Le Prix des remords
116 pages
Français

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Description

Dans un vieux cimetière troyen, l'enterrement d'une jeune femme, après son suicide, donne naissance à des retrouvailles mouvementées entre la famille et plusieurs de ses amis. Les vieilles rancœurs du passé ressurgissent et des insultes suivies d'accusations commencent à pleuvoir. On découvre alors de nombreux visages et des personnalités plus complexes les unes que les autres. Malgré cette ambiance pleine de tensions et de secrets dissimulés, le calme revient finalement jusqu'au soir, où l'un des proches de la défunte se fait assassiner en pleine rue. Puis ce sera au tour d'un autre de ses camarades de perdre la vie. Deux questions viennent alors se poser : que cachent ces crimes ? La jeune femme s'est-elle réellement suicidée ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 27 mai 2019
Nombre de lectures 1
EAN13 9782414339679
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
194 avenue du Président Wilson – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-33968-6

© Edilivre, 2019
Remerciement

Merci à Pascal Seher pour la photographie de couverture.
Chapitre 1 L’enterrement
Les visages éplorés se succédaient les uns après les autres. Il y avait tout d’abord ce malaise conséquent qui trônait avec virulence sur l’assemblée, puis venait cette sensation de douleur implacable qui défigurait les hommes et les femmes présents à la cérémonie.
Le temps était comme suspendu. Depuis de longues minutes déjà, le souffle d’hiver transperçait le brouillard déposé par les bras de l’aube sur les sombres allées. Ses lames aiguisées sifflaient dans l’air glacé du petit matin, venant briser le silence de plomb qui demeurait au cœur de ce climat éprouvant. Février n’avait pas boudé la coutume, et avait une fois de plus installé son décor hivernal.
Inondée sous un déluge de larmes et de sanglots, la foule défilait dans les yeux meurtris du père de la défunte. Son corps fébrile et usé planté au milieu du vieux cimetière Troyen, le vieil homme retenait sa peine tant bien que mal, l’estomac retourné par le chagrin.
Le pauvre type n’avait pas l’air bien robuste dans son vieux costume noir, avec sa veste trop large aux épaules et son pantalon fatigué. Sa dégaine de vieux chien battu faisait pitié à voir. Le regard perdu dans le vide, il cachait le coin de ses yeux humides derrière ses petites lunettes élimées.
Celle qui se tenait en appui tout contre lui n’avait pas meilleure allure. Le bras fermement agrippé à son veston, son épouse, un petit bout de femme qui semblait tout juste dépasser du sol, portait à son nez un large mouchoir en tissu dans un mouvement de va-et-vient incessant. La vieille dame avait pris soin de dissimuler sa tristesse sous un large chapeau en feutre, qui plongeait dans l’obscurité le haut de son front pâlichon, serpenté par de vastes sillons que les saisons en cascade avaient cruellement dessiné. Sa longue robe noire agitée par le vent frappait le bas de ses chevilles, à deux doigts de vaciller sous le poids qui s’abattait sur ses frêles épaules.
Au milieu de ce bien pâle tableau, il y avait aussi cet homme immense et très jeune qui se tenait debout à côté du couple. L’individu fixait sans le moindre répit le cercueil plongé au fond du trou, sur la terre encore imbibée de la dernière averse. La face attristée sous son imposante tignasse blonde, il se rappelait avec une souffrance non dissimulée le souvenir de sa sœur, condamnée devant lui et ses parents à un repos éternel. Les images du temps où l’innocence berçait encore leurs esprits juvéniles résonnaient avec frénésie dans tout son être, dans chacun de ses muscles, au creux de sa poitrine, dans chaque recoin de son cerveau…
Les fous rires de la jeune femme, sonores et perçants, vibraient frénétiquement à travers sa mémoire endolorie. Ils rythmaient les rétrospectives du jeune homme qui se succédaient les unes après les autres, tel un documentaire projeté sur grand écran.
Le film de sa vie continuait ainsi de tourner, traversant d’abord les recoins illuminés de leur maison d’enfance, survolant plus tard la pelouse de l’immense jardin familial, théâtre des nombreuses scènes de jeux et de disputes, qui s’achevaient chaque fois en réconciliations enjouées. Une image en chassait une autre. Submergé de nostalgie comme un voilier en plein ouragan, le jeune homme voyait peu à peu remonter à la surface les vestiges de sa mémoire de gosse. Les dernières pages de cet album-photo furent finalement complétées par un concentré de souvenirs plus récents, entre les bougies d’anniversaire embrasées qui prenaient de plus en plus de place sur les gâteaux, et les retrouvailles en famille, devenues rares et immortalisées pour la peine devant l’objectif.
L’évidente complicité entre les jeunes gens rayonnait par la sincérité et la beauté de leurs sentiments.
Bercé par ce spleen percutant, le frère de la défunte revenait difficilement à la réalité. Cet amas de souvenances avait fait naître un torrent de larmes sur ses joues dégoulinantes, il était dévasté.
L’assemblée s’allongeait le long du petit chemin tracé entre les tombes, et parmi toutes les personnes qui assistaient au deuil de Laura, quatre hommes et une femme attendaient calmement dans l’ombre des arbres dénudés.
Le premier de ces individus s’appelait Tom. C’était un grand gaillard de trente ans, un colosse qui n’avait jamais eu trop à se plaindre de la vie. Le genre de type qui était né du bon côté de la barrière, du côté où les maisons sont luxueuses et les voitures conduites par des chauffeurs. Il suffisait d’ailleurs de constater le bonheur éclatant qui régissait son existence pour s’en convaincre. La femme magnifique, qui s’appuyait nonchalamment contre son épaule, était devenu son épouse dix ans plus tôt, il faut bien avouer qu’il formait un couple resplendissant. A leurs côtés se tenait Marc, un petit bonhomme mal rasé qui paraissait perdu au fin fond de ses pensées. La vision de ce triste panorama les avait tous rendu mutiques, complètement absents de la réalité qui les frappait de plein fouet.
Les yeux rougis par la tristesse, Alexandre était le quatrième du petit groupe. Le jeune homme demeurait immobile comme un chêne sous le vent, écrasé par la laideur du spectacle qui se jouait devant lui. Il n’avait pas fière allure dans son chagrin. Tout près d’Alexandre attendait Victor, l’aîné de la bande, un individu sinistre qui scrutait avec attention les moindres détails de la cérémonie. Lui n’avait pas l’air si mal en point, le contraste avec son ami était frappant. On pouvait d’ailleurs, en s’attardant sur les visages, s’apercevoir que tous ne vivaient pas l’événement avec la même intensité. Les personnalités de ces jeunes gens s’exposaient sans artifices à travers cette épreuve, démontrant une certaine force de caractère pour les uns, et au contraire, une faiblesse assez manifeste pour les autres. Malgré ces quelques différences de comportement, le groupe apparaissait néanmoins soudé dans la douleur.
Il y avait un lien fort qui unissait ces hommes et cette femme à Laura, et il ne datait pas d’hier. Pour cela, il fallait revenir douze ans plus tôt, au moment où tout ce joli monde allait franchir pour la première fois les portes de la fac d’histoire de Troyes. Alexandre se souvenait bien de cette rencontre.
Les cinq amis, fraîchement diplômés du baccalauréat, quittaient avec satisfaction le lycée qu’ils avaient fréquenté durant trois longues années. Des années remplies de joies incommensurables, de peines brutales et cruelles, le tout saupoudré de découvertes amoureuses plus ou moins enrichissantes, et d’expériences festives dépourvues de toutes limites.
Leur passion commune pour l’histoire les avait conduit à suivre le même chemin, et chacun était impatient de passer à l’étape supérieure. Attirés par les lumières attrayantes de la nouvelle vie qu’allait leur offrir l’université, ils se languissaient sur place, tous avides d’expériences encore inconnues.
Après une première journée riche en événements et en promesses, le groupe d’étudiants sortait tout juste du site universitaire de l’Hôtel-Dieu-Le-Comte. Franchissant alors le petit parking aux abords du bâtiment, Alexandre et ses amis avaient fait une rencontre à la hauteur de leurs espérances.
– Regarde un peu ce qui arrive !! S’était écrié Victor, en tirant violemment sur la manche du manteau de Marc.
Le jeune homme avait aussitôt tourné la tête, comme happé par le souffle du vent. Tous d’ailleurs avaient les mirettes braquées dans la même direction. Laura, plus belle que jamais à l’aube de ses dix-huit ans, venait de passer devant la meute assoiffée et leurs yeux ébahis.
Sa démarche captivante avait immédiatement marqué l’esprit des quatre amis, et ils ne la quittaient plus un seul instant du regard. Même Tom, qui pourtant était déjà en couple avec Sarah à l’époque, affichait comme tous les autres un sourire benêt en contemplant les longs segments, fuselés et perchés sur talons de la jeune femme.
Celle-ci avait fait mine de ne pas s’apercevoir de leur présence. Après les avoir soigneusement ignorés, elle avait tranquillement rejoint son véhicule, stationné sous les grands arbres feuillus de la petite place. Laura s’était ensuite faufilée derrière son volant, au moyen d’un indolent mouvement de jambes qui raccourcissait peu à peu la longueur de sa jupe, légèrement évasée sur le côté gauche. Cette image était gravée à jamais dans l’esprit d’Alexandre. Il n’était pas le seul dans ce cas.
L’individu se souvenait aussi très bien de la deuxième rencontre avec la jeune femme, le lendemain en fin de matinée, alors qu’elle était installée à la bibliothèque de l’établissement.
Il fallut quelques mots à la bande de copains pour nouer contact avec Laura, assise à l’une des tables blanches de la salle d’étude. Cette fois-ci, elle ne pouvait pas leur échapper.
Quelques rires timides s’en suivirent sous la lumière éclatante des néons, des échanges de regards, amicaux pour certains, d’autres un peu moins désintéressés. Cette première entrevue entre la jeune femme et les garçons était à la croisée de l’amitié et de la séduction. Les conversations allaient bon train, et le feeling avait l’air de plutôt bien passer entre tous ces jeunes gens.
Cette scène candide marqua la naissance d’une union qui allait s’éteindre douze ans plus tard, lorsque Laura, dépassée par les tourments de la vie, succombait esseulée dans son petit appartement à une prise fatale de cocaïne.
Alexandre se remémorait péniblement ces instants, en laissant le chagrin poursuivre le siège de son visage apathique.
Un couple patientait non loin du jeune homme. La femme au

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