Le piège infernal
66 pages
Français

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Description

Le célèbre Léonce CAPOULIN, journaliste à l’Étincelle, fait une nouvelle fois preuve de ses talents d’observation et de déduction en démêlant une affaire de meurtre en apparence banale.


Un usurier a été abattu, le soir, chez lui, d’une balle de revolver en pleine tête.


Le commissaire Bourdaud était persuadé d’avoir pincé le coupable. Le suspect, arrêté alors qu’il s’enfuyait de la scène du crime, était en relation avec la victime et l’arme a été retrouvée non loin, dans des fourrés.


Pourtant, Léonce CAPOULIN se soucie peu des évidences sachant trop bien que plusieurs événements peuvent avoir la même conséquence et va démonter, lentement, les rouages d’un piège infernal que n’aurait pas renié les grands maîtres du roman policier...

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Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9791070038161
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LE PIÈGE INFERNAL


D'après le fascicule « Le piège infernal » publié en 1933 dans la collection « Police et Mystère » des éditions Ferenczi.
CHAPITRE I
UN APPEL DANS LA NUIT

Une chaleur de serre régnait dans le poste de police imprégné d'une indéfinissable odeur : drap humide, cuir chauffé, fumée des pipes. Sur les murs, passés au Ripolin, de longues rigoles se formaient qui, suivant la cimaise, se réunissaient en petites mares sur le plancher. Dehors, c'était la nuit, une nuit d'hiver, sans lune, qu'un épais brouillard rendait insondable. Parfois, une rafale passait, pareille à une meute hurlante, et secouait les fenêtres, puis, subitement, le silence, un silence, lourd, angoissant, entrecoupé de râles et de soupirs.
Renversé contre le dossier de son fauteuil, le visage levé vers le plafond, le brigadier Rigoulet dormait paisiblement. Éclairé comme il l'était, par une forte lampe électrique, on eût dit d'un de ces bonshommes des jeux de massacre, dont la tête vient d'être rejetée en arrière par une balle adroitement lancée.
Une rafale, plus violente que les précédentes, le tira de sa torpeur. D'un regard inquiet, il consulta sa montre d'abord, la pendule du poste ensuite. Il soupira : montre et pendule marquaient exactement huit heures et vingt et une minutes.
Au même instant, la sonnerie du téléphone retentit, stridente, impérative. Il sursauta. Qui pouvait téléphoner à cette heure ? Le Commissaire, sans doute, qui, avant de passer la soirée en famille, tenait à s'assurer que tout était calme dans son secteur.
Rigoulet haussa les épaules. C'était, à son avis, précaution inutile. Cette nuit, comme les autres, se passerait sans incidents. Lentement, il prit le récepteur, s'éclaircit la voix et, d'un ton fatigué, lança :
Allô ? J'écoute !
Il étouffa une exclamation de surprise : à l'autre bout du fil, quelqu'un criait :
Ici… 131-27… Vite… Vite… Au secours !... Oh ! Au sec...
Il y eut, là-bas, très loin sans doute, en un lieu inconnu, un bruit sourd : celui d'une lutte… Un râle parvint si net, si distinct, qu'il en frissonna. Un déclic… plus rien…
Pendant quelques instants, le brigadier demeura immobile, incapable d'agir, incapable de penser. Il lui semblait avoir reçu un coup formidable sur la tête, un coup qui lui avait vidé le cerveau. Soudain, il se ressaisit, honteux de sa faiblesse. Un malheureux l'appelait. Il fallait, à tout prix, le secourir, le venger tout au moins. Hélas ! il ne savait rien de lui, rien que ce numéro de téléphone qu'instinctivement, il avait noté.
Le numéro de téléphone ? Mais, cela suffisait. Saisissant l'appareil duquel, sans s'en rendre compte, il s'était éloigné, furieusement, il sonna le Central téléphonique.
Des secondes passèrent qui lui semblèrent des siècles. Enfin, une voix endormie se fit entendre.
Police ! hurla le brigadier.
Et, d'un ton rageur :
Le nom et l'adresse de l'abonné 131-27… Hâtez-vous, c'est très grave !
Attirés par les cris de leur chef, les agents de service dans la pièce voisine accouraient. Anxieux, ils attendirent ses ordres. Brièvement, il expliqua :
Un homme, qu'on tente d'assassiner, vient de me téléphoner. J'attends son nom et son adresse… Oui, il ne m'a donné que son numéro de téléphone… Préparez l'auto et tâchez de joindre le Commissaire.
Il s'interrompit. On lui parlait du Central. Énervé, ne saisissant pas ce que lui disait l'employée, il clama :
Vous dites ? Quoi ? Mais parlez donc plus haut. Avec ce sacré vent, je n'entends rien… Bon, ça va mieux… Je répète : « Vernier, 15, Chaussée des Lices… ». C'est au diable !... Merci… Oui… plus tard…
Brusquement, il raccrocha. S'adressant à ses hommes, il reprit :
Vous avez entendu ? Vernier, 15, Chaussée des Lices. Vous connaissez ? Dans le quartier Nord… Faites vite… Place Travault, rue Sainte-Anne… Vous voyez ça d'ici.
Il s'interrompit. La pendule sonnait la demie de huit heures. Neuf minutes s'étaient déjà écoulées depuis l'appel tragique ! Neuf minutes ! Que de choses avaient pu se passer en ce court espace de temps. Les yeux mi-clos, le cœur serré, il essayait, tandis que s'élançaient ses hommes, d'imaginer la scène qui, dans ce coin perdu, s'était déroulée, alors que, frémissant, il attendait la réponse du Central.
… La porte du poste qui s'ouvrait le tira de ses pensées.
Un journaliste, sans doute ? grommela Rigoulet.
Un soupir de soulagement lui échappa :
Monsieur Capoulin, dit-il cordialement au visiteur, cette fois, vous arrivez trop tard, nos hommes sont en route.
Léonce Capoulin, rédacteur à l' Étincelle, se laissant tomber sur une chaise, déclara :
Il n'est jamais trop tard pour bien faire ! D'ailleurs, je suis en congé, en congé, ne l'oubliez pas.
Rigoulet eut un sourire amusé. Capoulin, avec sa tête de fouine, ses épaules tombantes, ses jambes d'échassier, le décevait. Quoi qu'il fît, il ne parvenait pas à comprendre, comment, bâti comme il l'était, Capoulin avait pu s'imposer dans la Presse et rivaliser avec les plus fins limiers de la P. J.
Ainsi, fit Rigoulet, vous ne venez pas m'annoncer que vous tenez l'assassin ?
Ah ! fit paisiblement Capoulin, c'est un assassinat ?
Un meurtre, tout au moins.
Parlez-vous sérieusement ?... Non, je vous l'assure, je ne sais rien… Voyant la porte du poste ouverte et constatant l'absence des agents, j'en ai conclu qu'il avait dû se passer quelque chose. C'est tout ! Alors, c'est important ?
Cette question suffit pour replonger Rigoulet dans l'atmosphère tragique à laquelle, pendant un instant, il était parvenu à se soustraire. Lentement, d'une voix distincte, mais basse, comme s'il avait peur de ses propres paroles, il fit au visiteur le récit de ce qui venait de se passer.
Capoulin semblait dormir. Il demanda pourtant :
Vous êtes sûr de l'heure ?
Sûr, absolument.
L'homme ne vous a pas donné son nom ?
Je vous l'ai dit, son numéro de téléphone, seulement.
Bizarre… Et vous êtes certain des termes que vous m'avez rapportés ?
Certain. Outre qu'ils sont gravés dans ma mémoire, je les ai inscrits presque aussitôt entendus.
Que savez-vous du quartier qu'habite Vernier ?
Ce qu'en savent tous nos agents… C'est un triste quartier, je vous l'assure. Imaginez un vaste quadrilatère, limité au Nord par la rue Morlingen, étroit boyau entre de vieilles masures, au Sud par la Chaussée des Lices : un cloaque en cette saison ; à l'Est, par la rue Chaptal, dans laquelle je ne conseillerais pas de s'aventurer le soir venu, à l'Ouest enfin, par la rue des Chanoines, un vrai coupe-gorge. Vous ne serez donc pas surpris si je vous dis que les passants, rares en plein jour, ne s'y hasardent jamais la nuit. Car, à part un ou deux réverbères, c'est l'obscurité complète.
Et Vernier ? que savez-vous de lui ?
Ah ! Vernier ! Sur le moment, ce nom ne m'a rien dit. Depuis, je me suis souvenu. C'est un homme, classé chez nous comme « suspect ». Prêteur sur gages, en réalité usurier, on l'a maintes fois soupçonné d'être aussi un receleur. Malgré une surveillance active, nous n'avons jamais pu le prendre. Avec cela, un peu fou, racontant d'invraisemblables histoires, et suivant avec une véritable passion les débats judiciaires.
Riche ?
Il passe pour tel, mais, là encore, nous ne savons rien de précis.
Peu intéressant, en somme ?
D'accord, mais le Devoir est le Devoir.
D'un ton timide, Rigoulet demanda :
Ne nous accorderez-vous pas votre concours ? J'ai du courage de mes hommes la plus haute opinion, mais…
Capoulin eut un sourire. Avec une lenteur calculée, il se leva de son siège et déclara :
Je vais faire un tour là-bas, peut-être votre amateur d'histoires singulières a-t-il voulu tout simplement vous mettre à l'épreuve… Enfin, nous verrons.
Le brouillard, à présent, se condensait en une pluie fine, qui vous glaçait jusqu'aux moelles. Sous ce voile humide, la Place Travault, bordée de hautes maisons, prenait un aspect irréel. Pas une âme dans les rues balayées par le vent. Courbé sur son guidon, Capoulin avançait péniblement, fustigé par la bise, incertain de sa route.
Il s'étonnait de la longueur de la course. Au dire de Rigoulet, la rue Sainte-Anne était courte. Il aurait donc dû se trouver déjà devant la maison de Vernier. Or, autour de lui, ce n'était que masures, ou terrains vagues. Il s'était certainement trompé de chemin.
Inquiet, il mit pied à terre. Sur un pan de mur, un écriteau faisait une tache sombre. Le faisceau de sa lampe lui permit d'en déchiffrer le texte. Plus de doute : il était rue Chaptal. Aveuglé par le brouillard, il s'était engagé dans la ruelle Martine, alors qu'il croyait entrer rue Sainte-Anne.
Transi, vexé aussi, il allait revenir sur ses pas, lorsqu'un coup de feu, suivi d'un long cri, l'immobilisa sur place. Il tressaillit, le frôlant, une ombre venait de passer près de lui.
CHAPITRE II
L'HOMME QUI FUYAIT
 
