Il est coutumier de comparer la vie à un chemin… Celui de John Porter a peut-être ceci de particulier que cet architecte ne s’y sent pas tout à fait à son aise, que cet homme y évolue comme dépossédé de lui-même, dans une atonie pesante… Une sorte de brouillard quotidien, qui se voit soudainement percé par des cauchemars récurrents mais aussi des êtres qui croisent soudainement sa route: Smokey, l’Australien malade, Angus, lady Gwineth sont ainsi de ces êtres qui vont peser de leur poids sur son parcours, qui vont, implicitement, tenter de faire coïncider John avec ses envies et ses désirs. Et qui, à leur manière, vont le conduire à bouleverser sa vie et le plonger au creux du mystère lié à la Dame des Marches. Quête existentielle progressant presque irrésistiblement vers des brumes plus fantastiques et ésotériques, "La Gare" parvient, au moyen d’une écriture oscillant entre le blanc et le désincarné, à nous entraîner dans le sillage d’un antihéros comme guidé vers une remise à plat de ses attentes et de sa vie. Comme orienté vers une histoire qui lui appartient tout autant qu’elle le dépasse. Comme attiré vers une destinée qu’il ne soupçonnait pas ou qu’il ne faisait que pressentir… Avec ce roman, John Mauret signe une œuvre aux détours et virages inattendus, à l’ambiance fascinante et ensorcelante.
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