Le feu intérieur
390 pages
Français

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Description

Federico est jeune, assoiffé de vie, mais conditionné par les contraintes d’un monde encore fermé et par une mentalité traditionaliste, toujours tiraillé entre les impulsions de son tempérament passionnel et le désenchantement de devoir accepter des choix souvent imposés par d’inévitables compromis. Federico raconte sèchement et sobrement sa complexe biographie existentielle: les années universitaires pleines d’insouciance, le retour au village natal dans l’arrière-pays abruzzain et les soudains problèmes économiques de sa famille; le début difficile de sa profession d’expert-comptable, les histoires sentimentales malheureuses avec Francesca et Marta, la joie d’un enfant. Ce sera Davide, le fils tant désiré et aimé, qui dissipera les conflits irrésolus qui animent le protagoniste. Federico réussira à instaurer un rapport de sincère complicité et d’affection réciproque avec son fils. Il parviendra à surmonter l’hostilité et la rancune de Marta, son ex concubine, mue par un désir de vengeance qui augmentera au moment où elle tentera de tenir le père et le fils éloignés l’un de l’autre. Un roman sur les vicissitudes que chacun de nous pourrait vivre, capable d’affronter des thèmes fortement actuels et jamais assez débattus: les formes de la famille, la séparation, le rôle difficile du père ou de la mère célibataire. Des moments de réalité qui se colorent de teintes chaudes et sincères.

Ouvrage traduit par Berta Corvi

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 08 juin 2012
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332504784
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0097€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-64896-9

