La Grotte du Kram
228 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
228 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Suite à l'assassinat de leur ami, une occasion inespérée de se venger met des hommes ordinaires dans une situation extraordinaire. Quelques semaines avant sa mort, l'ancien président Arafat est kidnappé et séquestré quelque part en France. Où est-il ? Que fait-il ? A-t-il vraiment été enlevé ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 04 juillet 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332728197
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-72817-3

© Edilivre, 2014
Remerciements

Je remercie Joëlle, Anne et Raphaël pour leur aide.
La Grotte du Kram
 
 
Cimetière de Pantin Août 2004
– Dimanche prochain, ça fera près d’une année, tu te rends compte Léo ? Déjà un an et cependant, cette terrible absence ne parvient pas à sombrer dans l’oubli, ni même à s’estomper d’ailleurs y parviendra-t-elle jamais ?
La douleur de perdre un être aussi cher, aussi exceptionnel est telle… non vraiment, je n’arrive pas… parfois avant de dormir, j’implore l’oubli de me venir en aide pour qu’il emporte dans les plus profonds méandres de ma mémoire l’image de son visage souriant et radieux.
Ils se rendaient en visite sur la tombe du pauvre Simon, et Edmond songeait en marchant : quand tout jeune enfant je m’endormais, j’apercevais par l’entrebâillement de la porte de ma chambre la toute petite flamme de la veilleuse du Shabbat, je l’assimilais à ma mère. Je la voyais remuer, danser, brûler, éclairer toute une partie de la pièce et confiant et rassuré je m’assoupissais en toute quiétude, comme protégé par sa présence, mais un soir le sommeil tardant à m’emporter vers mes songes enfantins, j’observais cette merveilleuse petite flamme, et je compris sans que personne ne me l’explique ce qu’était la fin, l’anéantissement.
Cette petite flamme qui, droite et fière brillait dans la grande pièce, fut tout doucement un peu moins brillante, faiblissant, sa taille diminuée, sa clarté moins intense lui faisait perdre de sa prestance peut-être même de sa puissance puis lentement, mais inexorablement la flammèche chancelait, vacillait, enfin comme un message inaudible venant de l’au-delà apparaissait un crépitement incertain, c’étaient ses derniers efforts venant du plus profond de son être, c’étaient les derniers cris de la flamme épuisée puis tout s’estompait pour ne laisser l’espace d’un court instant qu’un mince filet de fumée s’élever puis disparaître se mélangeait aux odeurs de la pièce et rejoindre le néant à jamais. Mais la perte de Simon est une telle douleur que je ne parviens pas à…
Comme si Léo l’avait entendu, il lui dit :
– Calme-toi Edmond, calme-toi, le pauvre Simon nous ne l’oublierons jamais. Mais il faut regarder devant soi, allons Edmond, il l’aurait voulu, tu le sais bien.
Les grands platanes feuillus qui bordaient les allées ressemblaient à des gardes inutiles, et leurs racines à ras du sol soulevaient les trottoirs, laissant apparaître une terre jaunâtre.
Sans parler, Léo et Edmond, le cœur de plus en plus serré à l’approche de sa tombe, se remémoraient une fois de plus l’attentat qui une année auparavant avait coûté la vie du pauvre Simon, cet ami d’enfance déjà si lointaine.
Au terme d’un mois d’ août chaud et lourd, troublé par de nombreux événements racistes et antisémites en France et surtout dans la capitale. Un attentat venait mettre une touche de plus à l’ignominie causant la mort de six personnes, dont Simon.
Les dernières semaines du mois d’août étaient depuis longtemps l’occasion pour Edmond Koskas, Leo Levy, et Simon Zarouk de se retrouver, comme en retraite. Ils convenaient d’un lieu pour passer, à l’abri de tous ; femmes et enfants compris, une semaine, juste une petite semaine pour eux, rien d’extraordinaire n’était programmé, rien si ce n’est le plaisir d’un certain calme, un charme secret qui étonnait toujours leurs proches. Leurs lieux de pèlerinage n’avaient rien de particulier, c’était souvent la réserve de la librairie de Simon, ou un coin quelconque dans Paris si tranquille au mois d’août en temps normal. Ils leur arrivaient parfois d’aller à la campagne, chez Jules Ktorza, un quatrième ami, tunisien d’origine comme eux, plus communément appelé M’sieu Jules, chauffeur de taxi de son état.
M’sieu Jules se remémorait sa rencontre avec Edmond et Léo. Il les avait connus ensemble banalement. Il les conduisait à Vincennes au champ de courses, et se retrouva sur le champ avec eux. Ce jour-là, la chance leur sourit, ils rentrèrent à Paris les poches bien garnies et décidèrent ainsi de se revoir plus fréquemment pour aller jouer soit à Vincennes soit à Longchamp, puis Edmond et Léo présentèrent M’sieu Jules à Simon qui fut très surpris d’apprendre qu’en fait ils étaient voisins dans le Marais. M’sieu Jules était devenu solitaire depuis que sa femme l’avait quitté, mais avec le temps, il commençait à trouver au célibat un intérêt bien agréable.
Il est curieux de constater que l’on rencontre souvent dans une amitié entre hommes un instant, un moment curieux où tout à coup le sentiment de fraternité se transforme et prend une proportion démesurée.
