La Recette de l Abbé Harnez
193 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

La Recette de l'Abbé Harnez , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
193 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

La recette de l’Abbé Harnez Si y a une chose qui me fout en rogne, moi, c’est qu’on dessoude un mec quasiment sous mon blair. Et un gnace que j’aimais bien, qui plus est. Du coup, le mariage religieux de ma copine Suzette a été complètement foiré. C’est pas que je sois cul d’église, note, mais pas question de lâcher l’affaire. Me voilà donc lancée sur les traces d’un mystérieux assassin qui tient mordicus à me faire prendre l’Helvétie pour une lanterne. Le côté positif de la chose, c’est que j’ai appris à cuisiner de façon tout à fait convenable, moi qui étais plus douée pour manipuler la queue d’un mec que celle d’une casserole.

Informations

Publié par
Date de parution 21 juin 2013
Nombre de lectures 7
EAN13 9782312011516
Langue Français

Extrait

La Recette de l’Abbé Harnez
Vic Duvall
La Recette de l’Abbé Harnez











LES ÉDITIONS DU NET 22, rue Edouard Nieuport 92150 Suresnes
Du même auteur

Paires et Impairs
L’œil au beur Noir
Gauloise Blonde contre Gitane Mahousse
La Poule aux yeux d’or
Stock en Coke
Messes Noires
May Queen
Au nom du Pèze




Retrouvez toute l’actualité de Vic Duvall sur :
www.vic-duvall.com




© Les Éditions du Net, 2013 ISBN : 978-2-312-01151-6
La connerie, c’est le repos de l’intelligence.
Serge Gainsbourg


Repose donc la tienne en lisant ce book, et te scandalise surtout pas, bonhomme : je l’ai écrit juste pour te faire marrer.
Quant à mon style, il est grand temps que tu t’y mettes, ça me boufferait l’intestin grêle que tu clabotes en n’ayant ligoté que Malherbe ou La Boétie.
(Ceci dit, y a un petit dico à la fin de ce magnifique ouvrage, pour les ceusses qu’entraveraient pas l’argomuche ou le Petit Momo des banlieues).
« Un homme, ma petite fille, si tu veux le garder, faut lui faire autant plaisir par en haut que par en bas ».

Paroles de grand-mère.

