La Tache d encre
266 pages
Français

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Description

Un artiste peintre, Vincent Vidal, est en même temps professeur dans sa petite école d’arts plastiques. Deux de ses peintures sont achetées par un collectionneur lors d’une exposition à laquelle il participe avec quelques élèves. Vingt ans plus tard, la fille du collectionneur crée une fondation pour montrer les œuvres rassemblées par son père. Lors de l’inauguration, la peinture à l’encre l’Hymne au Soleil de Vincent Vidal disparaît. L’enquête qui est menée va faire ressurgir du passé du peintre des personnes qui étaient sorties de sa vie. L’œuvre disparue a généré des émotions, des sensations, des sentiments, des réactions diverses chez ces personnes mises en sa présence. Le seul fait de son existence a modifié la leur, à commencer par celle de son créateur.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 25 août 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332765833
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-76581-9

© Edilivre, 2014
Dédicace


À mes parents qui m’ont permis de m’engager sur la voie artistique et qui m’ont toujours manifesté leur affection et leur fierté. Ils n’auront connu que ma peinture. Ce sont eux qui m’ont donné le goût des histoires énigmatiques et qui m’ont ouvert à une vue humaniste de la vie. Je leur dédie ce roman sans violence.
À Isabelle avec qui je suis le chemin de la vie créative. Ensemble nous allons dans la même direction.
À mes frères et sœur et à mes amis qui nous soutiennent.
À Marie-Thérèse pour son enthousiasme et son travail de correctrice.
La Tache d'encre
Dans son intensité de flamme, Rouge traverse une éblouissante étendue laiteuse. D’un élan, fier et audacieux, il s’élève, solitaire, dans le presque vide sidéral. Sa traîne de comète essaime des cellules vives, des voiles superposés, des traces qui se fondent. Une courbe gracieuse à peine amorcée dévie la diagonale de sa course persistante dans la volonté sereine de rejoindre un astre tournoyant. Jaune, aux limites incertaines qui le font palpiter entre certitude et illusion. Cru et solaire, faussement naïf et insolemment présent dans son altitude hautaine. Tout en bas cendres et scories grumeleuses, charbon broyé, Noir s’étale presque de bord à bord, en suspension lourde et vaincue dans un horizontal abandon.
En relevant le pinceau d’un geste vif, une minuscule goutte carmin, tombe en limite de la zone d’ombre. Tache de sang, tâche de peine… Le peintre plonge le pinceau dans le bocal en verre, le secoue, faisant tinter les bords, signifiant la fin de son travail. Dans l’eau claire se dilue un nuage qui devient rosâtre. Après avoir déposé l’outil, le peintre prend du recul et regarde l’œuvre achevée. Voilà ! C’est ce qu’il voulait faire. Il avait cette image à réaliser. Quel était son sens ?
On pourrait épiloguer des heures, bâtir un roman, trouver une explication psychanalytique. On peut toujours dire tout sur tout. En l’occurrence tout est montré et à chacun de comprendre et de ressentir.
Vincent venait d’achever sa dernière peinture à l’encre. L’exigence de sa réalisation s’était imposée le matin alors qu’il l’avait créée dans sa tête depuis plusieurs semaines sans se résoudre à la mettre sur papier. Suite à un voyage en Égypte, il s’était enthousiasmé pour le personnage hors normes d’Akhenaton. Il avait découvert que ce pharaon avait capté la lumière divine du dieu unique. Cette illumination de sagesse, hélas ! mal comprise par les âmes ordinaires avait pourtant rayonné jusque dans son expression artistique générant un style inspiré. Totalement nouveau, célébrant la vie et enfin l’égalité des sexes, sortant du carcan figé des traditions, s’illustrant librement avec grâce et imprégné de symbolisme solaire, cet art avait trouvé un aboutissement intellectuel majeur dans la naissance de la poésie mystique. L’hymne au soleil . Ce poème avait transformé Vincent et il avait souhaité en donner sa propre vision par une œuvre simple mais puissante.
Un trait horizontal noir : la terre limoneuse d’Égypte, abreuvée par le Nil, gestative mais lourde.
Noir de la vie terrestre.
Une courbe rouge en élévation constante : l’énergie vitale, l’humanité dans sa volonté d’évolution.
Rouge de la vie mystique.
Un cercle jaune dynamique, tournoyant dans son mouvement d’expansion spiralée, le soleil créateur de vie et dispensateur de ses bienfaits, Dieu dans sa lumière.
Jaune de la vie divine.
Le peintre n’avait pas éprouvé autant de plaisir à peindre depuis plusieurs années. Idéaliste, il avait cru que partager ses visions en les exprimant par la peinture était le rôle de sa vie. Exploiter ses capacités, ses dons, son talent, sont les termes employés communément mais qu’est-ce que cela signifie au regard des autres ? Admiration, jalousie, incompréhen­sion, indifférence ? L’amertume avait remplacé l’idéalisme, la contrainte avait chassé l’envie. Et pourtant il avait peint sans arrêt. Depuis qu’au jardin d’enfant il avait trempé ses doigts dans la couleur, il avait réalisé qu’il pouvait formaliser les images qui s’imposaient à lui plus riches et denses que ce qu’il voyait du monde à travers ses yeux de myope. Paradoxalement clairvoyants. Mais pas pour gagner son pain ni pour prendre sa place au milieu du groupe. Il avait appris que pour être accepté en tant qu’artiste professionnel, il faut soit enseigner, soit appartenir à un milieu social, soit surjouer sa nature, soit savoir se vendre et accepter de devenir un produit de placement si sa « production » atteint une cote. Ce dernier cas de figure établissant la notoriété de l’artiste au détriment de la reconnaissance de son âme. Car que penser de l’œuvre ? Force est de constater qu’une minorité infime d’individus est capable d’apprécier l’art en tant que tel, simplement, avec émotion, sans a priori, sans que la société autorisée lui ait soufflé qu’il fallait le faire.
