Le Miroir de la conscience
173 pages
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Le Miroir de la conscience , livre ebook

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Description

Alexandra est une jeune flic au passé douloureux pour laquelle l’image de l’homme n’est autre que violence. Partagée entre ses démons et son envie de vivre, elle lutte chaque jour pour sa propre survie. Lorsqu’elle rencontre par hasard la jeune Alicia, elle décèle tout de suite en elle les stigmates de la peur et de la soumission mais au poste de police où les affaires s’accumulent, il lui faut impérativement un appel à l’aide pour pouvoir agir. À elle alors de déjouer le destin pour sauver Alicia et se sauver elle-même.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 30 mars 2023
Nombre de lectures 2
EAN13 9782342367409
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par les Éditions Publibook,
Immeuble Le Cargo, 157 boulevard Mac Donald – 75019 Paris
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
http://www.publibook.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-342-36740-9

© Éditions Publibook, 2023
Du même auteur
Aux Éditions Publibook
La Terre des loups – Tome I, 2000
La Terre des loups – Tome II, 2000
La Terre des loups – Tome III, 2000
De l’autre côté du fleuve, 2000
Le Vieux Clown bariolé, 2000
Les Rives du lac noir, 2000
Le Rouge vif des coquelicots, 2000
L’Épée blanche d’Illykent, 2007
La Nuit du couguar, 2009
La Danse des vautours, 2010
Les Matins coupables, 2012
L’Aube foudroyée, 2015
Les Vents du Diable, 2017
L’Œil du Diable, 2018
Les Ombres du passé, 2019
Aux Éditions L’Harmattan
Le Dernier Chant des cerfs, 2003
Aux Éditions Ixcéa
Aymeric et Louis, la revanche des oubliés, 2003
Exergue
Un jour comme un autre,
brusquement, tous vos rêves se brisent,
votre réalité vous devient odieuse,
comment regarder alors, sans une once de remords,
ce qu’est devenue votre âme dans « Le Miroir de la conscience »…
Comté de Hassenborn Glenvostown 1980…
1
C’était étrange cette impression d’avoir perdu quelque chose alors qu’elle n’avait jamais vraiment rien possédé. Quand elle déposa la rose sur la vieille tombe anonyme de l’ancien cimetière abandonné de Glenvostown, au sud du comté de Hassenborn, elle ressentit à nouveau cette sensation, comme à chaque fois qu’elle accomplissait ce même geste depuis quelques semaines. Et Dieu savait qu’elle l’avait maintes et maintes fois réalisé durant les longues années de sa jeune vie, car c’était un devoir qui lui avait été assigné et auquel elle ne pouvait déroger, mais la sensation était nouvelle.
Une fois la rose déposée, elle se redressa et resta debout devant la tombe, les mains serrées et la tête baissée. Elle savait qu’il la regardait de la fenêtre de sa chambre, au premier étage de la vieille bâtisse qui allongeait son ombre lugubre jusqu’à l’entrée de cet ancien cimetière en cette heure tardive. Il y avait bien longtemps que personne ne venait plus voir les tombes tombées dans l’oubli, assaillies de ronces et d’herbes sauvages, qui avaient autrefois accueilli une communauté éradiquée par la folie fanatique d’un homme.
Dix-huit personnes étaient enterrées là, dans cet isolement voulu, comme une sorte de bannissement qui leur fut imposé ; des tombes sans noms, sans dates. Il y avait quarante ans de cela. Trois hommes, sept femmes et huit enfants furent ensevelis dans ces sépultures que les années enfouissaient peu à peu sous les assauts d’une végétation de plus en plus dense que personne ne se serait aventuré à dompter.
Néanmoins, une tombe se dégageait encore des broussailles, celle où était déposée la rose, car la main, qui avait accompli ce geste, arrachait régulièrement toute pousse envahissante. Seule une mousse noirâtre la couvrait par endroits, laissant deviner la marche du temps en de longues fissures creusant la pierre.
Il pleuvait un peu, mais la pluie n’avait jamais été un obstacle à ses visites. La jeune fille releva la tête, mais ne bougea pas de sa place, consciente qu’il était encore trop tôt pour repartir. Il serait toujours posté derrière la fenêtre à la regarder, immobile et impassible, jugeant les minutes écoulées comme respectueuses ou non de ce recueillement. Depuis douze ans qu’elle partageait sa vie, beaucoup de choses s’étaient estompées de sa mémoire, recouvertes d’un voile obscur qui se fondait dans les tréfonds de sa conscience.
Et là était son miroir. Il en avait décidé ainsi. Cette tombe serait le miroir de sa conscience. Chaque fois qu’elle la regardait, elle devait plonger au plus profond d’elle-même, comme si elle pouvait voir à l’intérieur même de son âme. Si elle avait pensé, il y a quelques années déjà, qu’il était idiot de croire qu’on pouvait voir quelque chose à travers la pierre d’une tombe, elle avait obéi, mue par un instinct de survie plus fort que la peur qui lui enserrait les entrailles. Et, au fil des années, cette croyance s’était ancrée en elle, lui apportant le soutien et le réconfort dont elle avait tant besoin. Cela faisait onze ans qu’elle pratiquait ce face-à-face et elle parvenait, maintenant, à se concentrer suffisamment pour y voir certaines images que son imagination, sans doute, alimentait en grande part.
L’ombre de la vieille bâtisse s’était fondue dans la nuit qui tombait et, au-dessus d’elle, des milliers d’étoiles scintillèrent, enfin délivrées de la luminosité du jour. La fraîcheur la fit frissonner, il était l’heure de rentrer. Elle se retourna et son regard se porta aussitôt vers la fenêtre de sa chambre. Aucune lumière n’avait été allumée, et si l’homme était encore derrière la vitre, elle ne pouvait plus distinguer son ombre. Elle avança sur le chemin et dépassa l’entrée du cimetière qu’aucune grille n’avait jamais enserré pour la simple raison qu’il se trouvait dans le parc privé de la vieille bâtisse.
C’était dans cette même vieille bâtisse, entourée de champs et de montagnes, que vivait le dernier héritier excentrique de la famille Janersson, Richard alors âgé de quarante-deux ans. Dans les années dix-neuf cent trente, celui-ci bascula dans un mysticisme forcené et décida de créer sa propre communauté religieuse sous son égide, se déclarant comme prophète doué de visions. Ses adeptes, en totale adoration devant lui, étaient littéralement tombés sous son emprise, lui obéissant aveuglément. Deux autres hommes et sept femmes avaient succombé à son charisme déstabilisant, et huit enfants étaient nés de ce partage sexuel, appliquant la doctrine que tous appartenaient à tous, sans préférence ni tabou.
À l’écart de la ville de Glenvostown, ils se satisfaisaient à eux-mêmes, cultivant leur terre, élevant poules et canards tout en dilapidant peu à peu la fortune des Janersson. Alors que Glenvostown prenait son essor dans une modernisation qui s’annonçait prometteuse, la communauté, déjà sujette à bien des rumeurs, devint comme une épine dans le pied de la morale bien-pensante. Favorisée par les harangues d’un prêtre qui dénonçait la communauté comme un blasphème, une milice privée s’organisa et effectua des descentes la nuit venue sur les terres de la vieille bâtisse, saccageant les récoltes, tuant les élevages de poules et de canards. Malgré les plaintes répétitives du dernier héritier des Janersson, la police du comté ne fit aucun effort pour arrêter les coupables, même si Richard Janersson se doutait bien qu’elle connût les plus virulents d’entre eux.
Le harcèlement persista quelques temps encore, puis un soir d’avril 1940, alors que la milice avait décidé d’investir la maison une bonne fois pour toutes, elle reçut un choc tant visuel qu’olfactif. Dix-huit corps effondrés sur eux-mêmes étaient assis autour de la table de la salle à manger où reposaient les assiettes de ce qui fut leur dernier repas. Trois hommes, sept femmes et huit enfants s’étaient volontairement donné la mort dans un empoisonnement collectif, trois jours auparavant. La nouvelle frappa Glenvostown de plein fouet et, même s’il y eut quelques paroles de compassion de la part de certains, personne ne se morfondit sur le sort tragique de la communauté.
On creusa les tombes dans le parc et on enterra les dix-huit corps. Aucun papier à l’intérieur de la vieille bâtisse ne livra une identité quelconque, aussi aucun nom ni aucune date ne fut gravé sur les pierres. Seul Richard Janersson était connu mais, comme les autres, sa tombe resta anonyme, partageant le sort de ses adeptes. Un cousin très éloigné hérita de la bâtisse et de ses terres mais, nullement intéressé par cette acquisition, il mit aussitôt le domaine en vente, à la seule condition que le prochain acquéreur laisse reposer en paix les corps ensevelis dans le parc.
Trois décennies s’écoulèrent avant que cette condition sine qua non ne cause de problème de conscience au nouvel arrivant, un certain Lucas Rupperwood, âgé de trente ans. Depuis, la ville de Glenvostown s’était étendue et la tragique histoire de la communauté était tombée dans l’oubli. Personne ne se préoccupait plus de tous ces nouveaux propriétaires s’installant en ville et la faisant prospérer. On était en plein essor économique où chacun essayait de tirer son épingle du jeu.
De son côté, Lucas Rupperwood vivait seul, à l’écart de toute relation pouvant devenir trop familière ou intime. Victime à vingt ans d’un très grave accident de la route, causé par le fils d’un riche banquier d’affaires, qui l’avait défiguré et lui avait brisé les deux jambes, son avocat lui avait obtenu une indemnisation considérable en contrepartie. Judicieusement placé, cet argent lui rapportait une rente mensuelle qui subvenait pleinement à ses besoins. De sa jeunesse passée dans un orphelinat, Lucas ne retenait rien. Plutôt introverti et timide, il ne s’était jamais trouvé séduisant et avait souffert d’un complexe d’infériorité qui avait fait de sa scolarité un enfer.
Ses trois mois d’hospitalisation et ses deux années de rééducation, sans aucune visite extérieure, l’enfermèrent irrémédiablement dans une solitude dépressive que la découverte de son visage ravagé de cicatrices rougeâtres accrut davantage encore dans son isolement. À sa sortie, Lucas se retira volontairement du monde sans autre but dans la vie que celui de se trouver un abri sûr dans lequel son existence pourrait prendre un sens, même si lui seul en comprenait l’essence profonde. Sa quête dura sept ans, avant que l’annonce de la vente de cette vieille bâtisse ne lui tombe entre les mains.
Il la reçut comme un appel. Il y avait quelque chose de brisé en lui, une part de lui-même qui se serait fracturée le jour de l’accident, projetant les fragments épars de ce qui fut sa conscience dans des tréfonds obscurs. Lucas y avait perdu son âme, tandis que son

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