La Maison sur la montagne blanche
176 pages
Français

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La Maison sur la montagne blanche , livre ebook

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Description

Couché sur le lit de sa chambre d’hôpital, Gared Simmons affiche une étrange sérénité. Il semble même heureux. Parfois, un semblant de sourire se dessine discrètement sur ses lèvres. Depuis plusieurs jours, il est séquestré dans ce no man's land temporel, ce monde qui n’a ni passé ni futur, où même le présent n'existe pas. Dans sa tête ou sous ses yeux, comment savoir, défilent plusieurs vies qu'il admire, semblables à des paysages qui se transforment selon les époques, comme les saisons qui meurent et renaissent à l’infini. Parmi les diverses odeurs qu'il respire, beaucoup ont disparu de la nature actuelle. Sur ces parcelles d’éternité, il rencontre des émotions contrastées : la joie, la colère, la haine, la tristesse, la souffrance. Et ses rares moments de bonheur, Gared les partage toujours avec une femme aux yeux vairons. Sans elle, il se sent vide, incomplet...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 16 septembre 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782334008006
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-00798-6

© Edilivre, 2015
New York De nos jours, au début de l’hiver
La neige de la veille blanchit encore l’avenue Lexington. Les nuages grisâtres se déplacent. Ils intimident même le soleil. Une foule cosmopolite portant des costumes chics et des tailleurs élégants pressent le pas sur les trottoirs. La buée sort de leurs bouches. Les taxis jaunes se mêlant à d’autres véhicules frôlent sur le bitume. Les bruits des moteurs crépitent. Les Klaxons entrent dans la vie, s’élèvent, meurent au loin… La chute des feuilles des arbres plantés le long de l’avenue semble terminer. Les bourgeons floraux hibernent. Ils attendent le début du printemps pour renaître. Différentes plantes adorent cette routine saisonnière depuis des centaines d’années, à l’exemple des chênes sessiles ou des platanes à feuilles d’érable.
Gared Simmons, âgé d’une trentaine d’années, porte un costume sombre, tient à la main droite un sac en cuir noir en marchant à pas décontracté dans la foule. Il s’y détache, pénètre dans le Chrysler Building, un gratte-ciel situé à l’intersection de la Lexington avenue et de la 42 e rue dans le quartier de Midtown dans l’arrondissement de Manhattan.
Dans l’ascenseur, son téléphone portable tintinnabule. Avant de le décrocher, il s’excuse auprès de deux dames blondes et un homme noir âgé d’une cinquantaine d’années. Allison, sa petite amie qui se trouve à Washington l’informe de son retour à New York ce soir. Après cette nouvelle, une jolie fossette s’éveille sur sa joue gauche grâce à un beau sourire aux lèvres.
Le numéro vingt-deux clignote sur l’écran, la porte de l’ascenseur s’ouvre. En y sortant, il souhaite aux deux blondes et l’homme noir une agréable journée. Grâce à sa politesse, il gagne deux pareillement et un merci.
Il s’installe dans le fauteuil. Sur les murs beiges de son immense bureau, son diplôme d’avocat obtenu à l’université de Columbia est accroché. À côté de celui-ci, il se trouve la photographie de ses parents. Il allume son ordinateur portable sur la table. Son visage et celui d’Allison émerge à l’écran. Voilà qu’entre Rachel vêtue d’un pull en maille et un jean. Elle est brune aux yeux bleus, âgé d’une trentaine d’années. Le volume de son ventre dévoile l’existence d’un fœtus. Une tasse de café et une carafe de jus d’orange pressé sont sur le plateau qu’elle tient dans la main droite.
– Bonjour Rachel, je t’ai déjà dit de ne plus m’apporter le café. Gared s’adresse-t-il à sa secrétaire ! Je peux bien m’en charger.
En déposant le plateau sur la table à côté de l’ordinateur, elle lui répond-elle d’une petite voix douce :
– Je le sais, mais ça me fait plaisir.
– J’espère que ce petit homme qui pousse dans votre ventre ne sera pas aussi obstiné…
– L’obstination est une qualité rare.
– Oui. Mais s’il veut un jour se marier avec une femme, il ne vaut mieux pas.
– Parce que les femmes adorent avoir le dernier mot.
– Ne me prêtez pas cette pensée sexiste, ma chère.
Elle glisse un sourire en lui taquinant :
« – Trouillard !
– Dans ce cas de figure, j’assume pleinement mon côté pusillanime. »
Les deux sourient au même moment. Rachel marche vers la porte d’entrée. Gared boit une petite gorgée de son café.
– Cet homme en miniature, quand il arrive ?
Rachel s’arrête auprès de la porte, puis elle lui répond-elle avec sourire :
– Dans deux semaines !
– Donc, aujourd’hui, c’est ton dernier jour.
– Exacte.
– Profitez bien de votre congé de maternité.
– Merci.
– Et votre remplaçante commence…
– Demain.
– Bien. Merci pour tout.
– Je vous en prie.
Elle ouvre la porte. Avant de sortir, elle dirige son regard en direction de son employeur, lequel lui demande-t-il :
– Oui ?
– N’oubliez pas votre rendez-vous téléphonique de 10 heures 30.
– Je le sais. Merci.
Le regard fixé sur Gared, elle incline la tête de haute en bas, s’éclipse. Sans bruit, la porte se referme. Dans le tiroir, Gared s’empare d’un verre à whisky à côté de plusieurs d’autres. Il l’emplit de jus d’orange, avale une grande gorgée.