Cette année-là, ils avaient choisi d’un commun accord la librairie de Simon, merveilleuse petite boutique où Simon avait un plaisir charnel à travailler et vivre au cœur du Marais. Elle se situait dans la rue des Hospitalières Saint-Gervais, c’était une pièce continuellement mal éclairée et toujours empoussiérée où les livres et autres fascicules s’empilaient, et s’entassaient sur de vieilles étagères en bois, et même au sol. Parfois, décidé à mettre un peu d’ordre, Simon commençait à ramasser certains ouvrages, mais s’il lui arrivait d’en ouvrir un, il était alors happé par une mystérieuse force, il s’asseyait lentement sur une marche du vieil escalier en bois qui montait à la réserve sous les poutres en chêne qui couraient au plafond, se laissant transporter sur les lignes de l’ouvrage s’interrompant parfois en levant la tête, il apercevait l’horloge, deux heures étaient passées ou parfois un rare client le sortait, non sans peine, de sa promenade littéraire.
Leur amitié remontait à leur toute jeune enfance. Ils habitaient au Kram, un petit village au nord de Tunis, entre la Goulette et Carthage, noyé sous le soleil et la verdure, hors du bruit de la capitale tunisienne, près de la Méditerranée où ils avaient grandi, joué, triché, gagné, aimé, prié ensemble.
Comme de nombreux enfants, ils avaient une cachette, fabuleux lieu de retrouvailles.
C’était la vieille buanderie au fond d’un jardin chez les parents de Simon, du moins c’est ainsi que les adultes parents l’avaient baptisée.
Le jardin était commun à trois maisons, qui étaient mitoyennes, les familles habitaient là pratiquement depuis la fin de la guerre, les enfants y étaient nés et y avaient grandi.
Adossée à un vieux mur depuis longtemps, elle ne servait plus et ressemblait plus à un éboulis qu’à une buanderie. Mais que dissimulait ce vieux toit en tôle ondulée rouillée et brûlée par le soleil, recouvert de pierres, de ronces, d’orties et de jasmin ? Il ne cessait d’intriguer et d’exciter leur curiosité.
Edmond, Léo et Simon la découvrirent aux vacances de Pâques en désherbant ce coin de vieux jardin et ainsi décidèrent que cette grotte deviendrait, grâce à la puissance de leur imaginaire, leur palais, leur château fort ; leur maison à eux seuls.
Ils y vivaient dès la sortie de l’école, du printemps jusqu’à la fin de l’automne. C’est là sous ce toit odorant et magique que leur amitié avait pris corps et s’était forgée. C’est là que Simon leur avait lu Les Trois Mousquetaires, c’est là qu’ils avaient découvert Cyrano, puis Le Grand Meaulnes, Le comte de Monte-Cristo et d’autres histoires merveilleuses.
Elle devint avec le temps un lieu de repos, de lecture, et bien entendu d’aventures. C’est probablement vu au travers du prisme déformant du temps qu’ils ressentirent à l’âge adulte la nécessité des réunions annuelles.
Une fois même, alors qu’ils vivaient à Paris depuis déjà longtemps, l’idée leur était venue de retourner comme en pèlerinage dans leur village natal, mais ils annulèrent au dernier moment leur voyage. Le risque de briser la merveilleuse image gravée au fond de leur mémoire l’avait emporté sur la curiosité.
Ils avaient quitté la Tunisie, leur terre natale, par la force des choses et celle des hommes aussi, encore un nouvel exil, c’est probablement inscrit dans nos chromosomes, « peut-être possédons-nous un chromosome exil ? » disait souvent Simon. Depuis toujours, il nous faut repartir. A nouveau, l’exil demandait sa rançon de séparations, de pleurs amers, de larmes rageuses, d’inacceptable, et souvent de soumission.
En 1961 , Léo, Edmond et Simon arrivèrent en France avec leurs parents.
A leur arrivée, les trois familles furent logées par la Croix-Rouge à Ecquevilly petit village à l’ouest de Paris, non loin de Meulan et des Mureaux. Ils vécurent un peu plus d’une année dans ce village, ressentant plus que jamais le besoin, l’absolue nécessité d’être unis et de se soutenir les uns les autres, ils découvrirent une France qui parlait comme eux, mais qu’ils ne comprenaient pas. Mais comme disait le père de Simon : « Nous n’avons pas le choix, ici c’est lève-toi, marche, et ne crève pas. »
Les enfants des trois familles fréquentaient l’école communale, ils eurent beaucoup de mal à s’intégrer, mais c’est Simon qui réussit le mieux son intégration.
La vieille demeure de la rue Suzanne Deutsche de la Meurthe fut leur point de re-départ dans la vie. Les parents de Léo et d’Edmond s’étaient associés pour acquérir une petite boutique d’habillement dans le Faubourg Saint-Denis. Les parents de Simon, après de longues recherches, avaient acheté une petite librairie dans le Marais, réalisation d’un vieux rêve pour eux. C’était la passion de la lecture et des livres, qui les guidaient. Simon toujours en besoin d’évasion avait baigné dans cette passion depuis son tout jeune âge.
Plusieurs années, après leur arrivée en France, le chromosome exil se réveilla chez leurs enfants. « Mais Dieu pourquoi nous fais-tu tant bouger ? » disait Edmond, voyant ses

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents