Le Cardinal
78 pages
Français

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Description

Ange n'est plus tout à fait Ange. Le monde a changé, son monde. La noirceur gagne les bas-fonds de Paris, elle se répand telle la gangrène.
La Reine du jeu, princesse Erika en est-elle la cause ?
Que dire du Roi Auguste, mis à mal par cette vampire perverse et dominatrice ?
Échec et Mat ?
L'espoir viendra-t-il alors des Kirā kage, les cavaliers protecteurs ?
Ou peut-être du fou, ce Cardinal longtemps endormi ?
Le groupe Givre pourra-t-il vaincre dans cette partie d'échec ?
Ils ne sont que les pions, mais parfois, les pions font tomber des reines et des rois.
A condition de bien choisir son camp...

Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9782373420524
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0022€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

DIVISION GIVRE
Tome 3 : Le Cardinal
Jean Vigne
Éditions du Petit Caveau - Sang Neuf
Avertissement

Salutations sanguinaires à tous !
Je suis Van Crypting, la mascotte des éditions du Petit Caveau.
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La peur pour soi est l’arme de toute bonne dictature, la peur de l’autre, celle des démocraties.
R ue du Bouloi, 1 h 09.
La sonnerie…
Charles dépose son couvert Christofle dans son réceptacle, dernière cuillère en argent d’un ensemble de soixante-douze pièces estampillées à l’effigie de Napoléon III. Il claque sèchement le couvercle de la boîte en cuir doublé d’un velours rouge et le range dans le vaisselier Louis XV. Ici, tout respire l’ancien, l’ordre, la rigueur et, plus que tout, la propreté. Chaque meuble est lustré, chaque parquet ciré, aucune des trente-huit fenêtres que compte l’hôtel particulier n’est entachée de la moindre salissure. Charles est fier de son œuvre, un labeur quotidien qu’il s’applique à respecter à la lettre.
Y déroger une fois, c’est perdre la bataille contre cette poussière détestable, armée de l’infime qui, aidée par la pollution croissante, ne cesse de rendre sa tâche plus ardue. Qu’importe, il n’est pas homme à se laisser abattre par la première difficulté venue.
C’est sans compter sur ces maudits vendeurs, colporteurs et autres resquilleurs qui se permettent de le vampiriser. Vampiriser, ce mot lui arrache un sale rictus, une expression qui n’est pas synonyme de joie. Lui sait, il connaît la vérité et, depuis ce jour, il dort peu, quatre heures par nuit, préférant s’égarer dans cet entretien inutile plutôt que de sombrer dans une succession de cauchemars.
Nouvelle sonnerie...
Allez, un ultime coup de lingette sur le coin du mobilier pour effacer cette vilaine trace de doigt et il abandonne la salle de réception pour se diriger vers le vestibule. Un coup d’œil désabusé sur la comtoise, il détaille les aiguilles d’une mauvaise grimace. Qui ose le déranger à une heure pareille ? Certainement pas un quelconque vendeur à la sauvette. Une des vieilles connaissances de son maître ? Possible. Le tintement métallique à l’entrée l’oblige à se hâter.
— Oui, oui, j’arrive, c’est bon !
Et cette maudite arthrite qui ne cesse de martyriser sa hanche. À son âge, rien de vraiment surprenant. Les serviteurs de son genre se font rares et, pour dire vrai, il ne s’en étonne guère. Qui voudrait d’une place telle que la sienne, une vie où l’on loue son âme au diable ? Une de ses pensées va pour Éric, feu le domestique d’Auguste Duvaldelacour. Un homme qu’il avait rencontré par trois fois, un des rares qu’il pouvait appeler « ami ». Ce dernier est mort dans d’atroces conditions à ce que l’on colporte dans la nuit parisienne. Un frisson le traverse, le pauvre Éric, finir ainsi. Et lui, n’est-ce pas ce qui l’attend ? Cette idée le pousse à fouiller le tiroir de la commode logée sous l’escalier de l’entrée pour se saisir de son M1911, un vieux modèle, mais qui a fait ses preuves. Contre les humains, c’est probable, mais face aux vampires...
La sonnerie résonne encore, de quoi définitivement l’agacer.
— Vous allez cesser ce vacarme ou je ne vous ouvre pas ! Vous avez vu l’heure ?
Il débarre le verrou de sécurité sans pour autant défaire l’entrebâilleur. La prudence est de mise et l’époque nécessite plus que jamais la méfiance. Son pistolet à portée, prêt à cracher son venin, il ouvre, tout en lâchant d’un ton morne :
— Oui ?
Le reste de sa réplique se tarit, sciée par la surprise. Aucune silhouette ne se dessine devant l’entrée, pas la moindre présence humaine. Charles lève les yeux au ciel, poussé par un sixième sens. Les vampires sont des êtres fourbes, mais aussi d’excellents grimpeurs. Un claquement sec frappe ses tympans. Paralysé de peur, son cœur s’emballe. Heureusement, sa main tient encore son arme, crispée sur la crosse. La foudre , c ’est elle la responsable. Elle est tombée dans le parc voisin, éclairant la façade d e l’habitation d’un bleu électrique. L’orage s’invite dans la danse, les premiers signes sont ce vent tempétueux. Bientôt, la pluie prendra le relais. La pluie, peut-être, mais point de trace de vampire collé au mur à sucer le lierre en guise d’apéritif. Tant mieux ! Charles s’apprête à refermer, certain d’avoir affaire à un petit farceur. Une sonorité stridente le fige dans son geste.
― Croa...
Son regard tombe au sol, s’arrête sur un corbeau au plumage brillant. L’oiseau est loin d’avoir l’aspect pitoyable de ses congénères. Ce volatile de belle taille est apprivoisé et Charles en connaît la triste propriétaire. Princesse Erika, ce simple nom, le terrorise. D’un œil nerveux, il fouille la cour intérieure de l’hôtel particulier, n’y décèle aucune présence. Avec cette meurtrière, cela n’est pas gage de sécurité. Elle peut tuer d’un battement de paupière. Une fois, Charles a assisté à une mise à mort orchestrée par le Conseil de l’Est. Une manière de montrer à tous, vampires, mais aussi serviteurs humains, le prix de la désobéissance. Un joli banquet qui s’est terminé par l’exécution de trois suceurs de sang, des mâles de belle corpulence dont Erika n’a fait qu’une bouchée.
Nouvel éclair, nouveau tremblement. Les premières gouttes tombent au sol, myriade d’explosions liquides sur les pommettes patinées de la cour intérieure. Conscient qu’il n’a d’autres choix, Charles débarre la porte et s’emploie à questionner le corbeau :
― Que me veux-tu ? Où est ta maîtresse ?
L’oiseau répond d’un coup d’aile, se posant sur l’épaule du serviteur. Celui-ci peut sentir les ongles acérés se planter dans ses chairs. Charles grimace, mais s’abstient de repousser le volatile. Le regard de l’oiseau, deux pupilles noires où se reflète un fond carmin, suffit à le convaincre de n’en rien faire. Le domestique remarque alors ce petit rouleau de papier accroché à la patte du corbeau. D’un geste lent, il s’empare du message et le déplie. Aussitôt, l’oiseau prend son envol et disparaît entre pluie, vent et tonnerre. Charles, les cheveux dégoulinant d’une ondée devenue violente, n’en demande pas plus pour refermer l’entrée à double tour. Le regard fou, il lit la missive, les yeux exorbités :

« Le réveil du Cardinal a sonné.
Pr EV»

Princesse Erika Vingist, ce simple nom le fait frissonner. Pourtant, sortir le Cardinal de son sommeil le terrorise plus encore. Est-ce vraiment une bonne idée que d’obéir à une telle injonction ? Cet homme est le prince des fourbes, le maître de l’illusion, un politicien qui a mis à bas plus d’un régime. Voilà plus de quarante ans qu’il sommeille à l’abri des regards, oublié de tous... ou presque. Charles l’a suffisamment côtoyé, il espérait cette trouble époque à jamais révolue. Il aurait pu finir son existence en paix, à profiter d’une vie simple pour, un jour, mourir dans cette demeure, certes seul, mais heureux. Devant la courte missive, il sait déjà cette option caduque. Ne pas respecter ses engagements, c’est se condamner à une mort atroce, voire pire connaissant l’esprit pour le moins retors des vampires en matière de sévices. Alors, d’un pas lourd, Charles se dirige vers la porte de la cave, sort cette clef qui jamais ne le quitte, l’enfiche dans la serrure. L’escalier à peine dévoilé, une odeur prenante lui saisit les narines. L’humidité mêlée à cette pointe de moisissure l’agresse. Son doigt toujours posé sur l’interrupteur de la lumière, il laisse ses pupilles s’adapter à la pénombre à peine brisée par l’unique néon. Il finit par descendre les quelques marches, non sans pester contre ses articulations à bout de souffle. Le sol de la cave en terre battue est en grande partie camouflé par un fatras d’obje

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