La mort frappe les trois coups
155 pages
Français

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La mort frappe les trois coups , livre ebook

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Description

Dans le village de Loc, une affaire de fausses ordonnances et de trafic de morphine révèle les dissensions, les intérêts, les passions, les ressentiments d’une partie de la population.


Lentement, le drame va se construire sur un terreau de haine, d’argent et d’amour jusqu’à exploser brutalement.


Mais personne ne peut dire à l’avance qui seront les victimes ou les bourreaux.




Jean-Marie LE LEC (1902-1951). Né le 11 octobre à Treffiagat dans le Finistère, Jean-Marie LE LEC a commencé très tôt à prendre la plume pour conter des histoires s’ancrant dans les villages qu’il connaissait et chérissait.



C’est au début des années 1940, sous l’influence de Edgar Allan Poe, Stanislas-André Steeman, Pierre Véry, Agatha Christie... qu’il décide de se lancer dans le roman policier sous le pseudonyme de Yann LE CŒUR.



En moins de trente mois, il en écrira une demi-douzaine, tous se déroulant dans les Cornouailles et tous mettant en scène Martial Le Venn alias Mars, inspecteur qui deviendra, par la suite, commissaire.



Yann LE CŒUR ne se contentera pas, dans ses histoires, de dépeindre les paysages l’entourant, il s’évertuera, également, au sein de ses intrigues, de faire des études de mœurs en proposant, à chaque fois, des portraits fouillés de Bretons et de Bretonnes. Il n’oubliera pas d’évoquer les coutumes et les folklores locaux et de parsemer ses textes d’expressions du cru...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 4
EAN13 9791070039465
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0022€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

AVANT-PROPOS

Le polar terroir a le vent en poupe depuis quelques décennies.
Et, si de nombreuses régions sont concernées par le phénomène, certaines sont mises en avant par l'ampleur de leur production, la ferveur du public ou parce qu'elles ont été précurseurs en la matière.
Parmi celles-ci, comment ne pas penser à la Bretagne qui, l'une des premières, suscita à ce point l'engouement des lecteurs, des auteurs et des éditeurs, que le roman policier breton constituerait presque, désormais, un sous-genre à lui seul.
Mais, certains écrivains n'ont pas attendu cette « mode » pour clamer haut et fort, dans leurs intrigues, tout l'amour qu'ils portaient à leur Terre et à ceux qui la foulent.
Jean-Marie LE LEC (1902-1951) est indéniablement l'un de ceux-ci. Né le 11 octobre à Treffiagat dans le Finistère, Jean-Marie LE LEC a commencé très tôt à prendre la plume pour conter des histoires s'ancrant dans les villages qu'il connaissait et chérissait.
C'est au début des années 1940, sous l'influence de Edgar Allan Poe, Stanislas-André Steeman, Pierre Véry, Agatha Christie… qu'il décide de se lancer dans le roman policier sous le pseudonyme de Yann LE CŒUR.
En moins de trente mois, il en écrira une demi-douzaine, tous se déroulant dans les Cornouailles et tous mettant en scène Martial Le Venn alias Mars, inspecteur qui deviendra, par la suite, commissaire.
Yann LE CŒUR ne se contentera pas, dans ses histoires, de dépeindre les paysages l'entourant, il s'évertuera, également, au sein de ses intrigues, de faire des études de mœurs en proposant, à chaque fois, des portraits fouillés de Bretons et de Bretonnes. Il n'oubliera pas d'évoquer les coutumes et les folklores locaux et de parsemer ses textes d'expressions du cru…
Dès sa première tentative, avec « Treize dans l'île », il démontrera son amour de la Bretagne et des Bretons, et, surtout, ses inspirations, ses motivations et ses intentions…
Malheureusement, Jean-Marie LE LEC mourut avant d'atteindre ses cinquante ans, laissant la Bretagne orpheline d'un de ses plus ardents représentants.
Vous avez l'opportunité, maintenant, de découvrir le plus breton des écrivains bretons et ses romans qui ne sont pas que des romans policiers… qui sont plus que des romans policiers…
K.

