La Grande débandade
150 pages
Français

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Description

À l’aube des années 1980, un jeune journaliste hyperactif enquête sur des scandales sexuels à l’Assemblée nationale du Québec au moment où se prépare un référendum sur l’indépendance. Il tente aussi de reconquérir une femme qui l’a largué six ans plus tôt, lassée de son inconstance chronique et de ses infidélités.
Défilent dans La Grande Débandade, qui flirte ouvertement avec le polar : un directeur de la sécurité dépressif qui protège des députés délinquants, un jeune ministre gay harcelé par l’animateur vedette d’une radio poubelle, un inspecteur de police aguerri qui traque un réseau de prostitution juvénile, des politiciens véreux et abuseurs, des journalistes pas toujours à la hauteur et bien d’autres personnages truculents… Tout ça sur fond d’un débat référendaire qui s’éternise.
Dans ce roman grinçant, décapant, se glisse un questionnement dévastateur sur la nature du pouvoir et la quête de puissance. Se dessine aussi une réflexion sur les mécanismes du désir et de la conquête amoureuse.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 18 février 2022
Nombre de lectures 3
EAN13 9782764446133
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Du même auteur
La moitié d’étoile , Les Éditions XYZ, 2007.
Le retour d’Ariane , Les Éditions XYZ, 2002.
La dot de la Mère Missel , Les Éditions XYZ, 2000.
Larry Volt , Les Éditions XYZ, 1998 ; Larry Volt , traduction anglaise par Lazer Lederhendler, XYZ Publishing, 2001.


Projet dirigé par Danielle Laurin, éditrice

Conception graphique : Nathalie Caron et Damien Peron
Mise en pages : Nathalie Caron
Révision : Sophie Sainte-Marie et Elise Schvartz
Illustration en couverture : ID 44673077 © Domiciano Pablo Romero Franco | Dreamstime.com
Conversion en ePub : Fedoua El Koudri

Québec Amérique
7240, rue Saint-Hubert
Montréal (Québec) Canada H2R 2N1
Téléphone : 514 499-3000, télécopieur : 514 499-3010

Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada.
Nous remercions le Conseil des arts du Canada de son soutien. We acknowledge the support of the Canada Council for the Arts.
Nous tenons également à remercier la SODEC pour son appui financier. Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – Gestion SODEC.


Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Titre : La grande débandade / Pierre Tourangeau.
Noms : Tourangeau, Pierre, auteur.
Description : Mention de collection : QA fiction
Identifiants : Canadiana (livre imprimé) 20210074051 | Canadiana (livre numérique) 2021007406X | ISBN 9782764446119 | ISBN 9782764446126 (PDF) | ISBN 9782764446133 (EPUB)
Classification : LCC PS8589.O68 G73 2022 | CDD C843/.54—dc23

Dépôt légal, Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2022
Dépôt légal, Bibliothèque et Archives du Canada, 2022

Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés

© Éditions Québec Amérique inc., 2022.
quebec-amerique.com



À Lyne et à nos enfants, grands et petits, mes indéfectibles amours.


Note de l’auteur
Ce roman puise dans les contextes politique et social du Québec des trente dernières années du vingtième siècle et reflète les mœurs de l’époque… y compris le machisme ambiant. On y verra des ressemblances avec des événements qui se sont réellement produits, mais tous les éléments de ce récit, dont les personnages, sont de mon cru. Ici, tout n’est que fiction et fabulation. Encore heureux…


L’historien et le romancier font entre eux un échange de vérités, de fictions et de couleurs, l’un pour vivifier ce qui n’est plus, l’autre pour faire croire ce qui n’est pas.
Antoine Rivarol, Maximes et pensées, anecdotes et bons mots


UN
Tous derrière Méthé
Prenez garde, citoyens ! Les ennemis des Lumières sont de retour. L’obscurantisme est parmi nous, le noir nous guette.
Laurent Tremblay, L’Ère obscure
Certaines histoires se racontent difficilement. Cela tient le plus souvent à la nature des personnages, à leur caractère sibyllin, à leur comportement insane. Pour celle-ci, j’ai mis beaucoup d’énergie à cerner les motivations ou le trouble de ses acteurs. Et si j’ai pu compatir aux souffrances et à l’affliction des victimes, je ne saisirai jamais la profondeur de la déviance qui animait les bourreaux.
En prenant la plume, je me rappelle que, ce matin-là, je m’installais dans une ville et dans un emploi qui me ramenaient vers Julie, dans son entourage, sinon dans sa vie. Ce monde où elle évoluait, celui du pouvoir et de la politique, deviendrait le mien. Ça ne devait rien au hasard, j’avais forcé le jeu, nous allions nous croiser, fréquenter les mêmes gens, les mêmes lieux, respirer le même air. Car c’est bien pour la reconquérir que j’avais accepté ce poste à l’Assemblée nationale. J’ignorais alors que cette affectation contribuerait à mon éducation à plus d’un titre, à ma compréhension des forces qui gouvernent l’homme et sa sœur, et la noirceur infuse de leur âme. Cette incursion au cœur de la cité m’instruirait du grand jeu de la puissance et de la domination, ce mouvement essentiel du cosmos et de la vie, ordre des choses et des êtres. Malgré son évidence, cette sombre dynamique ne coulait pas de source pour le jeune journaliste imbu de lui-même que j’étais.
Six années de reportage d’enquête à épingler à la une de mon journal les abuseurs et les escrocs m’avaient épaissi la peau et forgé un nom. Le public me connaissait et mes pairs m’accordaient une certaine considération. Ça n’est pas rien dans ce milieu d’égotistes envieux et jaloux. N’empêche, j’angoissais à l’idée d’aller jouer sur le terrain des correspondants parlementaires.