Instinctivement, Capoulin s'était lancé à la poursuite de l'Ombre. Brusquement, il changea d'avis. C'était pure folie de s'engager, dans ce coin désert, semé de ruines, mieux valait regagner le poste. Tenant à la main sa machine, il s'en fut à pas lents droit devant lui.
Brusquement surgit une ombre nouvelle qui, cette fois, criait :
— Halte ! ou je tire !
Capoulin sourit, cette voix lui était familière. D'un ton calme, il prononça :
— Ne tirez pas, Lucas ; dites-moi plutôt où vous êtes. Du diable ! si je peux le deviner.
Lucas parut aussitôt, puis d'une voix angoissée :
— L'avez-vous vu ? Il a dû passer près de vous.
— J'ai aperçu une ombre…
— C'était lui, j'en suis sûr… Et, c'est sur vous qu'il a tiré ?
— Tiré sur moi ? Pas du tout ! J'ai entendu un coup de feu et un cri, mais l'un et l'autre venaient d'une tout autre direction que celle du fuyard… À propos, pourquoi le poursuiviez-vous ?
Lucas suffoqua. Indigne, il répondit :
— Pourquoi je le poursuivais ? Mais parce que c'est lui l'assassin !
Et, d'une haleine, il récita :
— Comme nous débouchions de la rue Sainte-Anne, nous l'avons vu sortir en courant de la maison Vernier. En nous apercevant,

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