C’est pour ça que j’ai aussi appris à cuisiner.
5 Juin 1944

Sur le chemin de terre, un peu en contrebas, j’ai soudain entendu un bruit de pas qui approchaient. Je percevais des chuchotements, le crissement des cailloux sous les semelles des chaussures. Ils sont passés à quelques mètres seulement de ma cachette, heureusement sans me voir. Ils avançaient en essayant de faire le moins de bruit possible, comme s’ils ne voulaient pas qu’on les voie ici à cette heure avancée de la nuit.
Je les ai reconnus, malgré l’obscurité.
C’étaient les gens que le Maître cachait chez lui. Ceux qu’il « protégeait », comme il se plaisait à le clamer fièrement à travers tout le village.
J’en ai compté quatorze, il n’en manquait pas un : tous étaient là, les parents, les enfants, les grands-parents, qui avançaient sur l’étroit chemin caillouteux, en file indienne. Chacun portait une valise qui paraissait très lourde. Même les plus jeunes étaient chargés d’un sac ou d’un balluchon.
On aurait dit qu’ils partaient en voyage.
Lui, je n’ai eu aucun mal à reconnaître immédiatement sa haute silhouette massive, un peu voûtée ; il marchait devant, une vieille femme vêtue de noir accrochée à son bras. Il portait son fusil de chasse en bandoulière.
Son fils fermait la marche. Son fils, mon meilleur ami. Lui aussi portait un fusil de chasse.
Alors, je ne sais pas ce qui m’est passé par la tête, mais au lieu de rentrer à la maison, j’ai décidé de les suivre. C’était par simple curiosité.
Je ne me demandais pas où ils allaient, bien sûr, ça je le savais : le sentier qu’ils empruntaient mène au Trou du Diable.
Le Trou du Diable, c’est un précipice tellement profond qu’on n’en voit pas la fin. L’endroit est toujours désert, les gens du village croient qu’il est hanté par le diable. Personne n’y va jamais, personne jamais n’ose emprunter ce chemin abrupt et caillouteux.
On ne peut pas aller plus loin : au bout, c’est un cul-de-sac.
Alors moi, ce que je me demandais, c’est simplement ce qu’ils allaient y faire, tous ces gens ?
Lorsque je l’ai compris, c’était trop tard : ils allaient y mourir.
1
Superbe, qu’elle est, ma copine Suzette. Sublime.
Tu la verrais ! Belle comme un cœur, resplendissante, rayonnante de bonheur.
Elle porte une longue robe d’organdi blanc toute brodée, très chouette, qui a dû lui coûter la peau des fesses.
La paluche experte du merlan a savamment relevé ses longues boucles blondes en un de ces chignons tarabiscotés qui lui donne des airs de Pompadour.
Un voile de dentelle surmonte cette pyramide artistique, un voile tellement arachnéen qu’il ferait pâlir de jalousie la petite épeire diadème qui crèche derrière ton buffet de cuisine.
Dans ses doigts fins, elle serre un simple petit bouquet de marguerites. Elle me sourit, se rapproche de moi :
– Alors, tu me trouves comment, Vic ? me demande-t-elle, anxieuse, virevoltant sur elle-même tout en essayant pour la millième fois, à force de contorsions, de capter sa silhouette massive dans le reflet inamical et rétréci d’un rétro de bagnole.
Eh oui, mon pote, figure-toi qu’on est tous plantés devant la Mairie de Bourg-Toilcoing, face au parking lilliputien de la Place Jean Picol-Troyvair, et on attend que s’ouvrent enfin les portes de la Salle des Mariages. Bourg-Toilcoing, tu sais pas où ça crèche ? T’inquiète, je vais t’expliquer, un peu plus loin.
Je regarde ma Suzon et lui souris en retour, rassurante :
– T’es sublime, ma poule. Adriana Karambar, à côté de toi, c’est carrément Tatie Danielle en plus moche.
Suzon, ravie, porte la main à sa bouche, m’envoyant dans un souffle un baiser par-dessus les tronches de ses (futurs) beaux-parents, qui croisent dans les parages comme deux corvettes escortant le Queen Mary 2 au sortir du port de Southampton. Elle rit, Suzon :
– Tu déconnes, Vic, mais merci quand même, t’es sympa.
Je déconne à peine.
C’est vrai qu’elle est superbe, ma copine. Souriante, et tout. Moi, je l’admire, tu sais ! Rester calme et sereine un jour comme celui-ci, je lui tire mon galure.
Parce qu’aujourd’hui, pour elle, c’est le jour J, le plus beau jour de sa vie : dans quelques minutes, elle va enfin marida son Jésus.
Non, c’est pas ce que tu crois, banane : Suzette n’entre pas dans les Ordres.
Je t’explique : elle se marie avec Jésus Montossiel, son compagnon depuis bientôt deux ans. Un ancien collègue à moi.
Ouais, OK, OK, je suis d’accord avec tézigue : Jésus, c’est pas un blaze fastoche à porter, surtout pour un poulet. Mais que veux-tu ! Sa vioque est Espagnole, à Jésus…
Espagnole, Catholique croyante et pratiquante, depuis la théière jusqu’au bout des arpions. Tu piges ? Pas la peine de te faire un dessin.
Y pouvait pas s’appeler autrement, son fiston, avec une daronne qui passe son temps à polir du fessier les bancs de toutes les églises, pire qu’une grenouille de bénitier.
Enfin, grenouille ou pas, faut reconnaître à sa décharge qu’elle a bien fait les choses, la mère de Jésus.
Elle a orchestré les épousailles de son fiston mieux que Von Karajan la Grand Messe du Couronnement au Philarmonia de Berlin.
Elle a tout décidé, la mère de Jésus. Tout organisé, tout géré, tout dirigé, tout planifié, tout commandé : la date du mariage, le lieu, l’heure, les invités, les bristols d’invitation, le traiteur, la bouffe, la salle de réception, la déco, l’orchestre, l’église, le discours du curé, la mairie, le timing, l’autocar au départ de Paname pour les invités, la robe de la mariée, le smoking du marié, son tailleur à elle (abominable), la cravetouze bariolée de son mari (à chier), et jusqu’à la destination du voyage de noces des tourtereaux. Tout. Elle a tout prévu {1} .
J’en suis même à me demander dans quelle mesure elle n’a pas planifié la minute exacte où le couple de jeunes mariés devra se faufiler hors de la Salle des Fêtes pour aller mettre la viande dans le torchon.
Cerise sur le gâteau, surtout pour les finances de nos jeunes amis : elle a aussi tout banqué.
Je ne sais pas si, dans la foulée, elle a conclu en parallèle un marché quelconque avec le Bon Dieu, la mère Montossiel, mais voilà qui ne m’étonnerait qu’à moitié : figure-toi qu’aujourd’hui, il fait un temps absolument radieux, alors qu’il n’a pas cessé de vaser sur notre beau pays de France depuis près d’un mois, c’est-à-dire depuis début juin.
Coïncidence ? Ou a-t-Il vraiment exaucé ses prières, Là-Haut, juste pour qu’elle lui foute la paix ?
Toujours est-il que le mahomet brille généreusement sur la campagne nivernaise, la température avoisine les vingt-quatre degrés, et les moineaux s’égosillent joyeusement dans les ramures des grands platanes de la Place Jean Picol-Troyvair, qui se situe, comme je te l’ai dit plus haut, juste devant la Mairie de Bourg- Toilcoing .
C’est en effet là, dans ce charmant village nivernais, que nos deux amis ont choisi de se dire « oui » pour la vie (enfin, pour la vie… moi, c’est ce que j’espère p

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents