœurs, pour en faire des caisses à chacune de nos retrouvailles… Personne n’était dupe, nous étions physiquement à l’opposé. Je ne lui en tenais pas rigueur, vu l’adolescent pénible qu’elle se coltinait en guise de frère. Le jeune Vincent faisait clairement partie des indésirables mais je devais admettre qu’il me servait aussi de cousin souffre-douleur. Mes oncles étaient sympas, je n’avais pas plus d’affinité avec eux, ils avaient au moins le mérite d’endurer mes tantes. Quant aux cousins par alliance, je connaissais par cœur Ludo, le mari de Véro, on se fréquentait depuis l’époque de la fac. Je voyais l’autre à l’occasion des réunions familiales. Thierry était comme un personnage secondaire qu’on ne calcule pas, mais dont la présence alimente le décor. Mon père était sûrement occupé au salon à trinquer avec les hommes, tandis que ma mère était sans doute en cuisine à tartiner les incontournables toasts du réveillon, aidée de ses sœurs et des cousines. Je les imaginais bien en train de caqueter tout en surveillant d’un œil leurs progénitures, les deux derniers avortons de la famille qui nous avaient boutés hors de la classe des petits. Ils bénéficiaient depuis lors de privilèges que je jalousais en secret, notamment celui de glander sur le canapé devant la télé, pendant que les grands se crevaient à la tâche des préparatifs. C’était d’ailleurs l’une des raisons qui m’avaient empêchée d’arriver plus tôt, ma manière d’échapper aux corvées, comme les mouflets !
Quoi qu’il en soit, personne n’était là pour m’aider et je peinais à extraire mon sac de voyage, me maudissant d’avoir apporté une tonne d’affaires inutiles : vêtements, chaussures et maquillage… alors que j’allais certainement passer les trois prochains jours dans le même jeans informe mais confortable, à traîner en chaussettes et sans mascara dans la maison de mon enfance.
— Salut, ma vieille !
Le jeune cousin se tenait sur le perron, sans doute pour griller une clope en douce, et ne bougeait pas d’un iota.
— Surtout, ne viens pas m’aider, grommelai-je en lâchant lourdement mon sac à terre.
— Pourquoi ? ricana-t-il, t’es pas accompagnée cette année ?
— Non, pas cette année, viens m’aider !
— S’il-te-plait-Vin-cent, minauda-t-il en appuyant chaque syllabe.
— S’il te plait, Vincent, repris-je sans conviction, veux-tu bien venir m’aider à porter mes bagages ?
Il ne perdait rien pour attendre, ce petit con… Après une pause affectée, il daigna finalement me rejoindre en roulant des mécaniques, histoire de gonfler sa maigre carcasse dégingandée. Son visage pâle d’ado boutonneux me fila un haut-le-cœur mais je le laissai me claquer une bise sur la joue. Il se contenta d’attraper deux sacs en papier, larges mais légers, et s’empressa de rentrer en alertant les troupes : « y a Marta qu’est là ! ». Mon père accourut aussitôt à mon secours. Enfin. J’eus droit à son étreinte de bûcheron, puis il me souleva d’un bras, mes lourds bagages de l’autre, pour nous ramener au pas de charge à l’abri, comme le bon-papa ours qu’il était. Il déposa mon fatras dans le hall d’entrée et commença son interrogatoire paternel, qui consistait à me mitrailler de questions. Il avait peu de temps avant que ma mère rapplique et monopolise le terrain…
— Ça roulait bien ? Pas trop de neige sur la route ? Tu es seule ? Jérémy n’est pas là ?
— Guillaume ! en profitai-je pour l’interrompre, c’est Guillaume et non, il n’est pas là.
Je soupirai lourdement, pour la forme, parce que dans le fond, j’étais trop heureuse de retrouver le parfum de chez moi. Je fermai les yeux pour mieux m’enivrer de ce doux effluve teinté de miel et de pain d’épices, subtilement mêlé au Numéro-5 porté par ma mère. Sa fragrance imprégnait la moindre parcelle de la maison, la moindre étoffe, le moindre courant d’air. Ma madeleine à moi était bien plus puissante que celle de Proust. Elle me transportait loin, très loin, au temps des rase-mottes, à l’âge où je rampais encore sur le sol, tentant d’échapper à ce fichu parc où l’on me cantonnait pour avoir la paix. Moi, je voulais explorer mon royaume, et surtout cet endroit où maman s’enfermait des heures pour créer ces odeurs merveilleuses, de caramel, de compotes de fruits, de poulet grillé… Jérémy, celui qui s’occupait de ma libido avant Guillaume, soutenait que c’était impossible ! Soi-disant qu’avant l’âge de deux ans, un enfant ne gardait pas de souvenirs conscients. Quel rabat-joie ! Je ne l’avais pas inventé tout de même ! Il avait beau être un pédopsychologue reconnu, Monsieur Je-sais-tout avait tort sur ce coup-là : je me souvenais parfaitement de ce couloir, de mon nez à deux centimètres du carrelage froid, de cette foutue grenouillère en éponge jaune moutarde dans laquelle j’étais engoncée

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