Le Livre clandestin
240 pages
Français

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Le Livre clandestin , livre ebook

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Description

« Et si un livre changeait le cours de votre vie ? »

Élisabeth et Marcelle, pimpante septuagénaire, se rencontrent pour la première fois dans un parc amiénois et plus rien ne sera jamais comme avant.

Marcelle laisse derrière elle un mystérieux livre dont la lecture bouleversera Élisabeth : violences conjugales, conflits parentaux, sentiment d'emprisonnement... Tout dans ce récit d’un autre temps, venant d’un autre pays, fait douloureusement écho à ce qu’elle éprouve.

Marcelle demeurant introuvable, Élisabeth s'interroge : cette curieuse dame savait-elle, en lui destinant ce livre, que sa vie allait s’effondrer ? Mais aussi : qui est Marcelle et que cherche-t-elle ?

Récits dans le récit et vies qui se superposent, Le Livre clandestin raconte deux existences à la croisée des chemins.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 06 mai 2016
Nombre de lectures 5
EAN13 9782334114905
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-11488-2

© Edilivre, 2017
Prologue
M arcelle attendait un signe depuis quelques jours, l’assurance qu’aujourd’hui serait le bon. C’est ainsi que le rayon de soleil qui parvint jusqu’à son visage et qui la réveilla en ce midi de fin de printemps, s’avéra devenir la preuve par excellence que le moment était enfin venu de mettre son plan à exécution.
L’heure tardive à laquelle elle se levait tous les jours s’expliquait par l’insomnie qui la gagnait chaque soir. Elle avait de la chance dans son malheur car son défunt mari, César, n’aurait jamais supporté la sentir s’agiter dans le lit tel qu’elle le faisait.
Il était mort au printemps 1990 alors qu’ils s’apprêtaient à passer à table. Crise cardiaque. Marcelle se souviendrait toujours de ce moment tragique qui s’avérera devenir le dernier qu’elle passerait avec son mari. Elle n’oublierait jamais non plus le temps de réaction qu’elle avait eu avant d’intervenir et d’appeler les urgences. Elle tenait dans sa main un plat de purée maison lorsqu’elle l’entendit derrière elle, à table, suffoquant. On aurait dit qu’il s’étouffait avec un morceau de pain. César, pris de panique, tomba de sa chaise et s’effondra sur le sol de la cuisine, emportant la nappe avec lui. L’homme était pris de soubresauts terribles et incessants. Pourtant, dans ce moment d’affolement, Marcelle se montra impassible. Elle posa calmement le plat qu’elle tenait dans les mains et afficha un air songeur et mystérieux. Un grand dilemme s’était alors posé à elle.
Son mari était courageux, sensible, travailleur. Il était dévoué à son épouse, lui disait tous les matins avant de partir au travail, et tous les soirs avant de s’endormir qu’il l’aimait, n’avait jamais oublié son anniversaire, ni celui de leur mariage, trente et un ans plus tôt, ou même une simple fête. Toutes les femmes de leur génération s’accordaient à dire qu’il était un mari irréprochable et accompli.
Pas Marcelle.
Toutes ces années, elle avait prétendu l’aimer pour avoir une vie stable et confortable tout en appréciant l’indéniable : elle avait une vie tout à fait enviable grâce à lui. Mais malgré tout, elle n’avait jamais aimé cet homme et ne s’était jamais remise de la rupture avec son grand amour de jeunesse. Les sentiments de César l’étouffaient, sa perfection sous tous les angles la rendait folle, sa joie de la retrouver chaque soir et la tristesse dans ses yeux quand il la quittait le matin donnaient à sa vie une tournure insoutenable. Comment arrivait-il à croire à son jeu ? Pourquoi continuait-il à l’aimer passionnément alors que son amour à elle n’était que fourberie ? Comment pouvait-on être heureux comme lui semblait l’être ? César était-il une de ces personnes sincèrement satisfaites de la vie qu’on leur avait donnée ? Et si c’était le cas, Marcelle pourrait-elle supporter encore longtemps cet intolérable bonheur qui se reflétait inlassablement sur le visage de son mari ?
Cette dernière question était l’une de celles qu’elle s’était posées avant de joindre les pompiers et de demander, toujours aussi calmement, une ambulance au plus vite. Elle s’était ensuite agenouillée près de l’homme avec lequel elle vivait depuis tant d’années. César, toujours étendu sur le sol, semblait conscient et tranquille mais incapable de parler. Il était parcouru de spasmes et mettait la main sur son cœur comme s’il espérait le calmer lui-même. Marcelle alla caresser tendrement le front de son mari à l’aide d’un torchon mouillé. Ils se regardèrent dans les yeux un long moment. Un interminable moment où Marcelle pensa de toutes ses forces à ce qu’elle aurait dû lui dire depuis le début. À tout ce qu’elle gardait pour elle depuis tant d’années, pour le préserver. Pour se préserver. Elle y pensait si fort qu’elle espérait qu’il l’entende.
Quelques instants plus tard, Marcelle sembla saisir dans le regard affaibli de César qu’il avait compris. Et la dernière preuve de son amour infini avait été de répondre à son appel de détresse en s’endormant paisiblement dans les bras de celle pour qui il allait donner sa vie.
La veuve décida de sortir du lit. Elle se dirigea vers la salle de bain, prit une douche, s’habilla, se maquilla et enfin alla préparer le brunch qu’elle prenait seule tous les jours depuis ce fameux jour de printemps. Mais comme le soleil s’était décidé à se montrer aujourd’hui, elle s’installa sur sa petite terrasse. Des œufs brouillés, une tranche de bacon, un croissant frais, du jus d’orange pressé et un café bien serré. Tout y était. Une vraie vie de château. Alors qu’elle appréciait son moment préféré de la journée, un son de cloche assommant retentit, signifiant la demi-heure. Elle contempla ensuite le jardin de l’Évêché. Comme dans la plupart des parcs en ville, il était fréquenté par des personnes assez marginales. On pouvait y trouver de tout. Des clochards qui mandaient la générosité des fidèles passant par là, des bandes de jeunes ivres revenant du quartier Saint-Leu, des enfants qui venaient jouer à cache-cache, ou bien tout simplement des habitués. Marcelle, comme la plupart des femmes seules de son âge, avait pour habitude de guetter ce qui se passait en bas de chez elle et de repérer ceux qui méritaient son attention. Elle avait d’ailleurs à l’œil depuis un certain temps une femme qui venait chaque midi durant sa pause déjeuner lorsque le temps s’y prêtait. Elle correspondait tout à fait au profil de sa nouvelle cible et était bien déterminée à ce que celle-ci plonge tête la première dans l’engrenage que la vieille dame lui avait préparé. Marcelle regarda sa montre, débarrassa la table et se dirigea vers la porte, munie de son chapeau rose.
1.
É lisabeth ne réagit pas bien lorsqu’elle émergea de son sommeil, à sept heures du matin. En effet, comme d’habitude elle n’avait pas entendu son réveil et donc, comme d’habitude, le début de journée allait s’avérer sportif. Elle se précipita dans la chambre des filles, les embrassa rapidement pour les soustraire à leurs rêves d’enfants et leur glissa à l’oreille qu’il était l’heure d’aller à l’école. C’était un moment qu’elle haïssait : réveiller ses filles. Tout devait être tellement plus beau dans le pays imaginaire qu’elles se créaient chaque nuit… Les ramener à leur triste réalité était trop injuste. Une vie pleine de papillons, de rires, de cadeaux à l’infini et de paysages fantastiques serait bien plus appropriée pour ces deux merveilles que la vie avait offertes à Élisabeth. Georgiana et Jane avaient toutes les deux huit ans. Les jumelles étaient en CE2, dans la même classe, évidemment. Malgré leurs chamailleries perpétuelles, personne au monde n’aurait eu la force nécessaire pour empêcher ces deux-là d’être ensemble. Jour après jour, Élisabeth voyait cependant des nuances apparaître entre elles et cela lui faisait prendre conscience que plus tard, même si elles resteraient certainement plus proches que de simples sœurs, leur chemin s’orienterait en des destins différents. En effet, le placenta qu’elles avaient partagé pendant plus de huit mois n’y ferait rien. Mais à quoi bon penser à ses filles « plus tard » ? L’unique souhait d’Élisabeth en ce jour était de profiter d’elles un maximum. Souhait difficile à mettre en œuvre ce matin, vu que les jumelles devaient être à l’école dans moins de vingt-cinq minutes et Élisabeth au travail, en moins de quarante.
Elle leur prépara le petit déjeuner : des tartines à la confiture de fraise sur du pain grillé pour Jane et de la pâte à tartiner étalée sur du pain brioché pour Georgiana. Elle les prépara pour l’école et toutes les trois descendirent l’escalier de l’immeuble situé au-dessus de la « boulangerie-pâtisserie-traiteur » du papa des jumelles, mari d’Élisabeth. Elles passèrent, comme chaque matin, lui faire un petit coucou avant de partir.
– Bonjour papa !
– Salut les jum’s, répondit Georges sortant de l’arrière-boutique pour les rejoindre. Ils échangèrent une bise puis, comme chaque matin Georges donna une chouquette à chacune de ses femmes avant qu’elles ne quittent la boulangerie.
– À ce soir dady, bafouillèrent Georgiana et Jane.
– À ce soir chéri, je t’appelle tout à l’heure : nous sommes en retard, lança Élisabeth à son époux.
– Ça marche ma belle. Bonne journée les filles, travaillez-bien !
En sortant, Élisabeth coupa en deux sa chouquette pour la donner à ses filles. Georges savait (depuis le temps) que sa femme n’aimait pas les chouquettes mais comme une habitude qui ne pouvait se perdre, il continuait à lui en donner une tout de même sachant très bien qu’elle finirait partagée en deux dans l’estomac de leurs filles.
Le quotidien familial est fait de ces petits rituels, insignifiants quand on les prend un à un, mais indispensables lorsque l’on veut conserver le foyer que l’on s’est construit. Alors, cette scène se répétait encore et encore chaque matin. Et le jour où il en serait autrement cela voudrait dire que quelque chose aurait changé dans cette famille.
Élisabeth déposa les enfants à l’école Sainte-Clotilde, à trois rues de là où ils habitaient. Elle les embrassa et leur souhaita une bonne journée, les laissant aller retrouver leurs camarades de classe avant que la cloche ne sonne le début des cours. Elle prenait plaisir à les observer jouer et voir si elles n’étaient pas trop déçues que leur mère les ait forcées à sortir de leur doux sommeil.
Elle adorait faire dans sa tête, la liste des choses pour lesquelles ses jumelles étaient douées et dont elles pourraient se prévaloir à l’avenir. Georgiana était une sportive née. Elle débordait d’énergie dès qu’il était question d’activité extra-scolaire. Qu’importe le sport : foot, tennis,

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