Le Codir m a tuer
130 pages
Français

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Description

Charles-Henry de Pélagrine, brillant et cynique directeur marketing de CJP, est trouvé mort avec, accrochée à sa cravate, une feuille sur laquelle est imprimé : Le codir m'a tuer. Seuls les sept membres du codir (comité de direction) ont accès à leur salle de réunion où gît le cadavre de Charles-Henry. Suicide ou meurtre ? C'est ce que devra élucider le lecteur accompagné de l'inspecteur Huckendubler. Ils plongeront au cœur de la violence du monde de l'entreprise et louvoieront entre intérêts personnels, manipulations et combines de toutes sortes.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 22 juillet 2013
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342009590
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0049€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le Codir m'a tuer
Philippe Détrie
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Le Codir m'a tuer
 
 
 
 
 
 
 
Le Codir m’a tuer est un roman policier d’entreprise (business-thriller) : c’est l’histoire d’un directeur trouvé mort par un de ses six autres collègues du Codir (comité de direction) avec, accrochée à sa cravate, une feuille sur laquelle est imprimé « Le Codir m’a tuer. » Suicide ou meurtre ?
 
Le thème est la violence du monde de l’entreprise : aucun respect, aucune morale, aucune pitié.
 
On pourra proposer trois autres déclinaisons :
- pièce de théâtre ou film : le texte est facilement transposable à la scène et à l’écran.
- comédie musicale : une dizaine de chansons (airs à créer) en alternance avec les dialogues. Un pianiste et un violoncelliste accompagnent sur scène les comédiens-chanteurs.
- Cluedo : comme dans le jeu de société (distribué par l’éditeur Hasbro) où les joueurs doivent découvrir parmi eux qui a tué le docteur Lenoir dans un manoir anglais, les participants à la représentation doivent répondre à la fin de chaque acte à la question : « qui a tué Charles-Henry ? ».
 
Ces approches associées permettraient de créer la première « cluédie musicale » au monde.
 
Trois actes et un épilogue :
I. Lundi soir : découverte du cadavre, premières investigations et vote (p. 11).
II. Mardi : présentation des personnages et de la situation, enquête et vote (p. 43).
III. Mercredi : développement de l’intrigue et vote (p. 87).
Épilogue : jeudi matin (p. 119).
Personnages :
Les sept membres du Codir de CJP, entreprise de distribution de meubles de 1 000 salariés :
- Georges Bradoux : président, soixante-cinq ans ;
- Charles-Henry de Pélagrine : directeur du marketing et des ventes, quarante ans ;
- Elodie Brugeois : directrice des ressources humaines, cinquante ans ;
- Baudoin Lemonnier : directeur administratif et financier, quarante-cinq ans ;
- Zohra Soussani, directrice de la communication, trente ans ;
-  Jean-Claude Frange, directeur de la logistique, soixante ans ;
- Chan, directeur des achats, âge indéterminé.
 
Quatre autres personnages :
- l’inspecteur Martinon ;
- un clochard ;
- le syndicaliste Stève ;
- la consultante Albane.
 
 
 
Premier acte. Lundi – la salle de réunion du Codir de CJP
 
 
 
Scène 1 : Chan et Georges
Le mort était sans vie. Rien ne transparaissait de ses yeux grands ouverts, de sa bouche béante, de sa posture flasque étalée dans une mare de sang sur la fameuse table ovale du Codir de CJP.
Chan, le directeur des achats de CJP, venait de découvrir le corps de son collègue. Il fut immédiatement frappé par l’absence totale d’un quelconque souffle de vie : aucune expression distinctive, aucun rictus symptomatique, aucune douleur apparente… Le mort ne disait rien, ne communiquait rien. Chan fut horrifié à la lecture des mots « Le Codir m’a tuer » imprimés en gros caractères sur une feuille de papier A4 accrochée à la cravate de Charles-Henry avec un trombone multicolore logoté Dodomi. À côté sur la table, un massicot désarticulé était tout ensanglanté. Chan vit alors que les deux poignets de Charles-Henry étaient tranchés.
Chan se précipita sur le téléphone intérieur, puis se ravisa et appela Georges de son portable.
— Georges ? C’est Chan… Venez vite, oui, dans la salle du Codir… Si Georges, il faut que vous veniez tout de suite… Oui, tout de suite…
 
Le bureau de Georges était au même étage que la salle du Codir, mais Chan préféra rester dans la salle pour éviter que quelqu’un ne vienne déplacer quoi que ce soit. L’étage était pourtant très calme. Il était 19 h 45, la plupart des collaborateurs étaient partis. Chan ne voulait pas être pris en défaut, sachant que c’était lui qui avait découvert le cadavre. Il connaissait l’implacable pouvoir de nuisance de la suspicion.
Georges arriva dans la minute qui suivit et entra dans la salle. Il vit le cadavre de Charles-Henry et meugla un « oh, putain ! » Il lança un rapide regard circulaire et fit immédiatement le rapprochement entre les poignets tailladés, le massicot dont la protection avait été retirée et les mots « Le Codir m’a tuer ».
— Mais, qu’est-ce qui s’est passé ? C’est lui qui a écrit ça ?
— J’sais pas, répondit Chan, je viens de découvrir tout ça à l’instant.
— Oh, merde ! Il faut appeler la police.
— Je le fais. Non, ne prenez pas le fixe, attention aux empreintes.
Georges se passa la main dans les cheveux comme dans ses moments de profonde perplexité ou de grande fatigue. Il était abasourdi.
— Mais, comment ça s’est passé ?
— J’étais venu chercher un dossier que je ne retrouve plus depuis ce matin.
— Mais, la porte était fermée quand t’es entré ?
— Oui, oui, fermée à clé…
 
