La Reine captive
55 pages
Français

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Description

Guyane. Mademoiselle Lingèvres, une Européenne a mystérieusement disparu lors d’une promenade à bicyclette.


Le gouverneur, un ami de la famille, décide de faire appel à Paul DOUBLET, récemment démobilisé de l’infanterie coloniale et qui s’apprête à prendre le paquebot pour retourner en France.


Paul DOUBLET accepte de retrouver la jeune femme et est immédiatement nommé inspecteur du cadre de la colonie pour lui faciliter la tâche.


Le désormais inspecteur DOUBLET, guidé par son instinct, imagine que le rapt a un rapport avec une vieille légende indienne contant qu’un demi-siècle auparavant, une européenne avait été enlevée par une tribu et en était devenue Reine...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 4
EAN13 9791070035924
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

INSPECTEUR DOUBLET
À TRAVERS LE MONDE

LA REINE CAPTIVE
Récit d'aventures

Jean NORMAND
I
L'ÉTRANGE SUGGESTION

— Monsieur le Gouverneur, M lle Lingèvres a disparu, ce matin, au cours d'une promenade à bicyclette sur la route de Godebert.
Le chef de cabinet, qui venait de recevoir la nouvelle, l'annonça à son chef qui venait d'entrer dans son bureau.
Celui-ci demeura un instant interdit puis posa cette simple question :
— Des précisions, Chastel ?
— On a retrouvé sa bicyclette sur le bas-côté de la route et toutes les recherches sont demeurées inopérantes. Pas d'autres détails.
— Donnez-moi le téléphone.
Le gouverneur prit l'appareil et se mit en communication avec Saint-Laurent. Moins de cinq minutes plus tard, il causait avec le père de M lle Lingèvres, qui était un de ses amis.
— Faites-moi confiance !... L'impossible sera fait !... Je vous tiendrai au courant.
— Chastel !... Doublet ?
— Oui, Monsieur le Gouverneur, répondit sans la moindre hésitation Chastel.
— Il est certainement à Cayenne puisqu'il doit s'embarquer sur le prochain courrier. Arrangez-vous pour qu'il soit ici dans le minimum de temps possible.
Peu de temps après le coup de téléphone, il était dans le bureau du Gouverneur qui le mettait au courant des événements et qui terminait par ces mots :
— Personne ne peut vous obliger, M. Doublet, mais il s'agit de retrouver et de rendre à la liberté une jeune fille de votre pays, de votre race.
Doublet leva sur le chef de la colonie ses grands yeux clairs et répondit sans la moindre hésitation :
— Disposez de moi, Monsieur le Gouverneur.
— M. Doublet, dès maintenant vous êtes nommé inspecteur de police du cadre local de la colonie. Votre nomination sera signée ce matin même et vous partirez à Saint-Laurent par le vapeur de l'administration, à la marée du soir. Soyez ici à quatre heures au plus tard.
— Comptez sur moi, Monsieur le Gouverneur.
À peine Doublet eut-il disparu que le gouverneur se tournait vers son chef de cabinet avec un rayon d'espoir dans les yeux et s'écriait :
— Nous pouvons espérer, Chastel, il est avec nous !
Doublet venait de prendre là une décision qui modifiait considérablement son programme. Il allait entrer dans une nouvelle aventure qui pouvait l'entraîner il ne savait où. Quand prendrait-il le paquebot ?
À cette dernière question, il ne songeait même pas à se faire réponse.
Son calme fut tel qu'il rentra tranquillement à son hôtel, fit la sieste et prépara tranquillement ses bagages pour son embarquement
Ce fut au cours de ce travail que lui vint une étrange pensée qu'il rejeta tout d'abord, mais qui finit par accaparer son esprit comme une obsession.
— Nous verrons bien, se dit-il en enfermant dans un étui un fusil de chasse de fort calibre. La légende pourrait quelquefois bien nous amener sur la voie de la vérité.
À quatre heures précises, Doublet arrivait au gouvernement.
Le chef de cabinet lui remit sa nomination, qui allait lui permettre d'agir partout où il passerait avec les pouvoirs les plus étendus.
— Alors, demanda le Gouverneur au nouvel inspecteur, avez-vous réfléchi à la mission que vous avez bien voulu accepter ?
