Le mort en savait trop
102 pages
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Description

Au fil des enquêtes et de la plume de Sophie Moulay, le délicieux duo puis trio des épisodes précédents est devenu un quatuor, grâce à l’aide précieuse et malicieuse de Marie-Charlotte, médium à boa. La fine équipe est cette fois-ci aux prises avec une double enquête qui donne bien du fil à retordre à Roger notre fantôme d’investigation et ses alliés. Il leur faut résoudre non seulement le cambriolage d’une banque qui met toutes les huiles de la ville en effervescence mais également la mort d’un notaire, peu aimable et peu aimé, retrouvé chez lui, un couteau dans le dos – que selon certaines sources il pourrait avoir planté lui-même. Roger, Marie-Charlotte mais aussi l’inspecteur Tovelle, dont la perspicacité légendaire n’a d’égale que son manque de goût vestimentaire, et son adjoint Laporte, toujours aussi bourru, au volant de leur 4-pattes, sont bien sûr au rendez-vous.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 22 octobre 2021
Nombre de lectures 10
EAN13 9782374539119
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Présentation
Au fil des enquêtes et de la plume de Sophie Moulay, le délicieux duo puis trio des épisodes précédents est devenu un quatuor, grâce à l’aide précieuse et malicieuse de Marie-Charlotte, médium à boa.
La fine équipe est cette fois-ci aux prises avec une double enquête qui donne bien du fil à retordre à Roger notre fantôme d’investigation et ses alliés. Il leur faut résoudre non seulement le cambriolage d’une banque qui met toutes les huiles de la ville en effervescence mais également la mort d’un notaire, peu aimable et peu aimé, retrouvé chez lui, un couteau dans le dos – que selon certaines sources il pourrait avoir planté lui-même.
Roger, Marie-Charlotte mais aussi l’inspecteur Tovelle, dont la perspicacité légendaire n’a d’égale que son manque de goût vestimentaire, et son adjoint Laporte, toujours aussi bourru, au volant de leur 4 pattes, sont bien sûr au rendez-vous.


***




Sophie Moulay est née un beau jour de... nous tairons l'année et nous contenterons de mentionner qu'elle a découvert les livres de la Bibliothèque verte au milieu des années 80. À ce moment-là, il était trop tard pour espérer la guérir du virus de la lecture ; elle s'y est donc adonnée avec bonheur. Plus tard, elle découvre les équations et les racines carrées et va même jusqu'à les enseigner au collège.
Elle a commencé à écrire en 2007, mais c'est en 2009 qu'elle imagine le personnage d'Almus, en s'appuyant sur l'expérience acquise au contact des adolescents.
LE MORT EN SAVAIT TROP
Enquêtes post-mortem - 3
Sophie Moulay
38 rue du polar
Chapitre 1
Jeudi 13 septembre 1951, début de soirée

J’hésite, je tergiverse. Une telle attitude ne me ressemble pourtant pas. De mon vivant, je pouvais m’enorgueillir d’une détermination sans faille, entre autres qualités. Aujourd’hui, me voilà battu en brèche par une simple porte. Qui l’aurait cru ? Moi, Roger Fournier, fantôme d’investigation de mon état, incapable de décider si je dois traverser le battant ou attendre que Marie-Charlotte m’ouvre !
Il ne doit pas être loin de 19 h 10. Nous étions convenus que je me présenterais chez Marie-Charlotte à 19 heures précises, pour un dîner sans prétention, mais j’avais oublié ce léger handicap que ma légendaire volonté ne m’a pas encore permis de surmonter : je ne peux pas actionner la sonnette. Dix minutes que je reste planté dans le couloir du petit immeuble avec cette seule question en tête : traverser cette porte fera-t-il de moi un goujat aux yeux de Marie-Charlotte ? C’est notre premier rendez-vous, je ne voudrais pas tout gâcher. Déjà que je me présente sans fleurs ni cadeau…
Tant pis, je vais entrer. J’inspire profondément, lisse la veste de mon costume et… la porte s’ouvre brusquement.
— Eh bien, Roger ! Vous êtes en retard !
Je sursaute, m’emmêle les pieds et me rattrape de justesse. Une toux discrète me permet de dissimuler le glapissement peu distingué qui m’a échappé. Les yeux bleus de Marie-Charlotte me fixent sans sourciller.
— J’ai trébuché sur le tapis, dis-je.
Marie-Charlotte penche la tête sur le côté. Un sourire narquois fleurit sur ses lèvres. J’ai la désagréable impression que, pour une fois, la médium m’a parfaitement compris. Elle hausse une épaule et m’invite à la suivre. Durant ces derniers jours, elle s’est rendue dans un salon de coiffure ; ses cheveux coupés court, presque à la garçonne, laissent sa nuque dégagée. Point de boa rose autour du cou ce soir ni de grand chapeau à plumes. Juste Marie-Charlotte et moi. Mon cœur bat un peu plus fort. Par chance, elle ne peut pas l’entendre.
La médium me guide dans un petit couloir à la décoration vieillotte. Les porcelaines posées sur une étagère tintinnabulent à chacun de ses pas. Ce bruit charmant m’apaise. Nous pénétrons dans une minuscule salle à manger envahie de meubles massifs, comme on en faisait d’antan. L’époque moderne y risque pourtant de timides incursions. Je note un lustre cascade que ma veuve Clarisse avait repéré dans un catalogue, peu avant ma mort, et un joli tapis coloré sous la table dressée pour une personne. Une soupière trône au centre du plateau de bois. Tout cela me rappelle, un court instant, les premiers mois de ma vie conjugale avec Clarisse. Que devient-elle ? Je chasse cette pensée, elle est certainement plus heureuse sans moi.
— Vous ne m’en voudrez pas de ne pas vous avoir mis d’assiette, j’espère.
Tout sourire, Marie-Charlotte tire une chaise et m’invite à m’asseoir. J’apprécie cette délicate attention qui m’évitera de rentrer le ventre. Mon colocataire, Tovelle, oublie régulièrement et je ne compte plus les fois où il m’a laissé pendant un dîner entier avec une table en travers du corps. Je l’admets, qu’il ne me voie pas ne facilite pas les choses, mais n’est-ce pas totalement inapproprié ? Une autre attention me touche. Au lieu des traditionnels assiettes et couverts, Marie-Charlotte a disposé devant moi des jetons de Scrabble, un alphabet complet.
— Quel appartement charmant, dis-je tandis qu’elle s’assied.
— C’est barbant ? s’étonne la médium.
Je soupire et entreprends d’épeler mes propos à l’aide des jetons.
— Comme c’est gentil à vous, Roger, me répond-elle. La plupart des meubles appartenaient à mes parents décédés.
Je comprends mieux le côté daté de la décoration. Marie-Charlotte poursuit :
— Tout à l’heure, je vous montrerai mon cabinet de consultation.
— Ici ? égrené-je du bout du doigt.
— Bien sûr. Où pensez-vous que je reçoive mes clients ?
En vérité, la question ne m’avait jamais effleuré. Nous nous sommes rencontrés trois semaines plus tôt lors d’une enquête et j’avais imaginé que la médium, à ce jour la seule personne à me voir et à presque m’entendre, ne consultait qu’à domicile.
Marie-Charlotte se sert une assiette de potage. L’odeur de légumes se répand jusqu’à mes narines astrales. Comme cela sent bon ! Jamais je n’aurais cru qu’une soupe de petits pois me transporterait ainsi. Bien entendu, en tant que fantôme, je n’ai pas besoin de manger, mais cela ne m’empêche pas de regretter les petits plats de mon ancienne cuisinière. Les yeux mi-clos, la médium souffle sur son potage trop chaud. Le silence s’étire. Pour le meubler, je prononce la première phrase qui me vient à l’esprit :
— Savez-vous quel jour nous sommes ?
— Oui, ma soupe est très bonne, me répond Marie-Charlotte. Roger, si vous voulez que nous évitions les quiproquos, vous feriez mieux d’apprendre à épeler rapidement les mots au Scrabble.
Je sens que je rougis. Par chance, elle replonge dans son potage et ne s’en aperçoit pas.
Jour. Aujourd’hui. Marie-Charlotte fronce les sourcils.
— Le 13 septembre. C’est une date particulière ?
Saint. Aimé. Sa cuiller à soupe tinte contre la porcelaine de son assiette. Ses yeux, d’une teinte proche du myosotis, ne me quittent pas. C’est troublant. Je bafouille sur les jetons :
— Aimé. Prénom. Tovelle.
Son visage s’éclaire d’un grand sourire.
— Notre inspecteur se prénomme donc Aimé ! Comment l’avez-vous découvert ? Il ne ménage pourtant pas ses efforts pour le dissimuler.
Les mots se bloquent dans ma gorge. Ai-je trahi un secret ? Comment vais-je expliquer cela à Tovelle ? Me le pardonnera-t-il ?
Soudain, la sonnette bourdonne. Marie-Charlotte se lève. Qui cela peut-il être à cette heure ? Mes capacités de détective, que j’ai affinées au contact de Tovelle, me permettent de déduire de l’unique couvert dressé sur la table que la médium n’attend personne. Fier de moi, j’emboîte le pas à Marie-Charlotte qui s’en va ouvrir la porte d’entrée.
Une haute silhouette familière s’encadre dans l’embrasure.
— Tovelle ? lancé-je. Vous ne pouvez donc vous passer de moi ?
Mon colocataire ôte son chapeau, un Mossant, splendide pièce d’avant-guerre, la seule qui mérite qu’on s’y attarde dans l’épouvantable garde-robe de l’inspecteur. D’ailleurs…
— Tovelle, vous auriez tout de même pu vous changer !
Ce n’est pourtant pas faute de lui avoir expliqué cet après-midi que son costume froissé couleur moutarde jurait avec ses chaussettes vert olive. Indifférent à mes reproches, il s’adresse à Marie-Charlotte :
— Roger se trouve-t-il avec vous ?
La médium affiche un air surpris.
— Eh bien oui, comme nous en étions convenus.
— Tant mieux ! Je vous emmène tous les deux. Laporte est garé en bas de l’immeuble.
Mon cœur bondit dans ma poitrine. Seul un meurtre requiert une telle urgence. Je presse Marie-Charlotte :
— Allez, le crime n’attend pas.
— Deux minutes, je vais me préparer.
Tovelle et moi restons bouche bée alors qu’elle s’engouffre dans une pièce. Quelqu’un a été assassiné et Marie-Charlotte va se repoudrer le nez ? Une fois qu’elle aura terminé, je lui dirai ma façon de penser. Je me suis toujours montré très franc de mon vivant. À ma grande surprise, il ne s’est pas écoulé trente secondes lorsqu’elle revient, coiffée de son chapeau à plumes, boa rose froufroutant autour de son cou, une large besace suspendue à son bras.
Nous nous mettons enfin en route. Marie-Charlotte claque derrière nous la porte de son appartement. Nous nous tassons dans la cabine d’ascenseur. Alors que nous descendons dans un concert de grincement, la médium lance à Tovelle :
— Au fait inspecteur, bonne fête !
Je me fais tout petit dans l’espace exigu pour éviter le regard noir de Tovelle qui me promet une franche explication à notre retour chez nous.
Chapitre 2
Jeudi 13 septembre 1951, soirée

Le ciel se pare de nuances indigo lorsque nous émergeons de l’immeuble de Marie-Charlotte. Je repère tout de suite la 4 CV bleue garée en double file. Un automobiliste la dépasse et la gratifie d’un coup d’avertisseur auquel Laporte répond d’une véritable salve sonore. Tovelle presse le pas et ouvre la portière côté passager. Aussitôt, la cacophonie s’interrompt. Marie-Charlotte et moi nous installons sur la banquette arrière.
— Eh bien, quelle discrétion ! lance la médium.
Laporte démarre sans avoir le bon goût de paraître gêné. Je m’enfonce dans mon siège. Finalement, la quatre pattes se révèle plutôt conf

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