Lame de corsaire
141 pages
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Description


Le Pirée, mars 1774 ; La frégate française Scylla embarque une cargaison précieuse : de l'or, des armes, deux mystérieuses passagères pour l'Amérique, ainsi qu'un cadeau des Turcs pour son capitaine, Eric van Stabel, la vieille lame d'un corsaire algérien.


Le voyage commence sous de funestes auspices : deux navires de guerre anglais prennent en chasse le Scylla, et l'un des matelots du vaisseau français meurt dans d'étranges circonstances. Et comme si ces malheurs ne suffisaient pas, d'effrayantes rumeurs courent parmi l'équipage : à chaque escale du Scylla dans les ports de Méditerranée, une femme serait assassinée, et le diable aurait élu domicile à bord.


Au cœur de cette tourmente, van Stabel charge les enseignes Christian de Saint-Preux et Georges Verlanger, deux jeunes officiers intrépides, de mener l'enquête. Ceux-ci auront fort à faire pour dénouer l'écheveau et survivre aux combats navals imposés par l'Anglais. Une vérité se dégage peu à peu : les secrets des marins sont aussi mortels que les boulets de canon...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 24 janvier 2020
Nombre de lectures 1
EAN13 9782374537412
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Présentation
Le Pirée, mars 1774 ; La frégate française Scylla embarque une cargaison précieuse : de l'or, des armes, deux mystérieuses passagères pour l'Amérique, ainsi qu'un cadeau des Turcs pour son capitaine, Eric van Stabel, la vieille lame d'un corsaire algérien.
Le voyage commence sous de funestes auspices : deux navires de guerre anglais prennent en chasse le Scylla, et l'un des matelots du vaisseau français meurt dans d'étranges circonstances. Et comme si ces malheurs ne suffisaient pas, d'effrayantes rumeurs courent parmi l'équipage : à chaque escale du Scylla dans les ports de Méditerranée, une femme serait assassinée, et le diable aurait élu domicile à bord.
Au cœur de cette tourmente, van Stabel charge les enseignes Christian de Saint-Preux et Georges Verlanger, deux jeunes officiers intrépides, de mener l'enquête. Ceux-ci auront fort à faire pour dénouer l'écheveau et survivre aux combats navals imposés par l'Anglais. Une vérité se dégage peu à peu : les secrets des marins sont aussi mortels que les boulets de canon…


