La gamine au pull-marine , livre ebook

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Charlotte aura quinze ans dans dix jours. Elle va devoir d’ici là batailler contre sa mère pour satisfaire la dernière sordide volonté de son père. Elle va devoir aussi lutter contre les intempéries de l’automne et s’arranger de deux tantes que tout semble opposer, mais qui partagent un sens de la famille qui leur est personnel.
Charlotte va rencontrer des silhouettes fantomatiques qui sont des traces nauséabondes du passé peu glorieux de son père, et un jeune homme au destin pas si éloigné qu’il y paraît du sien.
Le soir du 20 novembre 2004, tout bascule pour une famille qui semble être honorable, unie, calme et discrète, mais qui s’avère être liée de près à une terrible Organisation. Cette dernière n’hésite pas à sacrifier des enfants pour combler la soif de sang et de sexe extrême de quelques notables.
Bernard, le père de famille exemplaire, décide ce soir-là qu’après sa mort, il continuera à sa manière de vivre « tout proche de sa fille ». Peu importe si cela revient à la faire tenir debout sur un fil étroit : seuls les déséquilibrés chutent.
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Publié par

Date de parution

07 mai 2018

Nombre de lectures

3

EAN13

9782312058573

Langue

Français

La gamine au pull-marine
Éric Baisson
La gamine au pull-marine
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
© Les Éditions du Net, 2018
ISBN : 978-2-312-05857-3
Un enfant orphelin de père continue parfois de marcher sur la plage en laissant quatre traces de pas derrière lui.
La mort du père
Le gazon qui entoure la maison des Dela est humide en cette nuit du 20 novembre 2004 : la pluie glacée, bien de saison, fait miroiter toutes les rues et tous les trottoirs de La Rochelle. Le front de Bernard est brûlant de fièvre. Sa sueur humidifie les draps de son lit déjà souillés de son urine et de ses excréments. Bernard est sidéen. Le sida l’affaiblit terriblement. Ce soir, seuls ses yeux bleus bougent de droite à gauche et de bas en haut, comme s’ils cherchaient une échappatoire. Il est en compagnie de Justine, sa sœur cadette. Celle-ci forme, avec quelques membres de la belle-famille de Bernard et sa femme, un demi-cercle autour du lit funèbre. Personne ne pleure ni ne souhaite la mort du malade. Tous savent que celui qui est en train de vivre ses derniers instants est un sale type. Surtout sa femme, Magali. Elle a souffert plus que quiconque et plus que son mari depuis le jour où celui-ci a contracté la maladie. Sa maladie à elle, c’est lui  !
Bernard n’a jamais été un modèle de fidélité, si ce n’est à sa cruelle devise : morceau avalé n’a plus de goût ! Il trompait régulièrement sa conjointe avec des prostituées, des femmes faciles (après une nuit de beuverie), ainsi qu’avec sa propre sœur… Celles qui sont le plus à plaindre sont ces malheureuses qui étaient plus dotées d’un fœtus que d’un cerveau. Elles sont souvent tombées enceintes et leur amant ne répondait plus de rien quand il avait distribué la semence espérée. Bernard traîne sa maladie depuis près de quinze ans, du moins c’est ce qu’il a toujours affirmé. Il l’aurait contractée lors du voyage de noces qui avait suivi son union avec Magali, en mai 1989. Durant ce séjour en Thaïlande, Bernard s’était goinfré, selon ses propres termes, de viande fraîche, c’est-à-dire d’adolescentes miséreuses de là-bas. Il avait délaissé sa femme enceinte de quelques mois dans leur chambre d’hôtel et s’était éperdument moqué de savoir si elle profitait de la culture et du soleil de ce pays.
Bernard et Magali sont parents d’une fille prénommée Charlotte . Elle porte ce prénom, car son père était allé la déclarer à la mairie de La Rochelle en écoutant à tue-tête, dans sa voiture, une cassette audio du groupe anglais Iron Maiden , où figurait, entre autres, le titre : « Charlotte the Harlot ». Magali aurait préféré Cathéine , une Catherine , sans en avoir l’air… La bande qui tournait ce jour-là dans l’autoradio en avait décidé tout autrement…
Charlotte est née le 30 novembre 1989 et va fêter ses quinze ans dans dix jours. Par miracle, elle a évité la contamination. Tout comme sa mère que Bernard ne touche guère plus depuis la venue au monde de leur enfant. Magali ignorait tout de la maladie, comme son mari du reste. Comme des milliards de personnes à l’époque. Après l’accouchement, Bernard avait plus rendu visite à sa fille qu’à sa femme. Il avait offert des peluches à son enfant. Sa femme avait dû se contenter de ses remarques déplacées sur sa mine, ou sur son physique mis à mal par la grossesse. Un jour, lors d’un de ses passages, Bernard avait pris son enfant dans ses bras et avait profité d’un moment d’inattention de Magali pour poser le bout de ses doigts sur la bouche du bébé, puis sur de tout autres lèvres…