© Edilivre, 2017
Première partie
Un samedi de fin janvier
C’était un samedi de fin janvier quand j’arrivai sur la place du village située au sommet de la colline. Je garai ma voiture devant la façade de l’église, dont on apercevait le clocher depuis les premiers virages en aval. Je lançai un regard à son portail en pierre très blanche : il semblait restauré depuis peu. Des figures sacrées et une grande rosace romane brillaient sous les rayons du soleil. Il était presque neuf heures (ce matin-là, j’étais en avance). Je regardai autour de moi : la place était l’endroit le plus panoramique du village, une sorte de belvédère donnant sur un vaste paysage qui embrassait une grande partie de la province de Pescara.
Il faisait très froid, mais le ciel était clair. Le soleil resplendissait sur le Gran Sasso d’Italie et sur la Maiella, et éclairait les villages éparpillés dans les collines qui glissaient jusqu’à la mer.
La mer n’était jamais pareille : un jour, noire et agitée, un autre jour, bleue et plate ; en certaines occasions, elle paraissait trouble près du rivage, tandis qu’au large, elle était vert foncé et, encore plus loin, vert clair et puis, tout d’un coup, bleu clair ou bleu foncé, et nuancée par de vastes zones de blanc. D’infinies tonalités se succédaient jusqu’à la ligne d’horizon, donnant vie à un phénomène sans cesse renouvelé.
Ce matin-là, l’étendue d’eau était calme, comme une planche bleue peinte à l’aquarelle. De petits bateaux de pêche qui ramassaient des moules naviguaient très près de la plage. Je me dirigeai vers une ruelle et rencontrai, comme d’habitude, deux ou trois dames âgées qui portaient de longues jupes foncées et me fixaient avec curiosité ; je pensai que je n’avais jamais vu de fille dans les ruelles étroites, aux balcons ou à une fenêtre, mais toujours les mêmes visages fatigués et ridés.
J’avais passé la quarantaine, même si tout le monde, ou presque, me disait que j’avais encore la mine d’un jeune homme ; peut-être grâce à mes cheveux qui tombaient abondamment sur le front et à une raie que j’avais sur le côté. Mes cheveux, nombreux et épais, n’avaient pas changé depuis mon enfance. Je me peignais encore comme ma mère le faisait, tous les matins avant que je n’aille à l’école : raie nette sur la tête, deux coups de peigne à droite, et deux à gauche. Je venais au village quatre fois par mois, pour une raison très importante : voir mon fils, Davide. C’est au sein des établissements municipaux du Centre d’aide sociale à l’enfance qu’avaient lieu nos rencontres.
Le couvercle anti-éclaboussures
La nuit qui précédait la rencontre avec mon fils n’était jamais sereine : une sorte d’anxiété m’empêchait de dormir. Je me retournais maintes fois dans mon lit. Je redoutais d’arriver en retard ; ainsi, je finissais par me réveiller à l’aube. Ce n’était pas un matin quelconque où la douceur du réveil dépendait de la fréquence de la radio : si le radio-réveil captait bien le signal, la musique me réveillait ; dans le cas contraire, rien que des grésillements et des bruits agaçants qui troublaient mon sommeil et me rappelaient que je devais me lever. Au reste, je préférais qu’il en soit ainsi. Par rapport aux jours normaux, il me fallait plus de temps pour me préparer. Je savais qu’il fallait que je me rase bien, que je me lave les cheveux, que je me lime les ongles… Le soir qui précédait la rencontre avec mon fils, contrairement à mes habitudes, je choisissais des vêtements pour le lendemain et les rangeais sur un portemanteau, à côté du lit. Ce matin-là, je mis mes meilleurs vêtements : un jean de marque, une veste bleue et une chemise blanche, des bottes en cuir et un pardessus noir en cachemire. Je n’aurais pu m’habiller mieux.
Le petit visage de mon fils était vraiment beau (mais celui de sa mère aussi). Quatre années s’étaient écoulées depuis la fin de notre relation. Il y avait bien eu d’autres femmes ; mais elle, elle réussissait encore à me troubler l’esprit et à me fasciner physiquement. Cependant, grâce à un effort mental, je faisais tout mon possible pour l’éviter, d’autant plus que j’avais expérimenté sur ma peau sa méchanceté et sa rancune intarissable. J’avais vécu avec elle pendant un an environ et je me retrouvais à devoir affronter deux causes civiles, une poursuite pénale, une évaluation d’impôts et, surtout, un obstacle de taille : l’impossibilité de voir notre fils. Bref, la liste bien classique des malheurs liés à une séparation difficile. J’étais tombé amoureux d’une femme qui n’était pas faite pour moi : celle qui l’avait précédée, gentille et juste, je l’avais épousée et quittée par la suite.
J’habitais encore dans le même appartement où, quelques années plus tôt, j’avais vécu avec la mère de mon fils qui, quand elle alla s’installer ailleurs, dépouilla ma maison de tout. Elle ne m’avait laissé que le couvercle anti-éclaboussures de la cafetière, qui était peut-être tombé accidentellement pendant le déménagement, allant tout droit dans un coin poussiéreux ; je finis par penser qu’elle l’avait laissé là pour qu’il soit jeté aux ordures. Je me souviens encore du ricanement malin des ouvriers. Dès sept heures du matin, ils avaient une odeur nauséabonde de sueur sur eux lorsqu’ils démontaient les meubles de la cuisine, de la salle de bains, de la chambre à coucher, de la salle de séjour et qu’ils suivaient à la lettre les instructions de mon ex-concubine. Au moment où ils me virent sortir de ma chambre, j’eus l’impression qu’ils accéléraient les opérations de démontage des meubles en causant plus de dommages à l’appartement et qu’ils se mettaient à travailler d’une manière acharnée. Par ailleurs, ils étaient habitués à se nourrir de petites femmes bedonnantes et grogneuses, alors que moi, j’avais eu droit à une très belle femme, un top model : le rêve érotique de tout homme.
Nous étions du même âge, nés quand les Beatles et les Rolling Stones attiraient les foules. Peut-être pensaient-ils qu’il était juste de ne pas trop faire dans la dentelle au cours des opérations de déménagement, puisque j’avais joui longuement de cette femme splendide aux jambes interminables – on disait qu’elle ressemblait à Monica Bellucci.
« Mon Dieu : ils vont se venger… » pensai-je.
Je les priai tout simplement de prêter attention à ma bibliothèque et m’en allai sans tarder. Je rentrai seul, tard le soir, pour ne pas assister aux mauvais traitements que l’on portait à ma maison. Dès que la mère de mon fils, Marta Brancaccia, mit les voiles (dans le sens littéral du terme), je placardai une affiche gigantesque « à vendre » sur la balustrade du balcon. Je n’avais pas encore réussi à trouver un seul acheteur. Beaucoup de visiteurs curieux, mais aucun réellement intéressé par l’achat de mon appartement : la crise immobilière avait commencé à se faire sentir.
Malentendu
Pour aboutir à destination, je devais parcourir le tronçon de la route nationale qui longe l’Adriatique, la ligne droite du fond de la vallée, dans la direction des montagnes, puis la route raide et en lacets qui remonte la colline boisée, au sommet de laquelle se trouve le centre historique du village. Celui-ci conservait, en partie, une maçonnerie médiévale d’antan, dont des palais nobles et un dédale de ruelles étroites ; mais il exhibait, hélas, beaucoup d’enduits en béton, semblables à de vieilles pièces sur des vêtements élégants, et de nombreuses vérandas et persiennes en aluminium brut ou verni qui le défiguraient. Quand je descendais de la colline, les villages typiques de l’arrière-pays des Abruzzes apparaissaient devant moi. Ils se dressaient surtout sur des collines raboteuses : un bar avec quelques personnes âgées assises, une place déserte, des magasins vides, l’hôtel de ville et son drapeau italien qui flotte au vent.
Pendant que je marchais tout au long de ces ruelles étroites, je sentais des odeurs désagréables de chou-fleur ou de légumes au vinaigre, d’aubergines ou de poivrons qui provenaient, je pense, d’un dépôt au sous-sol.
« Mais pourquoi n’organisent-ils pas leurs réunions à Pescara ? » me demandais-je, pendant que je passais au milieu des maisons.
Il m’arrivait d’évoquer mon enfance, peut-être à cause de ces odeurs : les ruelles désertes de mon village, brûlées par la forte chaleur de l’été où, en août, j’aidais ma grand-mère à faire des bouteilles de tomates. Aussi les visages des commerçants, les bras croisés sur le pas de la porte de leurs supérettes, m’évoquaient l’image du petit magasin de produits alimentaires et de casseroles de ma mère, qui distribuait de grands sourires aux quelques clients qui entraient.
Sitôt arrivé devant un vieil immeuble à trois étages, je sonnai à l’interphone d’une porte cochère : aucune réponse. Ce n’était pas la première fois. Alors, j’appelai le bureau des services sociaux avec mon portable et fus accueilli par la messagerie vocale. Elle dictait le numéro d’un portable pour les urgences. Je le notai sur une feuille de papier puis le composai.
« Allô », répondit une voix de femme.
« Bonjour, c’est Federico, le père de Davide D’Innocenti : je suis devant la porte des services sociaux de la mairie. J’ai sonné à l’interphone, mais personne ne m’a répondu. Aujourd’hui, je dois voir mon fils. »
« Bonjour, c’est madame Cetrulli ; c’est moi qui m’occupe de votre cas ? » me demanda-t-elle.
« Sincèrement, je ne me souviens pas du nom de la personne… je connais deux autres femmes, madame Indulgenti et madame Vitale. »
« Je suis la directrice. »
« Ah, ravi de vous connaître. J’attends ici parce que je dois voir mon fils… »
« Comment s’appelle votre fils ? »
« Je vous le répète, Davide D’In

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