DRAMATIS PERSONAE
Le Docteur TROARN 50 ans. Laurence TROARN, sa femme 45 ans. Xavier TROARN, leur fils 22 ans. Juliette TROARN, leur fille 20 ans. M. PERROZ, pharmacien 54 ans. Le docteur Roger PERROZ, son fils 25 ans. Anne-Marie PERROZ, sa fille 20 ans. Alphonsine, la bonne de Perroz 60 ans. Daniel, le fils d’Alphonsine 22 ans. Joz LE DU, pharmacien 24 ans. Victorine LE DU, sa sœur 20 ans. Hyacinthe COSSEC, le fils du bedeau 20 ans. Lanik LARZUL, le préparateur de Joz Le Du 26 ans. M. LE BAULT, capitaine du port 48 ans. Hélène LE BAULT, sa fille 21 ans. Virginie CARIOU, une vieille fille 46 ans. Anthime CARIOU, son frère, un retraité 52 ans. L’abbé Maxence LE VENN 30 ans. Le commissaire LE VENN, son frère, dit le commissaire MARS 41 ans. Ariane de CHARMAZ, la femme de Le Venn 35 ans.

L'action se passe dans une ville de la côte, en Bretagne.

I
DIFFICULTÉ DE TISSER UN LINCEUL DE SOIE

À travers la fenêtre ouverte du vivoir, le regard d'Ariane de Charmaz suivait le vol d'un couple de cormorans ramant à lents coups d'ailes dans le ciel marin.
Depuis un long moment, la plume de son stylo s'était immobilisée au-dessus de la page blanche. Décidément, ce roman traînait en longueur. Aussi, quelle absurdité d'avoir entrepris d'écrire un livre en prétendant n'y introduire aucun personnage masculin !
Certains jours, quand le filet vert de son inspiration refusait de couler (elle écrivait à l'encre verte), une furieuse envie la prenait de déchirer son manuscrit. Mais, comme chacun sait, il y a peu d'exemples dans notre république des Lettres, qu'une telle envie ait été suivie d'effet. C'est un fait que le lecteur a souvent lieu de déplorer, mais que l'historien se doit d'enregistrer. Ce qui retenait notre héroïne au seuil de son hara-kiri littéraire, c'était la curiosité. Car cette fantaisiste — qui avait lu Péguy — travaillait sans plan et ignorait encore comment se résoudrait l'action ! Il est vrai qu'il s'agissait d'un roman policier et dès lors tout s'explique.
Encore trois chapitres et c'en serait fini, heureusement. L'on retomberait dans la vie normale, une vie où les hommes auraient leur part de l'action, une vie où l'esprit tortueux des femmes serait occupé d'autre chose que de crimes, de lettres anonymes et de perfidies de toute espèce perpétrés sous le masque de l'amitié ou de l'amour et même sans masque du tout.
« Le linceul de soie » constituait le treizième roman d'Ariane de Charmaz. Le treizième d'une brillante série qui avait rendu célèbre son commissaire Green auprès d'un public friand d'émotions violentes, de frissons inédits et d'énigmes impénétrables, public auquel nous te souhaitons, ami lecteur, de n'appartenir jamais. Mais, dans « Le linceul de soie », le commissaire Green, par une étrange gageure, ne devait point paraître. Il devait faire la preuve de son génie à distance — comme l'illustre Edgar Poe lui-même — et laisser ces femmes se débattre et se déchirer entre elles jusqu'à la minute où l'innocence de Lady Patricia jaillirait des circonstances, telle la vérité émergeant très peu vêtue de son puits.
Si nous nous sommes permis de citer Edgar Poe, ce n'est pas que nous voulions établir une analogie entre cet auteur et le nôtre. Car Edgar Poe était un génie, assurément, mais on sait que le génie est une porte ouverte sur la folie. Une porte vite franchie si l'on en croit de nombreux ouvrages dignes de foi dont la liste serait trop longue à énumérer ici.
Le commissaire Green, au contraire, était dépeint comme un homme rassis, plus observateur que subtil, encore qu'il eût, lui aussi, d'excellentes « petites cellules grises ». Bien qu'il appartînt au genre supérieur de l' homo sapiens, ses étincelles ne pouvaient, en tout cas, se comparer aux éclairs du nouvelliste américain et encore moins aux fulgurations d'un certain prestidigitateur nommé Sherlock Holmes.
Et voilà pourquoi, assise devant son bureau dos d'âne en merisier, Ariane de Charmaz, connue de tous les lecteurs de romans policiers de France et de Navarre, sous un pseudonyme transparent — ce qui nous dispense de le révéler — « séchait » telle une candidate au baccalauréat aux prises avec un passage d'Ovide.
Elle décida de laisser décanter le vin de l'inspiration et d'abandonner pendant quelques jours les jeunes filles et les maîtresses du mondain collège « Clémence Isaure » à leur sort empoisonné autant qu'empoisonnant.
Si, dans cet intervalle, le commissaire Green n'avait pas trouvé « le joint » pour démasquer l'assassin du « Linceul de soie » ou l'acculer aux aveux, il resterait à l'auteur la ressource d'atteler à la besogne son mari, Martial Le Venn, un commissaire en chair et en os, lui !
Ce serait bien le diable s'il n'arrivait pas à trouver au roman une fin digne de la réputation de sa femme. Après tout, son amour-propre n'y était-il pas engagé ? On savait que le commissaire Green et le commissaire Le Venn n'étaient qu'un seul et même détective en deux personnes. Donc…
Ariane de Charmaz poussa un soupir de lassitude. Aussitôt, l'horloge comtoise y répondit en grinçant dans son sarcophage. Puis, après quelques hésitations, motivées sans doute par un souci d'exactitude, elle sonna cinq coups : Cinq heures ! L'heure sacrée où les sirènes, pour la perdition de notre sexe, se dépouillent de leurs voiles et se livrent, dans l'élément salé, à leurs jeux perfides...
Ariane se leva, jeta son stylo sur les feuillets épars comme on jette le manche après la cognée, et, ayant revêtu — si l'on peut dire — son « deux-pièces », elle descendit sur la plage et s'adonna aux voluptés du crawl.

* * *

La Talbot grand sport du commissaire Mars, bien que privée d'ailes par suite d'une erreur de calcul sur la résistance des matériaux, filait sur le ruban luisant de la route entre les bois de pins, les landes et les champs de blé. Au sommet de la dernière côte qui domine la ville, le clocher des Carmes apparut avec ses pans d'ardoises miroitants.
— Tiens ! pensa Le Venn, si j'allais cueillir l'abbé à son patronage...
L'abbé, c'était son jeune frère Maxence, fruit tout nouvellement détaché du séminaire, que l'on avait envoyé mûrir dans ce chef-lieu de canton où le soleil est, paraît-il, assez jacobin, sinon révolutionnaire.
À cette heure-ci — le cadran de bord marquait cinq heures, il devait donc être près de six heures —, il le trouverait à son patronage de garçons, au bord de la rivière. Il décida d'aller l'enlever et de l'emmener à Loc.
Il traversa rapidement les faubourgs aux maisons basses, franchit le pont qui lui-même franchit l'étang, rasa le donjon du château aux allures féodales et bientôt stoppa devant le patronage.
Il trouva l'abbé en grande discussion avec le jeune docteur Perroz que son frère lui présenta comme étant « le Président des Anciens de Saint-Michel ».
— Nous sommes à la recherche d'une pièce dramatique que les Anciens de Saint-Michel doivent jouer pour la fête patronale. Tu ne pourrais pas nous dénicher ça ?
— Le chiendent, fit le jeune docteur, c'est que nous sommes obligés d'écarter toutes les pièces comportant un rôle féminin. Vous comprenez, dans un patronage, cela ferait jaser.
Le commissaire comprit et sourit.
— Mon cher Maxence, dit-il, tu me prends au dépourvu, cela sort un peu de ma... compétence.
— Pas du tout ! Tu trouveras bien une pièce policière ou d'espionnage, quelque chose de passionnant avec coups de revolver et tout le bataclan mélodramatique qui fait pleurer, trembler et frissonner le public. Enfin, une pièce bien « gratinée » pour des jeunes de dix-huit à vingt ans.
— J'en parlerai à ma femme. La littérature, c'est plutôt son rayon.
— L'ennui, reprit le docteur Perroz, c'est qu'il nous faut cela assez vite. Nous voilà déjà fin juillet ; la fête de la Trémino

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