Chaque degré de fièvre symbolise, sous forme d’échelons, le mal que Bernard a fait aux femmes en général et à la sienne en particulier. C’est dire s’il dévale un escalier infini ! Allongé sur son lit, Bernard semble dans l’impossibilité de faire maintenant le moindre tort à qui que ce soit. Surtout pas au virus qui le ronge. C’est mal connaître Bernard . C’est avant tout sous-estimer l’amour que lui porte sa fille unique, du moins officiellement, la seule qu’il a reconnue. Bernard va assurer son immortalité par le biais de celle-ci.
Un soir où Charlotte avait six ans.
– C’est maintenant que tu rentres ?
– Ta gueule, sale pute !
– Ta fille ne dort pas : elle te réclame !
– C’est bon, j’y vais.
Bernard avait rejoint son enfant dans sa chambre et l’avait endormi en moins d’un quart d’heure. Charlotte posait déjà à l’époque sur son père les yeux de l’amour. « Faire l’amour » avec lui n’a jamais été un problème pour elle. Bien au contraire, l’ennui va venir du fait qu’il ne pourra bientôt plus la « combler de bonheurs »…
Bernard sait qu’il va mourir cette nuit. Depuis quelques jours, l’excitation de sa fille lui rappelle que son anniversaire est tout proche. Il est conscient que sa progéniture a devant elle quelques décennies d’existence. C’est plus de temps dont il a besoin pour détruire celle de sa femme. Lors d’un ultime tête-à-tête avec sa fille, il va lui transmettre quelque chose de plus virulent que le virus qui le ronge : ses dernières volontés !
De son lit, Bernard parle avec sa femme. Ils semblent étrangers l’un à l’autre. Une photo trône au-dessus du lit paternel, jadis parental, qui laisse imaginer un bonheur et un amour passés. Elle était si brune et lui si brun ! Tant de poussières tombées depuis sur ces deux chevelures…
– On s’est aimés tous les deux, hein ! Ta fille, tu la voulais ! dit Magali.
– Parle pour toi ! réplique sèchement Bernard. Oui, ma fille, je la voulais, moi !
– Je la voulais aussi !
– Pas autant que moi ! Et pas pour la même raison ! Moi, je la souhaitais pour qu’elle te remplace le moment venu.
– Salaud ! Tu te rends compte de ce que tu dis ? Nos familles sont là, elles t’écoutent !
– Moi qui étais persuadé qu’elles préféraient ne rien voir et ne rien entendre…
– Tu ne l’auras pas ! Pas elle ! Pas ma fille !
– MA fille !
– Oui, TA fille ! La mienne aussi ! Notre fille, putain !
À cet instant, ce n’est guère l’envie de frapper son mari qui manque à Magali, mais le courage d’être aussi lâche que lui.
Quelque peu gênée aux entournures – pas facile d’accepter d’entendre tout ce que l’on n’a jamais voulu savoir –, toute la parenté préfère quitter la chambre. Elle laisse Magali entre les griffes d’un animal qui est blessé et affaibli, mais pas encore mort. Elle attend maintenant patiemment dans le couloir sans manquer de continuer d’écouter la conversation du couple qui se déchire. Parmi ces familiers se trouvent les frères et sœurs de Magali, quelques cousines et vieilles tantes de Bernard, et la sœur cadette de celui-ci. Charlotte sort de sa chambre et retrouve tout ce beau monde. Elle est à la fois heureuse que tant de personnes de la famille soient réunies (c’était si rare !) et soucieuse de la mine triste de chacune d’entre elles. Elle devine, dans tous ces regards qui fuient toute sa joie de vivre, la mort prochaine de son père. Elle le sait malade « depuis toujours », mais elle ne peut pas admettre qu’il ressemble en quoi que ce soit à qui que ce soit. Il ne peut pas la quitter comme d’autres pères ont quitté certains de ses camarades de classe. Charlotte désire voir une dernière fois son père et sa mère dans la même chambre. Un tableau qu’elle n’a guère connu : une véritable croûte dans son cœur d’enfant. Justine va prendre les devants et s’adresser à elle.
Justine a trente-huit ans. De taille moyenne et mince. Elle est habillée avec goût d’une jupe portefeuille noire et d’un haut avec un col Claudine mauve qui camoufle des épaules osseuses. Ses cheveux sont d’un brun de désespoir. Chaussée d’escarpins, elle domine sa nièce de toute sa hauteur et de son passé nébuleux auprès de son frère aîné. Elle a découvert la sexualité avec lui. La sensualité n’a jamais été au programme. En revanche, aucune perversion ni déviation sexuelle n’a plus guère de secrets pour elle : ondinisme, scatologie, zoophilie, inceste et même pédophilie avec entre autres l’un de ses cousins, âgé à l’époque d’à peine huit ans. Ce dernier a d’ailleurs été porté disparu et n’a jamais été retrouvé. C’était un jour où il était sous la garde de Bernard , qui n’aurait relâché son attention que quelques minutes… Justine est célibataire et consacre sa vie à faire pleurer les hommes qu’elle charme d’abord pour mieux les jeter après. Elle s’estime heureuse d’être vivante et en bonne santé. Elle s’adresse à sa nièce d’une voix douce :
– Ça va, Charlotte ?
– Non !
– Qu’est-ce qui ne va pas ? Dis-moi !
– Je veux voir mon papa et ma maman !
– Ils sont en train de discuter tous les deux, tu sais. Je vais voir si tu peux les rejoindre.
– D’accord.
Justine frappe trois petits coups secs à la porte.
– O

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