La curieuse affaire Mansfield
76 pages
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La curieuse affaire Mansfield , livre ebook

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Description

Jack DESLY, gentleman cambrioleur, est en repérage dans un palace quand il remarque le manège de deux individus louches abordant un des clients.


Immédiatement, il suspecte des aigrefins à la recherche d’un pigeon à plumer.


Bientôt, le trio part dîner.


Pourtant, Jack DESLY est étonné, peu de temps après, qu’un des escrocs revienne récupérer les bagages de la « victime ».


Poussé autant par la curiosité que par l’espoir d’un profit, Jack DESLY, ayant appris que les valises ont été portées dans une pension de famille, décide d’y louer également une chambre.


Quelle n’est pas sa surprise de constater que « voleurs » et « volé » habitent l’établissement et sont devenus très amis...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 1
EAN13 9791070036983
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

- 14 -

La curieuse affaire Mansfield
Récit policier

Claude ASCAIN
CHAPITRE PREMIER
UN JEUNE HOMME TROP CONFIANT
 
C'était l'heure de l'apéritif. La journée avait été très belle. Un mois d'août comme les Parisiens n'en avaient pas goûté depuis longtemps et qui faisait savourer la capitale à ceux qui n'avaient pas fui vers les plages.
Jack Desly était assis dans le hall d'un palace cosmopolite. Sol dallé, ventilateurs puissants, musique agréable, consommations parfaites. Confortablement installé dans un fauteuil de rotin, les jambes croisées, il laissait fondre la glace dans son verre rempli d'un liquide vivement coloré.
De temps à autre, il tirait une bouffée de la cigarette qu'il tenait entre ses doigts.
Tout, dans son attitude, dénotait la rêverie.
En réalité, il était fort attentif. Une petite scène qui se déroulait non loin de lui suscitait son intérêt.
C'était de l'autre côté d'un piédestal supportant une énorme plante verte en pot.  À deux pas de sa table. Il pouvait voir les personnages entre les larges feuilles exotiques.
Un quart d'heure auparavant, un homme était arrivé et s'était assis, réclamant un cocktail avec un fort accent britannique.
Jeune — vingt-cinq ans environ, à ce qu'en jugea Desly — le visage tanné, les yeux d'un bleu très clair, les cheveux blonds. Costume sport, en flanelle un peu fatiguée.
— Un colonial anglais, se dit Jack, qui possédait beaucoup d'observation et d'expérience.
Il connaissait admirablement la langue de Shakespeare. Tout de suite, l'intonation de l'autre lui avait donné à penser que ce devait être un Australien ou un originaire de l'Afrique du Sud. Mais, en aucun cas, un habitant des bords de la Tamise, encore moins un Yankee. Il en était sûr.
Mais ce n'était pas cela qui l'intéressait actuellement. Un autre homme était arrivé, paraissant chercher une place. Il adressa la parole en anglais au consommateur en costume de flanelle, pour demander la permission de prendre une chaise.
Remerciements, silence, puis nouvelle question et, finalement, amorce de conversation.
— Le procédé habituel... sourit Jack.
Il ne doutait pas que le nouveau venu ne fût un aigrefin en quête d'un pigeon à plumer. Tricheur aux cartes ou escroc spécialiste du vol dit « à l'américaine ».
— Nous allons voir entrer en scène le complice indispensable, se dit encore Desly.
Comme si le hasard n'avait attendu que cette prophétie pour l'exaucer, on entendit une exclamation de surprise joyeuse, parfaitement imitée, le troisième individu nécessaire pour compléter la scène surgit, serra la main du second, on échangea des paroles animées et il s'installa.
Le jeune homme au visage bronzé n'avait pourtant pas l'air d'un naïf, pensa Jack. Et dire que des comédies analogues, toujours basées sur le même thème, se déroulaient chaque jour, dans les grandes villes européennes, au détriment de victimes trop confiantes !
Jack Desly n'était pas un moraliste. Loin de là. À ne rien vous celer, il n'y avait pas grande différence entre les occupations des deux individus attablés avec leur futur gibier et les siennes.
Lui aussi vivait aux dépens d'autrui, en marge des lois. Mais il y avait la manière. Et celle de Jack Desly était exquise. Un gentleman-cambrioleur, autant gentleman et peut-être même davantage que cambrioleur. C'était tout dire.
Les propos qu'il entendait de l'autre côté de la plante verte achevèrent de le fixer. Les deux obligeants — trop obligeants Londoniens, tirés à quatre épingles — offrirent à leur nouvel ami de le piloter dans Paris, afin — comble de l'ironie ! — de lui épargner les risques de tomber entre les mains de gens sans scrupules.
