Le Château dangereux
326 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Le Château dangereux , livre ebook

-
traduit par

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
326 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Walter Scott (1771-1832)



"C’était vers le déclin d’un des premiers jours du printemps. La nature, au milieu même d’une des provinces les plus froides de l’Écosse, sortait du long sommeil de l’hiver. Si la végétation ne se montrait point encore, du moins la température adoucie promettait la fin des rigueurs de la saison. On vit, à quelques milles du château de Douglas, deux voyageurs qui venaient du sud-est. En se montrant à cette période peu avancée de l’année, ils annonçaient suffisamment une vie errante, et cela seul assurait un libre passage même à travers un pays dangereux. Ils semblaient suivre la direction de la rivière qui emprunte son nom au château, et qui parcourt une petite vallée propre à faciliter l’approche de ce fameux édifice féodal. Ce filet d’eau, si petit en comparaison de sa renommée, attirait à lui l’humidité des campagnes d’alentour, et ses bords offraient une route, difficile à la vérité, qui conduisait au village et au château. Les hauts seigneurs à qui ce manoir avait appartenu durant des siècles auraient pu sans doute, s’ils l’avaient voulu, rendre ce chemin plus uni et plus commode. Mais ils ne s’étaient point encore révélés, ces génies qui, plus tard, apprirent au monde entier qu’il vaut mieux faire un circuit autour de la base d’une montagne que de gravir en droite ligne d’un côté et de descendre pareillement de l’autre, sans s’écarter d’un seul pas pour rendre le chemin plus aisé ; moins encore songeait-on à ces merveilles qui sont tout récemment sorties du cerveau de Mac-Adam. Mais à bien dire, pourquoi les anciens Douglas auraient-ils mis ces théories en pratique, quand même ils les eussent connues dans toute leur perfection ? Les machines de transport, munies de roues, si l’on excepte celles du genre le plus grossier et destinées aux plus simples opérations de l’agriculture, étaient absolument inconnues. La femme même la plus délicate n’avait pour toute ressource qu’un cheval, ou, en cas de grave indisposition, une litière. Les hommes se servaient de leurs membres vigoureux ou de robustes chevaux pour se transporter d’un lieu dans un autre ; et les voyageurs, les voyageuses particulièrement, n’éprouvaient pas de petites incommodités par suite de la nature raboteuse du pays. Parfois un torrent grossi leur barrait le passage et les forçait d’attendre que les eaux eussent diminué de violence. Souvent la digue d’une petite rivière était emportée par suite d’une tempête, d’une grande inondation ou de quelque autre convulsion de la nature ; et alors il fallait s’en remettre à sa connaissance des lieux, ou prendre les meilleures informations possibles pour diriger sa route de manière à surmonter ces fâcheux obstacles."



1306. Le château de Douglas, nommé le Château dangereux, est défendu par une troupe anglaise, fidèle au roi Edouard, commandée par sir de Walton et le jeune Aymer de Valence. James Douglas, partisan de Robert Bruce, tente de le reprendre. Pour couronner le tout, une dame anglaise, Augusta, déclare offrir sa main et sa fortune à celui qui tiendra le château un an et un jour...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 05 décembre 2022
Nombre de lectures 0
EAN13 9782384421626
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0015€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le Château dangereux


Walter Scott

Traduit de l'anglais par Albert Montémont


Décembre 2022
Stéphane le Mat
La Gibecière à Mots
ISBN : 978-2-38442-162-6
Couverture : pastel de STEPH'
lagibeciereamots@sfr.fr
N° 1160
I
Les deux voyageurs

On a vu deux armées prendre la fuite à ce terrible nom : oui, Douglas mort a gagné des batailles.
J OHN H OME .

