Le duo des ombres
199 pages
Français

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Description

Des ruelles du vieux Bordeaux, aux marais de l’île de Ré... Entre présent et passé…
Un roman construit autour d’une demeure séculaire : Les Maraises.
Quand Vinciane accourt à l’appel inquiétant de sa sœur, un carnage l’attend dans la vieille maison de l’Ile de Ré abandonnée pour l’hiver. Iris est morte, emportant avec elle le secret de son silence depuis treize ans.
Renaissent alors les anciennes angoisses que Vinciane avait crues définitivement enfouies. Des souvenirs imprécis émergent, suscités par les apparitions d’une très jeune fille surgie d’un autre siècle pour venir hanter son sommeil. Amie ou ennemie ?
Quel est l’assassin qui élimine méthodiquement les femmes de son entourage ? Obsédé par le même rite, le meurtrier maquille de fard mauve les yeux de ses victimes.
A contre-cœur, la jeune femme se voit confier la garde de sa nièce de douze ans affligée d’un caractère difficile et d’un chien encombrant.
Le piège se referme sur Vinciane : ses proches sont-ils aussi transparents qu’elle s’était plu à le croire ?
Quelle confiance accorder aux suggestions oniriques soufflées par cet improbable fantôme ?
Le cheminement mortel du meurtrier le rapproche inéluctablement de la fillette et d’elle-même.
A moins que la vérité ne relève de sa propre personnalité et que l’issue ne soit plus horrible encore ?

Informations

Publié par
Date de parution 27 juin 2016
Nombre de lectures 6
EAN13 9782312044897
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0017€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le duo des ombres
Chantal Laborde
Le duo des ombres





















