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Description
Informations
Publié par | Iggybook |
Date de parution | 30 juillet 2015 |
Nombre de lectures | 25 |
EAN13 | 9782954960708 |
Langue | Français |
Informations légales : prix de location à la page 0,0012€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
LE JOUR D AVANT
CHRIS LEG
2014
This book was produced using IGGY FACTORY, a simple book production tool that creates EPUB For more information, visit: www.iggybook.com
AVANT-PROPOS
Je remis en place la dernière pierre. Elle me semblait en déséquilibre. Révélant un état qui injuriait l’esthétique du tableau minéral qui s'étendait à mes pieds. Zen. Certainement. Cet univers était si strict mais élégant, et puis délicat aussi, comme si chaque chose, chaque élément qu’il soit végétal, minéral ou bien même animal était à sa juste place. Sauf cette dernière pierre. Peut-être. Je le croyais ainsi en tout cas tant elle concentrait à mes yeux l'idée de chaos. Un chaos qui n'était que spéculation, incertain par nature. Cette pierre attendait mon geste. Elle n'était pas fragile. Je sus à l’instant, et sans trop de raison, que je faisais partie de cet univers et que j’en étais un acteur obligé de par mes actes, ma pensée et ma parole. C’était comme si un lien venait de s’opérer entre la réalité et mon inconscient… J'étais raccordé. Comme si un passage s'était effectué…
Je suis resté là longtemps en essayant de trouver une réponse suffisante à mon questionnement. J’ai rêvé, imaginé. Et cet univers du possible m’a envahi tant que son empreinte dessina cette intime conviction qu’il y avait des portes entre les univers de nos vies, des issues donnant sur des couloirs sans fins qui relient notre réalité à ce qui ne peut l’être, qui lient notre âme à des mondes imaginaires dont les méandres et les circonvolutions égarent notre conscience à nous faire croire que tout est possible à la nature humaine. Des combats sanglants, des guerres inconscientes… Et la mort au bout. Le secret aussi !
Foutaise.
Voici une bien drôle orientation. Comment considérer que la nature n’est justement pas humaine ? La nature de l'humain devrait-elle être alors si bizarrement différente de celle du monde du vivant ? J’ai conscience de cette différence. Avons-nous des âmes différentes? Je crois en des histoires où l’être peut se perdre entre ce qu’il est et ce qu’il désire être. En quoi le cours de ma vie, d’événement en événement, aurait-il pu être changé si le jour d’avant que ces faits ne se réalisent, j’aurais pu, en vérité, en apprécier l’exacte nature. Le jour d’avant…
Je m'étais réveillé dans un espace blanc immaculé…
Chapitre 1
Le ciel se déchira vomissant ses larmes en une averse soudaine. La terre était encore chaude. Ses yeux s’ouvrirent. Il sut dans l’instant que son monde avait changé. Des vapeurs chaudes s’élevaient anormalement autour de lui. L’air sentait le sale. Il y flottait des humeurs inhabituelles. La pluie se fit soudainement plus lourde, intensifiant le crépitement des gouttes d’eau sur la peau grise de son grand corps, pas encore tout à fait mort, plus tout à fait vivant non plus. Du bout de ses doigts, il caressa la pierre brute et désormais mouillée du sol. Réveiller son esprit. Sortir de cette gangue d’immobilité. Il força son regard vers ce qu’il devinait être la lumière. Tentative présomptueuse. La douleur fût si fulgurante que tout son être en fut tétanisé. Il renonça à combattre cette souffrance. Les dommages crâniens semblaient graves. Il en fut comme étonné. Refoulant la douleur, il prit une inspiration plus grande, forçant ses poumons à se nourrir des saveurs d’une atmosphère qu’il appréciait tant d’ordinaire. Mais ce n’était plus le cas. Le monde avait basculé et, lui, le dormeur réveillé tanguait dans une semi-conscience, ballotté entre délires et douleurs. Il tenta de maîtriser ses vertiges qui s’ingéniaient à lui faire à nouveau perdre la réalité de son état.