Chan obtint de son portable le contact avec la police et expliqua sommairement la situation. Georges tournait autour de la table et exhalait des « oh, merde ! » ponctués de « ben, on est bien… » et de « il ne manquait plus que ça ». Il examina le corps de son directeur marketing et ventes sans le toucher pour essayer de distinguer quelques signes de vie. Charles-Henry était mort de chez mort. Lui, le grand animateur de la vie artistique et culturelle du tout-Paris, il n’animait plus rien.
Chan raccrocha :
— La police arrive tout de suite.
— Oh, putain ! Mais, tu l’as trouvé comme ça ?
— Oui, je vous promets. J’ai rien touché, rien bougé. Pas changé quoi que ce soit…
— Mais, qu’est-ce que tu faisais ici ?
— Je cherchais le dossier sur les rétrocessions de marges dont on a parlé au Codir ce matin. J’ai regardé partout dans mon bureau. J’ai pensé que je l’avais laissé ici…
— Oh, putain ! Tu devrais aller attendre la police à l’accueil et les faire monter directement et surtout discrètement. Et surtout ne dis rien, hein ?
— Comptez sur moi.
 
Chan descendit. Georges passa ses deux grosses mains dans les quelques cheveux qui lui restaient à soixante-cinq ans. Ses premières impressions à lui, patron de CJP, étaient trop fugaces pour qu’il puisse assimiler l’ensemble de la situation. Son esprit sautait des causes aux conséquences sans qu’il y pût faire régner un semblant de logique. Il se sentit mal. Les idées à peine esquissées fusaient et rebondissaient dans sa tête dans un mouvement brownien douloureux qui lui donnait le vertige : « il aurait pu faire ça ailleurs, ce con – c’est vraiment pas le moment – qu’est-ce qu’on va dire dans la boîte ? – quelque part, c’est bon débarras, il faisait vraiment chier – c’est Chan qui a fait ça ? – mais, il y a une putain de faute d’orthographe – il aurait fait ça avec le massicot ? – et quand il va falloir annoncer ça aux clients… et à la presse – il y a du sang partout – merde, il faut que j’appelle pour annuler le dîner. »
Georges se félicita de cette remarque éminemment concrète, car toutes ses autres pensées bouillonnaient et se télescopaient dans un tourbillon étourdissant. Il prit son portable et annula sèchement son dîner. Sa femme eut beau lui quémander quelques explications pour ce refus soudain, il lui répliqua vertement qu’il était désolé, qu’il lui était impossible de se libérer et que non, il n’allait pas faire la fête avec d’autres et qu’elle aille seule chez ses amis, et que d’abord c’était ses amis à elle. Ce défoulement plus agressif que d’habitude eut au moins le mérite de le dégager quelques instants du maelström ahurissant que son esprit ne contrôlait pas.
Scène 2 : Chan, Georges et l’inspecteur
Chan et l’inspecteur de police, accompagné de deux policiers, arrivèrent. Georges accueillit les visiteurs :
— Bonsoir, messieurs.
Les trois lui retournèrent leur bonsoir et le plus âgé se présenta :
— Bonsoir. Inspecteur Martinon.
— Bonsoir. Je suis monsieur Georges Bradoux, le président de cette société. Entrez, je vous en prie.
Georges n’avait jamais rencontré de près un inspecteur de police. Il s’était construit une idée à partir des téléfilms que sa femme regardait quand il rentrait tard le soir chez lui. Avec des indices à la gomme : le mégot abandonné, le chien qui n’aboie pas à l’arrivée de l’assassin ou l’abattant des W.-C. remonté pour disculper une femme… Cet inspecteur ne portait pas de trench-coat ou de pardessus à col de velours, ni de chapeau melon. Pas de pipe au bec. Ce n’était pas non plus le style américain, noir, cheveux ras, épaules de catcheur… Aucun signe distinctif, l’art de se fondre dans la masse.
L’inspecteur posa un porte-documents datant de l’invention du skaï et s’approcha de Charles-Henry. Il l’examina avec soin : c’était un bel homme, d’une quarantaine d’années, élégant, plutôt du genre racé. Il était beau et il le savait : la suffisance des traits, la coiffure rejetée en arrière sur le col, l’étoffe et la coupe du costume, le cuir impeccable de ses bottines à bout droit, tout suggérait une grande prestance. L’inspecteur observa les poignets de chemise et de veste maculés de sang, ainsi que le massicot déglingué et les mots « Le Codir m’a tuer ». Puis, son regard revint sur le corps. L’attention se transforma en perplexité car pour lui, un mort est souvent plein de vie. Des visages grimaçants de douleur, ou des figures soulagées et heureuses de ne plus avoir à souffrir, ou des faces décomposées. Mais là, aucune expression, aucune impression : le mort était vraiment sans vie. Il demanda à ses deux acolytes de relever les empreintes et proposa à Georges et Chan de s’asseoir. Il sortit de son porte-documents un bloc-notes raturé de partout et un stylo Bic qui n’en était pas à sa première enquête. Chan eut pitié

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