C’était vers le déclin d’un des premiers jours du printemps. La nature, au milieu même d’une des provinces les plus froides de l’Écosse, sortait du long sommeil de l’hiver. Si la végétation ne se montrait point encore, du moins la température adoucie promettait la fin des rigueurs de la saison. On vit, à quelques milles du château de Douglas, deux voyageurs qui venaient du sud-est. En se montrant à cette période peu avancée de l’année, ils annonçaient suffisamment une vie errante, et cela seul assurait un libre passage même à travers un pays dangereux. Ils semblaient suivre la direction de la rivière qui emprunte son nom au château, et qui parcourt une petite vallée propre à faciliter l’approche de ce fameux édifice féodal. Ce filet d’eau, si petit en comparaison de sa renommée, attirait à lui l’humidité des campagnes d’alentour, et ses bords offraient une route, difficile à la vérité, qui conduisait au village et au château. Les hauts seigneurs à qui ce manoir avait appartenu durant des siècles auraient pu sans doute, s’ils l’avaient voulu, rendre ce chemin plus uni et plus commode. Mais ils ne s’étaient point encore révélés, ces génies qui, plus tard, apprirent au monde entier qu’il vaut mieux faire un circuit autour de la base d’une montagne que de gravir en droite ligne d’un côté et de descendre pareillement de l’autre, sans s’écarter d’un seul pas pour rendre le chemin plus aisé ; moins encore songeait-on à ces merveilles qui sont tout récemment sorties du cerveau de Mac-Adam. Mais à bien dire, pourquoi les anciens Douglas auraient-ils mis ces théories en pratique, quand même ils les eussent connues dans toute leur perfection ? Les machines de transport, munies de roues, si l’on excepte celles du genre le plus grossier et destinées aux plus simples opérations de l’agriculture, étaient absolument inconnues. La femme même la plus délicate n’avait pour toute ressource qu’un cheval, ou, en cas de grave indisposition, une litière. Les hommes se servaient de leurs membres vigoureux ou de robustes chevaux pour se transporter d’un lieu dans un autre ; et les voyageurs, les voyageuses particulièrement, n’éprouvaient pas de petites incommodités par suite de la nature raboteuse du pays. Parfois un torrent grossi leur barrait le passage et les forçait d’attendre que les eaux eussent diminué de violence. Souvent la digue d’une petite rivière était emportée par suite d’une tempête, d’une grande inondation ou de quelque autre convulsion de la nature ; et alors il fallait s’en remettre à sa connaissance des lieux, ou prendre les meilleures informations possibles pour diriger sa route de manière à surmonter ces fâcheux obstacles.
Le Douglas sort d’un amphithéâtre de montagnes qui bornent la vallée au sud-ouest, et c’est de leurs tributs, ainsi qu’à l’aide des orages, qu’il entretient son mince filet d’eau. L’aspect général du pays est le même que celui des collines du sud de l’Écosse, où paissent de si nombreux troupeaux. On y rencontre des terrains arides et sauvages, dont la plupart ont été, à une époque peu éloignée de la date de cette histoire, tous couverts d’arbres, comme plusieurs d’entre eux l’attestent encore par le nom de Shaw, c’est-à-dire forêt primitive. Sur les bords même du Douglas le terrain était plat, capable de produire d’abondantes moissons d’avoine et de seigle : il fournissait aux habitants autant de ces denrées qu’ils en avaient besoin. Mais, à peu de distance des bords de la rivière, si l’on exceptait quelques endroits plus favorisés, le sol susceptible de culture était de plus en plus entrecoupé de prairies et de bois, et le tout se terminait par de tristes marécages en partie inaccessibles.
C’était d’ailleurs une époque de guerre, et il fallait bien que tout ce qui était de simple commodité cédât au sentiment exclusif du péril. C’est pourquoi les habitants, au lieu de chercher à rendre meilleures les routes qui les mettaient en communication avec d’autres cantons, rendaient grâces aux difficultés naturelles qui les exemptaient de la nécessité de construire des fortifications, et de barrer complètement les passages. Leurs besoins, à peu d’exceptions près, étaient complètement satisfaits, comme nous l’avons déjà dit, par les chétives productions qu’ils arrachaient à leurs montagnes et à leurs holms (1) , ces espèces de plaines leur permettant d’exercer leur agriculture bornée, tandis que les parties les moins ingrates des montagnes et les clairières des forêts leur offraient des pâturages pour les bestiaux de toute espèce. Comme les profondeurs de ces antiques forêts, qui n’avaient pas même été explorées jusqu’au fond, étaient rarement troublées, surtout depuis que les seigneurs du district avaient négligé la chasse, occupation constante des jours de paix, différentes sortes de gibier s’étaient considérablement multipliées. En traversant les parties les plus désertes de ce pays montagneux, on voyait parfois non seulement plusieurs variétés de daims, mais encore ces taureaux sauvages particuliers à l’Écosse, ainsi que d’autres animaux dont la présence indiquait l’état barbare et primitif de la contrée. On surprenait fréquemment le chat sauvage dans les noirs ravins ou dans les halliers marécageux, et le loup, déjà étranger aux districts plus populeux du Lothian, se maintenait dans cette contrée contre les empiétements de l’homme : il faisait encore la terreur des peuples qui, plus tard, ont fini par l’expulser complètement de leur île. Dans l’hiver surtout (et l’hiver était à peine écoulé), ces sauvages animaux, poussés par le manque de nourriture, et devenus d’une extrême hardiesse, fréquentaient par bandes nombreuses les champs de bataille, les cimetières abandonnés, quelquefois même les habitations humaines, pour y guetter des enfants sans défense, et ils montraient dans ces expéditions autant de familiarité qu’en laisse voir aujourd’hui le renard, quand il s’aventure à rôder autour du poulailler de la fermière (2) .
D’après ce que nous avons dit, nos lecteurs, s’ils ont fait leur tour d’Écosse (et qui ne l’a point fait aujourd’hui ?), pourront se former une idée assez exacte de l’état sauvage où se trouvait encore la partie supérieure de la vallée de Douglas pendant les premières années du XIV e siècle. Le soleil couchant jetait ses rayons dorés sur un pays marécageux qui allait en montant vers l’ouest, borné par les montagnes que l’on nommait le grand et le petit Cairntable. La première était, pour ainsi dire, la mère de toutes les collines du voisinage, source de plus de cent rivières, et sans contredit la plus élevée de toute la chaîne. Elle conservait encore sur sa sombre crête et dans les ravins dont ses flancs étaient sillonnés, des restes considérables de ces antiques forêts dont toutes les éminences de cette contrée étaient jadis couvertes. Cela pouvait se dire surtout des collines sur lesquelles les rivières, tant celles qui coulent vers l’est que celles qui s’en vont à l’ouest se décharger dans la Solway, cachaient leur modeste origine, comme de pieux solitaires se dérobent aux yeux du monde.
Le paysage était encore éclairé par les rayons du soleil couchant, qui, tantôt se réfléchissaient dans des marais ou des cours d’eau ; tantôt s’arrêtaient sur d’énormes rochers grisâtres qui encombraient alors le sol, mais que le travail de l’agriculture a depuis fait disparaître ; tantôt enfin ils se contentaient de dorer les bords d’un ruisseau, prenant alors successivement une teinte grise, verte ou rougeâtre, suivant que le terrain lui-même présentait des rocs, du gazon, ou formait de loin comme un rempart de porphyre d’un rouge foncé. Parfois aussi l’œil pouvait se reposer sur la vaste étendue d’un marécage brunâtre et sombre, tandis que les jaunes rayons du soleil étaient renvoyés par un petit lac, par une nappe d’eau claire dans la montagne, dont le brillant, comme celui des yeux dans la figure humaine, donnait la vie et le mouvement à tout l’ensemble.
Le plus âgé et le plus robuste des deux voyageurs était un homme bien mis et même richement habillé, par rapport aux modes du temps. Il portait sur son dos, suivant la coutume des ménestrels ambulants, une boîte qui renfermait une petite harpe, une guitare, une viole ou quelque autre instrument de musique propre à l’accompagnement de la voix : la caisse de cuir l’annonçait d’une manière incontestable, quoique sans indiquer la nature exacte de l’instrument. La couleur du pourpoint de ce voyageur était bleue, celle de ses chausses était violette, avec des crevés qui montraient une doublure de même couleur que la jaquette. Un manteau aurait dû, suivant la coutume ordinaire, recouvrir ce costume ; mais la chaleur du soleil, quoique la saison nouvelle fût encore peu avancée, avait forcé le ménestrel de le plier en le serrant autant que possible, et d’en former un paquet long qu’il avait attaché autour de ses épaules, comme la redingote militaire de notre infanterie. La netteté avec laquelle ce manteau était arrangé dénotait un voyageur qui connaissait depuis longtemps et par expérience toutes les ressources nécessaires contre les changements de temps. Une grande quantité de rubans étroits ou aiguillettes, servant chez nos ancêtres à joindre leur pourpoint avec leurs chausses, entourait tout son corps d’une espèce de cordon composé de nœuds bleus et violets, correspondant ainsi pour la couleur avec les deux parties de l’habillement. La toque ordinairement portée avec ce riche costume était celle que les peintres donnent à Henri VIII et à son fils Édouard VI. Celle du voyageur était plus propre, vu la riche étoffe dont elle était faite, à briller dans un lieu public, qu’à gar

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents