La table de Robespierre
39 pages
Français

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Description

Hippolyte Plinthe, un professeur de philosophie expérimentale de soixante-quinze ans est retrouvé égorgé sur un banc du Jardin des Plantes.


La concierge du défunt indique au commissaire Odilon QUENTIN chargé de l’affaire, que le vieil homme s’était rendu, dans la matinée, au « Café Royal » dans l’intention d’écrire une lettre capitale sur la table de Robespierre, l’emplacement qu’occupait le célèbre politicien aux entractes du club des Jacobins durant la Révolution Française.


Sur place, un serveur confesse avoir surpris cet étrange client en train de griffonner un mot adressé au policier et dont le sujet évoquait « le baiser de la veuve ». Pourtant, la missive n’est jamais arrivée à destination.


Et que signifient cette lubie de se rendre sur la table de Robespierre et cette histoire de guillotine ? Mais surtout, pour quelle raison le mort arborait-il un sourire si radieux ?...


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Informations

Publié par
Nombre de lectures 8
EAN13 9782373472844
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Odilon QUENTIN
* 30 *
LA TABLE DE ROBESPIERRE
Roman policier
par Charles RICHEBOURG
CHAPITRE PREMIER
Le petit vieux très distingué pénétra dans la grand e salle du« Café Royal », sa serviette de maroquin noir sous le bras, et abor dant le premier garçon qu'il rencontra, il lui demanda d'une voix aigrelette :
— Pourriez-vous m'indiquer à quelle table Maximilie n Robespierre jouait son habituelle partie d'échecs ?
L'interpellé travaillait pour la première fois dans l'établissement où on l'avait engagé à titre d'extra ; de plus, il était Italien et jamais il n'avait entendu parler du célèbre conventionnel ; toutefois, plutôt que de confesser une ignorance préjudiciable à ses intérêts, il opta pour le menso nge et désigna un guéridon au hasard, dans son rang naturellement :
— Ici, Monsieur.
— C'est parfait ; je vous remercie !
Pendant une bonne minute, le client s'abîma dans la contemplation de l'endroit indiqué ; il retira de la poche de son pa rdessus un mouchoir d'une blancheur immaculée, il en effleura la chaise qu'il avait élue comme s'il craignait que la poussière s'y soit accumulée depuis 1789, pu is il s'assit, visiblement satisfait.
— Que puis-je servir à Monsieur ?
Le vieillard méticuleux concentra ses pensées, acce ntuant le fin réseau de rides qui sillonnait son large front de penseur :
— Un verre d'eau ! déclara-t-il finalement.
— Vichy, Vittel, Saint-Galmier, Apollinaris ?...
Nouvelle méditation, particulièrement profonde cell e-là :
— Non, je désire un verre d'aqua fontis, dans lequel vous aurez la bonté de diluer préalablement quelques gouttes denil aliud.
Sidéré par de telles exigences, le garçon allait ré pondre que le« Café Royal »tiques, lorsque lefaisait point commerce de spécialités pharmaceu  ne petit vieux très distingué le rassura en esquissant un geste bénisseur :
— C'est ainsi que les lettrés désignent l'eau du ro binet, mon ami, expliqua-t-il avec une courtoisie légèrement railleuse.« Aqua fontis, nil aliud » signifie en latin« de l'eau de source et rien d'autre ». Maintenant, pressez-vous, je vous prie : j'ai à travailler !
Cependant, comme le garçon allait s'éloigner, il le rappela d'un claquement
de doigts :
— Ah... j'allais l'oublier : apportez-moi de quoi é crire par la même occasion.
L'italien s'exécuta sans extérioriser son ébahissem ent, et après avoir placé devant cet innocent maniaque la consommation de son choix, l'encrier et le sous-main, il s'approcha de Robert, un collègue plu s ancien que lui dans la maison :
— Dis donc... fit-il à mi-voix. T'as déjà vu l'hurl uberlu qui s'est installé là-bas, près de la fenêtre ?... Oui... celui avec ses cheve ux blancs et son pardessus de ratine.
— Et comment si je le connais ! Mais c'est la premi ère fois que je le vois ici. Il y a quelques mois, il fréquentait assidûment le« Procope », où il s'asseyait à la table de Gérard de Nerval pour déguster un verre de flotte. Un beau jour, il a disparu de la circulation, si brusquement que je l'ai cru mort ! Dame... à son âge, n'est-ce pas...
— C'est un cinglé ?...
— Pas le moins du monde ! Comme tous les savants, i l est distrait ; il a ses manies et passe pour un original ; pourtant, ne t'y trompe pas : ce marmouset de rien du tout est une personnalité illustre : Hippol yte Plinthe qu'il s'appelle ; il est professeur, paraît-il, mais j'ai oublié de quoi. En tout cas, il reçoit des lettres de me partout : Churchill lui a écrit, Clemenceau, le gén éral Eisenhower, M Curie, Einstein... Tiens, regarde ! Il ouvre sa serviette pour en retirer des papiers. Tu serais bien étonné si tu pouvais déchiffrer le nom des signataires de ces babillardes !
— Je vais risquer un œil... murmura Vittorio, alléc hé.
Mettant à profit les leçons de la stratégie, l'Ital ien passa une serviette nonchalante sur le marbre de la table voisine, dépl aça le cendrier posé sur la suivante, rectifia la position d'une chaise un peu plus loin, et progressant par vagues successives, il vint se placer derrière le d istingué buveur d'eau qui écrivait avec application.
Robert n'avait pas menti : une des feuilles retirée s de la serviette de maroquin s'ornait des armoiries du Saint-Siège ; el le était datée de la Cité Vaticane et portait le large paraphe de S. Em. Le C ardinal Benavente di Bordigliera, secrétaire particulier du Pape.
Une seconde missive, aussi officielle que la premiè re, émanait du Cabinet du Président de la République Française ; malheureu sement la signature illisible défiait toutes les indiscrétions, même celle du curieux Vittorio.
Quant à la lettre, le garçon en déchiffra la suscri ption et le premier paragraphe avec une stupéfaction mêlée d'un certain respect :
« Monsieur le Commissaire Odilon Quentin.
« Police Judiciaire – Quai des Orfèvres – Paris.
« Monsieur le Commissaire,
« Vous vous souviendrez peut-être de cette singuliè re affaire Berthomieux qui, voici une quinzaine d'années, a su scité des polémiques passionnées dans le monde du Palais. »
Après ce court préambule, Hippolyte Plinthe rejeta la tête en arrière comme s'il cherchait l'inspiration, et l'extra en profita pour déguerpir sans tambour ni trompette, car il ne désirait nullement se faire pi ncer en flagrant délit d'espionnage par un monsieur qui avait ses petites entrées à la P.J.
— Tu avais raison ! murmura-t-il d'une voix pétrie de déférence dès qu'il eut rejoint son collègue. Croirait-on qu'un gringalet d e cette espèce puisse avoir des correspondants aussi distingués ! C'est à n'y rien comprendre !
— Il ne faut pas se fier aux apparences ! répliqua doctement l'ancien.
— C'est vrai ! En tout cas, tu ne devinerais jamais à qui notre homme est occupé à écrire en ce moment ; je te donne le pari à mille contre un !
— À la Reine d'Angleterre ?
— Non, vieux ! Au commissaire Quentin !
— Le gros policier qui ressemble à un marchand de b estiaux...
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