Nicolas Cluzeau est l'auteur de nombreux romans de fantasy, dont les Chroniques de la mort blanche , Divinité alpha , Harmelinde et Deirdre , la tétralogie du Dit de Cythèle , Le Jour du lion , mais aussi de romans historiques, Rouges Ténèbres , Chasses olympiques . Résidant à Istanbul, il partage son temps entre l'écriture, les jeux de rôle et les études historiques.
LAME DE CORSAIRE
Roman policier historique
Nicolas CLUZEAU
38, rue du Polar Les Éditions du 38
Seigneur, nous te remercions humblement pour la bordée que nous allons recevoir Lieutenant Bush, dans le roman Capitaine Hornblower , de C.S. Forcester. Les heures de travail du lion sont déterminées par sa faim. Une fois celle-ci satisfaite, prédateur et proie vivent paisiblement côte à côte. Chuck Jones. Ce livre est dédié à la mémoire de Patrick O’Brian.
PROLOGUE
Les premières lueurs de l’aube s’étendent sur les taudis et entrepôts du Pirée.
Le port de la glorieuse Athènes.
Charon, fasciné par la lumière aux couleurs féeriques, en oublierait presque qu’il se trouve dans la chambre d’un bouge. Et ce en bonne compagnie : une catin grecque empestant le raki – cette boisson forte que les Turcs appellent le lait de lion.
Charon a pu commencer ses préparatifs tandis qu’elle cuvait.
— Quelle pitié que je ne puisse rester plus longtemps avec toi, souffle-t-il à son oreille. Mais j’appartiens une hiérarchie qui ne pardonne pas les retards. Tu ne voudrais pas que je sois puni ?
Charon caresse les cheveux de la jeune femme, assise sur une chaise paillée. Ils sont noirs, comme ceux de la plupart des Grecs du Péloponnèse, et sentent mauvais : graisse, saleté s’y accrochent. L’odeur âcre du sang, aussi.
— Tu ne voudrais pas ça, tout de même ?
La jeune femme ne répond pas. Charon sourit. C’est vrai qu’il est impressionnant. Du moins le croit-il. La fierté de sa stature le contente. Les preuves de tous les combats qu’il a menés, aussi.
Mais il doute que ce soit la timidité qui empêche la jeune Grecque de parler.
Il lui a coupé les cordes vocales une heure plus tôt. L’artère, ça viendra plus tard.
Charon se penche devant le visage de sa victime, fait mine d’écouter ce qu’elle essaie de lui dire. Puis il lui donne une gifle retentissante et gronde :
— Tu n’auras pas un seul verre de plus, infâme créature ! Tu es devenue folle à cause des boissons du diable, tu as tué, mutilé, sauvagement assassiné ceux que tu aimais avant de t’enfuir, catin, mauvaise femme, destructrice immonde. Je te crache au visage, progéniture maudite d’Ève, je t’exècre, je t’abomine et te voue aux Gémonies. Mais pas avant, non, pas avant que Charon, ce passeur brave, ce justicier magnifique, ce héros impitoyable, ait accompli la quête infinie que Dieu a ordonnée. Purger le mal au fond de toutes celles qui sont contaminées : cette âme maudite qui s’est réfugiée sous ton crâne fragile, derrière ces yeux faussement doux et compréhensifs, élargis, enfin, par l’inévitable terreur. Ce sentiment qui t’envahit lorsque je te retrouve et perce ton secret, pitoyable petite femme au visage de mort !
Charon se rend compte qu’il a élevé la voix. Il faut qu’il reprenne son calme.
Mais comme toujours, ces yeux le rendent fou. Affolés, ils le supplient. Ou l’accusent. Pire : se moquent de lui. Le méprisent, plus probablement.
Les lointains souvenirs remontent à la surface. Des corps étendus sur le sol d’une terrasse ensoleillée. Un être qui tend son bras vers lui en se tenant la gorge, se noyant dans son propre sang. Une flaque rouge où se baigne un homme aux longs cheveux noirs, au visage frappé de stupéfaction. Charon se souvient de cette tunique trempée de sang. De la chaleur de l’été. De l’odeur putride montant des corps.
Charon est sur le point de hurler. Se maîtrise.
Dégaine un poignard. Approche la pointe de l’œil droit de sa prisonnière. Sa main tremble. Son regard englobe la chambre aux murs lépreux, la paillasse qu’il n’a même pas utilisée, la porte branlante. La catin tente de se rebeller, pleure, émet des gargouillements sanglants et pathétiques.
Le bruit du port qui se réveille couvre tout. Mouettes et chats se battent, sans doute pour un bout de pain ou des entrailles de poisson.
Un sourire étire les lèvres de Charon.
Tellement de choses à faire avant de partir. Perfectionner son œuvre. Infliger le châtiment. Crever cette femelle immorale.
La pointe du poignard touche la cornée de l’œil. Les gargouillis incompréhensibles de la prostituée ne lui inspirent aucune pitié. Elle cherche à tourner la tête, mais la petite planche attachée à son cou l’en empêche. Un grand frisson d’horreur la secoue. Encore.
Charon, étonné de la combativité de sa proie – d’habitude, elles se résignent si vite –, fait glisser la pointe du couteau sur la peau de pêche de cette Grecque prise dans la toile de son propre destin.
Ironique. Un peuple qui, dans l’antiquité, s’est remis tout entier aux prophéties des Dieux de l’Olympe.
Tenter d’échapper à sa destinée, voilà qui est bien orgueilleux. Cela suscite chez Charon un fugace sentiment d’admiration. Cette faiblesse est vite chassée de son esprit. Il reprend son discours :
— Je me suis déclaré exterminateur de l’immoralité féminine et chasseur des âmes ayant accueilli celle qui fut la source de tous mes maux, ma chérie. Et tu sais que comme tout passeur digne de ce nom – du moins c’est ce que mon sang m’a enseigné –, je me dois d’être payé de mes efforts. Ta vie physique même n’est rien, juste un amas de chair, de sang et de déjections. Alors je dois me payer sur autre chose et prouver à mon sang adoré que j’ai fait mon devoir. Ce devoir glorieux. Ce dessein ultime. Vous êtes trop nombreuses, oh oui, cela, je le sais, ma chérie, à être les héritières de la folie d’une seule, mais plus je vous exterminerai, plus notre colère sera assouvie. Tu le comprends, cela, n’est-ce pas ?
Soudain, Charon se rend compte que la catin ne parle pas sa langue. Qu’elle n’a sans doute rien compris à ce qu’il a dit. Ce qui expliquerait cette agitation dont elle fait preuve, l’insolente.
— Dommage, fait-il avec une expression contrite.
Il rit silencieusement alors que son poignard entre en action.
Les pieds nus de la jeune femme raclent longtemps le plancher.
CHAPITRE 1
Le Pirée, Grèce, 19 mars 1774