Je me pointe à la Tribune de la presse vers six heures trente pour m’installer tranquillement. Je me suis déjà familiarisé avec les aires, étant venu, la veille, fraterniser avec les collègues. J’en connais certains ; forcément, après toutes ces années à bosser à L’Étoile . On se marche sur les pieds dans ce métier.
Dès que les portes de l’ascenseur s’ouvrent sur les quartiers de mon journal, des éclats de voix me font oublier l’espoir d’une arrivée discrète. Ma contrariété fait place à l’étonnement lorsqu’une odeur de cannabis me saisit les narines, un bouquet que je ne m’attendais pas à humer à cet endroit, encore moins à une heure aussi matinale. Devant l’entrée de sa chambre noire, Alex Simard, le paparazzi du journal, ajuste ses appareils photo en partageant un pétard avec un type qu’il me présente :
— Salut, Tremblay ! Richard Guillemin, Laurent Tremblay. Richard travaille à CFJP… T’en veux ?
De la main, je chasse sa fumée et dis :
— Je m’étais toujours demandé pourquoi tes photos étaient si particulières…
Son rire grince comme une vieille porte.
— C’est normal, tous ces bruits qui sortent de ta gorge ?
Son hilarité redouble et contamine Guillemin. Je ne suis pourtant pas si drôle. Un type surgit du fond de la pièce, et les deux fumeurs déguerpissent. C’est Georges Gauthier, le chef de bureau, qui s’amène en me criant dessus :
— T’es en retard !
Je les connais, sa réputation et lui. Un vieil ours ombrageux de cent dix kilos qui parle peu, gueule beaucoup. Marc Côté, mon directeur des nouvelles à Montréal, m’a prévenu : « Ne te laisse pas bousculer. Il a fait son temps. Je lui laisse ses quelques chroniques par semaine et il dirige la circulation. Il n’est plus fonctionnel après midi, si tu vois ce que je veux dire. Tes collègues te raconteront les innombrables anecdotes qui en ont fait une légende et un être déplorable. Appelle-moi s’il te fait des misères. »
Tout de même, l’entrée en matière de Gauthier me désarçonne. Je rouspète :
— Comment ça, en retard ? Il n’est pas sept heures !
Le menton bien haut, il me tance :
— Y a pas d’heure au Parlement. Le caucus du PNQ commence dans quinze minutes. Gendron est malade. C’est toi qui couvres.
— OK. Et ils discutent de quoi à cette réunion, les pénéquistes ?
Gauthier lève les yeux au ciel, péniblement, me semble-t-il.
— Je suppose que tu écoutes la radio ? Ces allusions d’Adrien Gagné à des élus qui fricotent dans des bars avec des mineurs en sniffant de la coke, ça énerve tout le monde. À défaut d’autre chose, lance-les sur l’échéancier référendaire. Colle-toi aux courriéristes d’expérience et arrange-toi pour ne pas rater l’officiel, les scrums 1 , les ragots de corridor, les spins 2 des attachés politiques, enfin, tout le bataclan. Je n’ai pas le temps de tout t’enseigner.
— Ne gaspille pas ta salive. J’ai compris le principe : il faut trouver une nouvelle…
Il réprime un semblant de bras d’honneur avant d’éructer :
— Grouille, ou tu vas rater l’arrivée des députés ! Prends les souterrains…
Par chance, je ne m’égare pas dans le dédale de tunnels et de corridors qui vont de la Tribune de la presse, où logent les journalistes, à l’hôtel du Parlement, siège de l’Assemblée nationale. Un parcours insolite, à vrai dire : des passages d’un autre âge, si bas et si sombres qu’on dirait des galeries de mines avec des fils courant d’ampoule en ampoule sur des murs de vieilles pierres souillés et suintants ; puis, au-delà de lourdes portes de métal, des couloirs de béton larges comme des routes sous un ciel de néons. Le trajet me renvoie brièvement à ces rêves récurrents qui m’habitaient, petit : des cavernes boueuses creusées par quelque ver géant où j’errais dans l’angoisse de ne plus en ressortir. Et cette fois-là, le ver a la sale tronche de Gauthier. Au croisement de deux couloirs, je tombe sur un gardien qui somnole sur sa chaise, un gros type serré dans sa peau et dans son uniforme. Je lui demande, en exhibant ma carte d’identité :
— La salle Hippolyte-La Fontaine ?
Il l’examine avec attention, la tournant et la retournant entre ses doigts boudinés.
— Vous êtes nouveau, dit-il sur le ton du reproche. C’est en haut. L’escalier est au bout du corridor.
Je le grimpe au pas de course et aboutis dans le hall du parlement. S’y pressent reporters et caméramans autour d’un homme que je distingue mal à travers corps, micros tendus, caméras et perches. En m’approchant, je vois que c’est le premier ministre Dumoulin. À l’évidence, il n’apprécie pas les questions qu’on lui pose :
— Je ne répondrai jamais aux immondices que vomit Adrien Gagné à la radio. Cette vipère déshonore votre profession, et vous vous abaissez à son niveau en colportant ses élucubrations sous prétexte de m’arracher un commentaire.
Derrière la mêlée, les députés du PNQ profitent de l’attention prêtée à leur chef pour entrer en douce dans la salle où se tient le caucus de leur parti. Dumoulin fait un pas devant pour se soustraire à la masse, mais les journalistes serrent les rangs, et dix autres questions fusent. Derrière lui, une petite cinquantenaire aux allures de fouine se détache de la meute en bousculant un caméraman qui fait trois fois sa taille, et elle vient se planter à côté du chef. De son état chien de garde et accessoirement attachée de presse de Dumoulin, Jacinthe

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