La tempête semblait l’avoir touché. Il avait très mal à la tête, une douleur intense, avec la désagréable impression d’entendre son cœur battre dans ses tempes. Manifestement, il avait été plus que secoué. Telle une lame de fond, le cataclysme l’avait projeté dans un maelström de forces contraires, le torturant, le meurtrissant, arrivant jusqu’à faire ressurgir à sa conscience tout un mal-être qu’il ne soupçonnait pas. Autour de lui, les ornements des bâtisseurs se décomposaient en de spongieuses boursouflures, dégoulinantes d’accords coloriels improbables. Tout le décor de son existence passée se flétrissait sous la puissance des trombes. Ses lèvres s’entrouvrirent et s’humectèrent de quelques gouttes sombres, leur léger goût salé lui fit entrevoir que l’océan des lointains avait dû s’inverser. Faire un effort. Se lever et vivre par réflexe. Stupide instinct. Le sol était saupoudré de débris d’opaline et de marbre provenant de l’éclatement du dôme supérieur. Ils brillaient comme des diamants de morts venant d’Oudatchnaïa, loin dans les entremondes. Il ouvrit son regard sur ce désastre à la gueule encore grande ouverte, semblant à peine rassasié de cette terreur passée. Il prit alors conscience d’avoir tout oublié de ce qui s’était déroulé ici, au sein même de l’Observatoire du méridien de midi.
Dernier souvenir. Soirée. Les invités paraissaient joyeux. Les discussions se faisaient au gré des illusions et des désillusions, les sourires au gré des attirances ou des intérêts. Cette fête des Moissons semblait très réussie. Les bronzes, serviteurs dévoués de la maison, dispensaient les denrées les plus rares et les plus raffinées aux palais les plus experts. Et Isram, belle comme l’éternité, drapée dans sa longue chevelure ébène, était là... Isram qui semblait vouloir lui réinventer chaque jour sa féminité pour lui offrir un amour infini et unique, dansait vers lui, l’entourant de son regard à la sensualité animale. Il redécouvrit la courbe de ses hanches, devina le galbe de ses seins, apprécia l’attrait charnu de ses lèvres s’attardant sur sa peau de rêve au goût sucré poivré… Et puis, plus rien ! Vide. Perte de la réalité. Absence.
L’air désormais était devenu visqueux. Il se sentait perdu et abandonné dans un ailleurs méprisable, nu sur une terre à jamais asséchée et habitée des pires puanteurs. L’Observatoire avait été souillé. Ses élégants vêtements faits de soie de perles et cousus d’or blanc étaient déchirés, rejetés à ses pieds en un torchis de misérables oripeaux. Minable et clownesque avec son maquillage défait, il se retrouvait, lui, à terre, figé par un poids indicible. Son corps d’esthète n’était plus qu’une fleur fragile qui se flétrissait telle une aquarelle ayant pleuré trop d’inutiles chagrins. Esthétique d’une horreur qui lui était encore inconnue. Dramaturgie d’un cataclysme inattendu. Charriées par les eaux tombantes, les poussières de marbre s’aggloméraient dans les rides et les plis de sa peau frigorifiée en une couche visqueuse d’un fard grossier et ensanglanté.
Depuis l’entrée aux portes défoncées de l’Observatoire, luisaient sur les murs du corridor de petites vérités aux reflets encore trop pâles. Mais les maux tendaient à s’estomper. Il trouva le courage de se relever, négligeant les derniers spasmes de douleur, bien décidé de ne plus leur prêter attention. Il n’était pas prêt en revanche à oublier l’amertume de son propre doute. Le premier. Incrédulité de la découverte. Stupéfaction. Son existence lui parut plus fragile, les équilibres moins certains et les certitudes de ce fait moins affirmées. Il prit appui sur la paroi la plus proche et s’en approcha au plus près, caressant chaque pierre, une à une, épousant de ses doigts le moindre interstice, les goutant de sa langue, humant de son nez la moindre fragrance minérale. Au loin, la longue plainte des chacals se fit entendre et il sut qu’un transfert s’était effectué aux confins de l’arche. Il cracha une bile plâtreuse libérant une rage soudaine. L’esprit se réveillait. Il n’avait pas pour habitude de subir de la sorte les humeurs extérieures et était peu coutumier de l’incompréhension, lui qui, après tout, demeurait le Grand Maître Orienteur, le maître passeur entre la matière et l’esprit. Il racla du pied quelques débris éparpillés au sol, mé