Asiate, un restaurant au décore raffiné dans l’hôtel Mandarin oriental, bouillonne de gens bien habillés. Autour d’une table collée à une vitre transparente, Allison et Gared s’apprêtent à dîner. La première est une blonde proche de la trentaine avec un joli visage. Elle porte une robe céruléenne. La veste du second décore le dos de la chaise. Lui reste dans une chemise blanche. De temps en temps, ils contemplent à travers la vitre les immeubles de la ville qui scintillent dans un ciel noir. La blancheur des nappes sur les tables illumine la salle. Une sculpture représentant une branche d’arbre est suspendue au plafond. Une douce mélodie de la musique jazz gazouille. Buvote-t-elle Allison une gorgée de la vallée du Rhône ! Et puis déclare-t-elle d’une voix claire :
– Ce vin est long en bouche. Il a du corps. Il est capiteux…
Gared esquisse un sourire en lui affirmant :
– Tu t’exprimes comme une Française maintenant.
Sur un ton sarcastique, rétorque-t-elle :
– Oui. Bon appétit ! J’adore le fromage, le vin, la ville lumière. Tu sais l’élégance parisienne, Chanel, Dior, j’adore. Mais cela fait tout juste une semaine, je n’ai pas pris une douche, oh là là !…
Voilà qu’elle sanglote de rire.
– Ce n’est pas un peu raciste.
– Si… Cependant, je le referai bien volontiers. J’en ai assez du politiquement correct qui règne dans ce pays et partout en Occident…
Elle s’arrête d’un coup, s’empare de son verre, vide son vin. Gared saisit la bouteille de la vallée du Rhône sur la table, verse le liquide vermillon dans le verre de sa fiancée. Elle incline la tête avec le sourire, formule-t-elle :
– Merci. Que c’est très aimable à toi.
– Je t’en prie, bien que j’observe une pointe d’ironie dans ton regard. J’espère que ce geste désintéressé n’est pas trop politiquement correct pour toi.
– Non. Un peu de galanterie authentique dans ce monde vénal est très appréciable. Je l’avoue, parfois ce genre d’attitude chez certains de nos congénères me rebute, parce que je sais qu’il y a souvent une pensée perverse derrière. Mais quand cela vient de toi, je suis assez contente et heureuse d’être le bénéficiaire presque exclusive de ton amabilité légendaire.
– Ta réponse me convient.
– Je le sais… Ce qui me dérange par contre, on ne peut plus rire de tout, on ne peut plus parler de tout. Par exemple, si quelqu’un utilise : négro, crouille, Chinetoque, Japs, youpin, chicanos, peau de porc, dans un contexte qui l’exige : immédiatement, on le traite de fasciste bouseux et inculte. Et les donneurs de leçons, ces rapaces du politiquement correct vous dévorent à coups de mots ignominieux. D’ailleurs, je connais beaucoup de collègues qui s’autocensurent. C’est effroyable. Ils abandonnent leur liberté d’expression protégée par le premier amendement de la constitution non pas par idéologie, mais simplement par couardise. À titre personnel, je trouve cette attitude déplorable et même dangereuse d’une certaine façon pour la démocratie. J’ai l’impression que nous sommes en train de devenir comme des Européennes : des couilles molles ! Excuse-moi ! Mais c’est la vérité. Nous sommes vraiment en train de devenir des couilles molles…
– C’est vulgaire, surtout pour une journaliste politique qui travaille pour le Washington Post. De plus, tu n’ignores pas que j’abhorre les expressions triviales.
– Je le sais. Mais je ne trouvais pas de mot assez fort pour exprimer ma frustration.
Gared la regarde dans les yeux sans dire un mot.
– Désolée. Je suis désolée. Est-ce que tu me pardonnes ?
– Le pardon est le choix le plus logique dans cette situation.
– Bien. Je suis soulagée.
– Tu es toujours dans l’ironie.
– Toujours.
Soudain, à gauche d’Allison, un homme grisonnant assis en face d’une jolie brune éternue plusieurs fois de suite. Elle lance un regard discret sur lui, comme les dizaines d’autres primates arrogantes qui participent au génocide de l’abattage des dizaines de milliards d’animaux chaque année. Les yeux vairons enfoncés de Gared fixent l’extérieur. Un serveur d’une vingtaine d’années arrive à leur table, les mains chargées de deux assiettes plates ovales. Il dépose devant Allison, une côtelette de porc avec purée de pommes de terre. Une seconde plus tard, il pose sur la nappe le plat végétarien de Gared. Celui-ci hume l’arôme un peu épicé. S’adresse-t-il au poseur de ce plat appétissant :
– Merci, monsieur !
Ce dernier lui répond-il :
– De rien, monsieur !
Allison avant de commencer à régaler son organe du goût, formule-t-elle :
– Bon appétit !
– Je te souhaite la même chose.
– Merci.
Tout au long du dîner, Gared ne cesse d’effectuer une grimace de douleur. Quand Allison l’interroge sur son mal. Il se contente de lui répondre que cela ira bien. Il a juste besoin de s’allonger.
Probablement, il omettait de lui révéler que depuis une semaine, il ressentait une lourdeur acérée au niveau de la poitrine…
À la fin du plat principal, elle lui propose-t-elle « : Veux-tu que l’on laisse le dessert ?
– Oui. Merci.
– C’est normal. »
Il règle la facture ruineuse grâce à sa carte visa. Ils quittent le restaurant aux environs de 21 heures.
Dehors, ils patientent cinq minutes dans le froid. Un taxi se gare devant eux.
Gared ouvre la portière pour Allison. Elle s’introduit en le remerciant. Avant de monter du véhicule, il observe un instant le W formé par les quatre étoiles les plus brillantes de la constellation de Cassiopée.
Allison et Gared sont installés confortablement dans la banquette arrière. Une vieille chanson de Joan Baez passe à la radio. Il démarre le véhicule le chauffeur basané et barbu. Il est grillé ! Il est cramé à la naiss

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