Le Divan Noir
91 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
91 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Ce roman, à serrer contre son cœur, est un trop plein de tendresse et d'émotion.


Ce livre est une analyse psychanalytique d’un parcours de vie, entre sa face sombre et ses moments de lumière. C’est une rencontre périgourdine entre un psychanalyste et sa patiente, mais qui analyse qui réellement ? Entre la recherche de soi et celle de l’amour, qui amène également à la peur, comment gérer les problèmes qui nous ensevelissent ?


Un roman déterminé et entraînant, un roman à serrer contre son cœur.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 08 octobre 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782368327807
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le Divan Noir






















La SAS 2C4L — NOMBRE7, ainsi que tous les prestataires de production participant à la réalisation de cet ouvrage ne sauraient être tenus pour responsables de quelque manière que ce soit, du contenu en général, de la portée du contenu du texte, ni de la teneur de certains propos en particulier, contenus dans cet ouvrage ni dans quelque ouvrage qu'ils produisent à la demande et pour le compte d'un auteur ou d'un éditeur tiers, qui en endosse la pleine et entière responsabilité.
Colette Jarjavay







Le Divan Noir





















Toute ressemblance entre la réalité et cette fiction ne serait que fortuite.
I

Janvier 1983.

La mort est là, dans son esprit. Pourtant Anne aurait dû l’oublier, la noyer dans sa vie, l’engloutir dans sa lutte, l’écraser dans son subconscient.
Voilà qu’elle ressurgit, quinze ou seize ans après, elle ne sait plus exactement.
Allongée sur un divan noir, elle s’intègre à cette mort. Celle qui a déchiré sa vie, tué ses illusions : celle encore qui l’a aidée à devenir adulte. Elle tente de la comprendre, presque de la justifier. Elle ne voulait pas y revenir, encore moins fouiller dans ce passé, ni bousculer des souvenirs faussés par le temps.
Pourtant, l’homme assis derrière elle l’a mise au pied du mur ; elle ne lui en veut pas, c’est son rôle. Mais comment en est-elle arrivée à reculer de tant d’années ? Tout d’un coup, sa colère l’envahit, il est trop tard maintenant. Elle doit vaincre et dominer cette mort, détruire ses méfaits, faire ressortir ce qu’elle a de positif.
Elle sait qu’elle est parfois délivrance.
Sa colère s’estompe petit à petit, et laisse place à un chemin de lumière : elle admet alors que cette mort était une délivrance, cependant, elle se condamne de penser cela.
L’homme qui l’écoute dans ce lieu très sobre, c’est Monsieur Xéros. Cette petite pièce tapissée de blanc est sommairement meublée : un bureau et son siège, un secrétaire, et un divan noir confortable. Dans cet univers, tout est permis. Les barrières peuvent enfin s’écrouler, les tabous ne sont plus des tabous, les interdits, la retenue n’existent pas. On peut crier, rire, pleurer, tuer la mort, recréer la vie, comprendre, fouiller au plus profond de sa conscience, de sa souffrance, de son désir.
Allongée sur ce divan, elle parle en fermant les yeux, ou alors, elle fixe le mur blanc devant elle, ce mur blanc qui, lui, ne change pas.
Monsieur Xéros est à l’affût. Il la sent au bord des larmes, prête enfin à évacuer toutes ses souffrances. Il laisse cette jeune femme se transformer, se métamorphoser, réduire à néant ses blocages et ses interdits. C’est devant ce mur blanc que défilent le cours de sa vie, le film de son enfance, celui de son adolescence, celui enfin de son présent. Ce mur est un écran, Monsieur Xéros est un miroir.
Cet homme reste crispé sur son siège.
— Allez, continuez, libérez-vous, parlez, parlez.
Deux fois par semaine, depuis presque cinq ans, elle fait le même chemin, elle s’allonge sur ce même divan noir, devant ce même mur blanc.
C’est là qu’elle a compris qui était son père. Elle a découvert la fausse image de l’homme qu’elle avait gardée en elle pendant des années, cette fausse image qui l’a poussée à gâcher une partie de sa vie, à commettre des erreurs.
C’est là encore qu’elle s’est débarrassée de ses illusions, pour découvrir des réalités quelques fois bien douloureuses.
Elle peut enfin accepter cette mort, quinze ans après.
— Parlez, parlez, mais parlez de votre père !
Elle parle, pleure souvent, elle souffre aussi.
En fait… elle renaît.
II