Il venait d'entendre les présentations.
Le jeune homme avait décliné son nom :
— Edward Mansfield, de Capetown... Je viens d'arriver en Europe...
— Enchanté... Je m'appelle John Pyle... Et mon ami est Billy Ruggles. Nous habitons Londres. Nous sommes à Paris pour quelques jours.
Jack Desly ne s'était donc pas trompé en assignant à Edward Mansfield une origine coloniale.
Le trio se leva. Desly, avec beaucoup de naturel, quitta également sa table et se dirigea vers la sortie de l'hôtel qu'il atteignit sur les talons de ses voisins.
— Nous dînons ensemble, bien entendu, proposa John Pyle.
Et, sur la réponse affirmative du Sud-Africain, il chargea le chasseur aux boutons dorés de quérir un taxi.
Jack entendit l'adresse du restaurant. Puis la voiture fila après un savant virage.
— Et demain ou après-demain, monologua-t-il, je verrai dans mon journal un entrefilet de quelques lignes ayant trait à la bêtise d'un dénommé Edward Mansfiefd qui... Tant pis pour lui, après tout... On n'a pas idée de se lier ainsi avec les premiers venus...
Il fit quelques pas dans la rue et, brusquement, tourna sur ses talons, rentra dans le hall du palace, obliqua vers le bureau des informations et stoppa devant le comptoir miroitant de vernis.
—  Mister Edward Mansfield, please ? demanda-t-il.
L'employé — polyglotte comme il convient — chercha dans son registre et annonça :
— N° 435... Vous désirez lui parler ?
—  Yes... Annoncez M. James Hillings, if you please...
Un appel téléphonique, une demi-minute d'attente, et l'employé déclara d'un ton indifférent :
— Pas de réponse... M. Mansfield doit être sorti... Ah, en effet... Je vois la clef au tableau... Vous avez une commission pour lui ?
—  No... Pas particulièrement... Je reviendrai... Thank you...
L'employé était déjà accaparé par d'autres personnes. Jack s'éloigna comme s'il gagnait la sortie, mais bifurqua, traversa un grand salon de lecture, se retrouva dans le hall dallé où il avait été installé peu de temps auparavant, gagna les ascenseurs et se fit arrêter au troisième étage.
Il se rendait tranquillement au n° 435, puisqu'il savait que Mansfield était en compagnie des deux individus qui ne le lâcheraient pas de sitôt. Tout ce qu'il avait désiré était le numéro de la chambre.
La petite trousse d'instruments nickelés qu'il possédait prouva une fois de plus son utilité. Après quelques brefs essais, il trouva ce qu'il lui fallait pour ouvrir la porte sans effort.
Il avisa tout de suite deux grosses valises dans un coin.
— Qui sait si, après tout, il n'a pas laissé son argent là-dedans ?
Il eut un rire silencieux à la pensée que John Pyle et Billy Ruggles se donnaient peut-être beaucoup de peine pour rien.
Il se redressa vivement. Des pas se faisaient entendre dans le corridor. Ils étaient étouffés par le tapis, mais l'oreille exercée de Jack savait déceler le moindre bruit.
D'un bond, il se jeta derrière le lit et s'accroupit dans la ruelle. Les pas s'étaient arrêtés devant la porte. Une clef fut introduite dans la serrure.
Il était temps... Jack avait failli se laisser pincer bêtement.
L'homme entra en sifflotant. Jack, qui guettait par un interstice entre la tête du lit et le mur, reconnut un garçon d'étage.
L'employé ne resta que peu de temps dans la chambre. Desly comprit ce qu'il y était venu faire.
Le garçon avait pris les deux valises et les emportait !...
— Bredouille, murmura Jack avec dépit. Le Sud-Africain quitte l'hôtel... Que s'est-il donc passé ? Il s'est débarrassé des deux compères ?
Ce ne fut qu'un jeu pour le gentleman-cambrioleur de se retrouver dans le corridor après le départ de l'importun. Il se hâta vers l'ascenseur qui le déposa au rez-de-chaussée.
Près du bureau des informations se trouvait celui qui avait déclaré se nommer Billy Ruggles. Jack pinça les lèvres.
— Tiens ! Tiens !... Plus malins que je le croyais, ces deux-là...
Il ne lui était pas difficile de reconstituer les événements.
— Pendant que Pyle amuse Mansfield, l'autre est venu rafler les bagages, soi-disant de sa part...
Ruggles venait de régler les frais et de donner une lettre signée Edward Mansfield, priant le « Cosmopolit-Hotel » de délivrer ses valises au porteur. Tout était en règle.
— C'est donc un fait acquis que les valises contiennent quelque chose d'intéressant, jugea Desly.
Il n'allait pas les laisser échapper ainsi, il fallait tenter quelque chose. Le temps pressait. On était allé chercher un taxi pour Ruggles. Le cerveau de Jack travailla rapidement.
Il se précipita dans l'une des cabines téléphoniques du palace. Vite, un numéro. Celui du restaurant où dînaient Pyle et Mansfield.
...

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