— Oui, Monsieur le Gouverneur et il m'est venu à l'esprit une suggestion étrange causée par la réminiscence d'une légende que j'ai entendu conter au cours de mon séjour à Saint-Laurent. Il est peut-être stupide de penser qu'il pourrait y avoir un lien entre celle-ci et l'enlèvement de M lle Lingèvres, mais il n'est pas déraisonnable de retenir au début toutes les hypothèses, même les plus invraisemblables, étant entendu qu'elles seront scrupuleusement vérifiées.
— Parfaitement d'accord, répondit le Gouverneur. Nous avons encore du temps devant nous, voyons un peu cette légende.
— Monsieur le Gouverneur, il faut nous reporter aux environs de 1896. À cette époque, les femmes condamnées aux travaux forcés subissaient leur peine en Guyane, comme les hommes. C'est seulement en 1905 qu'on décida de les garder en France.
— Très exact.
— En 1896 donc, il y avait, à Saint-Laurent, cinq ou six cents femmes gardées par des religieuses de l'ordre de Cluny, et, tout comme les hommes, elles cherchaient à tenter leur chance et à s'évader.
« Une des femmes y réussit un soir et parvint jusqu'aux placers du Haut-Maroni, où elle travailla, faisant la cuisine des mineurs, lavant leur linge. Jusque-là, nous sommes dans la vérité, entrons maintenant dans la légende.
« Un beau jour, cette femme, qui était de haute stature et d'une certaine beauté, disparut, et jamais plus on n'entendit parler d'elle dans les placers. Avait-elle été victime d'un serpent ou d'un fauve dans la forêt ? Avait-elle été reprise de la nostalgie de la liberté. Toujours est-il que voici l'histoire que j'ai entendu raconter la concernant.
Le Gouverneur se garda bien d'émettre la moindre réflexion et Doublet poursuivit :
— Partie à l'aventure sur une pirogue, cette femme serait tombée aux mains d'une redoutable tribu d'Indiens, les Oyaricoulets. Loin de se montrer cruels avec elle, ils l'emmenèrent dans leur tribu, où ils lui témoignèrent les plus grands égards. En fort peu de temps, s'il faut en croire la légende, elle prit un tel ascendant sur ses ravisseurs qu'ils en firent la reine de leur tribu. J'emploie le mot « reine » comme celui qui me paraît le plus apte à bien préciser les faits.
« Il y a dans la nature des êtres d'exception, et cette femme devait en être un, car elle prit bientôt sur les Indiens une autorité formidable, à tel point qu'elle étendit son pouvoir sur toutes les tribus du Haut-Maroni. Ma légende s'arrête-là, conclut Doublet, et personne n'entendit plus jamais parler de cette femme mystérieuse.
— Étrange histoire, en vérité, mais je ne vois pas bien le lien qui pourrait exister entre cette légende et l'enlèvement de M lle Lingèvres.
— Simple hypothèse, Monsieur le Gouverneur, et, maintenant, parIons un peu chiffres si vous le voulez bien. À l'époque où cette femme a gagné la forêt, elle était âgée de quarante ans. Ce n'est pas s'avancer d'affirmer qu'elle doit être morte depuis longtemps.
— La chose est plus que probable.
— Certaine, même, et on n'a jamais entendu dire que les Indiens aient cherché à donner une remplaçante à cette étrange souveraine. Pourtant, les femmes de race blanche n'ont jamais manqué à la colonie, et ce qui semble avoir importé aux Indiens, c'est justement cette qualité de femme de race blanche.
— Oui, possible, mais je ne vois pas bien les Indiens s'avisant d'emmener en forêt une de nos compatriotes pour lui décerner les honneurs souverains.
— Évidemment, les Indiens ne sauraient organiser eux-mêmes un rapt, mais, qui percera jamais le mystère dont s'entourent les petits hommes rouges ?
— Oui... Doublet... vous avez raison, répondit le Gouverneur, que les paroles de celui qui était maintenant l'inspecteur Doublet semblaient avoir fortement ébranlé.

Le lendemain matin, Doublet débarquait à Saint-Laurent, où il voyait les parents de M lle Lingèvres, qui ne pouvaient lui donner aucun renseignement. Aussitôt après, il rencontrait son ami Charlin, qui acceptait immédiatement de partir avec lui dans les bois, avec quelques-uns de ses camarades, rompus comme lui à la vie de la forêt.
II
UNE ASSEMBLÉE DE FORBANS
 
L'inspecteur Doublet eut tôt fait, avec l'aide de son ami...

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