LES ÉDITIONS DU NET 126, rue du Landy 93400 St Ouen
© Les Éditions du Net, 2016 ISBN : 978-2-312-04489-7
1
Mercredi 15 février.
Sur la chaussée, la tempête balayait de grandes gerbes de pluie. Le péage du pont était désert, la nuit tombée depuis longtemps.
Perdue dans ses pensées, Vinciane présenta sa carte de crédit à l’employé prisonnier de sa guérite. Frissonnante, elle vit s’élever la barrière qui la séparait du passé.
Elle s’engagea sur le pont, dépassant rapidement la vitesse permise.
Un tumulte d’émotions contradictoires l’agitait avec la même violence que l’océan qui se déchaînait sous la lumière crue des projecteurs. Telle une marée, les souvenirs affluaient, et elle n’était pas prête à les accueillir.
L’Ile de Ré ! Tout au bout de l’interminable ruban de lumière.
La traversée du pont la mit mal à l’aise. Confronté à ses réminiscences enfantines, cet ouvrage du progrès et de la facilité frôlait le sacrilège.
Autrefois, pour accéder à l’île, il fallait la mériter.
Enfant , la traversée en bateau constituait une croisière initiatique aux coutumes immuables, un rite nécessaire destiné à se familiariser avec l’île, avant même d’y avoir posé le pied. La lente approche apprivoisait l’océan, réinventait les odeurs, alors qu’elle guettait, anxieuse, la bande de sable blanc qui s’épaississait à l’horizon.
L’image de deux fillettes presque identiques, agrippées au bastingage, les joues rosies par le vent, s’imposa à son esprit avec une force qui lui coupa le souffle.
Elle inspira profondément, s’efforçant de se détendre.
Ralentir… Inutile de jouer le jeu de ce maudit pont et d’en brûler les trois kilomètres à la vitesse de la lumière !
– Iris ! Qu’est-ce qui t’a pris après toutes ces années ?
Le son de sa propre voix la fit sursauter.
Tout avait commencé vers treize heures, dans une petite salle triste du Palais de Justice de Bordeaux. La séance était suspendue pour le déjeuner et elle s’efforçait de rassurer sa cliente, une femme d’une quarantaine d’années, qui menaçait depuis le matin de perdre complètement son sang-froid.
Diane Lusseau était accusée du meurtre de son mari.
Vinciane avait accepté d’assurer sa défense, à condition que le cabinet d’avocats auquel elle appartenait, lui permette de plaider la légitime défense.
Diane était une personne chaleureuse et sensible, et leurs relations étaient devenues amicales à mesure qu’évoluaient leurs entretiens. Mais vingt ans de mauvais traitements et d’humiliations avaient eu raison de l’équilibre nerveux de sa cliente, et son état émotionnel inquiétait Vinciane. L’avocat du ministère public n’en ferait qu’une bouchée.
Au cours de ses visites à la prison, elle avait eu affaire à une femme simple, mais intelligente et lucide. La procédure juridique l’anéantissait, et elle l’avait vue s’effondrer au fil des audiences.
La vibration de son portable avait interrompu son monologue réconfortant. Le numéro n’était pas identifié et elle remarqua que l’indicatif ne correspondait pas à ceux de la région.
On décrocha à la première sonnerie.
– Allô !
Silence au bout de la ligne.
Elle insista :
– Allô ! Vinciane Devalliers… j’écoute !
Elle devinait son interlocuteur aux aguets. Brusquement, un malaise s’insinua en elle.
– Vinciane ? J’ai besoin de toi…
Elle sentit ses genoux se dérober.
– Iris ! Iris, c’est toi ? Après tout ce temps…
Sa voix tremblait et ses yeux s’emplirent de larmes.
– Vinciane. Je t’en prie. Viens vite !
Se pouvait-il que le ton suppliant appartienne à l’indomptable Iris ? Pourtant, cette voix inimitable, Vinciane l’aurait reconnue entre mille.
Elle tenta de se reprendre.
– Iris ? Ecoute-moi ! Où es-tu ?
– Aux Maraises… Viens !
Vinciane réfléchit rapidement. La maison de l’Ile de Ré était fermée en cette saison. Personne n’y allait jamais l’hiver. Qu’est-ce que sa sœur fabriquait là-bas ?
– Tu es seule ? Iris, que se passe-t-il ?
Pas de réponse. Vinciane capitula :
– Ecoute ! Je suis au beau milieu d’un procès ! Je pars dès que je peux. Avec le pont, je serai là-bas vers vingt et une heures, peut-être avant. Tu m’attendras, dis ?
– Oui, je comprends, murmura Iris après un long silence. Tout compte fait, il est sans doute inutile que tu viennes. Je vais me débrouiller…
Vinciane l’interrompit. Sa voix retrouvait les intonations d’autorité qu’elle utilisait devant un tribunal :
– Rien ne pourra m’empêcher de venir ce soir ! Ne bouge pas de la maison et attends-moi. J’essaierai de faire le plus vite possible !
Elle se fit plus douce pour implorer :
– Tu seras là, n’est-ce pas ? Ça fait tellement longtemps !
La réponse lui parvint, assourdie :
– Je vais essayer… A ce soir, peut-être…
Vinciane resta un moment les doigts crispés sur l’appareil, hébétée par le signal sonore qui signifiait qu’Iris avait raccroché.
Sous le choc, elle était allée droit vers sa cliente :
– Diane ! Je vais avoir besoin de votre aide ! Un événement exceptionnel… Quelque chose que j’ai désespérément souhaité, mais qui me terrifie. Il est trop tard pour faire appel à un confrère. Aidez-moi. Sinon…
Elle baissa la tête pour cacher ses larmes.
Diane se taisait.
– Je suis navrée, murmura Vinciane. Voulez-vous que je tente d’obtenir un report de séance ?
La main de Diane pressa doucement la sienne.
– Je vous en ai fait baver, n’est-ce pas ? Ça va aller maintenant. Autant en finir aujourd’hui. J’ai confiance en vous et, bizarrement, il me semble que j’ai même confiance en moi. A nous deux, on s’en sortira !
Vinciane l’observait avec étonnement. Son maintien avait imperceptiblement changé et son regard était plus vif. Le jury apprécierait… Peut-être !
La jeune avocate haussa les épaules, fataliste, et suggéra avec une assurance qu’elle était loin de ressentir :
– Alors ! Qu’est-ce qu’on attend ? On y va ?
La séance avait été interminable. Mais Diane avait tenu le coup. La faiblesse passagère de Vinciane agissait sur elle comme un aiguillon.
Non coupable !
À l’énoncé du verdict, elles avaient échangé un long regard, puis Vinciane lui avait fait signe qu’elle partait. Diane l’avait encouragée de la tête, un sourire lumineux sur les lèvres.
Elle avait ensuite roulé aussi vite que le mauvais temps le permettait, appelant régulièrement le numéro des Maraises . Sans succès.
Iris était-elle partie, ou refusait-elle de décrocher ?
Sans transition, elle sortit du pont et se retrouva sur l’île.
Les essuie-glaces bataillaient contre les trombes d’eau qui s’abattaient sur le pare-brise. Elle concentra son attention sur la route et les panneaux indicateurs. Dans la nuit noire, et malgré les phares, le paysage restait invisible derrière le rideau de pluie.
Parvenue à Saint-Martin, elle dut fouiller dans sa mémoire pour retrouver le chemin des Maraises. Elle descendit sous la pluie battante pour ouvrir le lourd portail de bois. Soulagée, elle constata qu’il n’était pas verrouillé.
Au bout de l’allée, l’imposante demeure profilait sa masse sombre sur le jardin noyé. Submergée de souvenirs, elle arrêta sa voiture devant la porte principale. Un rai de lumière filtrait sous les volets d’une seule fenêtre. Sa sœur l’attendait !
Elle n’était pas préparée à cette rencontre et une violente envie de fuir la saisit. Mille fois, elle avait rêvé cet instant, mais la réalité était différente. Pour se donner du courage, elle évoqua la voix affolée de sa sœur au téléphone. Iris lui avait lancé une sorte d’appel au secours, il n’était pas question de s’y soustraire.
Elle se précipita vers la porte d’entrée et tourna fermement la poignée. Le hall était plongé dans l’obscurité, mais une clarté diffuse provenait du sa

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