La nuit du cochon d Inde
78 pages
Français

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La nuit du cochon d'Inde , livre ebook

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Description


Une nuit en enfer...




Le pire vient avec la nuit...


On ne sait jamais ce qui peut arriver quand, faisant du stop, une voiture s’arrête à votre hauteur. Si Jules Valvert, un jeune artiste marseillais sans le sou installé en Andalousie, l’avait su ce soir-là, il aurait sans doute hésité à deux fois avant de monter à bord de cette Mercedes décapotable. Seulement voilà, il ne pouvait pas se douter que sa route le menant de Séville à Madrid pour y rejoindre son amie, danseuse dans une compagnie flamenca, l’amènerait toute une nuit aux portes de l’enfer. Une nuit entière où la pluie, les mauvaises rencontres, le danger, les morts en chemin, rien ne lui serait épargné.


Un road trip andalou, sanglant, insensé, glauque, sillonné des grands questionnements que portent en eux les hommes confrontés au hasard qui jalonne leur existence. Imprévisibles, comme le cochon d’Inde des kermesses sur lequel on pariait. Personne ne sait à l’avance le choix de l’animal, pas plus que l’homme celui de choisir la bonne direction à prendre...



Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 27 janvier 2022
Nombre de lectures 2
EAN13 9782381539430
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La nuit du cochon d’Inde
 
La SAS 2C4L — NOMBRE7, ainsi que tous lesprestataires de production participant à la réalisation de cet ouvrage nesauraient être tenus pour responsables de quelque mani è re que ce soit, du contenu en géné ral ,de la port ée du contenu du texte, ni de la teneurde certains propos en particulier, contenus dans cet ouvrage ni dans quelqueouvrage qu ’ ilsproduisent à la demande et pour le compte d ’ unauteur ou d ’ unéditeur tiers, qui en endosse la pleine et enti è re responsabilité.
 
 
DANIELSAINT-LARY
 
 
La nuit ducochon d’Inde
 
 
 
 
À Pepe
DU MÊME AUTEUR
Nouvelles finalistes du Prix Hemingway, parues aux Éditionsdu Diable Vauvert (ouvrages collectifs) : - «  L’espagnolet la charcutière – La lettre à Élisa – Point Final – Troubles.  »
Nouvelles (recueil), «  Mi l ’un, mi l’autre   » . Éditions AtelierBaie.
Biographie : «  Chinito de Francia   » , Éditions AtelierBaie (Beau Livre).
«  Pour une place au soleil   » , Éditions AtelierBaie.
Préface du recueil de poèmes «  Les Noirs   » de Patrick Espagnet , Éditions du Diable Vauvert.
«  Fascicules de taureaux  ».
Contribution au recueil «  L’encre et la Corne   » , ouvrage collectifconsacré à l’image du toro dans la Bande dessinée (Collection du peintrecontemporain Claude Viallat )
 
Dansla même maison d’édition :
«  En voilà des idées … » (recueil de 51 nouvellescourtes)
Chapitre I
Sûr qu’il aurait pu aller plus loin etpousser jusqu’à ce trou perdu où il se rendait pour livrer sa cargaison depastèques. Ça l’aurait rapproché de Madrid. Sauf qu’à cet instant précis, il avait de bonnes raisons de lui demander de stopper.
¾   C’est bon, Buenaventura, jevais descendre, merci pour le bout de route et votre compagnie, dit-il, dans uncastillan parfait, encore un peu vermoulu par ce voyage en Tube Citroën,tonitruant et enfumé. Avec une impression tenace de sortir du tambour d’unemachine à laver.
¾   Comme vous voudrez, c’était unplaisir… Bonne chance, El Francès …
Au loin brillaient des lumières qui ne luidisaient rien qui vaille, mais il n’en avait que faire pour l’instant. Il luifallait régler son compte à la faim de loup qui le tenaillait, une de cesfringales qui vous plantaient les crocs de l’intérieur au point que vous envomiriez presque s’il ne vous restait pas quelques bonnes manières. Lui pensaità la nuit qu’il venait de passer et se disait qu’à ce stade avancé dedécomposition physique et mentale où il était, rien ni personne ne pourraitl’empêcher de se taper la cloche. Même s’il devait avaler du verre pilé.
Juste en contrebas de la route, un troquet àtapas brillait de tous ses néons. Un routier. Un de ces bistroquets qui nefermaient jamais l’œil de leur devanture. Il a descendu quatre à quatre letalus vers le nuage d’effluves de poivrons et de chorizos frits qui s’échappaitdes portes et fenêtres grandes ouvertes sur l’aube à peine naissante. Il apassé son nez. À l’intérieur du fumoir graisseux, seulement trois clients et leproprio s’affairaient. Sans piper mot.
Il a franchi la porte, s’est installé au bar encommandant une ration de fromage de brebis et de jambon Jabugo .Une grande Cruz Campo. Il était crevé. Au bout du rouleau. Ça devait se voirsur sa tête, regard perdu, fiévreux, les traits tirés, autant de signesmontrant qu’il avait l’estomac dans les talons et les nerfs en pelote. Il voulaitqu’on lui foute la paix, qu’on l’ignore, qu’on le raye de la liste des vivants,enfin pour combien de temps vivant, encore ? s’est-il dit, avec ce qui luipendait au nez, ce n’était pas la peine qu’il se fasse un dessin. N’importe quià sa place en aurait pensé tout autant.
C’est juste l’instant qu’a choisi ce chauffeurd’un dix tonnes réfrigéré pour interrompre le cours deses pensées et ses premières mastications. Somnambulique, le type n’arrêtaitpas de s’empiffrer de chorizos et de patatas bravas, unesavante gloutonnerie qui a semblé l’autoriser à vouloir lui tenir le crachoir :
¾   D’où tu viens ? T’es pas du coin ça se voit, a-t-il maugréé en le reluquantde haut en bas. Pas vrai Luis ? T’as vu lecostard ?
Le bistrotier a passé son regard morne par-dessusson épaule puis il l’a retourné vers ses fritures, avec tout autant d’entrain.
¾   Bon, il estpas de la première fraîcheur, mais quand même… a continué l’autre.
Bien sûr qu’il était crade son costume !Fripé, déformé, de la boue incrustée dans les ourlets, il devait même exhalerune sacrée odeur d’humidité, de crasse et de sueur mêlées depuis le tempsqu’ils se débattaient lui et lui. Mais ce n’était pas une raison pour le luienvoyer en pleine figure.
¾   Qu’est-ce que ça peut tefoutre ? Il lui a asséné, aimable comme un parpaing.
¾   Ah ! Français ?
¾   Ma mère m’a interdit de parleraux inconnus surtout quand ils sentent le graillon, il lui a retourné du tac autac, en soignant sa prononciation.
¾   Eh ! Prendspas la mouche hombre, c’était juste histoire de causer.
Le type a fait une grimace édentée en émettantun son inconnu plus proche de l’effet de succion d’un évier qui se débouche quedu gazouillis d’un nourrisson repu. Puis, se calant sur son tabouret, il s’estattaqué à une nouvelle fournée de chorizos frits, qu’il venait déjà à moitiédévorer du regard, sa façon à lui sans doute de conjurer son taux élevé de LDL,son mauvais cholestérol pour ainsi dire.
¾   Luis, mets-nous un peu demusique, non ?! Paraît que ça adoucit les mœurs, a demandé l’hidalgo del’asphalte, soudain moins éloigné qu’il n’y paraissait de l’espèce humaine.
Le tenancier avait de faux airs de Franco aprèsson AVC. Gras du bide et boudiné dans son pantalon taille haute qui remontaitau-dessous de ses seins mollassons, le visage flasque et huileux, il avait lecheveu gominé comme un Portugais. Il s’est essuyé trois doigts graisseux à sachemise puis a enclenché sur son étagère, au-dessus de la plancha, une vieillechaine Sony rafistolée dont les fils rouges reliés aux baffles pendouillaientau milieu des fumées.
Le lecteur de CD a hésité, crachoté sousl’intervention doigtée du patron, puis s’est mis à ahaner franchement. L’alegria ( Alegria  : allégresse, joie. C’est aussile nom d’un chant flamenco destiné à la danse, à la fête. Léger et alerte ilest typique de Cadix. La chanteuse Tia Luisa« La Butron  » et Chano Lobato en étaient des spécialistes.) de Tia Luisa, chantée par Chano Lobato , a fini par illuminer le lieu.
¾   Éteins ce truc, putain !Mais qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu ! a hurlé le visiteur hors de luien entendant le morceau, les yeux levés au plafond comme pour le supplier qu’ilne s’effondre pas. Que pour ce qui était des plâtres, il en avait déjà assezessuyé pour cette nuit ! Merci, il avait eu son compte !
C’était leur morceau fétiche.
Un air que Christina et lui adoraient écouterensemble. Elle, pour se reposer des heures et des heures passées à répéter sestaconeos. Lui, pour oublier les boulots de merde qu’il se tapait au fin fond dece campo sauvage, à perte de vue, sec, rocailleux, vallonné, pelé, jaunâtre,parsemé de chênes sous lesquels de grands toros noirs aimaient à s’agglutinerpour trouver un peu de fraîcheur dans la fournaise de l’été.
Il entretenait l’espoir un peu fou qu’un jourson heure viendrait. Un jour, la chance lui sourirait, il n’y avait pas deraison qu’il en soit autrement, elle finissait toujours par tourner, enfin,c’est ce qu’il se disait. Il fallait juste savoir la provoquer, c’est tout.
Pour se réconforter, il se disait quel’avantage d’être homme à tout faire dans ce trou perdu proche de Séville,c’est qu’il pouvait trouver du temps pour peindre, fabriquer, installer. Etexposer ses créations dans quelques-unes des institutions et des hôtels debelle facture de la capitale andalouse. Sûr qu’un jour son travail seraitreconnu et que la chance tournerait !
¾   Mais de quel droit,hombre ! Si ça ne te convient pas, tu peux dégager d’ici ! l’asoudain menacé Luis, le patron, subitement revenu d’un long coma et sous lecoup d’un vertige de hardiesse.
Les autresavaient froidement levé les yeux de dessus leurs tapas, silencieux comme desconjurés qui viendraient de prêter serment. Il en a déduit qu’il valait mieuxne pas insister :
¾   Ça va, ça va, il a fait, enbalançant sur le com

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