Dans une séance de psychanalyse, les silences sont aussi douloureux que les pleurs et les paroles. Ce jour-là, ce silence dura longtemps, le premier mot est venu difficilement, les autres ont suivi :
— La mort était pour moi un au-delà rempli de lumière, un paradis de bonheur, une récompense de la vie. Je la voyais de près pour la première fois. Elle frappait en effet celui qui, pour moi, représentait la force de vie, l’intelligence et la réussite. Jamais je n’aurais songé qu’un jour mon père serait devant moi inanimé. Son autorité, sa sévérité, sa protection s’envolaient d’un coup.
Seuls, restaient un corps sans vie, un cœur ne battant plus, un esprit ne pensant plus. Presque tous les gens du village défilèrent devant le défunt, parce que c’était la tradition. Ils parlaient devant ce corps et cela me dérangeait. Ils serraient tous la main de ma mère avec beaucoup de compassion. Certains étaient sincères, d’autres moins, intéressés peut-être. « Comment la veuve va-t-elle s’en sortir ? Les terres sont-elles à louer ? » s’interrogeaient-ils avec si peu de discrétion.
Un voisin gros et rougeaud avait osé poser la question à ma mère. Très digne, elle n’avait rien répondu. Silencieuse, elle paraissait plus froide, plus distante que jamais. Sa pâleur ressortait dans ses habits de deuil. Je n’avais aucun mal à me taire ce jour-là, bouleversée, mais surtout révoltée. Je ne voulais pas que la mort m’arrache celui dont j’avais encore besoin. Je la trouvais injuste, odieuse même. Avant cette déchirure, emplie de naïveté, j’avais cette foi que l’on enseigne dans les pensions religieuses. J’avais beaucoup prié pour obtenir la guérison de cet homme.
Je croyais qu’il existait un dieu juste, écoutant et exauçant les prières sincères. Ces prières restées sans réponse m’avaient apporté un désespoir et une douleur indescriptibles. À quinze ans, je voulais encore être écoutée, regardée, aimée, grondée même.
Le fait que l’âme de mon père soit éternelle, ne changeait rien pour moi, puisqu’il était mort. Tout un monde d’illusions s’écroulait. Les bases religieuses dont on m’avait imprégnée n’étaient que des châteaux de sable. J’avais l’impression d’avoir été trompée.
Je savais que ma vie serait désormais une pure recherche de la réalité, mais sans le regard paternel.
— Décrivez votre père, demande le psychanalyste.
— Il n’était pas très grand, pas très gros non plus. Ses cheveux bruns plaqués sur le crâne se séparaient par une raie bien droite sur le côté. De ce visage triangulaire, on voyait surtout des yeux profondément sévères. Des sourcils très fournis dépassaient de ses lunettes rondes et épaisses. Lorsque je vois sa photo, j’ai des frissons dans le dos, son air autoritaire me fait peur…
Sur l’image de la sévérité, un silence tombe, pesant. Devant le mur blanc, défilent successivement la sévérité, la tyrannie, la bonté, le racisme et enfin l’amour.
Ce mur blanc devient insupportable. Les images qu’il lui renvoie sont emplies de contradictions. Jusqu’à présent, seuls sont restés dans son esprit les bons souvenirs. Par son imagination, son désir, un autre père était né, un père plein de qualités, celui qu’elle aurait choisi, celui qu’elle aurait aimé. Devant ce mur blanc, disparaissait ce père idéal. C’est ce qu’elle vient de comprendre après tant de tâtonnements. Sa gorge se serre, les mots ne viennent plus, mais ce film se déroule autrement. Les qualités et les défauts sont enfin clairs, les contradictions aussi.
L’a-t-elle aimé ? Elle ne le sait pas encore. S’il était toujours vivant, leurs optiques de vie s’accorderaient-elles ?
Elle a mal, mal car elle est déçue. Ses croyances s’évadent. La vérité n’est pas celle qu’elle aurait souhaitée. Elle savait tout cela maintenant, sans comprendre totalement. Les mots ne venant plus, elle pleure pour se libérer de sa douleur et cela lui fait beaucoup de bien.
— On va s’arrêter là pour ce soir.
Cette phrase lancée par Monsieur Xéros tombe pourtant très souvent au moment où Anne devient loquace. Révoltée devant cela, elle s’en plaint à son psychanalyste.
— C’est le secret de l’efficacité ! répond-il avec un sourire amusé et satisfait.
Mais ce soir-là, elle n’est pas mécontente de l’arrêt de cette séance. Ses yeux sont rougis par les pleurs. Elle quitte ce petit univers feutré. Monsieur Xéros la salue chaleureusement, cela la réconforte un peu. Pour la première fois, elle remarque le regard profond, quelque peu attendri de cet homme dont elle ne sait rien.
III

« Tu es folle, tu gaspilles ton argent ! » lui avait lancé sa mère et d’autres personnes ne croyant pas à la psychanalyse. Ceux qui refusent cette thérapie, ont-ils peur de se remettre en question ? C’est très souvent cela, elle en est sûre. Il est parfois difficile de faire s’écrouler les principes dans lesquels on trouve les bases de sa vie.
Mais elle n’a pas hésité, cela grâce à Franck qui ne l’acceptait pas telle qu’elle était. Il lui a conseillé de suivre une psychanalyse. D’autres auraient pris cela comme une injure, mais elle, toujours désireuse de progresser, s’est lancée dans cette expérience. Par amour pour son mari, elle aurait été capable de tout faire, cela parmi tant d’autres choses.
Elle a vu une dizaine de psychanalystes. Seul Monsieur Xéros lui a inspiré confiance. Elle fut frappée par son calme, son sourire tranquille, rayonnant et chaleureux. Elle se dit alors que cet homme était bien dans sa peau. De plus, il l’avait laissée libre dans le choix de la fréquence des séances, ce qui n’était pas le cas des autres psychanalystes rencontrés.
Quelquefois, le présent est le souci principal d’Anne. Elle veut le comprendre, l’améliorer, mais Monsieur Xéros la pousse à fouiller dans ce passé trop sombre, ce passé qu’elle a arrangé à sa manière, dont elle n’a retenu que les meilleurs moments.
— Les bons moments sont moins intéressants que les mauvais !
Cette phrase surprend Anne qui retombe dans un grand silence. Déçue, frustrée, elle est tentée de revivre les quelques joies de son enfance, ces rares instants de bonne humeur de son père. Elle le revoit alors jouer avec ses enfants, redevenir lui-même un enfant.
La chaleur et la douceur des veillées de Noël sont encore présentes en elle. Ces veillées fa

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents