Le ricanement dans la nuit
81 pages
Français

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Le ricanement dans la nuit , livre ebook

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Description

Jack DESLY, le gentleman cambrioleur, décide de louer sous un faux nom un appartement dans un château de Touraine accueillant de riches touristes pour des congés de plusieurs semaines.


Son but n’est pas de prendre du repos, mais de profiter du séjour pour lister et évaluer les bijoux des différents hôtes puis de se les approprier avant de mettre les voiles.


Un matin, Miss Bullspeed, fille d’un millionnaire américain, assure avoir reçu la visite, durant son sommeil, d’une créature bondissante qui s’est envolée par la fenêtre.


Bientôt, dans la nuit, se font entendre d’étranges ricanements et cris gutturaux dans le parc.


Or, Jack DESLY n’est pas au bout de ses surprises. Après avoir fait main basse sur le collier de Miss Bullspeed, il apprend par Nan-Dhuoc, son serviteur annamite chargé de vendre l’objet à un receleur, que les perles composant la parure sont fausses...


Décidément, il se passe de drôles d’événements au château de « La Huchette »...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 1
EAN13 9791070036242
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

- 13 -

Le ricanement dans la nuit
Récit policier

Claude ASCAIN
CHAPITRE PREMIER
AU CHÂTEAU DE LA HUCHETTE
 
Jack Desly abaissa son journal et interpella son serviteur annamite :
— Nan-Dhuoc... Tu aimes le vin de Touraine ?
Le Jaune, qui circulait silencieusement dans le studio, s'arrêta sur le pas de la porte et s'accota au chambranle dans son attitude de toujours. Il plissa ses yeux bridés jusqu'à ce qu'ils fussent devenus deux simples dignes obliques :
— Vous penser moi poivrot, maître ?
— Que ton Bouddha me garde de pareilles insinuations !... Mais, est-ce que, par hasard, tu te sentirais secrètement coupable ?
Nan-Dhuoc secoua énergiquement la tête. Jack Desly se mit à rire.
— Je suis persuadé que tu possèdes la propriété du chameau, quoique cet animal ne vive pas précisément dans les parages où tu es né. Mais je répète la question : aimes-tu le vin de Touraine ?
— Moi aimer tout ce qui est bon...
— Alors tant mieux... Car j'ai d'intention de faire un petit séjour dans le pays où il est à l'honneur.
— Nous partir en Touraine, maître ?
— Quelle puissance de déduction, murmura Jack en feignant la surprise. Il y a des jours, Nan-Dhuoc, où tu provoques ma haute estime !
L'Annamite était habitué à ces taquineries et continua de sourire silencieusement. Il observa son maître qui avait repris son journal et encadrait un entrefilet au crayon bleu.
— Tiens, lis ceci... proposa Jack, en tendant la feuille.
Nan-Dhuoc jeta un coup d'œil rapide. Il vit :
 
« Vacances rêvées dans château historique « La Huchette », près Saint-Avertin (environs de Tours). Quantité d'hôtes limitée. Appartements spacieux, grand parc, tennis, bras de rivière, personnel stylé, toute liberté de vivre à sa guise entre gens de distinction reçus par M me et M. de Valdier. Confort et agrément. Téléphone et auto à la disposition des invités. Séjour minimum trois semaines. »
 
L'Annamite rendit le journal. Jack demanda :
— Ça te plaît, mon garçon ?
— Moi préparer valises tout de suite.
Desly alluma une cigarette et tapota le papier qu'il avait déposé sur la table de marqueterie :
— Il est certain que le séjour ne sera pas donné, là-bas. Je veux dire qu'il ne doit pas être à la portée de toutes les bourses. Rien ne peut mieux me convenir. Cela donne tout de suite un tri choisi de clients. De quoi travailler de façon convenable.
 
Dès le lendemain matin, la petite auto rapide du gentleman-cambrioleur quittait la capitale en direction de Tours. Il faisait un temps splendide. On arriverait pour le déjeuner.
Jack avait télégraphié pour retenir une chambre au nom de M. Gérard Dantin. Deux jours plus tard, Nan-Dhuoc arriverait sous l'apparence d'un négociant oriental en voyage en France, l'honorable Thi-Ong et s'installerait à son tour.
Les deux hommes feraient connaissance de la manière la plus naturelle, échangeraient des souvenirs communs sur Saigon ou Hanoï et tout se passerait selon la logique.
C'est-à-dire que Jack, après avoir repéré les hôtes les plus intéressants, se donnerait la peine de les soulager de quelques colifichets tels que bijoux, diamants ou encore portefeuilles trop garnis qui font des bosses inesthétiques dans les poches de veston.
Dès qu'il se fut engagé par la grille monumentale dans la grande allée sablée, bordée de grands arbres, à droite et à gauche, qui menait droit au perron du château, Jack constata qu'on n'avait rien exagéré.
L'endroit était ravissant. M me  et M. de Valdier avaient fort bon air et l'attendaient en haut des marches en demi-cercle.
Cheveux gris, visage distingué, la maîtresse de céans tendit une main fine. Quant au mari — qui devait avoir au moins dix ans de plus, la soixantaine par conséquent — il avait le front un peu dégarni, mais une belle barbe en éventail se déployait sur sa poitrine.
— Je vous souhaite la bienvenue, monsieur Dantin... J'espère que le séjour à « La Huchette » ne vous laissera que d'excellents souvenirs...
— Mille grâces, Madame... Ravi de vous connaître, Monsieur...
Il s'inclina et frôla de ses lèvres le bout des doigts de M me  de Valdier. Ils entrèrent dans un hall dallé où se voyaient tout autour des armures scintillantes sur des socles.
— Préférez-vous déjeuner à l'intérieur ou dans le parc ? demanda l'amphitryonne. Nous avons une dizaine de... d'invités dont les goûts sont partagés assez également...
Jack choisit la salle à manger ornée de panneaux et boiseries dont il admira les sculptures en connaisseur.
Présentations. Il y avait là Mr Silas Bullspeed et sa fille Margaret, de Boston (U.S.A.) ; miss Anie Anthony, une jeune fille seule, également citoyenne des États-Unis, et M. et M me  Duroyer, deux braves industriels des environs de Tourcoing.
Plus tard, Jack devait encore faire la connaissance de deux couples — ceux qui étaient sous la charmille — l'un allemand, l'autre tchécoslovaque. Il était évident que le séjour au château de « La Huchette » avait surtout attiré des étrangers. On avait fait une réclame habile dans les journaux de ces pays.
Tout était réglé d'une manière séduisante de façon à donner l'impression qu'on se trouvait entre gens de connaissance, chez un ami.
On allait, on venait à sa guise, on bavardait ou on s'isolait, on était entièrement libéré de cette, impression, désagréable à beaucoup, qu'on ne représente toujours qu'un numéro de chambre ou d'appartement aux yeux des propriétaires.
Le paiement du séjour se faisait le plus élégamment du monde. Une lettre déposée sur un plateau, comme si elle émanait du dehors, contenait la note, et priait qu'on voulût bien répondre de même manière pour la remise du chèque. C'était tout. Pas d'autre formalité.
Le soir même de son installation Jack Desly savait déjà que les Bullspeed étaient fort riches et que, si Margaret ne portait pas ses perles, c'était uniquement parce que c'eût été déplacé en cet endroit où il n'était pas question de s'habiller somptueusement pour le soir, mais bien de se reposer.
L'entrée en relations avait été grandement facilitée par sa connaissance parfaite de la langue anglaise, où il se montrait infiniment supérieur à M. Duroyer, le filateur de Roubaix et à M. de Valdier, lui-même.
Margaret n'était pas jolie. Des yeux qui paraissaient dépourvus de cils, tant ceux-ci étaient blonds, et des taches de rousseur à croire qu'elle s'était exposée au soleil à l'abri d'une passoire.
Par contre, miss Anie Anthony était délicieuse. Bien proportionnée, l'allure d'une sportive, les cheveux châtains, presque bruns et des yeux dont on n'aurait su dire s'ils étaient verts, bruns ou bleus, tant ils étaient changeants au cours d'une même journée.
Miss Anthony était certainement plus âgée que Margaret. Jack songea qu'elle devait avoir dépassé vingt-cinq ans. Il faut dire à la louange de la jeune fille qu'elle ne les paraissait pas. Mais il y avait, dans son allure et ses manières, des indices qui ne trompaient pas un homme aussi observateur que Desly.
D'après ce qu'en jugea le jeune homme, il n'y avait aucune amitié ancienne entre les Bullspeed et miss Anthony. Ils ne se connaissaient pas en Amérique. Leur première rencontre datait du château de « La Huchette ». Il devait y avoir une différence de fortune, même d'éducation, et Jack trouva tout de suite que la jeune fille seule était supérieure aux deux parvenus, gens assez sympathiques au demeurant par la candeur de leurs impressions.
Bullspeed était très fier de séjourner dans un véritable « French » château, un château français. Les Américains de la société à laquelle il appartenait ont toujours été très sensibles aux questions de noblesse et de particule. Jack s'amusait beaucoup de la déférence instinctive avec laquelle Bullspeed adressait la parole à M. de Valdier.
Nan-Dhuoc — pardon, l'honorable Thi-Ong — arriva selon ses conventions avec Jack. Il avait une allure très correcte, cet importateur d'articles français en Indochine.
Les Bu

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