Il avait donc choisi d’enseigner pour transmettre des techniques et d’exposer de temps à autre. C’était sa manière de sortir ses peintures de l’atelier, de leur faire prendre l’air et, pourquoi pas, de toucher une personne au cœur. En fait il avait eu beaucoup de chance ces dernières années. Un peu reconnu par la qualité de ses cours, il avait été invité à participer à des expositions collectives. Grâce aux parents de certains élèves qui, voulant pousser leurs petits prodiges, avaient dû en passer par considérer leur maître. Il avait même rejoint un groupe local prestigieux, comptant plus de femmes d’élus ou de notables, des oisifs fortunés, des enfants de vieilles familles, des anciens professeurs franc-maçons de l’école d’art officielle, et enfin deux ou trois véritables artistes incontournables qui en redoraient l’image. Repéré par un galeriste éclairé, surtout dans le domaine du commerce, il avait, par son intermédiaire, vendu quelques toiles. Il était donc enfin admis dans le grand aréopage de l’intelligentsia de la ville. Sans pour autant se compromettre, il avait dû se montrer dans les cercles mondains et dans les exhibitions caritatives, celles où l’on peut, quand même et surtout, montrer que l’on a de l’argent tout en s’achetant son passeport d’humanité. Donc cette chance se prolongeait ce mois-ci dans le grand évènement culturel de l’année, le salon de référence, celui de l’association dont il faisait partie : les Artistes Plasticiens Associés. Familièrement appelée les APA. Le titre de cette manifestation en avait été choisi à l’unanimité : « La pensée, le geste ».
Le geste c’est ce qu’il démontrait de sa créativité. Gardant pour lui ses idées, ses messages, il avait trouvé dans une abstraction dépouillée, la manière de divulguer sa vision esthétique, simplifiant le symbolisme jusqu’au minimalisme afin de sauvegarder sa personnalité profonde et rester authentique.
Il avait retrouvé, dans la matérialisation de son idée, de la jouissance et la satisfaction d’un accomplissement.
Après un dernier coup d’œil à la feuille de papier coton sur laquelle les dernières traces humides avaient disparu, il se leva pour partir à son rendez-vous. Il devait rejoindre Géraud et Clémence, deux de ses élèves, pour repérer la salle d’exposition et attribuer les emplacements des œuvres.
– Cet endroit serait parfait pour nous, déclara Géraud, désignant la zone directement illuminée par une verrière zénithale.
– Surtout pas, répondit Vincent. Nous exposons essentiellement des encres et des aquarelles. Trop de lumière ne leur convient pas et risque d’en altérer les couleurs. Je préfère le renfoncement de droite près de la porte quitte à rajouter, s’il le faut, quelques lampes indirectes. Laissez cette place aux sculptures et autres œuvres en volume.
– J’allais vous le proposer, enchérit le galeriste. D’ailleurs je vais vérifier si j’ai suffisamment d’ampoules pour les spots. Il s’éloigna.
Géraud fit la moue car il se voyait plutôt trôner en bonne place face à l’entrée mais il convint de la justesse du conseil. Clémence buvait les paroles de son professeur et acquiesçait à toutes ses remarques, ce qui agaçait Vincent prodigieusement. Des cinq élèves qui seraient à ses côtés, c’était elle qui possédait le plus de caractère mais elle ne se permettait pas de le montrer. Comme les autres, elle travaillait dans le même style que lui. Ils s’ingéniaient tous à se comporter en bons petits élèves appliqués de leur École de peinture, besognant dans l’ombre du maître. Ils ne comprenaient pas que ce qu’il tentait de leur apprendre c’était des techniques et de l’ouverture d’esprit pour qu’ils prennent leur indépendance afin de se révéler. Il n’avait que faire de singes bien dressés. D’Aurélie, Lionel et Sacha, coulés dans le même moule, le seul qui avait osé se démarquer était Sacha qui signait depuis peu de son véritable prénom : Loan. Enfant adopté d’origine asiatique, il revendiquait, par cette affirmation, ses influences.
– Salut les tâcherons, les apostropha de son ton grinçant, un grand échalas qui fit claquer la porte derrière lui. Son haleine sentait le vin.
Lincal, le nouveau venu, se moquait ainsi de leurs œuvres qu’il qualifiait de taches, d’où son jeu de mots.
– Bonjour Jean-Marie, répondit Vincent, lui renvoyant son attaque car Lincal détestait ce prénom, à son goût ordinaire et petit bourgeois.
– Vous vous attribuez les bonnes places avant tout le monde à ce que je vois.
– Ça m’étonnerait que tu veuilles être dans l’ombre, répliqua Vincent avec ironie.
Lincal grimaça en guise de réponse.
– Où est le tôlier ? lança-t-il grossièrement en cherchant du regard le propriétaire de la galerie.
– Monsieur Fournier est dans la réserve, répondit Clémence,

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