— Paré à recevoir ! hurla le bosco 1 du Scylla depuis la dunette 2 de la frégate. Amenez-moi ce palan et cette chaise de gabier 3 , plus vite que ça, bande de traîne-savates !
— Le canot est en approche, fit le capitaine Éric van Stabel. Je distingue la petite cabine de protection. Que c’est charmant, ces petits parasols…
Il se tourna vers son second, dont le visage maigre arborait une expression contrariée – cela ne le changeait pas de son habitude :
— Monsieur Gerbille, veuillez vous assurer que tout se déroule au mieux.
— Bien, capitaine, répondit l’intéressé en levant un doigt à son tricorne.
Il se dirigea vers les passavants 4 pour donner des ordres.
Un peu en retrait, deux enseignes de vaisseau 5 se tenaient à la lisse 6 tribord, non loin des grandes roues de la barre.
Comme le capitaine, engoncés dans leurs uniformes bleus de cérémonie et leurs vareuses couleur sombre, ils regardaient le grand canot blanc arborant les couleurs royales se frayer un chemin dans le trafic maritime du Pirée.
— Ventre saint-gris ! dit Christian, redressant le torse avec fierté. J’espère que nous aurons un engagement bientôt, que je puisse prouver ma valeur devant des yeux qui sauront l’apprécier !
Georges, son compagnon, plus petit, le visage pâle, légèrement voûté, leva la longue-vue qui ne le quittait jamais et observa l’embarcation.
— Modère ta virilité, mon cher, répliqua-t-il. Ce navire possède trois cents paires d’oreilles et d’yeux. Il fait beau jeu de séduire, mais lorsque c’est un vice comme le tien et la cible une noble demoiselle aux cheveux blonds et aux yeux clairs qui va être une passagère, tu devrais t’abstenir.
— M’abstenir, grands dieux ! Mais l’impossible me tente plus encore, tu le sais.
— Hélas, oui, soupira Georges. Au point que parfois, tu nous fourres le nez dans des affaires qui ne nous regardent pas.
— Allons, cesse de râler, mon ami ! Un jour, tu lèveras les yeux de tes livres et tu te rendras compte que la vie est aussi belle que charmante, à l’image de ces tendres carognes que nous voulons adorer, à l'image des déesses antiques d’amour et de fraîcheur.
Georges roula des yeux et haussa les épaules.
À travers un vol de mouettes criardes, l’embarcation franchit une flottille de barques de pêche. Christian prit la longue-vue des mains de son ami et retint son souffle.
— Diantre ! Mais elle est absolument charmante !
— Messieurs de Saint-Preux et Verlanger, gronda le capitaine. Au lieu de vous la couler douce à la lisse en commentant les charmes de notre passagère, venez donc à la coupée 7 pour la recevoir avec les honneurs qui lui sont dus.
Les deux jeunes gens portèrent la main à leurs tricornes.
— Oui

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